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Citations de Léon-Paul Fargue (238)


Léon-Paul Fargue
Léon-Paul Fargue. Il avait inventé le nom d'une héroïne de Paul Claudel: Jurine de Fontencomble...
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Pour moi, le dixième, et que de fois ne l’ai-je pas dit, est un quartier de poètes et de locomotives. Le douzième aussi a ses locomotives, mais il a moins de poètes. Mettons-nous d’accord sur ce mot. Point n’est besoin d’écrire pour avoir de la poésie dans ses poches. Il y a d’abord ceux qui écrivent, et qui constituent une académie errante. Puis il y a ceux qui connaissent ces secrets grâce auxquels le mariage de la sensibilité et du quartier fabrique du bonheur. C’est pourquoi je pare du noble titre de poète des charrons, des marchands de vélos, des épiciers, des maraîchers, des fleuristes et des serruriers de la rue Château-Landon ou de la rue d’Aubervilliers, du quai de la Loire, de la rue Terrage et de la rue des Vinaigriers. A les voir, à leur sourire en courant sur le trottoir gravé de fatigues, à demander des nouvelles de leurs filles, à voir leurs fils soldats, je me sens réjoui jusqu’aux écrous secrets de mon vieux cœur sans haine.
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Léon-Paul Fargue
J'adore les huîtres: on a l'impression d'embrasser la mer sur la bouche.
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L’attente

…Je ne suis pas heureux. Toutes ces mains tendues de la salle d'attente qui vont à des mains inconnues, le sourire aux ongles, me dédaignent. Elles vont à ceux qui n'ont besoin ni de chair ni de chaleur. Elles oublient le déraciné qui veille, le dos au poêle, les jambes abruties, déchiré et maudit. Je n'étais pas fait pour la détresse. La nostalgie n'était pas mon métier. Mais on a voulu me mettre tout jeune dans un atelier de tristesse, et j'ai pris la filière. On m'a montré les outils du malheur, les limes du cafard, les rabots de l'ennui, les courroies de transmission de l'agitation et du souvenir. On m'a appris à relier mon cœur aux autres cœurs, à beaucoup attendre des hommes. On m'a enseigné à ne présenter aux femmes que le plus faible de moi-même. Et je suis devenu peu à peu un gaillard de métier qui connaît bien son affaire. Mon Dieu ! Que ne m'a-t-on appris le bonheur ! C'eût été si simple, pendant qu'on y était. Et je n'attendrais pas aujourd'hui, crucifié sur des pancartes, voué aux horaires, que les filles du passé et de l'impossible accourent auprès de moi, en rond, et remuantes et stupides, mais heureuses.
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      Allons, ne souffre plus pour toutes ces maisons…



Allons, ne souffre plus pour toutes ces maisons…
              Tu ne vas pas pleurer ?
              Presse-toi. Déjà cinq minutes !

              Quand tu vacilles au sommet du désespoir,
              Lorsque les larmes sont rebelles,
              Lorsque les larmes sont taries,
              Monte au-dessus des hommes.
              Mais qu'est-ce qu'il a à monter tout le temps,
riant et pleurant, ce monsieur rouge et noir ?
              Il a du chagrin.

Voilà. Ça a eu le cœur élevé dans du coton,
              Et ça souffre.
              Donne un coup de pied ! Il y a le sens, il faut le
chercher.
              Comme on cherche un ressort secret.
              Quand tu l'as trouvé
              Tu marches sur toutes ces têtes en proue de
systématiques,
              Sur tous ces yeux de basse-cour,
              Tu es sauvé !
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Le Moulin de la Galette où, il n'y a pas si longtemps, on débitait encore de la galette, et le Moulin Rouge, avant leur colonisation par des nègres sans exotisme, des Russes sans Russie, des peintres sans talent ni palette ni chevalet, des politiciens sans parti et des voyous sans occasions, ont été réellement habités par des artistes, au premier rang desquels il faut mettre Lautrec, et Maurice Utrillo, un des imagiers les plus vrais de Montmartre, le peintre d'histoire de cette Butte qui se présente aujourd'hui aux cervelles étonnées de nos futurs bacheliers avec tout le charme et le mystère de l’Égypte des Pharaons.
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Dimanches

Des champs comme la mer, l'odeur rauque des herbes,
Un vent de cloches sur les fleurs après l'averse,
Des voix claires d'enfant dans le parc bleu de pluie,

Un soleil morne ouvert aux tristes, tout cela
Vogue sur la langueur de cet apres-midi ...
L'heure chante. Il fait doux.Ceux qui m'aiment sont là ...

J'entends des mots d'enfant, calmes comme le jour.
La table est mise simple et gaie avec des choses
Pures comme un silence de cierges présents ...

Le ciel donne sa fièvre hélas comme un bienfait ...
Un grand jour de village enchante les fenêtres...
Des gens tiennent des lampes c'est fête et des fleurs ...

Au loin un orgue tourne son sanglot de miel ...
Oh je voudrais te dire ...
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Accoudé

… Oui, mon âme, tout cela que tu vois, c'est la vie, tout ce que tu examines en soupirant, c'est la vie. Restons, nous deux, cent ans et plus, restons les bras sur la balustrade, le corps appuyé au bastingage, la prudence bien affûtée, restons et résignons-nous. Ne descendons pas dans cette mélopée, ne nous confondons pas à ce bruit d'âmes fausses, de cœurs mangés aux vers, d'esprits vénéneux. Oui, restons ensemble, toi au milieu de moi et moi autour de toi, toi souffrant et moi luttant. Fermons parfois les yeux, essayons de mettre entre la rue et nous, entre les autres et nous, des océans de lyrisme muet, des remparts bourrelés de coton hydrophile. Revenons à pas lents vers les souvenirs de l'école buissonnière, chuchotons tous deux à pas de loup des images glanées dans la lente adolescence. Mon âme, on nous a roulés dans la poussière des faux serments, on nous a promis non pas seulement des récompenses auxquelles nous ne tenions pas, mais des gentillesses, des « myosotis d'amour ».On nous a laissé croire qu'on souriait, qu'on nous aimait, que les mains que se glissaient dans nos mains étaient propres et sans épines. O glissade des déceptions et des tortures ! Il n'y eut jamais pour nous ni justes effusions, ni paumes sincères. On voulut même nous séparer, et te briser au fond de moi, mon âme, comme un élixir dans une coquille.
J'ai vu mentir les bouches que j'aimais ; j'ai vu se fermer, pareils à des ponts-levis, les cœurs où logeait ma confiance ; j'ai surpris des mains dans mes poches, des regards dans ma vie intérieure ; j'ai perçu des chuchotements sur des lèvres qui ne m'avaient habitué qu'aux cris de l'affection. On a formé les faisceaux derrière mon dos, on m'a déclaré la guerre, on m'a volé jusqu'à des sourires, des poignées de mains, des promesses. Rien, on ne nous a rien laissé, mon âme. Nous n'avons plus que la rue sous les yeux et le cimetière sous les pieds. Nous savons qu'on plaisante notre hymen désespéré. Nous entendons qu'on arrive avec des faux de sang et de fiel pour nous couper sous les pieds la dernière herbe afin de nous mieux montrerle sentier de la fosse.
Mais nous serons forts, mon âme. Je serai le boulon et toi l'écrou, et nous pourrons, mille et mille ans encore, nous approcher des vagues ; nous pourrons nous accouder à cette fenêtre de détresse.Et puis, dans le murmure de notre attente, un soir pathétique, quelque créature viendra. Nous la reconnaîtrons à sa pureté clandestine, nous la devinerons à sa fraîcheur de paroles. Elle viendra fermer nos yeux, croiser nos bras sur notre poitrine. Elle dira que notre amour, tout cet amour qu'on n'a pas vu, tout cet amour qu'on a piétiné, qu'on a meurtri, oui, que notre amour n'est plus que notre éternité.Alors, mon âme, tandis que je serai allongé etdéjà bruissant, tu iras t'accouder à la fenêtre, tu mettras tes beaux habits de sentinelle, et tu crieras, tu crieras de toutes tes forces !

On entendra.
Qui est cet On ?
Qui ? demandes-tu ?
Mais toutes les âmes le savent.
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Ne me confondez pas, s’il vous plaît, avec les Parnassiens, que, d’ailleurs, j’admire, ayant un faible pour les orfèvres contre les quincailliers. Les Parnassiens étaient hallucinés par le bas-relief. Moi, je me suis laissé appeler par les géographies secrètes, par les matières singulières, aussi par les ombres, les chagrins, les prémonitions, les pas étouffés, les douleurs qui guettent sous les portes, les odeurs attentives et qui attendent, sur une patte, le passage des fantômes ; des souvenirs de vieilles fenêtres, des fumets, des glissades, des reflets et des cendres de mémoire.
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Maintenant, dans ces semailles de la ville, dans ce gâteau de miel où les maisons rentrent leur ventre, ces maisons qui louchent par leurs yeux d'hommes, maintenant, je ploie à droite, à gauche. J'ai commencé jeune cette vie de pierre foulée, cet interminable monologue le long des chemins de halage. J'ai enfilé ces boulevards, j'ai frôlé en série ces portes ouvertes. Souvent, des filles glacées, aux bouches béates comme des fruits, apparaissaient sur les seuils en sautillant, pareilles aux coucous des pendules. Filles blêmes et roses comme les dragées de plâtre des baptêmes de pauvres. Elles avaient l'air crachées par la cave et déposées là, comme des chrysalides chlorotiques, inventées pour remuer jusqu'à l'épais l'âme des passants, des solitaires et des ivrognes. Alors, déjà, je cherchais ce que je n'ai pas trouvé. Cette découverte doit-elle se faire dans l'espace, ou dans le temps ? Quand tombera de l'Inconnu l'avertissement ? Quelle porte s'ouvrira dans le flanc d'une mêlée de maisons ? Quelle voix appellera soudain ? Oui, quelle voix, pour que je me retourne...
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Kant à moi, je préfère chantonner des Kantiques à la Kantine que me Kantonner aux Kantiens du Kanton .
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Léon-Paul Fargue
Depuis que j'ai coupé ma barbe, je ne reconnais plus personne.
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On ne guérit pas de sa jeunesse
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LIEDER OU L’ON SOURIT POUR NE PAS PLEURER
Pour André Lebey.

MATIN
  
  
  
  
Loin de la ville
Sitôt crépite
La libellule
De linon bleu.

C’est le matin
Pauvre malade.
Il fait si doux
Qu’on est heureux.

La lampe sœur
Au col marin
Couve sa peur
Sous le clin bleu.

Elle contrôle
Qui dort encore
Et arque drôle
Sa clef d’or.

Au bleu baiser
Sur la croisée
L’oiseau commence
À chanter.

Sur la croisée
Triste ai-je dit
L’oiseau timide
Interdit.

Les hauts nuages
Qui frôlent vieux
Ont passé l’âge
D’être heureux.

Qu’est-ce qui trinque
Dans la rue bleue ?
C’est un forçat
Délivré d’eux.

Un chant pas loin
Part de l’église.
Il fait si doux
Qu’on est sauvé.
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L’érythème du Diable

….Et le Diable passe partout, se glisse dans les plus simples entreprises. Nous ne voulions plus croire en lui ? Nous l'avions chassé de nos soupentes, de la littérature, des arts, nous avions pulvérisé ses toiles d'araignée au fly-tox, nous avions pompé le démon dans les flaques de l'amour et vidé les philtres ? Bon. Et voilà que le Diable se venge en nous murmurant que vendredi ne sera pas comme jeudi. Il nous laisse entendre que nous pouvons changer notre destinée si nous nous donnons un peu de mal, que les impuissants pourront demain faire des cartons, que la gloire, l'ardeur, la santé, valent à peine un morceau de pain. Le Diable s’est fait inquiétude et profite de notre lâcheté. Il joue sur notre lâcheté. Il spécule sur notre faiblesse. Il nous contourne et nous enchaîne, il nous éclabousse d'élixirs aveuglants….
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Voici tant d'années, Gérard de Nerval



Extrait 2

     Et le Train pour nous refait son histoire..


     Il crie les fanaux qui ont l'air si triste..

     Il crie les paysages traversés à tour de bras. Des gouffres
pris de biais dans un grand bruit frais sur des ponts de fer qui
grincent des dents… Une halte encore où sonnent des voix
lourdes, où tout le silence assiège les vitres.. Mais un autre train
perce en cris noirs…

     Une aube au cœur serré se lève.

     La nuit a séché les pleurs de la veille et consacré les
solitudes..
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Le bon écrivain est celui qui enterre un mot chaque jour.
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Ce quartier là n'est pas seulement la fleur à la boutonnière de Paris, mais l'honneur de l'humanité !
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 Je parle et j’écris pour tous ceux qui marchent comme moi, courbés dans leur vie. Ils s’arrêteront comme moi, ils se retourneront sur ces chemins, sur ces sentiments qui s’enrobent doucement dans la nuit. Ils songeront, ils tâcheront de comprendre et d’emboîter leur histoire dans l’immense jeu de patience mouvant de la vie terrestre. Et peut-être qu’un jour, peu à peu, quelqu’un, dans les siècles des siècles, arrivera à remonter patiemment, par petites secousses intérieures, par infiltrations, par viols feutrés, à pas de loup, comme un chasseur exercé qui s’approche sans faire même le bruit d’une respiration imperceptible, à remonter jusqu’au début de la rafale qui nous a jetés sur la terre, à toucher timidement, mais à toucher enfin l’écume de l’immense cataracte du départ...
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Merdrigal

en dédicrasse


Dans mon cœur en ta présence
Fleurissent des harengs saurs,
Ma santé, c'est ton absence,
Et quand tu parais, je sors.
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