Citations de Lisa Gardner (1577)
Bien sûr, des inconnus peuvent vous faire du mal. Mais les gens que vous aimez font ça tellement mieux...
Quand on est parent, on fait ce qu'on peut. On aime au-delà du raisonnable. On se bat au-delà du supportable. On espère au-delà du désespoir.
Il est tellement plus facile de tomber amoureux que de cesser de l'être.
Parce que vingt-deux ans plus tard, j'ignore toujours ce que vivre signifie. Je survis. J'existe. Je me suis même mariée et j'ai habité un peu partout dans ce pays. Mais ces choses-là ont-elles un rapport avec ce que les gens appellent la vie ou sont-elles juste une autre manière de fuir?
Il y a des jours où l’espoir est une nécessité. Et d’autres où il ferait trop mal.
Contrairement à ce qu'on voit dans les séries où les experts exercent dans des labos dignes de stations spaciales, où chaque commando SWAT se balade avec 100 000 dollars d'équipement sur le dos, les enquêteurs du monde réel doivent surtout compter sur l'entraide... voire le système D.
Ma fille n'est plus petite. A quinze ans, elle fait presque ma taille. Et pourtant son torse me semble encore bien frêle. Elle grandit comme un poulain, tout en bras et en jambes maigres. Vu la taille que fait Justin, elle me dépassera sans doute l'an prochain. C'est comme ça, je me dis. Elle sera toujours ma petite fille et pourtant elle ne le sera plus jamais.
Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais les familles malheureuses le sont chacune à leur façon
Vous savez quoi ? Faire les cent pas toute la nuit n'empêchera pas l'avenir d'arriver.
Vous savez quoi ? Même la neige est horrible à voir dans les quartiers de logements sociaux. Les montagnes où j'avais vécu, Harvard Square où je vivais à présent, se recouvraient sur des kilomètres d'un molleton de neige blanche à la Norman Rockwell. Pas ici. Dans cette partie de la ville, la neige n'est plus qu'une forme d'ordure comme une autre. Grise, sableuse, criblée de flaques de pisse de chien jaunâtre et hérissée de déchets - pailles, couvercles de gobelets de soda, mégots de cigarette. Devant cette neige, on ne pense pas illuminations de Noël, joyeux feux de cheminées ou tasses de chocolat chaud. Quand on passe devant ces amas, on se dit que même Dame Nature est une fieffée salope. (p. 148)
Qu’est-ce qu’une famille parfaite ? Je m’appelle Roxanna Baez. J’ai seize ans et, quand mon professeur a posé cette question, quand elle nous a annoncé que c’était notre sujet de rédaction, j’ai failli éclater de rire. Ça n’existe pas, me disais-je. Autant demander à des lycéens une rédaction sur la Petite Souris ou le père Noël.
Mais ces derniers temps, j’ai beaucoup réfléchi à la question. Je pense qu’une famille parfaite, ça ne tombe pas du ciel. Ça se construit. Au prix d’erreurs. De regrets. De réparations. C’est tout un travail.
L'Audi Q5 Premium avait dû être magnifique, à l'état neuf. Une carrosserie anthracite aux reflets métallisés. Un habitacle bicolore, avec de superbes sièges en cuir gris argent, des boiseries laquées noir rehaussées de baguettes chromées. Ce genre de break était assez vaste pour contenir les courses de la semaine, la moitié d'une équipe de foot et le chien de la famille, tout cela sans rien perdre de son cachet.
Et voilà que cette petite merveille se trouvait plantée devant eux, cul par-dessus tête, le capot à moitié enfoui dans la gadoue, la porte du coffre béante, pareille à un missile qu'une erreur balistique aurait fait atterrir dans les forêts du New Hampshire.
Mes doigts se crispèrent, mes ongles s'enfoncèrent dans le sol à vif et je sentis la terre dure et compacte pénétrer sous mes ongles. Et à cet instant, je jure que je l'ai perçu : le mal profondément enraciné, un froid puissant, mordant. Je battis précipitamment en retraite, avec de petits mouvements circulaires des pieds, tandis que je fouillais le sol du regard, cherchant des signes de… quoi ? De lutte ? De sang ? L'endroit où un monstre avait violé ma meilleure amie ? Lui avait arraché les ongles ? Lui avait attaché des tenailles aux tétons avant de l'égorger ?
J'avais lu trop d'articles, passé trop de temps à écouter les leçons de mon père. Pourquoi lire Bonsoir lune à son enfant quand on peut lui lire Monstres du vingt et unième siècle ?
Est-ce que le mariage n'est pas censé être une conversation qui dure toute une vie ?
Les enfants n'extériorisent pas leurs terreurs les plus profondes. Les mêmes enfants peuvent hurler dix minutes pur un petit coup reçu en cour de récré et rester complètement muet devant un inconnu armé. Ils comprennent d'instinct qu'ils sont petits et vulnérables. En situation critique, la majorité des enfants se taisent, s'efforcent de se faire plus petits encore, parce que peut-être que s'il disparaissent tout à fait, le méchant les laisserait tranquilles.
Ainsi va le monde. Ca merde, on essuie, on tire la chasse. Et ça remerde.
L'amour et la peur, se dit-il. Dans une relation amoureuse, l'un n'allait pas sans l'autre.
Parce que le bonheur ne ressemble jamais à ce qu'on nous promet à la fin des films. Parfois, ce n'est même pas une fin mais le début d'une nouvelle catastrophe. L'avenir demeure précaire et, trois ans plus tard, le passé peut encore revenir nous hanter.
Les gens passent leur vie à se préparer pour les grandes occasions. On organise des gueuletons pour les étapes clés : la soirée des dix-huit ans, les fiançailles, le mariage, le baptême. On fait la fête, on acclame, on applaudit et on s'efforce de célébrer les moments importants parce que, eh bien, ils sont importants.
De la même façon, on se blinde contre les grandes épreuves. Le quartier qui fait bloc autour des survivants d'un incendie domestique meurtrier. La famille qui se rassemble pour les funérailles du jeune père de famille fauché par un cancer. La meilleure amie qui vient passer avec vous votre premier week-end de maman tout juste divorcée. Nous voyons venir les grands événements et nous nous apprêtons à tenir le rôle principal dans notre psychodrame personnel. Ainsi nous nous sentons plus disposés à accepter les choses. Plus forts. Regardez-moi, j'ai réussi.
Bien sûr, nous passons totalement à côté de tous les moments intermédiaires. La vie quotidienne qui est ce qu'elle est. Rien à fêter. Rien à pleurer, juste des tâches à accomplir.
Je suis convaincue que ce sont ces moments qui, au bout du compte, nous construisent ou nous brisent. Comme une vague qui vient lécher jour après jour le même rocher érode la pierre et dessine les contours du rivage, ce sont les petits détails ordinaires de nos existences qui recèlent le vrai pouvoir et donc tout le danger invisible. Les choses que nous faisons ou que nous ne faisons pas dans notre vie de tous les jours sans même comprendre les conséquences à long terme d'actes aussi insignifiants.
J'ai lu quelque part que les femmes ne doivent jamais prendre un couteau pour se défendre. Notre agresseur nous maîtrise trop facilement et retourne ensuite l'arme contre nous. Mieux vaut s'emparer de la légendaire poêle à frire, qui ne demande pas d'adresse particulière à qui veut l'écraser sur la tête de son adversaire.
(p. 478)