Author Lisa Harding discusses #BGEIBA nominated Harvesting
Mon cœur se serre en pensant à elle, son visage avenant, toujours gentille même quand les garçons, stupides, s’endormaient en classe ou tiraient sur nos queues de cheval, ou encore écrivaient des mots vulgaires et en faisaient des avions en papier qu’ils lançaient en ciblant la nuque de la fille au premier rang.
Je lâche tout ce à quoi je me raccrochais et ouvre grand les bras. Regarde : sans les mains ! je ne souffre pas. Le ciel-mer est couleur pie, pie gris, et prend la forme d'un cheval.
Je monte dessus et je pars au trot, puis au petit galop, puis je galope le long des plaines. Cette fois, c'est la bonne, Sammy.
Quelle que soit la couleur que nous voyons, nous devons la décrire en d’autres termes. C’est Tommy le premier qui, accidentellement, avait un jour commencé, quand je lui avais demandé de me nommer toutes les couleurs qu’il pouvait voir à l’intérieur et à l’extérieur de la voiture ; et il avait alors répondu : la couleur de la morve et des sauterelles, beurk, la couleur de la mer un jour de soleil, la couleur du ciel un jour de nuages, la couleur des yeux de Herbie, la couleur de la pluie, la couleur des cheveux de Yaya, la couleur de Yaya contente. Ce qu’il voit quand il dit ça, je ne peux pas le deviner.
Nico a les yeux ouverts ; elle se regarde hébétée, le visage figé sans se voir et je me demande si elle a réussi à effacer le monde extérieur. Un bon truc, un tour de passe passe, les yeux ouverts, sans rien voir. Les hommes, eux, ne verraient pas la différence. Ils n'aimeraient pas qu'on ferme les yeux ; leur pouvoir sur nous en serait amoindri, cette attitude de soumission qu'ils s'imaginent voir en nous quand nous sommes allongées sous eux.
Un air frais s'immisce sous ma jupe, chatouillant mes cuisses, tandis que je grimpe jusqu'à la plus haute branche de l'arbre le plus haut de la forêt.
deux filles,une vendue par son père ,l'autre en déshérence
,se retrouve dans une maison dirigée par un réseau de proxénètes,et sont livrées a des clients multiples,contraintes de se droguer...dure réalité,mais style décousu hachu,manquant de forme,Violent
Il me regarde me débattre avec toutes les émotions contradictoires qui, je le sais, se lisent sur mon visage. Je suis complètement transparente, ce qui a peut-être fait de moi une très bonne actrice, mais pas une si bonne comédienne dans la vraie vie.
Mon corps me paraît vigoureux quand je remonte à la surface, à travers une déferlante, la lumière du soleil réfractée comme autant d’étoiles minuscules, jusqu’à ce que mes poumons brûlent et mon cœur palpite dans ma gorge. Je me mets sur le dos et flotte, en regardant le concentré de lumière sans ciller. Quand je ferme les yeux, un festival de couleurs et de formes explose derrière mes paupières. Oh, Mr Soleil réussit parfaitement son tour de magie ! Je tends le cou pour voir les garçons, mais un inconnu surgit dans le tableau, penché sur Tommy pour lui parler. Une version déformée de la mélodie du bonheur des instants précédents.
Luce jette un de ces regards pleins de haine qu’elle lui réserve, croyant, l’espace d’un instant, qu’elle détient peut-être un pouvoir qui transformerait le monstre en pierre. Au lieu de quoi ma mère lance à son tour un coup d’œil puissamment toxique à Luce, qui se ratatine. La pauvre Luce a envie de pisser et de s’enfuir. Elle reste paralysée un instant, debout au pied de l’escalier.
À l’époque, j’avais des sautes d’humeur qui ne duraient jamais vraiment, qui ne prenaient jamais vraiment le dessus ; mais depuis que j’ai arrêté de jouer et que j’ai eu Tommy, et que je suis seule, avec la fatigue et l’impression d’être jugée par des voix – et maintenant par des vieilles dames –, ces sautes d’humeur sont permanentes. Quel âgaurait eu ma mère ?