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Citations de Louis-Ferdinand Céline (2887)


Bonne, admirable Molly, je veux si elle peut encore me lire, d'un endroit que je ne connais pas, qu'elle sache bien que je n'ai pas changé pour elle, que je l'aime encore et toujours à ma manière, qu'elle peut venir ici quand elle voudra partager mon pain et ma furtive destinée. Si elle n'est plus belle, eh bien tant pis ! Nous nous arrangerons ! J'ai gardé tant de beauté d'elle en moi, si vivace, si chaude que j'en ai bien pour tous les deux, et pour au moins 20 ans encore, le temps d'en finir.
Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. Tout de même, j'ai défendu mon âme jusqu'à présent et si la mort, demain, venait à me prendre, je ne serais, j'en suis certain, jamais tout aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m'a fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d'Amérique.
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Les riches n'ont pas besoin de tuer eux-mêmes pour bouffer. Ils les font travailler les gens comme ils disent. Ils ne font pas le mal eux mêmes, les riches. Ils paient. On fait tout pour leur plaire et tout le monde est bien content. Pendant que leurs femmes sont belles, celles des pauvres sont vilaines. C'est un résultat qui vient des siecles, toilettes mises à part. Belles mignonnes, bien nourries, bien lavées. Depuis qu'elle dure la vie n'est arrivée qu'à ça.
Quand au reste, on a beau se donner du mal, on glisse, on dérape, on retourne dans l'alcool qui conserve les vivants et les morts, on arrive à rien. C'est bien prouvé. Et depuis tant de siècles qu'on peut regarder nos animaux naître, peiner et crever devant nous sans qu'il leur soit arrivé à eux non plus jamais rien d'extraordinaire que de reprendre sans cesse la même insipide faillite où tant d'autres animaux l'avaient laissée. Nous aurions pourtant dû comprendre ce qui se passait. Des vagues incessantes d'êtres inutiles viennent du fond des âges mourir tout le temps devant nous, et cependant on reste là, à espérer des choses...
Même pas bon à penser la mort qu'on est.
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C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité.
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Pourtant j'en avais pas d'avenir. Si je trouvais moyen moi de me dégager de la faim, de la tôle, de la reguerre, que je soye pas pour toujours malade, gâteux ou sonné davantage par un pote ou par la marmite, faudrait alors, paix revenue comme on dit, que je retape un, dix, vingt bas boulots, bien honnêtes et bien bourriques, dans l'oubliette d'un autre vaseux bien féroce, bien riche, bien sournois, un patron quoi. Faudrait que je reprenne le respect des nouvelles triques et d'autres mauvaises lunes, et le sourire du cor au pied, que je reprenne à lécher le con bien puant d'où pendent nos petits salaires, et les caprices, au cul du patron, ce dieu des petites gens.
Ça fait réfléchir. Yugenbitz en somme il avait une vie élevée par rapport à nous, une vie enviable. Il avait bien de la latitude dans son destin, des forces aussi, son diplôme donne tant de privilèges admirables. Y en a encore très bas des pri- vilèges. Moi je sentais que je pourrais pas faire même un vrai maquereau. Mon père il me l'avait pourtant prédit que j'en serais un beau maquereau, mais il se trompait là-dedans comme dans tout le reste.
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De ma famille je ne cause pas, C'était sûrement le plus fatigant, il aurait fallu que j'explique avec eux. Pour eux j'étais coupable. J'en avais marre plus que tout moi d'être coupable, marre jusqu'aux tripes, de quoi coupable ? J'y aurais découpé la gueule à mon père moi en dix-huit tranches, lui qu’était si instruit, si parfaitement sûr d'honneur et tout, pour qu'il me le dise alors à moi là, un bon coup, à pleins tromblons, sans mirontons, sans charade, sans bigoudis, de quoi qu'il croyait vraiment qu'ils me croyaient coupable ?... Même si je l'avais décarcassé en plus de haut en bas, mon père il savait rien, de quoi qu’il m'aurait bien pu répondre ? Il avait rien dans l'urne mon père, que des mots, comme tous les énervés de son éducation, des gros, des petits, des élégants, des sournois, du vide pour obéir, discourir, et péter, les yeux pour ne rien voir et pleurer en rages sournoises tout son romantisme châtré par vingt ans de bureau, pour me pleurer moi sans doute, bien content dessous si on m'avait tué ici ou là, son petit vœu, débarrassé. Il s'en foutait jusqu'au trognon, pourvu que sa misère a mon père, qu'il connaissait bien, on la lui laisse, à lui intégrale, sans moi, ses quarante-cinq ans aussi, qu'il demeure à pourrir, à rager, geindre, au bord de la catastrophe.
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Il n'existe en somme que les misères bien présentées pour faire recette, celles qui sont bien préparées par l'imagination.
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Les petits frênes en bordure gardent longtemps leurs gouttes aux branches, en hiver tremblantes dans le vent, mince féerie.
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C'est difficile d'arriver à l'essentiel, même en ce qui concerne la guerre, la fantaisie résiste longtemps.
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Si les gens sont si méchants, c'est peut-être seulement parce qu'ils souffrent, mais le temps est long qui sépare le moment où ils ont cessé de souffrir de celui où ils deviennent un peu meilleurs.
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Lui, notre colonel, savait peut-être pourquoi ces deux gens-là tiraient, les Allemands aussi peut-être qu’ils savaient, mais moi, vraiment, je savais pas. Aussi loin que
je cherchais dans ma mémoire, je ne leur avais rien fait aux Allemands. J’avais toujours été bien aimable et bien poli avec eux. Je les connaissais un peu les Allemands, j’avais même été à l’école chez eux, étant petit, aux environs de Hanovre. J’avais parlé leur langue.
C’était alors une masse de petits crétins gueulards avec des yeux pâles et furtifs comme ceux des loups ; on allait toucher ensemble les filles après l’école dans les
bois d’alentour, où on tirait aussi à l’arbalète et au pistolet qu’on achetait même quatre marks. On buvait de la bière sucrée.
Mais de là à nous tirer maintenant dans le coffret, sans même venir nous parler d’abord et en plein milieu de la route, il y avait de la marge et même un abîme. Trop de différence.
La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas. Ça ne pouvait pas
continuer.
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: « Bandes de charognes, c’est la
guerre ! Qu’ils font. On va les aborder, les saligauds qui sont sur la patrie n° 2 et on va
leur faire sauter la caisse ! Allez ! Allez ! Y a de tout ce qu’il faut à bord ! Tous en chœur !
Gueulez voir d’abord un bon coup et que ça tremble : Vive la Patrie no ! ! Qu’on vous
entende de loin ! Celui qui gueulera le plus fort, il aura la médaille et la dragée du bon
jésus ! Nom de Dieu ! Et puis ceux qui ne voudront pas crever sur mer, ils pourront
toujours aller crever sur terre où c’est fait bien plus vite encore qu’ici
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Tenez, vous, brigadier Bardamu, allez-y donc avec vos quatre hommes ! »
C’est à moi qu’il s’adressait le, capitaine.
« Et quand ils vous tireront dessus, eh bien tâchez de les repérer et venez me dire
tout de suite où ils sont ! Ce doit être des Brandebourgeois !.”
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C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade.
qui dit que la France est belle et moi Bardamu(personnage principal du livre je lui dis)

“C’est pas vrai ! La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis
de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim,
la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du
monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis
c est ça les Français.
— Bardamu, qu’il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient
bien, n’en dis pas de mal !...
— T’as raison, Arthur
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Quand on est pas habitué aux bonnes choses de la table et du confort, elles vous grisent facilement. La vérité ne demande qu'à vous quitter. Il s'en faut toujours de très peu pour qu'elle vous libère. On n'y tient pas à sa vérité. Dans cette abondance soudaine d'agréments le bon délire mégalomane vous prend comme un rien. Je me mis à divaguer à mon tour, tout en lui parlant d'urticaire à la petite cousine. On s'en sort des humiliations quotidiennes en essayant comme Robinson de se mettre à l'unisson des gens riches, par les mensonges, ces monnaies du pauvre. On a tous honte de sa carcasse déficitaire. Je ne pouvais pas me résoudre à leur montrer ma vérité ; c'était indigne d'eux comme mon derrière.
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Les indigènes eux, ne fonctionnent guère en somme qu'à coups de trique, ils gardent cette dignité, tandis que les Blancs, perfectionnés par l'instruction publique, ils marchent tout seuls. La trique finit par fatiguer celui qui la manie, tandis que l'espoir de devenir puissants et riches dont les Blancs sont gavés ça ne coûte rien, absolument rien.
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Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n'a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire.
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Seulement moi, toujours je m’étais douté que ça ne durerait pas le miracle. J’avais
un passé poisseux et il me remontait déjà comme des renvois du Destin. Déjà dans
les débuts qu’on était à Vigny, j’avais reçu trois lettres anonymes qui m’avaient semblé
tout ce qu’il y avait de louches et de menaçantes. Et puis encore après ça, bien d’autres
lettres toutes aussi fielleuses. C’est vrai qu’on en recevait souvent nous autres à Vigny
des lettres anonymes et nous n’y prêtions pas autrement attention d’habitude. Elles
provenaient le plus souvent d’anciens malades que leurs persécutions revenaient tra-
vailler à domicile.
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Je dirai tout un jour, si je peux vivre assez longtemps pour tout raconter.
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Louis-Ferdinand Céline
En vieillissant, il ne reste rien du tout. Hormis la violente passion de parfaire, cousine de la mort.
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La race, ce que t'appelles comme ça, c'est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, trasis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C'est ça la France et puis c'est ça les français.
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