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Citations de Lucie Delarue-Mardrus (79)


Patricia Dane demanda de veiller seule, la dernière nuit qui précéda la mise en cercueil et l'enterrement. Assommés de chagrin, de désarroi, de fatigue, les autres finirent par consentir. Et Patricia, de cette longue confrontation nocturne avec sa mère morte...
" Ce que je vois devant moi, cette forme étendue dans ce lit, ces traits pétrifiés dans la blancheur et le froid définitifs, c'est ma jeunesse, C'est plus que ma jeunesse. C'est mon enfance.
" Jusqu'ici, malgré ma vie, ses tristes expériences et ses tristes désordres, j'étais encore une enfant, puisque je pouvais dire « maman ». Une petite fille restait toute vivante au fond de moi, tant que vivait ma mère. Ce soir, c'est le cadavre de cette petite fille que je regarde ; et demain on va l'enterrer. Voici la moitié de ma vie prête à descendre dans la tombe. Désormais, un gouffre infranchissable me séparera de mon premier moi-même.
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Lucie Delarue-Mardrus
Femmes
  
  
  
  
Et tout dit à la femme : « Allez à la douleur. »
M.D.V.

Complexe chair offerte à la virilité,
Femme, amphore profonde et douce où dort la joie,
Toi que l’amour renverse et meurtrit, blanche proie,
Œuf douloureux où gît notre pérennité,

Femme qui perds la vie au soir où ta jeunesse
Trépasse, et qui survis pour des jours superflus,
Te débattant, passé qu’on ne regarde plus,
Dans le noir du destin où ton être se blesse,

Humanité sans force, endurante moitié
Du monde, ô camarade éternelle, ô moi-même !…
Femme, femme, qui donc te dira que je t’aime
D’un cœur si gros d’amour et si lourd de pitié ?
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Lucie Delarue-Mardrus
L’estuaire
  
  
  
  
J’aime toujours revoir l’estuaire, ses eaux
Hybrides, où la mer au fleuve se mélange.
C’est là que j’ai senti naître et grandir cet ange
Qui, jusques à ma mort, tourmentera mes os.

Je porte au fond de moi l’estuaire complexe,
Son eau douce mêlée à tant de sel amer.
Quelque chose, en mon âme à tout jamais perplexe,
À fini d’être fleuve et n’est pas encore mer.
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Lucie Delarue-Mardrus
À ceux qui l’aiment
  
  
  
  
La musique, nous l’aimons, oui,
Avec le meilleur de nous-même,
Et, dans un frisson inouï,
Tout notre être répond : « Je t’aime ! »

Refuge de nos cœurs amers,
Dès qu’elle parle, la musique,
Une onde subtile et physique
Vient toucher le bout de nos nerfs.

Plus abstraite que la pensée,
Plus charnelle que le baiser,
Musique, ô trouble inapaisé
Jusqu’au fond de l’âme forcée !

Tout ce que nous avons voulu
Tient dans ta voix qui chante et gronde…
— Musique, ô musique, salut,
Commencement de l’autre monde !
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Lucie Delarue-Mardrus
La musique a frôlé mon âme de ce soir
  
  
  
  
La musique a frôlé mon âme de ce soir
Et je suis devenue ivre et obéissante.
Faut-il que, jusqu’au fond de l’être, je la sente
Et ne comprenne pas ce qu’elle peut vouloir ?

N’auras-tu pas pitié ? Nous nous sentons si lasse
D’être le violon de ton archet nerveux.
Ô Musique, torture et douceur, grâce !… grâce !…
Qu’y a-t-il donc en toi qui prend comme des yeux ?

Ah viens ! tords-nous les mains, musique, spasme chaste.
Tu fais lever en nous, à travers des sanglots,
Toute une âme de fond passionnée et vaste
Comme le vent, comme le ciel, comme les flots.
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Lucie Delarue-Mardrus
Ô mon Dieu !
  
  
  
  
Ô mon Dieu que je veux appeler de ce nom
Faute de rien connaître
Pourquoi donc m’avez-vous fait naître
Avec ce cœur qui dit à l’existence : non !

Ne se pourra-t-il pas enfin que je consente
À vivre comme on vit,
À jouir de ce qui ravit
Le monde, à n’être plus cette éternelle absente ?

Si vanité, fortune, haines, ambitions,
Ces joujoux de la terre,
Laissent mon cœur sans passions,
Pourquoi crier ce cri qui ne veut pas se taire ?

Ô nature, pourtant, ô musique ! Mes yeux
Pleurent de poésie.
Toi que j’aime avec frénésie,
Inconnu, Inconnu, dis-moi ce que je veux !
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Lucie Delarue-Mardrus
La mer jette sur mes sabords
  
  
  
  
La mer jette sur mes sabords
Des tonnes, des tonnes d’eau sombre.
Une écume en frange les bords,
Subite lumière dans l’ombre.

Cette eau glaciale qui bout,
Cette colère incohérente
Qui porte un nom à chaque bout
N’est ici, neutre, indifférente,

Que l’Océan, trait d’union
Entre de lointaines patries,
Prêt à noyer dans ses furies
Chaque drapeau comme un haillon.

De tous les temps, âge de pierre,
Élément sans cesse bravé
Mais dont nul progrès n’a pu faire
Un nouvel esclave entravé,

La mer, la mer, ce monstre libre,
Je l’écoute, du trou profond
De ma cabine, et mon cœur vibre
D’un désir d’aller par le fond.
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Lucie Delarue-Mardrus
Romance
I
  
  
  
  
J’ai, dans ma gorge et dans mon âme,
Le sanglot du printemps
Et le souvenir de la femme
Que j’aimais quand j’avais vingt ans.

Pourquoi, tandis que refleurissent
Les arbres morts chargés des plus tendres couleurs,
Faut-il que les amours périssent
Et ne refassent plus de fleurs ?

II
  
  
  
  
L’amour, renié si souvent,
Est sur moi comme une tempête
Me tordant de la base au faîte
Ainsi qu’un chêne dans le vent.

Je souffre de sa véhémence
Mais combien j’aime ainsi souffrir !
En proie à cet orage immense,
Je voudrais en mourir !
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Lucie Delarue-Mardrus
Minuit
  
  
  
  
Minuit, dormir. Regard furtif aux vitres sages ;
Le jardin entrevu, noir, dans le vent profond…
Ô véhémente nuit de lune et de nuages,
Promène dans ta course affolée et tes rages
Le drame de ma joie et de ma passion.
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Lucie Delarue-Mardrus
Nuits
  
  
  
  
J’aime, en quelque lieu que ce soit,
L’heure où l’existence, pour moi,
Redevient nocturne et muette.

L’heure sans lois et sans humains,
Sans hiers et sans lendemains,
Où je ne suis plus que poète.

La seule heure d’esprit total,
Celle où, jusqu’oublier mon mal
Je sens se fermer toute plaie,

Car je ne fus moi-même, vraie,
Car je ne fus ce que suis,
— Passionnément — que les nuits.
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Lucie Delarue-Mardrus
Que m’importe
  
  
  
  
Que m’importe parfois mon sort,
Les triomphes et les désastres ?
Pantelante au milieu des astres,
J’attends en frissonnant la mort.

Je ne suis plus de cette terre,
Je suis d’un monde de soleils.
Parmi leurs éclats sans pareils,
Mon âme n’est plus solitaire.

Quelle certitude me vient
D’une éternelle et vaste joie ?
Moins qu’atome, je suis la proie
Du Tout, qui peut-être n’est rien.

Je meurs ! Je meurs ! Chaque seconde
Éloigne l’enfer que voici.
Où vais-je ? Dans quel autre monde
Où l’on me dira : « C’est ici » ?
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Lucie Delarue-Mardrus
Par ma fenêtre ouverte…
  
  
  
  
Par ma fenêtre ouverte ou la clarté s’attarde,
Dans la douceur du soir printanier, je regarde…

Chaque arbre, chaque toit qui s’élance dans l’air,
Tel le roc qui finit où commence la mer,
Marque la fin d’un monde au bord d’un autre monde.
Ici la terre et là le vide où, toute ronde,
Cette terre, toupie en marche dans l’éther,
Sans sa pauvre ceinture d’air
Ne serait à son tour qu’une lune inféconde.

Je contemple ce toit et cet arbre, montés
Vers l’insondable énigme et ses immensités.
En bas, la rue est calme et le printemps tranquille.
Rien ne trouble la paix de la petite ville.
On entend au lointain un merle. Il fait très beau.
C’est tout.
— Pourquoi mes yeux regardent-ils si haut ?
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Lucie Delarue-Mardrus
Mes cheveux sont sculptés
  
  
  
  
Mes cheveux sont sculptés comme du bronze froid
Sur mon front qui songe et qui penche,
Mais les tiens, si légers et blonds, O ma sœur blanche !
Sont comme une âme autour de toi.

Et quand, sans nous toucher, nous rapprochons nos têtes,
C’est un intangible baiser
Où la chair entre nous ne vient pas imposer
Sa possession imparfaite…

Ah ! laissons ces moments où je sanglote et ris
Contre ton corps chaud qui me serre,
Et mêlant nos cheveux pleins d’ombre et de mystère,
Aimons-nous comme des esprits !
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Lucie Delarue-Mardrus
QU’AI-JE BESOIN…
  
  
  
  
Qu’ai-je besoin de lire un livre
Sous cette lampe aux reflets verts ?
Immobile, je me sens vivre.
Je suis seule avec l’univers.

Puisqu’on dit de Dieu qu’il existe,
Pourquoi, moi, ne suis-je pas lui,
Et lui pas moi ?
Comme c’est triste
D’être humain au fond de la nuit !

Oh ! vas-tu donc toujours te taire,
Sphinx que j’interroge ? (Et j’ai tort.)
Si les chiens hurlent à la mort,
Moi, sans fin, je hurle au mystère.
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Lucie Delarue-Mardrus
L'automne

On voit tout le temps, en automne
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou ;
C'est un petit arbre tout rouge,

Un, d'une autre couleur encor,
Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.

Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.

Lucie Delarue-Mardrus
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Lucie Delarue-Mardrus
DANS LE JARDIN CHANTANT


Dans le jardin chantant rampe la minutie
Des germes; le soleil rôde, le printemps sort
Et balance, le long des arbres de bois mort,
Le charme frais de la saison qui balbutie.

Les jours candides sont comme de longs matins;
Les bourgeons pour passe crèvent des feuilles sèches
Où demeurait, parmi quelques branches revêches,
Le dernier souvenir des automnes lointains.

Mais tandis que, les yeux fermés, tu te recueilles,
Le mois hâte déjà sa vierge acidité,
Et, dès demain, partout, respirera l'été
Par les mille poumons des tressaillantes feuilles.
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Lucie Delarue-Mardrus
Pendant que notre corps et notre âme se donnent
Librement à notre seul homme,
Que pures, fraîches, libres,
Riches du trésor d’être honnêtes,
Nous contentons aussi le rêve de nos têtes
Et de nos fibres,

Je pense, avec un cœur serré,
A vous qui, malgré vous, faites l’amour, les filles !
A votre pauvre corps de louage qu’on pille.
Et mon être est meurtri des maux que vous souffrez.

Les instincts ont croisé leurs lames de duel :
Le mâle que tourmente une bête cachée
S’approche. On lui vendra le geste naturel.
L’un cherche son plaisir, l’autre cherche son pain,
Chacun sa faim !
C’est la quotidienne bouchée.

Or les épouses sont, dans leur lit bienheureux,
Avec l’homme choisi roulé dans leurs cheveux.
Celles qu’on respecte et qu’on berce et qu’on soigne…
Les filles ! Vous aussi êtes celles qu’on soigne,
Mais c’est au fond des lupanars !
Pour que tout homme de hasard
Puisse en sécurité vous broyer dans ses poignes.

Ainsi l’amour public déferle sur vos corps
Sans que jamais personne vous aime.
Et vous ne savez plus vous-mêmes
La profondeur d’horreur de votre sort.

Très précieuse chair dont on a perdu l’âme.
Ah ! combien dans mon cœur s’amasse de rancune
Contre votre fatale et mauvaise fortune.
Filles qui malgré tout, êtes ma sœur, la femme !

Horizons, 1904
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Lucie Delarue-Mardrus
L’odeur de mon pays était dans une pomme…

Une plaque dans l'herbe au Jardin des Poètes, Paris 16ème
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Sous le marronnier énorme dont les feuilles tombaient déjà, tous deux se remirent à chercher des marrons. C'était l'aîné qui, d'un coup de talon, cassait en deux les coques, merveille pour le plus petit. Vernis comme des joujous neufs, les marrons jaillissaient d'entre leurs piquants et roulaient jusqu'à la porté du bébé. Ce soir ou demain, le valet Donatien choisirait les plus beaux pour y sculpter avec son couteau des petites figures humaines. Les autres formeraient ces lourds colliers que les gosses aiment porter sur leur sarrau.

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L’automne


«  On voit tout le temps, en automne ,
Quelque chose qui vous étonne,
C’est une branche tout à coup,
Qui s’effeuille dans votre cou.
C’est un petit arbre tout rouge,
Un, d’une autre couleur encor,
Et puis partout ces feuilles d’or
Qui tombent sans que rien ne bouge » .
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