Citations de Lucile Leclair (15)
L'agriculture des grandes entreprises est d'abord une agriculture hyperproductive.
L’anthropologue italien Roberto Beneduce disait en mai 2020 : “Le seul vaccin efficace, c’est de conserver la mémoire de ce qui vient de se passer.“ Or la plupart du temps, les catastrophes sont vite oubliées afin de laisser indemne la conception que l’on se fait du monde.
En recherchant prioritairement l’immunisation durable des troupeaux et l’endémicité en général plutôt que de stopper le virus au début de sa vague, l’agro-écologie ne fait pas disparaître les épidémies ni la perte d’une partie des animaux. Mais elle réduit fortement, en amont, le risque de propagation d’une maladie.
Mais où est l'intérêt de la population? Pas forcément du côté des grandes entreprises, qui intensifient encore un peu plus le modèle agricole...Leur façon de produire implique des coûts qui pèsent sur la société. Les raisons de leur avancée sont avant tout politiques, puisqu'elles s'engouffrent dans les failles ouvertes de la législation. Cette évolution s'opère en toute discrétion.
Non reproductible et limitée, la terre est un nouvel or à prendre. Au détriment de l'intérêt de tous.
Selon elle, ( Véronique Le Floc'h éleveuse bretonne), aucun doute, les grandes entreprises achètent des terres pour faire "une agriculture sans agriculteurs".
Pour désigner ce parti pris, on aurait pu utilise le terme d’“industrialisation“. Mais le mot de biosécurité présentait une plus grande respectabilité, et la biosécurité est devenue la référence indiscutable d’un ordre qui prétend ne pas être politique.
Et demain ?
Occuper le terrain, avec des fermes paysannes, familiales,indépendantes et inspirantes : voilà une façon efficace de lutter contre l'avancée des grandes entreprises dans les champs. Les exemples d'achat de terre en commun, que nous avons vus, se situent dans une vaste réalité, bouillante et vivante. Ils sont à observer comme des chantiers en construction et non comme les pièces abouties d'un modèle unique. Leur diversité est leur force.
La “bulle sanitaire“ est donc un mythe.
On retrouve ici l’idéologie néo-libérale qui dissout la responsabilité collective en rejetant la faute sur le sujet.
L’industrie animale a fait disparaître [l]e lien entre homme et bête, pour laisser place à une relation extractiviste.
Selon le Global Virome Project, un groupe de scientifiques spécialisé dans la recherche de la diversité virale inconnue, la forêt primaire abriterait encore 1,7 millions de virus différents. Si l’homme continue à la détruire, nous pourrions aller de crise sanitaire en crise sanitaire. Selon une estimation récente, 15% des maladies infectieuses émergent de virus associés à la destruction des forêts. Un monde sauvage vierge d’hommes nous protège.
Comme le soulignent les syndicalistes de Via Campesina -un mouvement international paysan proche des "sans terre" brésiliens et indiens : "Nous ne renverserons pas la tyrannie industrielle en bichonnant une petite oasis bio, mais en transformant radicalement les rapports sociaux"
La terre relève de questions politiques. Entre les partisans d'une régulation et ceux qui pensent que le marché doit se réguler de lui-même, les conceptions varient. Parler d'une gauche régulatrice et d'une droite libérale serait simpliste : les points de vue diffèrent aussi au sein des partis. Aujourd'hui, les défenseurs du laisser-faire sont plus nombreux au Parlement. Bilan : le filet des Safers s'est agrandi, mais avec des mailles encore trop larges.
La biosécurité ne sécurise pas les pratiques de l’élevage, mais elle cherche à écarter les animaux de tout contact avec la faune sauvage, perçue comme la première sources microbiennes.