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Critiques de Luke Rhinehart (212)
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Vent blanc, noir cavalier

Japon, début du XVIIIème siècle. Oboko, moine bouddhiste et poète, se rend dans un temple abandonné pour y passer la nuit, et éviter la neige. Il y retrouve un ami, Izzi, poète de cour qui se rend à celle d'Arishi, grand seigneur de contrées alentour, à sa demande. Quelle n'est pas leur surprise lorsqu'Oboko découvre, à l'entrée du temple, une jeune femme d'une grande beauté, écrasée en partie par son cheval qui vient de mourir de froid, en pleine tempête de neige. Après l'avoir sauvée et recueillie, nos poètes découvrent qu'elle n'est autre que Matari, femme d'Arishi qui s'est échappée pour fuir le courroux de celui-ci, et la mort : elle aurait offensé son seigneur par des comportements indécents. Nos deux compères vont devoir alors choisir : la vie d'une jeune femme, ou les leurs ?



Deuxième lecture d'un roman de Luke Rhinehart, et quelle différence ! Passer d'un récit post-apocalyptique américain à un roman historique japonais, cela peut en effet être déroutant. Mais le romancier s'en sort à merveille, et l'on est comme plongés avec nos trois personnages dans les contrées japonaises enneigées, dans le froid et la fuite face à des samouraïs surentraînés, prêts à tout pour que Matari meure, pour le respect d'une certaine idée de l'honneur et du sacrifice, qui deviendra progressivement une certaine idée, passionnelle et fusionnelle, d'un amour tragique. C'est bien mené, cohérent, ménage du suspense où il faut quand il faut, et c'est remarquable de délicatesse derrière la brutalité de la chasse qui est mise en scène.



Deuxième lecture du romancier, deuxième réussite : encore plus impatiente de m'atteler à l'homme-dé.
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L'Homme-dé

En 1971, un livre sort en catimini aux États-Unis.

Plusieurs millions d’exemplaires vendus plus tard, L’Homme-Dé acquiert le statut de livre-culte et fait de son auteur, Luke Rhinehart, l’un des auteurs les plus importants du XXème siècle.

Mais comment expliquer ce succès et cette aura qui persiste encore de nos jours, une aura qui a conduit les éditions Aux Forges de Vulcain à nous offrir une superbe édition cartonnée sous une nouvelle traduction signée Francis Guévremont ?

Dissection d’un livre à Haut Potentiel Insidieux…



Et un jour, l’illumination !

Dans sa vie de père de famille, Luke Rhinehart s’ennuie.

Lillian, sa femme ainsi qu’Evie et Larry n’y change rien. Pire, ils sont l’un des symptômes évidents de cette existence morne et répétitive.

Luke est psychiatre à New-York, plutôt réputé et solidement établi dans le milieu. Mais, là aussi, Luke s’ennuie. Il réalise petit à petit que la psychiatrie, la psychanalyse et toutes les autres théories psychologiques qui l’entourent n’ont en réalité aucune efficacité.

Ses plus beaux succès seraient en fait des coïncidences et ses propres écrits en deviennent amers quand ils ne sont pas tout simplement inachevés.

C’est un soir comme les autres, après un échange houleux avec l’un de ses collègues, que Luke connaît une épiphanie.

Sous une carte de poker se cache un dé abandonné là au hasard.

Mais ce dé va changer la vie de notre psychiatre New-Yorkais bien sous tout rapport. En s’approchant de celui-ci, Luke Rhinehart s’imagine ce qu’il fera de sa soirée selon le résultat qu’il trouvera sur le dé planqué sous la dame de pique.

C’est ainsi qu’il décide d’aller violer sa voisine et amie qui vit à l’étage du dessous, Arlène, femme de l’un de ses plus proche collègues.

Bien sûr, ce « viol » ne va certainement pas non plus se passer comme prévu, marquant le début d’une aventure extra-conjugale incongrue et d’un bouleversement total pour Luke Rhinehart… et le monde !

L’Homme-Dé est un pavé de 500 pages qui a longtemps joué sur son côté fausse-autobiographie. Son auteur, de son vrai nom George Cockroft, était lui aussi un psychiatre New-Yorkais. Pour renforcer la confusion lors de sa publication, il prend le pseudonyme de Luke Rhinehart, le personnage principal de cette expérience littéraire.

Si l’on a longtemps cru que la chose pouvait avoir des racines authentiques, le roman s’inspire surtout en réalité de quelques anecdotes tirées de la vie de George Cockcroft, comme sa décision d’emmener deux jeunes femmes dans sa voiture après avoir joué aux dés… et que l’une d’elle devienne son épouse par la suite.

Comme si, au fond, l’on pouvait changer la structure de sa propre existence. Profondément marqué par l’époque où il a été écrit, c’est-à-dire les années 60-70, L’Homme-Dé est un ouvrage complètement fascinant et amoral qui remue son lecteur par la remise en question de nos principes les plus fondamentaux et indéboulonnables.

Et si le Hasard faisait bien les choses ?



Une liberté absolue ?

À partir de ce fameux« Jour-Dé », Luke Rhinehart va se mettre à prendre de plus en plus de décisions avec des dés, attribuant à chaque résultat une conséquence de plus en plus absurde. Être Jésus pendant une journée, avoir une éducation rigide pour ses enfants, rompre pendant un mois avec ses habitudes, changer de métier, écrire un livre, quitter sa famille, dicter ses émotions… bref, tout y passe.

Ce qui pousse le plus loin cette expérience, c’est que notre psychiatre va allouer des choix désagréables ou complètement contraire aux mœurs dans ce petit jeu qui finit rapidement par déborder.

Dès lors, Luke s’affranchit de la morale. Viol, meurtre, vol. Tout cela sera le fruit du Hasard ou ne le sera pas.

Petit à petit, Luke Rhinehart montre au lecteur que notre existence n’est basé sur la constance et la stabilité que parce que la société en a décidé ainsi depuis notre naissance. Mais qu’arriverait-il si le succès passait par l’instabilité, si le mérite passait par l’inconstance, si l’accomplissement se faisait par le changement ? Les conséquences de la transformation du psychiatre respecté en gourou de l’Homme-Dé vont être cataclysmiques, découvrant des pulsions ou, au contraire, en étouffant certaines.

La thérapie par le dé va autant séduire que repousser et son créateur, Luke Rhinehart, va engendrer un monstre qui va se répandre de façon incontrôlable dans la société qui l’entoure, créant des adeptes, des centres de formation et, bien sûr, une sorte de nouvelle Bible complètement surréaliste qui pousse ses participants à n’être jamais unique.

L’Hommé-Dé est un livre hautement dérangeant, non seulement parce qu’il tente de briser la structure commune de l’homme, sa faculté à rassembler les différentes facettes de sa personnalité en une seule entité indivisible, mais aussi parce qu’il renverse la table de la normalité.

La norme devient la folie, la folie devient la norme.

L’auteur américain prouve de façon particulièrement brillante que notre conception du fou ne tient que par la validation sociale. Si l’on en brise les maillons, l’ensemble se dérobe et l’on donne naissance à quelque chose de complètement et singulièrement différent. Comme si tout n’était qu’un immense banquet avec un Chapelier Fou.

Pour prouver son fait, l’auteur pousse le jeu très loin et L’Homme-Dé se confronte très tôt aux pulsions sexuelles de ses personnages, sortant les fantasmes du placard et n’hésitant pas à se vautrer dans la luxure la plus totale pour l’occasion. Pire encore, la croyance de l’Homme-Dé croise souvent un certain sado-masochisme, où l’on fait des choses que l’on a aucune envie d’accomplir. Comme d’avoir une relation homosexuel quand on est hétérosexuel, ou tuer un homme que l’on connaît.

L’Homme-Dé ne s’interdit aucune fantaisie. Logique puisqu’il est la fantaisie ultime. Ce qui se retrouve dans ce récit qui n’en finit pas de suivre le délitement du personnage principal, entraînant tout ceux qui l’entourent dans sa chute. Une chute qui pourrait bien être un couronnement si l’on en suit la logique interne du roman.

Au fond, L’Homme-Dé parle d’interdits, de pulsions de mort et de vie, de sexe et de limites, de tabou et de lois. Il s’inscrit dans la droite ligne du courant hippie des années 60 et veut s’affranchir complètement des contraintes d’une société qui aliène ses constituants, faisant rentrer chacun dans un moule rigide duquel il semble impossible de sortir, condamné à une vie morne mais socialement acceptable. Reste cependant une considération particulièrement fascinante dans cette autobiographie du faux : à force de Hasard, on finit par se demander si le Destin ne revient pas au galop. Pire encore, le nouvel Homme-Dé inventé par Luke Rhinehart devient le prophète d’une nouvelle religion avec ses règles et ses enseignements. Montrant de façon particulièrement retorse que peu importe qu’on essaye de s’affranchir des contraintes, celles-ci finissent toujours par nous trouver. On pourrait même se dire que l’auteur nous livre une satire mordante du fait religieux par le plus absurde des cultes, celui de l’aléatoire et de l’inconnu.

Mais ne serait-ce pas simplement au final ce qu’on appelle « la vie » ?



Roman dérangeant, amoral et insaisissable, L’Homme-Dé est l’enfant terrible d’une contre-culture qui refuse la limite et le Diktat de l’existence. En résulte une expérience inconfortable qui questionne sur ce qui nous définit en tant que rouage sociétal.

Et si tout ça, au fond, n’était qu’un jeu pris beaucoup trop au sérieux ?
Lien : https://justaword.fr/lhomme-..
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L'Homme-dé

A la maison, depuis des années, nous sommes de grands fans de la série « The Big Bang Theory ». Un jour, j'ai demandé à mon mari de me rapporter de la librairie un livre, au hasard, qu'il estimerait me plaire. Il est revenu avec « L'Homme-dé » de Luke Rhinehart parce que le titre et le résumé lui avaient fait penser à cet épisode où Sheldon Cooper, le héros de notre série culte, décidait de jouer « toutes les décisions sans importance avec des dés » (de Donjon et Dragons) : ce qu'il va commander au resto, s'il peut ou non aller faire pipi ou révéler certaines infos à ses amis et s'il peut ou non raser sa moustache… Il conclut son expérience par cette phrase :



« Les dés te donnent et les dés te reprennent » (« The Big Bang Theory », Saison 5, Episode 4).



On ne pourrait mieux résumer ce roman que par cette citation... Car les dés te donnent la possibilité de te libérer de certaines décisions sans importance, mais ils te font également prendre tout un tas de décisions inconsidérées. Ils te donnent la possibilité de te libérer des contraintes imposées par les codes sociaux mais ils te reprennent une part de ton humanité. Ils te donnent l'occasion de vivre de multiples vies, d'explorer de nombreuses facettes de ta personnalité mais ils t'ôtent toute raison et te font basculer dans la folie.



Il n'y a aucune limite dans les choix à soumettre au bon vouloir du hasard et, plus le narrateur laisse les dés décider, plus les limites sont dépassées : folie, indécence, rupture avec les codes de la société qui nous définissent comme un « être social » pour devenir un « marginal », soumission à des pulsions, des désirs enfouis au plus profond de nous, viol, drogue, sexualité débridée, jusqu'au meurtre. Une manière nouvelle d'atteindre la liberté et de créer un nouveau moi. Mais à quel prix ? le narrateur voit son quotidien, sa vie de couple, sa carrière professionnelle imploser, sa personnalité de déliter peu à peu jusqu'à basculer dans la folie mais… Alea jacta est ! Et puis, qui est fou ? L'Homme-dé qui ne se plie plus aux codes de la société ? Ou la société elle-même malade et qui nous impose d'être qui nous sommes ?



Cette autobiographie fictive (heureusement !) nous invite à nous interroger sur les limites que nous choisissons (ou que la société choisit) de poser à certains actes, que nous jugeons d'emblée comme interdits, horribles, dégoutants, et à ce que nous ferions et comment nous nous comporterions si le hasard nous « obligeait » à accomplir de tels actes.



C'est tout sauf drôle, même si l'humour cynique du narrateur et son regard critique peuvent parfois faire sourire. C'est perturbant, irrévérencieux, subversif surtout aussi parce que le narrateur n'hésite pas à prendre à parti son lecteur et à l'interpeller en l'incluant dans la spirale infernale de folie dans laquelle il sombre peu à peu. Ce roman laisse une drôle de sensation, comme "une puce qui donnera pour toujours l'envie de te gratter. (…) La puce Homme-dé exige qu'on la gratte sans cesse : elle est insatiable. » (p.291)



Pour le coup, mon cher et tendre a visé juste avec le choix « au hasard » de ce roman mais j'ai comme l'impression que, plus jamais je ne lancerai des dés sans penser à cette puce… et il est hors de question que je décide, d'un lancer de dés, quel sera le prochain livre que je lirai...
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L'Homme-dé

Le narrateur est psychiatre, à New-York

Il est jeune (32 ans), marié, deux enfants de 25 et 20 kilos, un brin dépressif (il alterne entre euphorie, idées de viol et de meurtre ou encore de suicide) . Madame ne travaille pas et cela n'a pas l'air de trop fonctionner dans le couple. Côté professionnel, il s'entend moyennement avec son associé (jalousie réciproque ?). Un jour de déprime, il joue ses futures actions aux dés : 1- je reste chez moi, 2-je vais violer la voisine (et femme de son confrère psychiatre) etc...

Puis cela devient une spirale infernale et il ne peut plus RIEN faire sans laisser les «choix» aux dés.



Le narrateur est Luke Rhinehart et l'auteur aussi, ce qui rend la lecture étrange : où commence le roman ? où commence la fiction ?

Luke Rhinehart (l'auteur ou le personnage? ) sont parfois drôles parfois lugubres et inquiétants. Comme par exemple quand il initie son fils de 7 ans aux dés ! Pauvre môme : faire ça à un môme !

Pour les adultes qu'il essaie « d'initier » aux « dés » , cela ne m'a pas gêné , chacun a son libre arbitre une fois adule (ou croit l'avoir) mais pas les enfants !



Hormis ce passage qui m'a un peu gênée, j'avoue être admirative du style de l'auteur : c'est fou ce qu'un petit mot comme dé peut modifier des mots : Luke dé-vit (dé-vie) , prends des dé-cisions, invoque Dé à la place de Dieu dans certaines phrases ...des filles o-dé-o-dé s'effeuillent....



Il y a une séance de psychanalyse entre Luke et Jacob son associé qui m'a beaucoup fait rire (où comment les associations de mots font dire n'importe quoi sous couvert d'un pseudo « réalité » psychanalytique). Dans une autre scène, Luke est déclaré « guéri » alors que le lecteur sait déjà quelle énormité Luke s'apprête à faire.



Ce livre est paru au tout début des années 1970 et il y a en toile de fonds les blacks panthers, Nixon , la guerre du Vietnam, la libération sexuelle ...



Un livre a la fois dé-sopilant et dé-structuré ...
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L'Homme-dé

Tombé dessus par hasard (nécessairement?) dans une Ressourcerie parisienne, je me suis laissé séduire sur le champ par cette épopée rocambolesque d'un psychiatre new-yorkais (nommé «Dr Rhinehart», ce qui n'est en revanche pas du tout un hasard !).

À 32 ans, baignant dans un océan d'ennui «après s'être fait analyser «avec succès» et avoir vécu un bonheur modéré et connu une réussite modérée avec une femme et une famille moyenne pendant sept ans», à un moment où il se sent prêt à tout foutre et à se foutre lui-même en l'air, ce dernier se décide un beau jour à confier son avenir au hasard et à jouer dorénavant sa vie au coup de dés !

Comme ces millions de lecteurs avant moi qui, dès sa publication aux USA, l'avaient transformé illico en l'un des livres cultes du début des 70's, j'ai été rapidement subjugué par la puissance incroyable du procédé imaginé par l'auteur et, j'avoue, aussi très tenté à l'essayer moi-même, à petites doses, lors d'un de ces moments par exemple de flottement qu'on connaît tous, pendant lesquels on ne sait pas très bien ce dont on aurait envie ou ce qu'on devrait prioriser tout de suite...



Procédé susceptible aussi de nous soulager quelque peu, «passée la trentaine», de ce côté prévisible-pesant-quotidien envahissant progressivement nos vies. Vies normales (et mornales) d'où la notion d'indépendance et de libre-arbitre commencent à perdre de la vitesse. Quel divin amusement alors que de pouvoir créer volontairement de l'imprévisible et de la surprise, mettant un peu de sel en nos insipides existences, ou bien nous délivrant de nos hésitations obsédantes, par un tout petit lancer de dés qui n'abolirait pas pour autant le hasard (1 ou 3, je lui déclare ma flamme au moment du dessert ; 2 ou 5, je l'embrasse en la déposant en bas de chez elle ; 4 ou 6, j'attends un signe plus clair de sa part...). Ou, et encore mieux, pouvant à l'occasion contribuer à faire émerger une de ces coïncidences improbables, ces moments «magiques» dans nos vies qu'on attribue d'ailleurs le plus souvent, totalement ou en partie, au hasard, et qui font converger nos sens exaltés avec une réalité qui semble alors se déshabiller exprès pour nous !



Mais quand au bout d'un moment, le coup de dés, hors tout contrôle, prend une importance de plus en plus grande, jusqu'à devenir l'unique paramètre et à se transformer en loi et vision du monde exclusives, il risque fort de lasser et de ne plus en valoir tout à fait la chandelle. Et pour cause : encore plus versatiles (lecteurs) sommes-nous, toujours en quête de surprises renouvelées!!

Face à ce qui s'avérera une véritable avalanche de transgressions de tous ordres, tous azimuts (j'allais écrire «et très souvent sans queue, ni tête», mais il faudrait plutôt dire, «surtout de queue») générées par le «syndrome du dé» dont souffre notre auteur-narrateur, le roman s'égarera sans retour possible pour moi dans un exercice de style au fond fastidieux. Exercice certes prodigieusement déployé et cocasse, mais où le célèbre mot d'ordre de la génération 68 «il est interdit d'interdire» devenu en quelque sorte le seul motif, martelé et décliné sous toutes les coutures, par des paris de plus en plus outranciers mis en jeu par le narrateur, n'aura d'autre effet sur moi que de me faire déchanter.

La systématisation du procédé subversif et amoral m'ont peu à peu perdu en tant que lecteur, au point parfois de me faire regretter le bon vieux sens de nos bons aïeuls, et, tout en réenfilant mes charentaises littéraires, las d'autant de violations et de quête de sensations nouvelles à l'en-veux-tu-en-voilà, de m'entendre m'exclamer tel Prévert : «Du nouveau du nouveau, toujours du nouveau ! Mais quand est-ce que ça va changer!!?



«Rinehart m'a trahir» : de mes mains tremblantes, incapables de jeter correctement le moindre petit dé déjà à mi-parcours, l"inscrirais-je en lettres capitales sur le mur de ma déception de lecteur "qui aimait les Beatles et les Rollings Stones, chantait Help, Ticket to Ride, ô Lady Jane, ô Yesterday"...



Parce que naïf, j'y avais cru au départ, j'avais cru entendre le chant libérateur de Zarathoustra « à la divine Innocence, à la divine Espièglerie et au divin Hasard ». Foutaises!



Comme solution à l'aboulie des temps modernes, on aura je pense mieux échafaudé depuis.



Cantonné dans un «entre-dés» répétitif, le roman finit par se mordre la queue (sans jeux de mots cette fois-ci !) et, du même coup, par se retrouver coincé dans un « entre-deux» qui me pousse à le classer au rayon des curiosités littéraires à cinq pattes. Autant sur un plan critique globalement absent (quel est au fait l'objet de cette satire corrosive : les excès provoqués par l'esprit libertaire amoral et contestataire de l'époque, ou l'avènement d'un capitalisme amoral lui aussi, prêt à tout assimiler en façade et à tout transformer en marchandise ?) que sur celui de sa date de péremption un peu juste (le roman a pris autant de rides qu'un vieux baba-cool recyclé dans le fromage de chèvre).



Comme son héros, resté suspendu au bord du gouffre qu'il a creusé de ses propres mains, L'Homme-dé, se dé-douanant de toute dé-termination, n'aboutit à rien d'autre qu'à sa propre dé-rision...



Reste malgré tout un roman bien écrit, iconoclaste et foutraque, souvent intelligent et drôle, que je critique certainement trop sévèrement en tant qu'ex-fan des sixties...



Je ne vais tout de même pas tirer aux dés le nombre d'étoiles : 3, ni plus ni moins, juste ce qu'il faut d'équilibre (ouf !) et pour convoquer éventuellement un salutaire doute chez vous!

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L'odyssée du vagabond

Début des années 1980, la guerre froide fait rage... Enfin, froide, pas encore pour longtemps, comme va le découvrir à ses dépens Neil Loken, capitaine d'un trimaran, le Vagabond, qui rentre d'un voyage en plein océan pour la baie de Chesapeake, afin de récupérer Jack, le propriétaire du bateau, et des amis de celui-ci, car un trajet à travers la baie les attend après avoir réparé la partie motorisée qui a lâché en cours de route. A leur arrivée, en effet, dans la baie, avec le fils de Jack, qui apprend les rudiments de la navigation grâce à Neil, ils font face à une guerre nucléaire, preuve en étant le magnifique champignon remplaçant désormais Washington.



C'est alors une course contre la montre qui commence pour le Vagabond, d'abord pour récupérer les passagers prévus, ensuite pour survivre à l'apocalypse déclenchée, on ne sait pas très bien, par les États-uniens ou les Russes, chacun renvoyant la balle à son adversaire dans des informations de plus en plus ténues sur la situation mondiale, enfin pour tenter de recommencer à vivre dans un monde ravagé par les bombes atomiques qui ont essaimé un peu partout sur le globe.



Et cette course contre la montre nous est brillamment racontée par Luke Rhinehart, non sans une petite pointe de sarcasme dénonçant l'absurde de la situation pour les passagers du trimaran, et plus généralement pour l'Humanité toute entière, non sans une petite pointe, non plus, de scènes d'action et de violence qui nous montrent toute la cruauté et l'égoïsme dont est capable cette même Humanité pour survivre coûte que coûte, non sans une petite pointe, enfin, d'espoir en la capacité humaine de dépasser, finalement, ses travers les plus terrifiants.



Une uchronie que j'ai lu avec plaisir, tant par la manière dont elle est menée que par toutes les thématiques qu'elle met en jeu, à un moment où, certes, tout ceci aurait pu réellement arriver, ou encore par le choix de personnages, certes assez classiques, mais bien campés, et parfaits pour ce type de récits.



Je remercie les éditions Aux Forges de Vulcain et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.
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L'Homme-dé

Subversion du quotidien et destruction de ta personnalité



Un texte subversif, voir diabolique, dangereux parce que les participants y ajoute des comportements extrémistes en matières de pratiques sexuelles entre autres exemples.

L’auteur devient esclave de sa pratique et de son jeu et au fur et à mesure il dépasse les limites. Il propose ensuite à son entourage proche de jouer avec lui.

Le docteur psychiatre Rhinehart s’ennuie, il décide de jouer sa vie au hasard. Une idée séduisante au départ qui devient vite une idée aux conséquences scabreuses et destructrices.

Je déteste ce roman, qui poursuit un but humoristique par moment, autant que je l’aime. Parce qu’il n’a cessé à la fois de m’attirer et de me répugner, parce qu’il répond à une partie inconsciente de moi-même, il répond à une partie de mes phantasmes. C’est l’effet recherché par l’auteur, je pense.

Tout vol en éclat, la bienséance, le politiquement correct, la bonne éducation, le savoir être, le savoir-vivre, ta personnalité construite et rationnelle.

Tout cela disparaît au profit d’un jeu de hasard qui emporte tout. Il n’y a plus d’amour pur entre êtres humains mais un jeu de rôle qui n’en a rien à faire des sentiments véritables.



D’après moi, ce roman peut et doit se comprendre de deux manières différentes. Soit tu l’ingère au premier degré alors c’est plutôt une lecture indigeste. Soit tu essaies de comprendre ce que le Docteur Rhinehart veut faire passer comme message et alors ce roman devient source de jubilation et de réflexion.

Parce que ta position d’humain simple mortel astreint à des règles comportementales de bienséance peut se révéler être une vie ennuyeuse. L’auteur se propose donc de changer ton quotidien à l’infini à l’aide d’un simple cube à six faces en bois.

En effet, tu occupes une position dans ta vie au niveau professionnel et au niveau personnel et familial.

Tu es, soit hétérosexuel marié ou séparé avec des enfants, cadre supérieur de la fonction publique par exemple. Soit homosexuel vivant seul dans la savane africaine au milieu des lions, ton travail consiste à les observer et faire ton rapport, autre exemple. Mais tu n’es jamais les deux à la fois. Un jour hétéro fonctionnaire d’état et le lendemain bisexuel et animateur d’un club privé pour les seniors. Cela ne t’arrive jamais.



Le fameux docteur Rhinehart t’offre une « dé-vie » et des jeux de rôles ou ta personnalité change au grès de ta volonté et de celle hasardeuse des dés. Alors les dés deviennent ton guide ou une sorte de Dieu. L’auteur propose de dissoudre ta volonté et celle de ses personnages et de la livrer à ses caprices littéraires.

A la fin du roman des scènes sado-masochistes sont proposés, elles sont aussi à prendre aux seconds degrés. Après tout, tout dépend du plaisir que l’on prend à lire ou à vivre ce genre de scènes.

Luke Rhinehart pousse sa pratique du jeu dé à son extrême, il perd toute conscience de lui-même et son « moi décisionnaire » disparaît.

L’issue de ce roman est donc fatale.



Le principe du jeu est le suivant :

Chaque face du dé correspond à une option de comportement à adopter par le joueur. L’homme-dé est l’auteur de ce roman et instigateur de ce jeu excitant.

L’auteur propose d’explorer toutes les facettes et les potentiels de ta personnalité en les faisant se déployer. Et même celle que tu réprimes le plus. Ainsi lors d’un jeu de rôle tu peux te comporter comme un bisexuel par exemple ou être un être soumis ou jouer le rôle du dominant ou être un juge de paix etc …

Prend un dé. Ecris six choix suivant tes envies du moment sur une feuille de papier. Décides de laisser le dé décider au hasard ton sort. Essaies de tenir à ce jeu. Tes choix peuvent être comme suit :

Si le dé tombe sur un ou trois :

Plus jamais tu ne joueras à ce jeu absurde. C’est la première et la dernière fois.

Si le dé tombe sur un deux ou un quatre :

Tu quittes ta famille, tes enfants, ta femme, ton travail, tes hobbies, ta routine et tu décides de changer radicalement de vie, tu fuies.

Si le dé tombe sur un cinq :

Tu décides d’aller commettre un acte répréhensible, n’importe lequel, tant pis pour les conséquences.

Si le dé tombe sur un six :

Tu décides de te lancer un défi, la préparation d’un marathon.

Pourvu que ton dé lâche un six.



Mon avis :

J’ai apprécié le côté analyse psychiatrique de quelques dialogues bien pensés et toujours en phase avec notre société de consommation et du vivre matériel.

Parce qu’en fin de compte, Luke Rhinehart interroge sur le manque de repères spirituels. Certaines personnes perdent pieds dans nos sociétés par manque de soutien, d’amour, d’enjeux spirituels, ils peuplent ensuite ces centres, ou ils se droguent, ou se ils réfugient dans cette pratique de la « dé-vie ».

Je reproche le côté misogyne du texte, souvent la femme n’est traitée qu’en pur objet de désir de l’homme. Et il en fait ce qu’il veut. A priori la femme y prend aussi du plaisir et cela reste à prouver un peu plus.

Le roman date des années soixante-dix du coup les femmes y sont traités comme le voulait l’époque ?

Je retire une étoile pour montrer ma désapprobation. Après cela reste de la littérature.

C’est aussi un peu trop long.



Certains passages sont exquis pour les détails et la recherche d’un vocable que je ne soupçonnais même pas. Cela enrichit le récit et lui donne de l' épaisseur.

Il faut peut-être une large ouverture d’esprit pour intégrer ce genre de littérature ?

Ce n’est pas une lecture indispensable parce qu’un peu perturbante ? Dérangeante ? Trop répétitive ? C’est peut-être le premier et le dernier opus subversif que je lis ?



Essayez-le et si vous ne supportez pas, c’est normal, laissez alors tomber. Pour ma part je passe à autre chose avec joie.

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L'Homme-dé

Un sommet de réflexion subversive, qui a contribué à changer ma vie il y a 6 ans, et celle de beaucoup d'autres.



Il y a souvent contresens sur cette histoire de dés. Plus que de s'en remettre au hasard pour effectuer ses choix, le personnage principal découvre l'étendue réelle de ses possibles. Et le vertige le prend, jusqu'à en arriver à un virage mystique (la partie qui me parle le moins).



Alors ensuite se pose la question de la liberté, des autres, du social, de la norme...



Et cette fameuse réflexion de Camus dans Le Premier Homme "Un homme, ça s'empêche".



C'est un livre de questions, surtout pas de réponses.



Et, ce qui ne gâte rien, c'est malin, rigolard, voire vicieux. On est dans le New York de Woody Allen, de Philip Roth, d'Anaïs Nin.
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Jésus Christ président

In God We Trust



Un beau matin Jesus s’en alla voir son père, Dieu, pour se plaindre des hommes. Ils ne comprenaient décidément rien ! Deux mille ans à essayer de rendre l’humanité meilleure pour finalement se rendre compte que tout va de mal en pis. Avec l’accord de papa, Jesus revient sur terre et s’installe dans l’âme du président Georges W. Bush. Objectif: changer le cours de l’histoire pour voir s’il peut rendre le monde plus chrétien.



Je ne vais pas y aller par 4 chemins, ce livre je l’ai adoré !!!!! Une pépite d’humour qui débute par un dialogue d’entame entre Jesus et Dieu à mourir de rire.

Ecrit à la fin de l’ère Bush, cette farce est jubilatoire. Car bien sûr derrière la farce, il y a la réflexion pointue, derrière la blague il y a tout un sens politique.



Ce roman s’inscrit dans la tradition de la satire et se moque de toutes les facettes de la vie politique américaine: l’hypocrisie de la religiosité des dirigeants, l’absurdité de la guerre, les faux prétextes pour envoyer une armée à l’autre bout du monde, l’argent dépensé pour tuer, les hommes providentiels,

le langage politicien, tout y passe.



Les situations cocasses s’enchaînent pour le plus grand plaisir du lecteur. Georges/Jesus va mettre un sacré bordel dans les plans de Dick (Cheney), de Don (Rumsfeld) et de l’administration Bush. Celui qui n’était qu’une marionnette de ses conseillers va soudain devenir celle de Jesus. Et sa première décision sera de rapatrier toutes les forces armées basées en Irak.... Je vous laisse imaginer la réaction du camp républicain.



Les dialogues sont savoureux, le rythme endiablé (jeu de mot pourri), la réflexion délicieusement cynique et irrévérencieuse. Ce livre aux doux relents anarchiques est un plaisir à côté duquel il serait vraiment dommage de passer.



Traduit par Francis Guévremont

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L'Homme-dé

Jubilatoire! Mais pas seulement... Aussi : intelligent, déroutant, effarant, corrosif, rageant et désopilant! C'est pas rien, tant d'émotions en un roman! Faut dire que c'est un pavé ;-)



Fourre tout joyeux, excessif et rayonnant, on trouve vraiment de tout dans cette aventure, de la satyre, de la comédie, de l'étude de mœurs en passant par la théorie psychanalytique, et une chose est sure, elle ne peut pas laisser de marbre!



En deux mots, notre anti-héro Luke Rhinehart a tout pour être heureux, mais comme beaucoup d'entre nous dans son cas; il ne l'est pas. Cherchant en vain une solution à sa depressivité grandissante, il découvre par hasard... le hasard! Sur un coup de tête, ou peut-être un coup de génie, il décide en effet de remettre sa vie au hasard et de laisser chacune des décisions de sa vie, de la plus petite à la plus importante, aux caprices des dés, auxquels il choisit de vouer une complète adoration et soumission. Ça semble fou et ça l'est bien sûr, mais toute la magie de "L'homme dé" réside dans le fait que finalement, peut-être, sur un malentendu, ça a quand même un certain sens!



En effet, Luke Rhinehart, psychiatre renommé de son état, ne sombre pas dans la folie ni dans l'enfer du jeu comme le ferait n'importe quel homme, non, il élabore une théorie! Et sous ses aspects délirants, celle-ci cache une sagesse non négligeable : Et si le modèle d'être de nos sociétés actuelles n'était pas le meilleur? Et si, pour une meilleure réalisation de soi et un sentiment de bonheur plus complet, il fallait voir les choses différemment? Voir l'identité différemment? Et si au lieu de chercher à être soi-même, à se trouver soi-même et à réaliser son soi à tout prix, il fallait au contraire, remettre en question cette idée de soi préétablie et chercher de nouvelles pistes? Chercher à s'ouvrir, à être multiple, imprévu et imprévisible. Ouvert à la vie. Ouvert au hasard...Et oui, rien de plus simple et de plus terrifiant à la fois, et si le hasard était la clé du bonheur?



Ça semble aberrant mais ça l'est nettement moins à la lecture de certains passages de "l'homme dé" qui laissent songeurs, et puis ça l'est nettement plus à la lectures d'autres passages qui nous laissent effarés!

Mais Luke, notre homme dé, poursuit sa route et son expérience, et chacun en tirera les conclusion qu'il s'en impose...



Un peu trop teinté seventies à mon gout, je regrette que ce roman plonge beaucoup dans la libération sexuelle, bien entendu elle est un pan majeur de la libération tout court et je ne songe pas à la renier, mais je trouve néanmoins regrettable qu'un roman d'une telle créativité avec un tel potentiel tourne autant autour des possibles expériences sexuelles imaginables alors que l'ouverture d'esprit dont il fait preuve laissait présager beaucoup plus grand, beaucoup plus fort encore. C'est vrai, le sexe c'est important, très important, mais quand il s'agit de redéfinir la personnalité, de redéfinir l'humain, ses buts, ses raisons d'êtres et ses attitudes à venir, j'aurais trouvé intéressant de réfléchir au delà du choix sexuel... Mais enfin, c'est le livre d'une époque, je n'ai rien à critiquer ici, c'est juste un regret personnel dont je peux faire part, car il me semble qu'il flotte dans ce roman quelque chose de génial qui s'est peut-être trouvé collé à terre par la néanmoins jolie trivialité de l'auteur...



Enfin, à retenir: il y a du génie quelque part dans ces lignes! A ne pas laisser passer!







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Vent blanc, noir cavalier

Les émotion de lecture de Cécile pour Collectif Polar



🇺🇸📚Dans Vent Blanc, Noir cavalier, Luke Rhinehart nous conte une légende de son cru : celle de Matari, une belle femme, envoûtante et rebelle, d’un moine poète, d’un poète jouisseur et de samouraïs valeureux et bornés. Un roman sur l’amour, l’amitié, l’honneur: une épopée, une fuite dans un décor fait de fleurs de cerisier, de neige, de boue et de sang.

✒️✒️C’est drôle, philosophe et poétique. Ma concentration très aléatoire ces derniers temps qui me fait abandonner plus que persévérer, s’est laissée emporter avec joie vers le japon du 18ème siècle de l’auteur.

🇯🇵🇺🇸📚Une belle aventure douce amère portée par une plume précise et affirmée qui sait se faire rêveuse et taquine. Une très jolie découverte et une couverture à admirer sans se lasser ! Une envie de lecture pour moi suscitée par cette dernière et qui a été confirmée lors du VLEEL – Varions Les Éditions En Live sur la rentrée littéraire et la présentation de David Meulemans des Editions Aux forges de Vulcain.


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L'Homme-dé

De la nécessité du hasard pour conduire sa vie.



Qu'advient-il lorsque l'on décide de confier sa vie à la décision des dés ? Quel impact cela a sur la personnalité ? Devient-on, par ce biais, une personne dénuée de moi ?



Quand le psychiatre Rhinehart décide de soumettre ses décisions aux dés, il entre dans une vie nouvelle qui n'a plus rien à voir avec "l'ancienne", celle codifiée, socialisée et limitée par les barrières sociales et mentales. Découvrant l'intérêt de cette méthode pour vaincre les effets néfastes du moi, il va développer sa théorie et la transformer en pratiques thérapeutiques et devenir quasi mystiques ou religieuses par la suite.



Ce roman, écrit dans les années 1970 a connu un regain de succès ces dernières années, devenant quasiment culte.



Tout est fait pour désorienter, jusqu'au nom de l'auteur qui est le même que celui du psychiatre. On pourrait le prendre pour ce qu'il n'est pas.



Ce qu'il est, certainement, c'est une ode à la subversion, à la transformation de soi grâce aux effets du hasard par l'obéissance aveugle dans la religion du Dé. Ce qu'il est également, c'est une construction et une narration qui sortent des sentiers battus et où la loufoquerie des situations n'a rien à envier à celle des dialogues.



Bref, un roman qui ne peut laisser indifférent.
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L'Homme-dé

Lecture abandonnée au bout de 200 pages : à mon grand dam, et plus encore à ma grande surprise, j'ai été vaincue par l'ennui.



Le pitch de ce brûlot subversif était pourtant aguicheur, et j'avais hâte de découvrir cette "bible de l'anticonformisme" dont j'entendais parler depuis longtemps.



Côté anticonformisme, pas de souci, on est servi.



Mais pour ce qui est du frisson littéraire, j'ai trouvé bien longues les 200 pages à l'attendre...

Le récit est clinique, froid (il faut dire que le milieu de psychiatres new yorkais dans lequel il se déroule n'aide pas!).

On dirait une thèse mise en histoire, une lecture qui ne mobilise qu'une partie du cerveau.



Il est fort probable que tout le sel de cet "Homme-dé" se concentre dans les 200 dernières pages, celles que je n'ai pas lues, quand la théorie du dé devient publique et s'applique à grande échelle.



Tant pis pour moi si c'est le cas.
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L'Homme-dé

Les rencontres avec un roman, un univers, a de fortes ressemblances avec les rencontres amoureuses – ouais, celles que je ne fais plus depuis plus de vingt ans, #femmemarieeetfidele -. Avec L’Homme-dé, ça a été fulgurant et je trouvais Luke bien attirant, un psychiatre en dépression et un tantinet égocentrique que le quotidien ennuie. Il est vrai que sa manière de nous parler de sa souffrance a du piquant :



"Cela m’avait semblé être le but le plus évident et le plus désirable d’une thérapie, mais ayant moi-même terminé une analyse « réussie », ayant vécu plus de sept ans avec ma femme et mes enfants dans un bonheur modéré, je me suis découvert, à l’approche de mon trente-deuxième anniversaire, une envie subite de suicide. Et aussi d’assassiner plusieurs autres personnes." (page 15)



Le pauvre homme semble trouver une réponse dans le zen, hélas, sa joie ne dure pas tellement… Et Luke me fait rire, je reste sous le charme :



"Malheureusement, la vie m’a alors semblé encore plus chiante. Bon, d’accord, je m’ennuyais joyeusement, gaiement même, alors qu’avant mon ennui était seulement déprimant, mais il n’en restait pas moins que rien n’avait d’intérêt pour moi." (page 18)



Les débuts d’une histoire d’amour peuvent être étourdissants. Surtout quand l’objet de notre fascination envoie une magnifique balle perdue à Freud, que tu as bien du mal à supporter :



"Freud était un très grand homme, mais j’ai comme l’impression qu’il ne s’est jamais très bien fait astiquer la queue." (page 20)



Et une autre en plein cœur du patriarcat :



"Deux fois, les dés ont décidé qu’il fallait que j’accorde plus d’attention à mes enfants, que je passe un minimum de cinq heures avec eux pendant trois jours (quel dévouement ! quel esprit de sacrifice ! Mères du monde entier, que ne donnerez-vous point pour n’avoir à passer que cinq heures par jour avec vos enfants ?)." (page 117)



Tu imagines bien, ami-lecteur, que j’étais tout à fait séduite. Hélas, comme les passions qui traversent parfois nos vies pour ne nous laisser que des cendres et un goût amer dans la bouche, mon histoire avec L’Homme-dé a très vite, trop vite, mal tourné. Les provocations grossières s’enchaînent, mais mes sourires se firent de plus en plus rares. Et finalement, je me retrouvais dans la peau de Luke au début de ce récit : terrassée par l’ennui avec des envies de meurtre… Pourtant, avec un romantisme dont je fais rarement preuve dans ma vie de lectrice, j’ai tout essayé pour raviver les flammes de mon amour. J’ai, par exemple, replacé le récit dans son contexte, on ne lit pas un roman de 1971, surtout un roman aussi punk, de la même façon qu’on le ferait pour une œuvre contemporaine. Sauf qu’on ne ravive pas un sentiment aussi malmené… Jusqu’à la fin de L’Homme-dé, j’ai espéré qu’une péripétie, qu’un chapitre, ou la fin, éclairerait le reste du récit et que, bientôt, je me rendrais compte que je n’avais jamais cessé de l’aimer. Malgré une fin tout à fait cohérente, rien à faire, la magie avait disparu, les rires aussi…



Sincèrement, je comprends pourquoi L’Homme-dé est un roman culte : c’est audacieux – pour l’époque -, parfois drôle, et le point de départ, cet homme qui tente d’échapper à lui-même en laissant les dés décider de tout, reste génial. Toutefois, tu l’as compris, j’ai eu du mal à arriver au bout du roman. Souvent, j’ai levé les yeux au ciel au lieu de rire et même si l’auteur, George Cockcroft, le présente comme une comédie, j’ai trouvé cela plus agaçant qu’amusant.
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Vent blanc, noir cavalier

Il est absolument fascinant de voir un auteur américain reprendre à son compte, avec autant de brio, les codes du roman japonais traditionnel. Questions d’honneur, place prépondérante de la nature, rôle-clé du détachement de soi incarné dans le bouddhisme et la discipline samouraï, charme discret des haïkus, tout se retrouve ici pour former un envoûtant huis-clos dans lequel quelques personnages se débattent dans la blancheur cotonneuse de la neige. Matari fuit son seigneur de mari qui veut la tuer pour laver son honneur, Oboko et Izzi, poètes, se retrouvent à l’assister dans sa fuite, prenant malgré eux ledit mari en otage. Absurde mais sensible et d’une grande beauté, ce récit émeut, de bout en bout.



Je n’ai jamais lu cet auteur auparavant, seule la quatrième de couverture et le gage d’une découverte littéraire soigneusement choisie par les Forges de Vulcain m’a convaincue de me plonger dans cette histoire. Et je dois dire que j’ai pas été déçue. Grande amatrice du Clan des Otori, j’ai retrouvé ici cette ambiance si particulière au Japon ancestral, ce côté philosophique qui apparaît au détour de chaque page alors que les personnages tentent de trouver un sens à ce qui leur arrive. Ici, les tiraillements de l’âme constituent le centre de ce récit d’une douce lenteur, charge de suspense et de tension romanesque. Un vrai page-turner en somme, alors qu’il s’y passe finalement bien peu de choses : la marque d’un vrai bon roman.
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Vent blanc, noir cavalier

Voici un livre qui vous transportera au Japon à l'époque des samouraïs, à cette époque ou les affaires d'honneur étaient questions de vie ou de mort...



L'histoire débute en plein blizzard une nuit d'hiver. Oboko est un jeune moine bouddhiste et poète, il va chercher refuge dans un ancien temple abandonné ou il va avoir l'heureuse surprise d'y retrouver Izzi, un vieil ami, lui aussi poète.

Ils vont vite être rejoints par Matari, une beauté ensorcelante, qui fuit son mari, le Seigneur Arishi... Si je vous en dis plus vous en saurez trop et je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.

Sachez seulement qu'à partir de là, va se mettre en place une sorte de huis-clos entre tous ces personnages aux aspirations très différentes qui va nous amener à réfléchir sur les notions d'amour, d'honneur, de courage...

L'écriture est très poétique et j'ai particulièrement apprécié les petits haïkus de nos poètes disséminés ça et là. Le rythme est assez lent, un peu contemplatif, certains diront ennuyeux mais c'est ce que j'aime dans ce genre de littérature.



Pendant cette lecture, les images me venaient très facilement en tête, j'avais le sentiment de regarder un film : l'ambiance, les décors, tout est parfaitement mis en scène, comme par exemple le changement de temps au fur et à mesure que l'on s'approche d'une fin annoncée.



Ce fut donc une très belle lecture pour ma part, et je suis contente de découvrir l'auteur avec ce titre.

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L'Homme-dé

A voir les excellentes notes et critiques reçues par ce roman, je me sens un peu ... décalée. Sans doute ne correspondais-je pas au public visé pour ce type de littérature, mais de mon côté, bien qu'ayant lu ces 521 pages sans ennui ni lassitude, je n'ai pas accroché à ces personnages tous plus déjantés les uns que les autres. L'idée de départ est intéressante, originale, c'est un fait, le traitement qui en est fait est cohérent, mais je n'ai pas été capable de prendre part à cette folie, d'où toute valeur morale, tout sentiment est exclu. En tout cas, voilà un roman, fausse "auto-biographie" d'un psychiatre, qui ne laisse pas indifférent et prête à la réflexion sur le sens de la vie pour l'Homme, sa façon d'être au monde, de la définition de la vie en société.
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L'Homme-dé

Pleins pouvoirs au livre-dé !



Psychiatre écœuré par l’incapacité de sa discipline à guérir le malheur humain, échouant avec une constance désespérante à écrire un livre sur sa pratique psychiatrique, car, faille petite mais significative, il n’a rien à dire, plongé dans un ennui qui tourne à la dépression dans sa vie bourgeoise et tellement routinière, Luke Rhinehart, le héros et narrateur de «L’homme-dé», fait en 1968 une découverte qui va transformer sa vie.



«- Je m’ennuie. Je meurs d’ennui. Je regrette, mais c’est de cela qu’il s’agit. J’en ai marre de ramener des patients malheureux à l’ordre normal de l’ennui, marre des recherches banales, des articles vides…

– Ce sont des symptômes, ce n’est pas une analyse.

– Découvrir quelque chose pour la première fois : un premier ballon de baudruche, une excursion à l’étranger. Une bonne fornication sauvage avec une nouvelle femme. Un premier chèque à toucher, ou la surprise de gagner gros pour la première fois, au poker ou aux courses. Etre seul, plein d’allégresse, à lutter contre le vent en faisant du stop sur une nationale, en attendant que quelqu’un s’arrête et me propose de monter, peut-être jusqu’à la prochaine ville, à cinq kilomètres de là, peut-être jusqu’à une nouvelle amitié, ou bien jusqu’à la mort. Le chaud bien-être que j’éprouvais quand je savais que j’avais finalement écrit un bon article, fait une brillante analyse ou lobé un beau revers de tennis. L’attrait d’une nouvelle philosophie de la vie. Ou une nouvelle maison. Ou un premier enfant. C’est cela qu’on demande à la vie et maintenant… tout ça a l’air de foutre le camp, bien que la psychanalyse et le zen aussi paraissent incapables de me le restituer.»



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/02/21/note-de-lecture-lhomme-de-luke-rhinehart/

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L'Homme-dé

Il y avait déjà plusieurs années que L’homme-dé faisait partie de ma liste de livres à lire, je ne sais pour quelle raison obscure j’hésitais à l’entreprendre. Puis le hasard (tiens, tiens!) a fait qu’il a croisé de nouveau ma route et je n’ai pu me retenir plus avant. J’ai donc plongé dans cette lecture qui m’avait plus d’une fois été recommandée (merci à celles et ceux qui ont insisté).



Quel livre étrange! Le personnage principal porte le même nom que l’auteur s’est donné comme pseudonyme, ce serait ainsi un roman en partie autobiographique. On dirait peut-être maintenant une autofiction. Luke Rhinehart, le personnage, est psychanalyste. Il se sent piégé dans sa vie, piégé dans le rôle qu’il doit y jouer, piégé par la trame de son récit et l’avenir que lui impose l’image qu’il projette comme celle que les autres lui assignent. À la recherche de ses autres personnalités, des autres avenues de son parcours, des voies de traverse, des espaces insoupçonnées, il confie quelques-unes de ses décisions au Hasard et une Voie Royale s’ouvre à lui. Voilà la façon d’exprimer chacune des infinies facettes d’un itinéraire sans tracé, d’un parcours aléatoire, d’une vie ouverte.



Puis, une nouvelle philosophie naît de ce dé. Rhinehart essaime et propage sa façon d’être en imaginant des dé-thérapies pour ses amis comme pour ses patients. Des dé-centres, ces institutions qui transforment les gens en personnes de hasard, sont établis. Seul le Hasard peut dé-terminer jusqu’où se propagera cette manière d’être, ces existences aléatoires, ces personnes-dés.



Livre culte dans les années 70, L’homme-dé n’a rien perdu de sa verve iconoclaste. Quel que soit le résultat du dé, on embarque et on se laisse mener toujours plus loin dans la dé-mesure.
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L'Homme-dé

Pour moi, ce livre est une révélation et une déception.

J’ai ressenti une grande frustration arrivé à la seconde partie, car Luke Rhinehart exploite insuffisamment son concept de vie menée au Hasard.

Hasard avec un grand H ; car, l’histoire tourne autour d’un traitement psychiatrique et d’un nouveau mode de vie : inventés par un médecin de New-York. Celui-ci découvre une nouvelle volonté, celle des dés. Grâce aux dés, il parvient à se donner des buts, en se dégageant sa responsabilité propre. Il estime que son libre arbitre n’est pas fiable et que la plupart des ses choix de vie sont de toutes façons déterminés de façon aléatoire ; alors il pousse sa révélation au paroxysme : il mène sa vie entièrement à partir des choix du Dé.



Scénario jouissif, d’autant plus que l’auteur semble avoir sérieusement réfléchi à la question. Dans la première partie, il développe très précisément son concept de “dé-vie”, à partir de réflexions crédibles. Bref, l’histoire est loufoque et tient debout : c’est la recette du bonheur.

En revanche, dans la suite du livre, le soufflé retombe et le roman se transforme en livre gratuitement provocateur et pornographique.

L’histoire est alimentée par des dialogues qui tournent en rond, et les dilemmes moraux du début laissent place à des scénettes sans intérêt. Le concept de “dé-vie” se propage sans problèmes : le reste du roman n’est que masturbation.

Donc, ce livre est excessivement long ; je pense que Rhinehart aurait dû s’arrêter à la moitié, pour éviter de lisser son concept.



Je souligne tout de même que, Luke Rhinehart ne manque pas d’humour, son style d’écriture suinte le John Irving ; en plus sexuel.

En conclusion : j’ai été très emballé par l’univers délirant de ce livre, mais on aurait pu nous épargner beaucoup de superflu...

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