Citations de Lydia Bonnaventure (53)
Un petit soleil réconfortant dardait ses rayons, en ce matin de février 1135. La bourgade d’Alzey, située dans le palatinat du Rhin, se réveillait tout dou…
— PAR SAINTE GAUBURGE !
Ce rugissement intempestif provenait de la boutique de Frénégonde, dame apothicaire. C’était une femme gaillarde, solide, quelque peu rougeaude et, aux dires de certaines mauvaises langues, légèrement mal embouchée à ses heures perdues.
Le sort des enfants (malades) n'est guère plus enviable..
Les parents préfèrent toujours n'avoir qu'un enfant qui soit bon, fût-ce une fille, plutôt que d'avoir une nombreuse progéniture déficiente. » L'enfant malade devient un poids pour la famille - poids moral et physique - qui préférera se séparer de lui en l'abandonnant, le plus souvent sur le parvis ou sur les marches d'une église. Il est ainsi confié à la grâce de Dieu, ce qui atténue le sentiment de culpabilité des parents.
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Un matin, Frénégonde fut servie par le fils. Elle le rencontrait bien de temps en temps dans les rues de la ville mais jamais elle n'avait eu l'occasion de le le voir de si près.Elle fut immédiatement sensible à la gentillesse de ce garçon qui n'était pas un Apollon avec son petit ventre proéminent et ses cheveux qui commençaient déjà à se clairsemer. Cette voix douce, ce calme, cette prestance lui plaisaient à tel point qu'elle en oubliait presque ce qu'elle venait chercher.
Elles se rendirent dans la salle commune. La table avait été dressée. Les couverts étaient disposés sur le grand plan central. Les écuelles et les cuillères étaient taillées dans du bois de la région, lourd et noueux, donnant ainsi un certain relief aux objets. Les miches de pain noir trônaient autour de la soupière. L'odeur douceâtre envahissait la salle et mettait du baume au cœur de chacune. La cuisine d'Hersende et d'Adéla était reconnue et réputée. Une simple soupe de poireaux devenait un pur moment de bonheur lorsqu'elle coulait lentement dans le gosier. Onctueuse et veloutée. Y jeter quelques morceaux de pain, les regarder flotter pour s'imbiber du précieux liquide pour enfin se répartir au fond de l'écuelle en faisait un régal de tous les instants. Cette entrée en matière comblait toutes les faims.
Lorsque Hersende amena les carpes farcies, ce fut un grand moment de réjouissance. Sœur Andréa, qui lisait les passages de la Sainte Bible, louchait sur ces mets de choix. Elle en sautait quelques lignes - ce qui faisait sourire Hildegarde, attentive à ce genre de détail - pour passer plus vite à table.
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L'obsession majeure de l'homme médiéval est la crainte du Jugement dernier et de la damnation qu'il peut entrainer. Cette peur est à l'origine de certaines conversions subites et décisives, de fins de vie édifiantes dont les textes littéraires portent témoignage. Parallèlement aux genres bien définis que sont la poésie lyrique, l'épopée ou le roman, s'est développée une importante production littéraire constituant une somme de valeurs morales. De cette production disparate font partie les vies de saints, les contes pieux et les miracles de la Vierge. Si cette étude s'est attachée au recueil de Gautier de Coinci, cela n'est pas sans raison. Ce dernier a marqué un tournant dans le paysage littéraire et culturel, devenant un exemple pour ceux qui lui succèderont.
Attesté tout au long du Moyen Âge, l'abandon était chose courante. Le malade, non productif,devenait une charge pour la famille qui préférait alors se débarrasser de lui.
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La maladie a ponctué la période médiévale. Les différentes pestes notamment restent dans tous les esprits. On commence à trouver des descriptions exactes de cette maladie au vie siècle. La peste dite de Justinien, du nom de l’empereur byzantin (482-565), en fut la première manifestation véritable. Bien que son foyer se trouvât en Égypte, elle s'abattit sur tout le monde occidental. En quelques mois, elle décima des populations entières, les villes devinrent des déserts. Grégoire de Tours, évêque et historien, relate dans son Histoire des Francs :
« …on compta, un dimanche, dans une basilique de saint Pierre, trois cents corps morts. La mort était subite ; il naissait dans l’aine ou dans l’aisselle une plaie semblable à la morsure d'un serpent ; et ce venin agissait tellement sur les hommes qu'ils rendaient l’esprit le lendemain ou le troisième jour ; et la force du venin leur ôtait entièrement le sens. »
La mort du Pape romain Pélage II, en 590, provoqua une terreur sans nom. Pouvait-on imaginer un seul instant qu’un tel personnage, qui s'était voué corps et âme aux malades durant son Pontificat puisse, lui aussi, subir les effets de ce châtiment envoyé par le malin ?
Du VIIe siècle au XIVe siècle, le monde connut quelques autres attaques, relativement bénignes. La maladie couvait cependant, pour mieux se déchaîner au XIVe siècle. Cette épidémie sournoise se répandit alors comme une traînée de poudre, faisant fi des continents, des frontières, des Hommes. Elle hanta les corps et les esprits, à tel point que l’on y fait encore référence aujourd’hui en abordant le sujet des maladies à cette période.
Elle boudait. C’est un peu fort, pensait-elle. Il le fait exprès, non ? J’essaie de sauver un homme et je me retrouve accusée…
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Attesté tout au long du Moyen-Âge, l'abandon était chose courante. Le malade, non productif, devenait une charge pour la famille qui préférait alors se débarrasser de lui.
Au Moyen-Age, la foi est omniprésente. On aime Dieu mais on le craint, on vénère la Vierge, les saints, on croit au pouvoir des reliques... De ce point de vue, la maladie est punition du pécheur, la guérison est récompense ou miséricorde.
En dépit des idées reçues, l'hygiène faisait partie de la vie quotidienne...
Dès le XIIe siècle, les sources nous révélant que le bain fait partie des plaisirs sont innombrables.
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La maladie bouleverse les rapports que peuvent entretenir les malades avec la société.
Gottfried était cultivé, tendre, et ne considérait pas la femme comme un objet. Il faut avouer qu'avec la génitrice qu'il avait, il eut été difficile pour lui d'avoir de telles idées !
NDL : Peut être qu'il faudrait plus de femmes de caractère comme Frénégonde, on aurait moins de machos.
"Qu'ausi fu gros con une çoche
Ne n'i parut iex, nez ne bouche." (Itel dou soller, II,23)
Ainsi, il fut aussi gros qu'une souche, Ses yeux, son nez,
sa bouche n’apparaissaient plus (V 76-77).
Pourquoi la souche ? Elle est l'image de la mort qui apparaît, d'une manière n'ayant plus droit à une cycle de génération offert par la renaissance de la nature.
Les adjectifs ne sont pas en restent. Ils sont, par ailleurs, souvent associés à des intensifs qui donnent ainsi un ton pathétique au récit exprimant la gravité de la situation : "a tel meschief."
Sa boîte crânienne était aussi vide qu’un lit de rivière asséché. Quelque part, cela arrangeait l’officier. Il ne serait pas embêté par les interrogations de ce trépané !
Il (l’évêque) était ensuite parti en voyage officiel pour essayer de régler les nombreuses discordes au sein des représentants de l’Église. A soixante-quinze ans, il commençait à en avoir ras la mitre de devoir se déplacer ainsi pour des conflits qui avaient tendance à s’étioler.
Son quotient intellectuel était aussi élevé qu'une mûre écrasée. Même une truie l'aurait renié!
…
- Bien, reprit Thibald, vous deux, à l'extérieur!
Les deux rustres, après quelques secondes de réflexion correspondant au délai que mettaient leurs neurones, au nombre de deux, à apporter l'information au cerveau…
La justice n'était pas tendre et les erreurs étaient légion. On avait tôt fait de se retrouver avec une main ou une oreille en moins pour une poignée de cerises volée, alors un meurtre ! Lothaire avait durci les punitions lorsque la guerre entre les Guelfes et les Gibelins avait fait rage. Les premiers étaient partisans du Pape ; les seconds, de l'empereur. Il n'était pas rare qu'ils s'entre-tuent ou qu'ils tentent un coup d'état. Lothaire ne vivait plus depuis que ces deux partis, puissants, avaient divisé l'Empire.
[...] la prière est un des trois éléments fondamentaux de l'action thaumaturgique, les deux autres étant la confession et les pratiques pénitentielles.
- Oh, ne criez pas, je vous en supplie!
Hersende sourit. Elle parlait tout à fait normalement. Mais le vin de messe devait résonner dans son cerveau.