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Critiques de Magyd Cherfi (153)
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Ma part de Gaulois

A croire que c'est une mode, les chanteurs qui franchissent le mur du son pour tomber dans les lettres : Bob et son Nobel, Gaël et son petit pays, Magyd et son bac en cité...



Dans les quartiers Nord toulousains, ceux-là même de funeste mémoire qui ont vu naître un certain Merah, il n'est pas habituel que l'on traîne sur un banc avec un livre entre les mains. Et ça n'est pas une affaire de météo.

Magyd tente néanmoins l'expérience, au risque de récolter la panoplie d'insultes qui vont avec, de pédé à tarlouze en passant par des références à sa mère. Il faut dire que sa passion des mots est suffisamment forte pour tenter malgré tout ce contre-pied identitaire.

Enfin, "identitaire" est un bien grand mot dans ces quartiers d'errance, où les jeunes sont écartelés entre deux cultures si voisines et si distinctes à la fois. C'est ce dont souffre ouvertement Magyd, partagé entre la cité où les copains ne dépassent généralement pas la cinquième, et le lycée où les copains fantasment la pauvreté en jouant dans des groupes de rock déglingués.

Magyd construit malgré tout sa petite réputation de scribouilleur amateur de mots.

« -C'est sympa ce que t'écris.

Oh l'incroyable adjectif qui veut dire à la fois c'est nul et c'est bien. Maudit adjectif passe-partout qui permet le compliment sans affoler son destinataire, qui vous débarrasse d'une position inconfortable en proposant un pouf qui vous engloutit, qui flatte sans vous proposer les nues et qui n'est ni désobligeant ni porteur de louanges. »

La voie de la culture est donc celle qui fera entrevoir à Magyd autre chose que l'univers de la cité. Il y développera un réseau associatif de soutien scolaire et d'atelier théâtre, tout en passant le bac, chose que sa mère ne manque pas de lui rappeler...



le récit autobiographique du chanteur des Zebda m'a attrapé par le col pour me traîner sur le terrain des souvenirs. Je m'y suis revu, dans ces quartiers à forte mixité culturelle où j'ai moi-même passé mon enfance, malgré mes origines largement gauloises. C'est sûrement un de ses points forts à mon avis, cette authenticité qui s'en dégage, et qui lui donne des airs de roman historique des 80's. Plaisir accentué par la façon si particulière qu'a Magyd Cherfi de triturer les mots et les expressions, au risque parfois de perdre en fluidité dans la narration.



Bref, un bon moment de lecture, bien plus que « sympa ».
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Ma part de Gaulois

En 1981, les sondages donnent Mitterrand vainqueur de l'élection présidentielle et dans les quartiers Nord de Toulouse, on tremble. Pour les émigrés algériens, il est avant tout l'homme qui a crée les conditions légales de la torture en Algérie, il déteste les arabes, il va sans doute les renvoyer au pays. Mais pour Magyd, 1981, c'est surtout l'année du bac. Après des années à subir les quolibets des gamins de la cité, le nez dans les livres, la consécration est au bout du chemin. Une grande première dans ce quartier où l'échec scolaire est la norme, le CAP la seule voie proposée. C'est sûr, Magyd sera docteur ou ingénieur !



Dans un roman largement autobiographique, Magyd Cherfi, le parolier et chanteur du groupe Zebda raconte ses années de jeunesse dans une cité des quartiers Nord de Toulouse, l'histoire à la fois personnelle et universelle d'un jeune beur coincé entre deux cultures, deux modes de pensée, deux mondes. Tiraillé entre ses origines kabyles et sa ''part de gaulois'', Magyd grandit dans le double giron de l'école de la République qui prône l'intégration et l'égalité des chances et celui de sa mère qui a mis tous ses espoirs sur la tête de son rejeton le plus doué. Mais dans la cité, aucune protection, si on aime les études, les livres, la langue française, on est un traître, un pédé, à la botte des français : pas de partie de foot avec les copains mais des insultes et des tabassages en règles. Mais Magyd fait front. Il crée une association de soutien scolaire, anime un club de théâtre, milite pour l'égalité des sexes. La cité telle qu'il la décrit est un mélange entre les les amitiés solides, les liens crées par un parcours commun, une certaine joie de vivre méditerranéenne, des fêtes partagées et le mal de vivre de la deuxième génération qui n'a pas su ou pu trouver sa place dans une société française aveugle à la misère des banlieues, le repli sur soi, le communautarisme, la drogue, la violence. Magyd Cherfi se qualifie de schizophrène, résumant là les difficultés de ceux qui comme lui sont nés en France, sont français et que l'on renvoie sans cesse à leur condition d'''arabes''. On sent chez lui ce tiraillement entre ses deux cultures mais aussi le désir de pouvoir les concilier en étant tout simplement lui-même, ou un arabe ou un gaulois ou un beur ou un maghrébin ou un fils d'immigrés ou un français issus de l'immigration ou tout cela à la fois.

Chronique douce-amère qui n'occulte pas le côté sombre des cités avec la violence, surtout celle faite aux femmes, la délinquance, le rejet de la France, Ma part de gaulois et aussi un hymne à la jeunesse, à l'espoir, à l'accomplissement de soi, à l'amour maternel, à l'amitié, à l'intégration sans le renoncement à ses racines, à la France multiculturelle.
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La vie de ma mère !

Après huit mois de « bouderie », Slimane veut retisser un lien avec sa mère, il est temps de la retrouver, de faire la paix avec elle pour partager ce qui lui reste à vivre sans remords.

Une langue parlée, directe, crue, tendre et poétique. Une famille kabyle déchirée et au milieu une mère possessive, injuste et ingrate qui décide de s’émanciper, de s’extirper du naufrage de la vieillesse et de profiter des dernières années de sa vie pour devenir une femme libre de ses faits et gestes.

Un récit sur l’identité à travers le portrait décapant de cette mère qui a tout sacrifié à sa famille. Un roman intime et féministe, un bel hommage, une déclaration d’amour.

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Ma part de Gaulois

Magyd Cherfi, connu pour son appartenance au groupe Zebda ( non, je ne remplis pas une fiche de renseignements pour les RG...), dont il est une voix et la plume, a toujours eu l'expression écrite facile et son bouquin - Ma part de Gaulois - est là pour le prouver.

Français d'origine algérienne, il a grandi dans les quartiers nord de Toulouse... comme un certain Mohamed Merah, dont il condamne la monstruosité criminelle... mais qu'il "comprend" ( se référer à ses interviews ).

Comme lui, il est venu, dit-il des bas-fonds et a dû subir ce qu'il appelle "la névrose identitaire", celle qui nuance identité et identification, rend instable et bancal l'équilibre entre deux appartenances.

Magyd Cherfi affirme, lui, avoir trouvé sa part de Gaulois, et sans renier son arabité, être aujourd'hui un "schizophrène cool".

1980/1981, nous sommes à la fin du septennat de Giscard D'Estaing et au tout début de la victoire de l'Union de la gauche, incarnée par François Mitterrand.

Dans les quartiers nord de Toulouse, la victoire du premier secrétaire du Parti Socialiste n'est pas vécue par la communauté d'origine maghrébine comme un espoir mais comme une menace. Certains envisagent déjà le retour au pays.

Car ces enfants de l'indépendance algérienne se souviennent de Mitterrand comme le ministre de l'Intérieur qui, de 1954 à 1957 refusa toutes les grâces pour les membre du FLN condamnés à la peine capitale, et tous furent guillotinés.

Qu'il veuille aujourd'hui abolir la peine de mort ne les convainc pas.

Cette dichotomie n'est que l'un des multiples exemples qui hantent la vie de ces quartiers et celle de Magyd Cherfi qui en est "l'écrivain public".

Fils d'une famille nombreuse dans laquelle on parle le Kabyle, cet amoureux de Balzac, de Flaubert, de Maupassant est victime d'une révolution copernicienne.

La république cherche, sans affection et sans tendresse particulière à l'intégrer; sa mère a érigé l'obtention du baccalauréat de son fils en totem sacré et absolu, mais le reste du quartier, à l'exception de ses deux potes Momo et Samir, le rejette comme un traître à sa communauté, un rebeu vendu aux blancs.

Étrange paradoxe en apparence que ces enfants qui se disent orphelins d'un pays qui, lui, de son côté, prétend tout faire pour les adopter.

Magyd est un pont, un pont qui doute, un pont entre sa cité où il donne avec ses amis filles garçons, des cours de soutien scolaire, a créé un atelier théâtral... ce qui ne fait pas l'unanimité, surtout parmi les tenants de la domination patriarcale : les pères et les frères des filles dont ils craignent l'émancipation de ces dernières par l'exemple et le savoir... ce qui lui vaut déboires, insultes, menaces, et passages à l'acte... et un pont avec les Français "100% pur beurre hexagonal", avec lesquels il peut partager ses goûts pour la langue et les chanteurs à textes, Ferré, Brassens, Higelin... et la musique.

Ces quelques mois qui le séparent du bachot, dont il va être le premier rebeu à en être diplômé ( Cherfi a confessé qu'il avait appris qu'il y en avait eu un au moins avant lui... mais reconnaissons qu'il y a quarante ans, ce n'était pas monnaie courante dans les "cités") servent de fil conducteur à cette immersion aux vertus sociologiques, anthropologiques et éminemment humaines dans ces quartiers, dont beaucoup d'entre nous ignorions tout ou presque à cette époque.

Les questions touchant à la langue, la force du patriarcat, le ou les gaps culturels, les rapports je-t'aime-moi-non-plus avec le pays d'accueil, la religion ( pas encore prégnante), la délinquance ( quasiment rien à voir avec ce que nous vivons aujourd'hui ), cette névrose identitaire qui les écartèle sans cesse sans leur offrir d'autre réponse que celle d'une hémiplégie à vie, toutes ces questions étaient déjà là et sur le point de péter à la face d'un pays qui a opté pour la politique des trois petits singes, confondant sagesse et abandon, ghettoisant pour mieux se protéger.

On connaît la suite de que l'on a appelé un peu plus tard " les banlieues ".

Il y a des passages très réussis dans cet excellent ouvrage : Momo qui tente le concours d'entrée au conservatoire d'art dramatique de Toulouse, le mouton sacrifié pour fêter le bac de Magyd, Bija "massacrée" par son père et son frère parce que surprise à lire - Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - de Stefan Zweig...

Immersion réussie ; ça sent le vécu même si le livre est romancé.

Sa force réside aussi dans la qualité entraînante de ses dialogues et dans la gouaille de son écriture où l'on retrouve les influences de Gary et de Boudard.

C'est touchant, drôle, authentique.

Un livre auquel les libraires ont bien fait d'attribuer le prix du Parisien Magazine.
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Livret de famille

Magyd Cherfi tombe la chemise. Torse-nu, il se dévoile. Sa jeunesse, son adolescence, son zoo. Le zoo, une banlieue de Toulouse, la ville rose de Nougaro, une ville plutôt grise pour Magyd. Pourtant, le chanteur de Zebda l’aime cette ville et c’est certainement pour ça qu’il m’en parle. Il égrène des souvenirs comme des vieilles égrèneraient leurs chapelets devant la statue de la Vierge Marie. Marie un prénom bien français qui change assurément de ces filles de la cité qui elles ont un nom du bled. Marie, il pourrait s’assoir à côté d’elle dans le bus au collège, le seul moment où il peut regarder ces filles de près…



Mais au-delà de ses souvenirs d’enfance, le chanteur, auteur, poète a en lui une certaine rage. De la société, de l’immigration, de la France. Le bruit et l'odeur. Il a eu le vote utile, a déposé le bulletin Jospin dans l'urne, ce qui n’a pas empêché Jean-Marie Le Pen d’être au second tour. On peut avoir Marie dans son prénom sans pour autant avoir sa délicatesse, sa poésie, son souffle divin. Il me parle du foot, sélection black blanc beur, il me parle de son côté musulman, catho ou athée, ça dépend des jours, ça dépend des temps, surtout celui où il est à la terrasse d’un café, un ballon de rouge posé et le regard sur les jambes de ces passantes insouciantes dans ce pays de liberté, liberté des yeux, liberté de la peau. Liberté de la pensée aussi, il serait près à sortir un livre de Voltaire de sa poche, en attendant, il écrit de la poésie comme Maupassant.
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Ma part de Gaulois

Dès les premières page du livre, Ma part de Gaulois, je suis remué par l'énergie débridée, qui s 'écoule le long de la rue Raphaël, à Toulouse, ébloui par ces défis lancés à mettre le feu par les mots, je me suis laissé emporter.



Ce premier défi : "Magyd,  écris nous la légende des quartiers," scandé par toutes les filles, résonne, s’amplifie depuis la page 9 jusqu'à la page 259, une dernière page qui lui offre le titre de son livre.



" Être leur pyromane avec des mots me chauffait les neurones" p9, cette intention exprimée d'une façon si insolite, et si spontanée comme un souffle vital a retenu l'attention du Goncourt.



Aurait-il été mérité, ce prix ?



Je préfère ce slogan dédié aux gamins de ces quartiers nord de Toulouse, je préfère ces mots appris avec l'aveuglement du sourd dans les plis de Madame Bovary, je préfère l'émotion de sa maman quand elle lui dit enfin en français mon chéri (avec son r roulé),

oui je préfère ce livre à ce Goncourt offert à celui qui, de la Villa Médicis, puis dans les bibliothèques de Damas, puis dans celles de Barcelone, fait le portrait d'un viennois qui a peur d'affronter sa vérité et qui réclame de l'opium.



Redresser la tête, se tenir droit debout, en affrontant son histoire tels se dessinent, les contours du livre de Magyd Cherfi ; "j'ai fait de mon fardeau des ailes, de mes blessures un bouclier, de mes fêlures identitaires deux richesses dans lesquelles s'est engouffrée la seule idée qui vaille, l'universel."



Tiraillé, un peu schizo, "habité par deux histoires qui se faisaient la guerre, deux familles hostiles, deux langues irrémédiablement opposées", le Kabyle et le Français, Magyd jongle pantin « bancal », fait rire les filles, leur envoie même des poèmes, et se fait arroser d'insultes par les garçons, dont la seule ambition est le ballon, le ballon de foot.



Magyd sait rire et faire rire, tout est prétexte à dérision, alors les mots s’envolent, flirtent avec l'essence de notre langue, devenir "la plume de béton et des cages d'escaliers," ou exprimer l'émotion "elle était belle à s'en mutiler les yeux, l'incarnation du soin, rebouteuse de mon âme bosselée."



Le livre raconte la vie, leur vie, la vraie, les peurs, les angoisses, les illusions comme les désillusions, faire changer un quartier par le théâtre, réaliser du soutient scolaire et pire avoir son Bac, le 1er du quartier nord , c'est susciter la haine, la jalousie mais aussi des moments de folie, des moments de pur bonheur quand "une jeune fille enquillée de lunettes larges et ovales

qui ouvre le bal avec un extrait de Richard III.

D'une voix calme et profonde à la fois, elle a balancé des braises tout autour d'elle.

Elle vivait si bien son rôle qu'il nous semblait que des flammes sortaient de sa bouche, j'ai grande ouvert la mienne, étourdi.p182"



Ce livre est un cadeau, un espace d'humanité au sens de François Cheng, où l'âme d'un quartier est rendu perceptible, elle n'est pas noire, comme le corbeau, dans la lumière on retrouve toutes les nuances de la vie, toutes les couleurs de l'espoir.



Oui on sort malmené , secoué d'un tel livre, c'est peut être ce que l'on demande le plus à un livre, trouver les mots pour rire, pleurer, se dresser, se lever, se mettre "en mouvement"p210.



Non je n'oublierais pas Samia, Hyacinthe, Momo, Samir, Driss, Hélène, Agnès, Hakima, Hasnia, Bija, et tous les autres.

























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Ma part de Gaulois

J’ai tellement apprécié la verve du chanteur de Zebda dans La part du Sarrasin que j’ai récidivé avec son premier roman. Je le retrouve donc enfant puis ado où le cœur du bouquin est basé sur son BAC qui fera la fierté de sa mère et attisera l’animosité de certains avec ce rebeu qui côtoie le littéraire. C’est drôle et réaliste. Une libraire m’a dit l’avoir reçu en juin et me confirme que Magyd Cherfi est tout-à-fait à l’image de son écriture : très sympa.
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Ma part de Gaulois

Ce roman est pour moi une grande déception. Après avoir vu Magyd Cherfi à "La Grande Librairie", j'ai eu très envie de le lire et je me suis précipitée à la librairie.

Je pense que j'espérais trouver dans ces pages certaines explications sur le comportement des jeunes des cités. Etant professeure de français en REP +, je suis confrontée au quotidien à des adolescents emplis de rage et de mépris, et je pensais trouver des clés pour mieux comprendre les raisons de ces attitudes souvent déstabilisantes.

Hélas, non. Je dirais même que j'ai été gênée par la hargne et la violence qui ont jailli de cette lecture. Etre arabe et vivre dans des quartiers où règne un communautarisme impitoyable n'est pas une découverte. Mais ce qui m'a choquée (peut-être suis-je verbalement pudique?) c'est l'accumulation excessive d'insultes et de grossièretés.

Ainsi, Magyd Cherfi ne se détache-t-il pas du lot de ses condisciples dont il dénonce l'ignorance et la bêtise? Est-ce volontaire pour donner plus de réel à l'ambiance de la cité? Je ne sais pas mais j'en regrette le principe.

L'idée de départ est pourtant bonne: raconter comment, lui, petit beur des quartiers Nord de Toulouse, tabassé parce qu'il travaille bien à l'école, réussit malgré tout à obtenir son bac, tout en cultivant son goût pour l'écriture de poèmes et de pièces de théâtre, puis à devenir célèbre en intégrant un groupe de musique connu (Zebda).

J'aurais vraiment souhaité en lire quelques pages à mes élèves pour leur montrer qu'il est possible d'être issu du Maghreb et d'aimer lire et écrire le français; et de réussir grâce à cela!!! Mais non...



Un autre défaut de ce roman concerne la forme: les faits sont relatés dans un phrasé parfois difficile à comprendre et parfois suivis les uns les autres sans aucun lien de causalité ou de temporalité.



Bref, je pense qu'à la base, il y avait une bonne idée par rapport au contenu mais que le résultat n'est pas à la hauteur du talent de Magyd Cherfi.

J'espère qu'il fera mieux dans son prochain livre.

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La part du sarrasin

Premier roman que je lis du chanteur du groupe Zebda, né à Toulouse de parents algériens. Je me régale de cette prose tantôt intellectuelle (BAC A5), tantôt le parler rebeu. Des concerts à droite, à gauche et un boulot où il écrase des steaks entre deux pains de forme rond où on lui impose le prénom Chris. La vie de quartiers de Toulouse, sa famille, ses potes, son groupe, ses émois amoureux. Le combat d’être arabe ou français, la gauche qui passe au pouvoir, puisque l’histoire se passe dans les années 80. Qu’il est bon d’entendre les noms des chanteurs que l’on a aimé ! C’est frais, enlevé, une verve jubilatoire qui n’est pas sans rappeler San Antonio ou Audiard.
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La part du sarrasin

Suite de "Ma part de Gaulois".

Magyd, bac en poche, a quitté le bercail.

Cette suite est pour moi un cran au-dessus, parce que c'est dans ce début de vie d'adulte où il est plus libre de ses faits et gestes que toutes les contradictions de Magyd explosent.

Empli de sa cité toulousaine et de ses origines algériennes, sur le calque des années 80 françaises, il nous raconte combien il est impossible de rejeter en bloc son éducation tout en voulant cracher dessus. Combien il est rude de s'entendre dire comment mettre sa singularité en sourdine, tout en voulant ressembler à celui qui ose aborder le sujet.

Un roman qui révèle la source de son militantisme sur scène à coup de mots bien sentis.

Ça éclabousse et ça forme.

Ajoutez à ça la truculence de sa plume, ça donne un témoignage qui mérite largement qu'on s'y arrête.
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Ma part de Gaulois

Magyd Cherfi, je l'ai d'abord connu sur scène lors d'un festival en 1997 avec son groupe péchu, à l'image de ses membres. C'était l'époque de leur album "Le bruit et l'odeur", titre inspiré par la célèbre tirade de Jacques Chirac sur les immigrés.

Si, à l'époque, seule leur énergie me galvanisait, aujourd'hui, après avoir lu "Ma part de gaulois", je me rends compte que le parolier de Zebda avait de quoi raconter sur les immigrés et leurs enfants, connaissant le sujet pour l'avoir vécu personnellement.



Magyd Cherfi est fils d'Algériens, né en 1962. Il témoigne de sa vie en cité au travers de son année de terminale en 1981. Ou comment vivre en grand écart permanent (à faire chez soi pour constater de l'inconfortabilité de la position) entre la vie intra-citos et extra-citos. Avec des phases de doute sur la capacité qu'a la société de le laisser vivre en gaulois : "La profondeur des racines empêchait la greffe".

Même si j'aime à croire que l'amour d'une langue et de sa littérature définit avant tout l'identité de l'amoureux en question, ce témoignage me rappelle que c'est un chouia plus complexe. Et ce, même si la cité n'est pas vraiment ce qu'on appelle un foyer chaleureux où il fait bon vivre.



Bien sûr, le tout est romancé, et c'est tant mieux. Le style est bien au-dessus du "sympa" dont ses écrits étaient affublés à l'époque.
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Ma part de Gaulois

Ma part de Gaulois avait retenu mon attention lors de sa présentation durant la Rentrée Littéraire de ma librairie préférée et lorsque j'ai su que l'auteur Magyd Cherfi serait présent au Printemps du Livre 2017 de Grenoble, je l'ai immédiatement emprunté à la bibliothèque.



Ma part de Gaulois est un récit autobiographique qui prend racine dans le Quartier Nord de Toulouse en 1980-1981. Alors lycéen, Magyd Cherfi doit passer son bac à la fin de l'année. Mais, il doit faire face à une grande pression : de sa mère, tout d'abord, car aucun échec ne sera toléré et aussi de son quartier, l'obligeant à s'ériger en pionnier...



Ma part de Gaulois est un livre qui bouscule mes habitudes. S'il est vrai que je peux le raccrocher à l'étude sociologique de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants? de Thomas Guénolé, lu l'année dernière, je lis rarement sur ce thème. Et pourtant, ce récit autobiographique est aussi riche en anecdotes et en connaissances que le livre cité précédemment. Il est vrai que j'ai eu un peu de mal à m'adapter au début sur la forme du style d'écriture, néanmoins, le fond au contraire m'a beaucoup plu. Preuve en est : j'ai pris le temps de relever de nombreuses citations. En effet, Magyd Cherfi, sous le ton de l'humour et de l'ironie, dénonce les petits travers et vices de ses contemporains. Si certains s'avèrent très drôles, d'autres, au contraire sont beaucoup plus graves et m'ont effaré, voire révolté.



Pour en revenir au récit autobiographique, d'un point de vue construction, j'ai été relativement déboussolée. Je ne savais pas trop où l'auteur voulait emmener son lecteur et j'avais parfois le sentiment de tourner en rond. Heureusement, le livre est court car je pense que j'aurais commencer à m'ennuyer sans cela.



En conclusion, Ma Part de Gaulois, est un livre qui mérite d'être lu. Si le style d'écriture et la construction du récit m'ont parfois un peu gênée, les anecdotes délivrées par l'auteur sont, certes effarantes mais également instructives. Je participerai donc avec grand plaisir à la rencontre avec Magyd Cherfi, prévue en avril prochain.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Ma part de Gaulois

Livre écouté en version audio, et il faut avouer que cela doit avoir une bonne part dans le plaisir que j'ai pris dans cette "lecture". Le texte est lu par l'auteur lui-même, et sa voix (et surtout son accent) donne une saveur toute particulière à celui-ci. Les mots, les expressions, les émotions prennent tout leur sel dans la voix de Magyd Cherfi.

J'ai beaucoup aimé suivre ce jeune de banlieue nord-toulousaine dans sa course au bac, son amour de la langue et du théâtre, sa quête d'identité entre France, banlieue et Kabylie. Cela donne une vision différente de ce qu'on peut trouver parfois en littérature sur la banlieue. Une vision plus honnête peut-être, moins caricatural sûrement. Les personnages étaient vivants à mes oreilles, les scènes, les dialogues se déroulaient sous mon crâne avec beaucoup de réalisme.

Un très bon moment !
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Ma part de Gaulois

Un roman à la fois touchant, drôle et plein de questionnement à la fois; Largement autobiographique, Il nous fait partager la vie de son quartier toulousain, dans les années pré-mitterrandiennes avant qu'il n'intègre le groupe Zebda, dont il fut le parolier.Il pose bien evidemment la question essentielle de l'identité de ces enfants d'immigrés partagés entre deux cultures. Lui même se dit schyzophrène tant il a du mal à trouver sa place. Magyd, c'est un grand frère et surtout un poète! Le premier a avoir le Bac dans la cité au grand dam de certains. Alors après avoir lu ce roman autobiographique les questions jaillissent et trente ans plus tard où en sommes nous?
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Ma part de Gaulois







Avec "Ma part de Gaulois", Magyd Cherfi, connu en tant que parolier du groupe toulousain Zebda ( un groupe que j'avais eu l'immense privilège d'interviewer il y a quelques années) , nous a livré, à la dernière rentrée de septembre 2016, un récit d'où émanait le doux parfum de l'enfance et de l'adolescence, mais aussi mine de rien une belle prise de conscience d'un monde pas si chaleureux que ce l'on peut croire quand on est môme.



Nimbé d'une jolie teinte sépia qui pourrait être réactionnaire mais qui est surtout vraiment touchante, Magyd nous a offert un récit sincère et plein d'humour , le parolier de Zebda reprenait des thèmes qui sont des sujets souvent abordés avec son groupe sur l'intégration des immigrés, le fossé des générations ou ce qui fait vraiment son identité .



Magyd Cherfi nous propose un témoignage très touchant sur ses années de jeunesse à Toulouse, mais surtout sur l’année qui a changé sa vie : l’année où il a passé le bac, ce qui n'était pas un mince exploit vu d'où il venait.Avec profondeur mais sans vraiment se prendre au sérieux ,Magyd Cherfi y retrace son vécu sans verser dans l'angélsme pour parler de la banlieue qu'il a connu dans un ouvrage léger et profond, à la fois drôle et sérieux.



Sans jamais oublier de faire preuve d’autodérision, et sans cacher ses complexes et ses ambivalences, l’auteur raconte ses expériences de soutiens scolaires aux plus jeunes de son quartier tout en dressant un tableau de la France des années 1980 à travers l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et les prémisses d’une gauche caviar ( on pourrait dire aujourd'hui "bobo") que Magyd peut retrouver chez certains camarades de lycée bien" français".



Fort de son succès avec ce livre écoulé à plus de 60 000 exemplaires, et qui a reçu le Prix Aujourd'hui Magazine qui récompense les meilleurs romans d'une vie, Magyd Cherfi est revenu fin mars 2017 avec son troisième album solo Catégorie Reine. Il revient à ses origines, la musique, et nous sort un album au parfum d'eau de Cologne et de persil, les deux parfums de sa rue. Et où l'on retrouve la même écriture, entre vivacité, ironie et tendresse que dans ce beau Ma Part de Gaulois.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Livret de famille

J'ai vu cet été dans le cadre d'un festival ( Quelques p'arts) , une lecture de rue tirée de passages de" livret de famille", doublée d'une mise en scène ultra vivante.

La magnifique comédienne ( Perine Faivre) accompagnée d'un peintre (Xavier Moreno) et d'un accordéoniste( Renaud Germillon) m'a littéralement bouleversée ,Notamment en lisant ( livre en main) les chapitres autobus impérial et la honte.

C'est pourquoi tout naturellement j'ai acheter ce livre....Je l'ai relu à haute voix et j'ai retrouvé instantanément toute la gouaille et la poésie de ce sublime écrivain qu'est Magyd Cherfi.



Livret de famille est un petit bijou et je le conseille à toutes les consciences éveillées.
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Ma part de Gaulois

Je l'avoue, c'est au hasard de la rentrée Actes sud que j'ai découvert cet ouvrage, qui n'aurait pas spécialement retenu mon attention en d'autres circonstances. Mais lorsque Magyd Cherfi a commencé à parler de sa Part de Gaulois, avec humour, force et nostalgie en même temps, son livre s'est retrouvé tout en haut de ma PAL (Pile A Lire). Et j'ai bien fait !



Ma part de Gaulois a été une lecture spéciale pour moi, d'abord parce que j'y ai retrouvé beaucoup de vécu. Même si je ne suis pas fille d'immigrés, j'ai été Magyd, enfant des banlieues qui ne se sentait à sa place ni parmi les siens, ni dans l'univers intellectuel qu'il convoitait pourtant. Plus tard, j'ai été Hélène, au coeur de l'éducation populaire j'ai tenté de comprendre ce que Magyd Cherfi décrit bien mieux que moi, cette douleur résumée en une phrase qu'on ne devrait pas avoir à prononcer : "vous êtes chez vous".



Le hasard a voulu que ma chronique tombe en même temps qu'une autre (sombre) histoire de Gaulois, je ne peux que vous inviter à lire plutôt celle de Magyd Cherfi, qui m'a beaucoup émue, fait réfléchir aussi, bref, qui ne peut pas laisser indifférent. En dire plus serait raconter un livre qui ne peut être raconté que par son auteur, avec une grande délicatesse emplreinte pourtant de lucidité sur ses jeunes années.



Au final, voilà une autobiographie qui n'en est pas tout à fait une, passionnante et belle, même si elle appuie là où ça fait mal...sans savoir où se trouve la guérison.
Lien : http://oxybeurresale.canalbl..
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La Trempe

J'en suis à la page 74 de "La trempe" mais j'aimerais dire que je suis touchée par Magyd Cherfi et son histoire.

Déjà, je dois dire que j'aimais les chansons de Zebda. J'avais aussi entendu quelques interviews de Magyd Cherfi. Donc, quand ce livre m'a été offert gratuitement à la librairie, je savais que ça ne tombait pas par hasard...

Dans "La trempe", l'auteur parle notamment de sa difficulté à trouver son identité, de sa mère qui l'aime et qui l'étouffe en même temps... C'est teinté de mélancolie mais aussi de sa rage à s'en sortir, de son énergie incroyable.

J'aime beaucoup.

Un grand merci à Magyd Cherfi pour avoir su trouver les mots.
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Ma part de Gaulois

Illettrisme et inculture quasi-totale, vulgarité, violence, sexisme et racisme, il a fallu beaucoup de volonté au jeune Magyd Cherfi pour tenter de s'extraire de cette jungle urbaine et encore n'habitait-il pas un des quartiers les plus craignos de Toulouse. Comme touché par la grâce et par la volonté de sa mère, ses yeux se sont ouverts sur la sordide condition de ses compagnons d'infortune. Avec pragmatisme, il fait le choix de s'en sortir par et dans le pays où il vit et non en s'y opposant, d'aider les autres.



Le livre est salutaire, méritoire et dérangeant car tellement d'autres font le choix inverse celui de la ségrégation. Une immersion que des cinéastes comme Abdel Kechiche par exemple, ont aussi portée à l'écran.



Le récit aurait toutefois mérité d'être plus dense alors qu'il se répète et s'éparpille souvent mais il offre de très beaux moments d'émotion. Un constat stupéfiant : la fixation anale de toutes ces racailles qui n'insultent qu'en terme de sodomie et étalent leur suspecte homophobie à tout va ! La crudité des dialogues participant ici au réalisme des descriptions.

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Ma part de Gaulois

« J'étais dans ma cité comme un magicien des mots et m'en léchais la plume. » Magyd Cherfi sait régaler son auditoire comme nous avons pu le vivre aux Correspondances de Manosque 2016, mais il sait aussi toucher son lecteur à l'écrit, dans Ma part de Gaulois, récit dense et vivant qui avait bien sa place dans une première sélection pour le Prix Goncourt.

Exclu par la majorité des autres garçons de la cité, pas désiré au foot par ces copains qui parlaient mal et le traitaient sans cesse de « pédé », il lui restait les filles et cette langue française qu'il apprivoisait goulûment : « J'entrais dans la tribu de chez Clovis tel un canasson dans la ville de Troie. »

Pas facile de faire sa place à l'école : « Les hussards d'alors, encore en blouse grise et infectés de vocation républicaine, découvraient en ce début des années 1970 le fils d'immigrés suivi de son géniteur hébété, le bicot. » Sincère jusqu'au bout, Magyd Cherfi permet de comprendre tout ce que notre pays a raté au cours de ces années : « Nos ancêtres étaient Gaulois... le croirez-vous ? On a aimé !... On ne savait rien de l'Algérie si ce n'est la guerre d'Algérie… On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits… On a aimé Jésus qu'avait le coeur sur la main, on a aimé Noël, Pâques et Mardi Gras, que des fêtes sympas… »

Hélas, le rêve ne dure pas. Dès que Magyd passe la porte de l'école, il est renvoyé à l'origine de sa famille. En fin de cinquième, « les « Arabes » basculaient sans s'en apercevoir dans la section atelier… » Les plus âgés, ceux qui n'ont pas aimé l'école et l'ont rejetée mènent la vie dure à ceux qui tentent de réussir et Magyd entraîne son lecteur jusqu'au bout du livre avec un personnage essentiel : sa mère, « la gardienne du temple, mon monstre moitié ange, moitié démon… ».

Elle veut que son fils aille jusqu'au bac et qu'il réussisse. Il sera le premier du quartier à l'obtenir après avoir surmonté beaucoup d'obstacles. Il écrit du théâtre pour son petit groupe d'amis avec Hélène, Samir, Momo, Bija, Hakima, Agnès alors qu'il faut éviter les coups de Mounir, de Fred le gitan ou du gros Saïd.

N'empêche qu'ils font du soutien scolaire avec deux dizaines d'enfants de 6 à 14 ans et que la chanson, le rock'n'roll l'attirent. Pour l'instant, leur trajectoire semble tracée : « Samir se voit en Jaurès des banlieues, moi en Hugo des prolétaires et Momo en Raimu multicolore. » Quant à ce qui attend les filles arabes, l'auteur n'en fait pas mystère, même s'il lutte pour que ça change.

Pour le théâtre, la scène au Conservatoire de Toulouse est mémorable. Enfin, le bac est décroché : « Je me sentais quelqu'un d'autre, en tout cas quelqu'un tout court. » le retour dans la cité est un grand moment et ses parents n'hésitent pas à sacrifier un mouton pour inviter tout le quartier !

Devenu enfin lui-même, il choisit la carrière artistique et non docteur ou ingénieur comme tout le monde lui demande : « En devenant Magyd, j'ai juste récupéré ma part de Gaulois. »


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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