Citations de Maha Harada (23)
Il y avait un livre que Picasso lisait, à cette époque. Le recueil de Rimbaud, Une saison en enfer. Un passage de ce texte lui avait enfoncé un doigt au creux du coeur, et ne l'avait plus quitté: "Un soir, j'ai assis la beauté sur mes genoux. Et je l'ai trouvée amère. Et je l'ai injuriée. " (...)
Lorsqu'il pensait au beau, il était dévoré de colère, d'envie de tordre les choses en tous sens. (...)
Le jeune génie de la peinture était si violemment obnubilé par le beau qu'il en venait paradoxalement à ne plus pouvoir le supporter. (p. 141)
Après tout, qu'était-ce qu'un "bon tableau " ? Quel genre d'artiste pouvait-on qualifier de "bon peintre" ? Personne ne fut bientôt plus en mesure de le définir avec exactitude. Les "bons tableaux", dans tous les cas, n'étaient plus simplement ceux qui capturaient fidèlement sur la toile le sujet placé devant les yeux du peintre- personnage, nature morte, ou paysage. C'était davantage par sa sensibilité exacerbée et sa volonté de devancer son temps que Picasso se distinguait de ses contemporains. (p. 139)
Il y a dans ce tableau de la passion. Toute la passion du peintre. Je n’ai rien d’autre à dire.
Le hasard, le flair, la fortune. Le destin des plus grands tableaux se joue sur ces trois éléments.
"C'était précisement parce que son oeil de peintre n'avait cessé d'observer le vivant, les hauts faits de l'activité humaine, les divins secrets de la nature, qu'il était parvenu à reproduire avec autant d'ingénuité la beauté de la vie et la pluralité des paysages sur ses toiles. Comme autant de paradis sans égal ..."
Pour connaître un peintre, il faut regarder ses tableaux. Se tenir devant eux des dizaines, des centaines d'heures. En ce sens, je crois bien que personne ne peut passer davantage de temps devant une peinture qu'un collectionneur. Conservateurs, chercheurs, critiques...pas un n'arrive à la cheville du collectionneur. Ah ! Mais...attends un peu. Il y a bien quelqu'un qui peut rester encore plus longtemps que lui devant une belle pièce. Et qui donc ? Mais le surveillant de musée , voyons ! (p. 10)
Dès que nous arrivions dans une ville inconnue, mon premier réflexe était de visiter le musée. L'art était comme un ami qui m'accompagnait partout où je pouvais aller dans le monde. (p. 171)
- Le Rêve, 1910. L'ultime chef-d'oeuvre d'Henri Rousseau.
Lorsqu'il réalisa cette toile majeure, le peintre était âgé de soixante-cinq ans. Il ne s'était réellement mis à peindre qu'une fois la quarantaine franchie, après avoir longtemps travaillé à la perception des taxes pour l'octroi de Paris. Un artiste infortuné, à peine reconnu de son vivant, moqué pour la puérilité de ses tableaux. Celui que le monde entier allait aimer et révérer comme "l'ancêtre de l'art naïf" devait se consacrer à cette toile jusqu'à l'aune de sa mort. (p. 39)
C'était précisément parce que son oeil de peintre n'avait cessé d'observer le vivant, les hauts faits de l'activité humaine, les divins secrets de la nature, qu'il était parvenu à reproduire avec autant d'ingénuité la beauté de la vie et la pluralité des paysages sur ses toiles. Comme autant de paradis sans égal...(p; 172)
Cette lecture quotidienne du manuscrit, comme un roman d'aventures dont Rousseau aurait été le héros...cet effort de réflexion constant, passionné, au sujet du peintre et des artistes de son époque...L'espace de quelques jours, Bâle m'aura véritablement semblé un éden des beaux-arts. (p. 231)
Parlant du tableau "Demoiselles d'Avignon" de Picasso ...
"Cette laideur était la preuve du combat mené par son créateur. Cette laideur donnant la chasse au beau était le nouveau beau du nouvel art."
"Le Musée, c'est un endroit ou s'amoncellent les merveilles nées de l'expression artistique. Mais au zoo et au jardin botanique sont réunies les merveilles de ce monde. Les fleurs et les animaux que les artistes n'ont cessé de caresser du regard depuis les temps anciens.
Comprendre l'art, c'est comprendre ce monde. Aimer l'art, c'est aimer le monde."
Comprendre l'art, c'est comprendre ce monde. Aimer l'art c'est aimer ce monde.
Tu peux prétendre aimer l'art autant que tu voudras, crois-tu vraiment qu'il te suffise pour ce faire de contempler les tableaux dans les livres et les musées ? Si tu aimes vraiment l'art, il est important que tu voies, que tu sentes, que tu aimes le monde dans lequel tu vis.
Orie et sa famille étaient isolées, dans cette petite ville de province. Cette solitude avait initialement commencé avec la jalousie du voisinage envers la mère d’Orie, que la vie avait un peu trop largement favorisée au départ. Après avoir été l’une des meilleures élèves de son département, elle avait poursuivi ses études dans une prestigieuse université pour filles de Tôkyô, décrochant son diplôme avec des résultats de haut vol.
"pourquoi est-ce que Pablo m'a demandé de répandre toute ma passion dans ce tableau ? Je crois enfin l'avoir compris...ne serait-ce qu'un tout petit peu. Pour créer quelque chose de neuf, il faut détruire quelque chose d'ancien. Croire en soi, quitte à piétiner l'art d'autrui, quitte à se mettre le monde à dos. La voilà, l'attitude qui doit animer les artistes des temps nouveaux. (p. 256)
Seriez-vous par hasard un collectionneur chevronné de ses oeuvres ?
A cette question d'Apollinaire, un léger sourire se dessina sur les lèvres de Josef.
-" Non, mais je compte bien le devenir. Cet homme m'a appris le bonheur de regarder un tableau. Aussi voudrais-je présenter ses peintures à cet enfant qui s'apprête à venir au monde, pour lui transmettre cette joie." (p. 259)
A cette époque, les peintres ne disposant pas des moyens de s'acheter un support neuf se procuraient souvent des toiles usagées que leur revendaient les antiquaires pour une bouchée de pain. Il ne leur restait plus qu'à les recouvrir d'une couche d'apprêt avant d'y peindre leurs propres oeuvres sur la surface de nouveau vierge. (p. 136)
Nul n'ignorait le nom de Pablo Picasso parmi les artistes parisiens qui se revendiquaient alors d'avant-garde. Certains l'appelaient "l'enfant révolutionnaire", d'autres "le créateur", et d'autres encore, "le destructeur". Lequel de ces surnoms s'appliquait le mieux à sa personne ? Probablement tous...(p. 137)
Or, ces -Demoiselles - [d'Avignon], c'était le résultat des réflexions ininterrompues de Picasso sur l'art et le beau. La conclusion à laquelle il avait abouti après moult essais, erreurs et souffrances. Ce" tableau hideux" posait des questions d'une immense, d'une fondamentale importance : qu'est-ce-que la beauté ? Quest-ce que l'art ? (p. 141)
(...) mais il n'empêche que je n'ai jamais ouvert mon coeur à mes camarades de classe. Seulement aux oeuvres d'art. Il suffisait de mettre le nez dehors pour trouver des musées et des chefs-d'oeuvre partout dans la ville. De Vinci et David, Monet et Picasso ont été pour moi d'irremplaçables amis, toujours prêts à dialoguer avec moi. (p. 19)