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Critiques de Maëlle Guillaud (93)
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Une famille très française

Quand elle fait la connaissance de la famille « très française » de sa meilleure amie, Charlotte n’aspire plus qu’à leur ressembler. C’est une totale remise en question de ce qu’elle est, tant physiquement qu’intellectuellement, et des personnages hauts en couleurs de sa famille aimante. J’ai trouvé que Maëlle Guillaud décrivait avec beaucoup de justesse les sentiments antagonistes qui secouent l’adolescente et cela a éveillé quelques souvenirs d’un lointain passé. La honte de sa famille, la honte de cette honte, le mal-être et la recherche de soi. Je pense que cet aspect du roman, le côté empathique, est très bien mené. Au chapitre 5, un événement marquant survient qui plonge Charlotte dans le malaise et le doute. Un autre événement malheureux surviendra par la suite et je me suis demandé si on n’aurait pas pu éviter d’en passer par là. Je trouve que l’opposition entre les deux familles aurait mérité d’être plus subtile (tous les membres de la famille de Jane sont détestables et ceux de la famille de Charlotte adorables). Dans tous les cas, j’ai passé un agréable moment de lecture. Enfin, un joli pied de nez que le titre du livre qui, bien sûr, fait référence aux deux familles. Un appel, bien rare ces derniers temps, à la tolérance et l’acceptation de toutes les cultures et traditions qui font la France.

Et quelle bonne idée de commencer le challenge globe-trotter sur cette note…

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Lucie ou la vocation

« Apprenez à chasser vos fantômes... Elle aimerait tant y parvenir, mais dans le royaume du Seigneur, elle a la désagréable impression de vivre entourée de spectres. »

Lucie a tout quitté pour le prieuré : sa grande amie de toujours Juliette n’a pu la retenir, Mathilde, libre et rebelle rencontré sur les bancs de Khâgne, ses études devenues laborieuses, Normale Sup.

Touchée par la Grâce, Lucie épouse la religion, Dieu, l’isolement.

Elue de Dieu, elle fait vœu de silence. Elle croyait trouver une sororité, elle doit faire face à l’autorité et à l’abnégation.

Jadis coquette, elle néglige son corps devenu gras, elle a sacrifié sa chevelure, fierté ancienne, heureuse que la révérende taille elle-même les cheveux.

Lucie est portée par la foi et s’en remet à la Mère Supérieure qui régule la vie monacale du prieuré.

Mais voilà, tout n’est pas amour, tout est division.

Enfermement, Isolement, rigueur et silence ...



« Le couvent est une institution qui dépend du Vatican !

L’Eglise doit surveiller ses dépendances. S’assurer que tous ses organes fonctionnent bien. Comme un corps vivant. »



Mais quand Mathilde intègre le couvent, Lucie se met à douter, est-ce seulement un hasard ?

La jeune femme semble ne pas la connaitre, pire elle lui est hostile !

Lucie qui a gardé cette aptitude à douter et à réfléchir, ce côté rebelle resté enfoui au fond d’elle qui déplait tant au couvent, va ouvrir les yeux et découvrir des agissements pour le moins contraire à la règle monastique.

Un roman à la fois intéressant et perturbant, sur la vocation : état de grâce ou dérive d’un état dans l’état, sur le fil de la morale il remet en question les fondements de l’Eglise.



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Lucie ou la vocation

Je ne sais pas pourquoi, j'ai lu ce roman : la couverture ou le sujet ? Une histoire d'initiation au renoncement, une histoire de foi en soi, en une instance supérieure ...

Lucie est une jeune fille des années 2000, elle a perdu son père et elle veut devenir religieuse. Lucie a une amie qui est comme une soeur pour elle qui ne comprend pas sa démarche. Lucie porte bien son nom : elle est illuminée par sa conviction, sa soumission désirée à Dieu, sa volonté de s'effacer pour n'exister que dans son amour à ce dernier. Pas simple de se retirer du monde en espérant trouver la paix et qu'on est confronté à un univers aussi agressif car fermé sur lui même, que l'extérieur.

J'ai eu du mal à rentrer dans ce texte, mais je n'ai pas regretté ma persévérance. Foi, amour, oubli de soi pour devenir plus grande que ses pensées, Maëlle Guillaud a écrit un fort beau livre.
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Lucie ou la vocation

Compliqué...



Compliqué, parce que je m'attendais à lire une autobiographie, et que ce n'est pas le cas.

Compliqué, parce que je pensais lire un témoignage de foi et que ce c'est plutôt un témoignage de désamour.

Compliqué, parce que les quelques 200 pages contiennent plus de dix ans de vies de deux personnages et que forcément, on passe à côté de certaines choses.

Compliqué, parce que le côté sectaire présenté dans ce roman, m'a quelque peu surprise.

Compliqué, parce que la fin n'a pas de sens, pas si on considère que Lucie était envieuse et en recherche de reconnaissance, plus que pieuse...

Compliqué, parce que je suis passé à côté, et que cela m'a frustré.



En bref, une lecture compliqué, pour l'agnostique que je suis, en quête de savoir et non de jugement. J'aurais préféré un roman plus neutre ou une auto biographie.



Belles lectures à tous.

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Une famille très française

Lorsqu’elle fait la connaissance de la famille très petits-bourgeois, de son amie Jane, Charlotte perçoit le fossé culturel qui les sépare. Jane Duchesnais, prénommée ainsi par sa mère Marie-Christine en hommage à Jane Austen, a grandi dans une famille très française, très catholique, très comme il faut.



Charlotte Prieur, derrière un nom bien franchouillard cache des origines mêlées puisqu’elle a grandi dans les jupons d’une mère juive marocaine aux us et coutumes dépassées et à l’hospitalité bruyante. Il ne faudra pas longtemps à la jeune fille pour envier le savoir-vivre de la famille de Jane et se couvrir de honte face à la volubilité de sa mère qui mélange français et arabe dans une même phrase. Il n’en faut pas beaucoup plus pour qu’une ado un peu rondelette, nourrie aux pâtisseries orientales de sa grand-mère se prenne à rêver de s’habiller comme ses copines des beaux quartiers avant de se rendre compte que son corps généreux n’est pas fait pour se fondre dans le même moule. En quête de son identité, c’est auprès des Duchesnais qu’elle cherche exemple. Jusqu’au jour où tout bascule, que le décor craquelle et laisse entrevoir une réalité bien moins reluisante.



Dans ce roman d’apprentissage teinté de noir, l’auteure parvient à dresser le portrait d’une jeunesse tiraillée entre des origines dans lesquelles elle ne se reconnait pas et une société dans laquelle elle a grandi mais qui ne la reconnait pas vraiment non plus. Est-on seulement le fruit de ses parents ou peut-on s’affranchir de son éducation pour s’envoler vers de nouveaux horizons ? Et en se faisant, ne risque-t-on pas d’être ébloui par des mirages et de perdre ce qui fait de nous ce que nous sommes ?



Face à cette question de la quête d’identité, l’auteure a évité de tomber dans la facilité en opposant d’un côté la famille bourgeoise et française de souche et de l’autre la famille de prolétaires issus de l’immigration. Car si Charlotte vit mal ses origines maternelles, elle pourrait s’enorgueillir d’être la fille d’un père bien français, médecin de surcroît. Une réussite en soi mais qui ne suffit pas à la jeune fille pour s’élever dans le regard des autres. Certainement parce que c’est dans son propre regard que la lutte des classes a vraiment lieu. Au moins jusqu’à ce que Charlotte comprenne que certaines valeurs comme le courage, la moralité, l’empathie, la générosité, le respect des autres sont des richesses qu’on ne peut pas acheter comme un vulgaire carré Hermès. Jusqu’au moment où elle prendra conscience que l’image que certains essayent de renvoyer aux autres n’est bâtie que sur un tissu de mensonges. Un très beau roman qui bouscule tout autant qu’il passionne son lecteur.
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Une famille très française

Une très jolie découverte, l'idéalisation de la famille parfaite au travers des yeux d'une ado de 17 ans, les différences de cultures, la quête d'appartenance sans pour autant perdre le sens des valeurs familiales
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Lucie ou la vocation

Etudiante en khâgne, Lucie a la foi fervente et cherche l'absolu. Sa quête l'amène à entrer dans les ordres, au grand dam de ses parents et de son amie Juliette, qui y voient un véritable suicide social. Mais Lucie est enthousiaste et entame son noviciat. Malgré un quotidien difficile et des règles arbitraires, dans une congrégation tenue d'une main de fer par la révérende mère, elle tient bon et finit par accéder à des responsabilités qui font lui fait découvrir un terrible secret…



Un milieu clos entièrement féminin, une vie ascétique, une discipline parfois cruelle, on est loin de l'idéal d'humanité et de bienveillance et bien plus proche d'une secte. C'est ce à quoi se heurte la foi de Lucie qui vacille et cependant se maintient malgré les doutes. Le lecteur quant à lui ne peut qu'avoir le frisson à découvrir les dessous du couvent et ce que s'imposent les femmes et les hommes au nom de Dieu. Juliette partage la même méfiance, puis la même révolte, dans de courts passages qui viennent émailler le récit vu par les yeux de Lucie. Un roman court et percutant, au dénouement glaçant.


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Lucie ou la vocation

Lucie est en khâgne dans un prestigieux lycée parisien mais la compétition impitoyable qui règne dans cette classe préparatoire ne convient pas à la jeune fille qui ne supporte plus la pression. Celle qui se prépare à une brillante carrière se trouve emplie de doutes. Depuis quelques temps, elle se rend dans la cour d’un couvent en compagnie de Mathilde, une amie catholique pratiquante. L’amour et la sérénité qu’elle y ressent la conduisent à rencontrer la mère supérieure et très rapidement, à entrer en noviciat : pourquoi ne pas vivre sa foi, devenir l’épouse de Dieu, lui sacrifier sa vie ?



C’est une congrégation prestigieuse, contemplative, mais aussi très dure, que Lucie a choisie : il lui faudra un jour faire vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Dès les premiers jours, Lucie est confrontée à la difficulté d’obéir et se retrouve à nouveau en proie au doute, un sentiment qui ne la quittera plus.



Outre le point de vue de Lucie la narratrice, ce court roman nous offre celui de sa meilleure amie Juliette, qui a bien du mal à comprendre le choix de Lucie. Juliette brûle d’envie d’aider Lucie à sortir de ce qu’elle considère comme une prison, un enfermement qui ne peut être que l’œuvre d’une secte. Elle se met à haïr ce dieu qui lui a volé sa meilleure amie. Fidèle, elle continue à écrire et à rendre visite à Lucie, et essaie de comprendre, encore et toujours.



A l’intérieur du couvent, les choses ne se passent pas comme Lucie l’avait imaginé. Les pires défauts humains règnent : hypocrisie, jalousies, mensonges, cruauté, manipulation. Le prieuré n’est finalement que le reflet de la société. L’arrivée de Mathilde ne soulagera pas Lucie, bien au contraire. Il n’y a qu’un père jésuite, ancien ami du père de Lucie, qui parviendra à lui apporter quelque réconfort.



Le sujet est original et intéressant, mais le traitement parfois un peu abrupt et rapide : on se demande comment une jeune fille moderne en arrive à prendre la décision d’entrer dans les ordres aussi rapidement. On comprend vite que Lucie est éprise d’absolu, mais on regrette que son cheminement ne soit pas plus détaillé. Il en va de même à la fin, lorsqu’elle prend sa décision finale.



Pour autant, ce premier roman est bien écrit, fluide et prenant. Il présente l’intérêt de nous emmener dans une réflexion hors du temps. Un temps qui d’ailleurs, ne se déroule pas comme à l’ordinaire : dans « Lucie ou la vocation », les années passent sans que l’on s’en aperçoive, le temps semble immuable. Et se posent les questions essentielles : exerçons-nous vraiment notre liberté ? Détenons-nous vraiment le pouvoir de choisir notre vie ?




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Lucie ou la vocation

Comme tous les jeunes de son âge, Lucie se pose des questions sur son avenir. Mais comme peu d'entre eux elle veut consacrer sa vie à Dieu, son âme sœur, entrer dans une congrégation, se retirer du monde. Mais après plusieurs mois et années, elle est bien loin de ce qu'elle avait imaginé. Entre mensonges, complots, manipulations, ce monde reclus est à l'image du monde extérieur : égoïste, sans pitié et sans amour. Il y a de quoi douter de l'amour de Dieu, son seul soutien dans toutes ces épreuves.



J'ai lu ce roman en quelques heures, en apnée. Ce que j'ai trouvé derrière ces pages m'a effrayée ! L'Eglise est impitoyable et malheureusement les âmes qui la peuple ne sont que des humains dont les vices sont le mêmes qu'ailleurs... Lucie m'a profondément touchée et bouleversée, elle se jette corps et âme dans cet amour pour Dieu, naïve et amoureuse, elle fait ce qu'on lui demande. Elle a du mal avec l'autorité mais se fait violence pour rentrer dans ce moule trop étroit.



Autre personnage qui représente bien les défauts humains : Juliette, que j'ai détesté. C'est un monstre d'égoïsme, qui espère encore après de nombreuses années que son amie lui reviendra. Elle n'essaie pas de comprendre et ne réalise pas du tout qu'elle n'est pas la seule à souffrir !



L'écriture est plutôt froide et incisive, à l'image de cette vie de sacrifice, ce qui amène l'urgence de la lecture. Les citations sont omniprésentes, le travail de documentation de l'auteur est louable, elle a d'après moi parfaitement compris les enjeux. Je pense qu'un tel roman conforte l'athée dans ses points de vue et ébranle les fois chancelantes. 
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Une famille très française

Après avoir découvert Maëlle Guillaud à travers Lucie ou la vocation, j’étais très curieuse de découvrir son second roman, Une famille très française. J’y ai retrouvé des similitudes avec son premier roman : de nouveau un roman d’apprentissage, encore un personnage de jeune fille comme fil conducteur, la tentative de s’émanciper de sa famille. La religion est également présente, même si elle est moins centrale que dans Lucie ou la vocation, et s’il ne s’agit pas de la même religion.

Ne vous y trompez pas : il ne s’agit pas d’un remake de son premier roman ! Le contexte est totalement différent. Nous accompagnons ici Charlotte, jeune fille issue d’une famille d’origine juive marocaine très aimante mais parfois étouffante. Elle tombe en admiration pour la famille Duchesnais, à ses yeux la famille française (bourgeoise) idéale : unie, distinguée, attachée à la liberté individuelle, et dont la réussite professionnelle et sociale du père de famille l’éblouit. Mais cette famille cache un visage bien plus sombre, en particulier le père qui entraîne Charlotte à porter un secret bien lourd. On y parle de jugement, de viol, de meurtre…. Et voilà que l’image parfaite de cette famille très française vole en éclats. J’ai été particulièrement touchée par le cheminement de Charlotte : la richesse, la sincérité et l’authenticité ne sont finalement pas là où elle le pensait initialement.

Sans vous dévoiler l’histoire ni la fin, je vous dirai qu’il s’agit surtout d’un livre qui déborde de tendresse, de pudeur, et d’amour, un éloge aux racines familiales : la famille parfaite n’est-elle finalement pas envahissante et spontanée … avec une grand-mère juive aussi aimante et généreuse que ses pâtisseries sont sucrées? !!! Un second roman très réussi. Merci aux éditions Héloïse d’Ormesson pour cette découverte.
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Une famille très française

Elle a une jolie plume, Maëlle Guillaud ! Et elle restitue finement les atermoiements de l'adolescence, quand on se cherche un modèle, et si possible en dehors de sa propre famille !

C'est ainsi qu'est Charlotte, dont la grand-mère maternelle est juive séfarade et marocaine, et le père toubib catholique, qui lorgne sur cette famille bourgeoise, très franco-française, "bien comme il faut".

Une famille parfaite en apparence mais qui cache des secrets.

Un roman agréable qui explore les questions d'identité et d'héritage (à quelle famille appartient-on ? Peut-on vraiment s'éloigner de ses racines, les renier ?), de la construction de soi et de sa propre projection dans la société (à quel groupe souhaite-t-on ressembler, s'assimiler ?).

Un roman d'apprentissage en quelque sorte, qui raconte la relation de Charlotte avec les siens et avec le monde qui l'entoure, qui joue aussi des ambiguïtés, des ambivalences.

Mais...un roman qui m'a semblé un peu brouillon, malgré tout ! J'ai pourtant beaucoup aimé la relation de Charlotte avec sa grand-mère, j'ai aimé le style et la façon qu'a eu l'auteur d'explorer les sentiments de cette jeune fille.

Il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour être vraiment conquise ! Dommage.
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Une famille très française

Mon résumé :

Qui n’a jamais rêvé, à l’adolescence d’avoir pour famille… celle de son/sa meilleur(e) ami(e) ?

Charlotte, 17 ans ne déroge pas à la règle. D’autant que la mère de Jane (prononcez Jane comme Jane Austen), est aussi chic et distinguée que le sienne est parfois mal attifée et exubérante. Mais l’adolescente va s’apercevoir qu’il ne faut pas se fier aux apparences car les belles maisons cachent parfois de sombres recoins.

Mon avis :

On pourrait reprocher à l’auteur une pointe de caricature concernant la mère, juive, de Charlotte. Cependant je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à ça. J’ai trouvé le personnage de Charlotte riche et attachant. L’auteur souligne bien l’ambivalence de l’adolescence. Charlotte a envie de se différencier de ses parents, de ressembler à la famille de Jane, qu’elle trouve plus distinguée. Elle voudrait prendre ses propres décisions, ressembler aux autres ados… prendre son envol en fait. Mais dans le même temps, elle garde en elle, très forte, sa loyauté envers ses parents. Elle est consciente d’être riche de son histoire familiale. On peut presque penser à un processus d’acculturation quand on lit les pensées de Charlotte. Elle tente de se faire sa place dans le monde, d’être unique mais ne peut se résoudre à rejeter ce qui lui vient des générations précédentes, de sa mère, de sa grand-mère.

J’ai aimé la description de la relation entre Charlotte et sa grand-mère. Cette tendresse mêlée de respect… cette connivence. Une relation décrite avec pudeur. J’ai aimé la douceur de l’écriture de l’auteur.

Autant le premier livre de cette auteur m’avait mise mal à l’aise (même si je l’avais aimé), autant celui m’a plu sans réserve. J’ai même envie de le relire. Pourtant, comme souvent quand j’ai aimé un livre, j’ai du mal à expliquer pourquoi j’ai aimé. Sûrement parce que l’auteur a su saisir et rendre la complexité de sentiments qui peuvent traverser tout un chacun à l’adolescence
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Une famille très française

Du premier roman de Maëlle GUILLAUD, "Lucie ou la vocation" je n’ai fait qu’une bouchée mais je l’ai savouré et m’en suis régalée du début à la fin. Je pourrais presque dire la même chose à propos de son deuxième "une famille très française" sorti récemment.



Il n’est pas, cette fois, question de religion – encore que – mais nous suivons les états d’âme d’une adolescente, Charlotte, fille d’une maman d’origine séfarade et d’un père breton et médecin. Elle adore ses parents et sa grand-mère oui mais… quand elle rencontre Jane et sa famille…Jane est grande et blonde, sa mère Marie-Christine très élégante avec son collier de perles, son père Bernard est beau, il a de l’humour. Ne parlons pas de Gabriel, le fils, sous le charme duquel Charlotte tombe immédiatement. La comparaison est, naturellement, favorable à cette famille très française.



L’écriture fluide, simple, sans ostentation de Maëlle Guillaud fait mouche et traduit à merveille les doutes, les questionnements, les difficultés de l’adolescence : difficultés à s’assumer, à aller au-delà des apparences, à démêler le vrai du faux. La romancière possède un énorme talent pour démontrer la difficulté à se construire, à passer de l’enfance à l’âge adulte, à faire siennes ses origines aussi variées soient-elles. Les autres ont tellement plus d’intérêt. Et pourtant, "A force de vouloir leur ressembler, j’ai été comme anesthésiée… au fond, je n’ai rien fait d’autre que d’essayer d’oublier mes origines, de les gommer. J’en ai honte. Quelle idiote. Je n’ai cessé d’encourager mon démon intérieur pour m’inventer une autre vie." Je me suis moi-même retrouvée dans cette Charlotte prompte à renier les siens au profit d’un miroir aux alouettes.



Véritable conte initiatique, ce roman nous démontre que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. Il est aussi une invitation à trouver en soi, sans comparaison aucune, le bonheur de grandir, entouré des siens avec leurs particularités. L’ouvrage est d’une grande justesse qui sonde l’âme au plus profond et la tension qui s’installe au fil des pages, soutenue grâce à de courts chapitres, m’a tenue en haleine jusqu’à la fin.


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Une famille très française

Quand les Duchesnais se déchaînent



Dans son second roman, Maëlle Guillaud choisit de suivre une jeune fille qui va devoir se construire suite à un drame qu’elle a promis d’occulter.



Après Lucie ou la vocation, un premier roman étonnant sur l’appel de la foi qui va pousser une jeune étudiante à abandonner famille et amie pour devenir Sœur Marie-Lucie, Maëlle Guillaud poursuit sa quête de l’identité en nous offrant de pénétrer dans l’intimité d’Une famille très française.

Sorte d’archétype de la famille bourgeoise, les Duchesnais sont pour Charlotte, la narratrice, une sorte d’idéal qu’elle peut approcher grâce à son amie Jane qui – Ô joie – l’invite chez elle, lui présente son frère Gabriel, sa mère Marie-Christine et son père Bernard. Le monde qu’elle découvre lui semble à des années-lumière de son quotidien ancré dans toutes sortes de règles et de contraintes. Au fur et à mesure que sa relation avec Jane s’étoffe, son malaise va croître. Pourquoi sa mère se sent elle investie de la mission de la protéger coûte que coûte? Pourquoi ne peut-elle pas s’habiller de façon plus moderne? Pourquoi sa grand-mère Ichter s’obstine-t-elle à ressasser ses souvenirs du Maroc, à lui faire la cuisine de «là-bas»? Pourquoi faut-il célébrer deux fêtes juives alors qu’elle est catholique? Autant de questions qui dérangent Charlotte quand elle voit la liberté qui semble présider au mode de vie des Duchesnais. Et qu’elle entend désormais faire sienne en s’éloignant des siens qu’elle rejette petit à petit.

Le jour où les Duchesnais sont invités chez elle, que sa grand-mère leur propose des mouffletas, les crêpes marocaines, elle ne pourra se départir de ce sentiment. Quand Marie-Christine s’exclame « Hmm… c’est … c’est très bon, mais un peu gras, non?» elle a envie de fuir. D’autant qu’elle s’entend répondre «C’est meilleur avec du miel ou de la confiture». Si seulement le dîner pouvait s’arrêter… «Charlotte est terriblement gênée par le relâchement de sa grand-mère, ses accoutrements lui paraissent ridicules et lui font honte.» Son rêve serait de vivre chez les Duchesnais, intégrer cette famille.

Pourtant, derrière l’harmonie et le clinquant affichés, il y a aussi une partie plus sombre. Si le père de Jane est l’incarnation de la réussite et que «tout en lui respire l’assurance et l’argent. Ses gestes, la souplesse de sa conduite, son énorme montre au bracelet en cuir tabac», il entend aussi jouer de son pouvoir. Un soir, il pénètre dans la chambre de leur jeune invitée et glisse «sa main sous la couette. Sur son corps… Non, non, c’est l’alcool qui lui a tourné la tête. Qui lui fait imaginer une situation invraisemblable. Sa main sur son sein. Son souffle près de son visage. Son regard lourd de menace. Et si c’était un cauchemar? Tout simplement… Pourtant, elle n’a pas rêvé.»

Mais elle ne peut rien dire, faute de voir son rêve d’intégration s’envoler. Car désormais Charlotte «se voit à travers le regard de Jane, de cette famille si française qui ne connaît rien des difficultés de l’exil, de l’adaptation, rien des épreuves de la vie, elle en est persuadée.» Un aveuglement qui va prendre une dimension tragique lorsque Bernard qui a embarqué Charlotte dans sa voiture renverse un homme et prend la fuite et entend réduire sa passagère au silence.

Le plus facile, du moins le pense-t-elle, serait effectivement de nier. D’autant que les menaces se font précises. Que l’affirmation de Jane qui trouve son papa formidable,

« Faut dire que papa, rien ne lui résiste. Il obtient toujours ce qu’il veut », résonne très bizarrement à son oreille. Mais vivre avec ce mensonge est tout aussi difficile, d’autant que la victime n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit du mari de la femme de ménage des Duchesnais. «Le mépris qu’elle ressent pour elle-même la paralyse.»

Et puis il y a Gabriel qui le la laisse pas indifférente. Prise dans un engrenage qui peut la broyer, Charlotte ne veut pas voir les avertissements. Y compris quand ceux-ci débouchent sur la violence. Quand sa «meilleure amie» la découvre dans les bras de son frère et qu’elle est «hérissée de colère» :

« – Toi, tais-toi. Tu t’imagines quoi? Que tu vas rentrer dans la famille? Que tu en fais partie? Mais t’es qu’une de ses poules! Tu crois que t‘es la seule?

– Jane, écoute-moi. . .

– Tu crois peut-être qu’il est amoureux de toi? siffle-t-elle entre ses dents. Ah tu m’as bien baladée hier soir! »

Maëlle Guillaud a un sens inné pour faire monter la tension. Elle construit ses romans comme une symphonie qui va crescendo, entraînant le lecteur dans un drame qui va finir par exploser. Une déflagration qui va entraîner la remise en cause de bien des certitudes – et si la famille très française n’était pas celle qu’on croit – et bousculer quelques parcours. Il va falloir désormais changer le scénario, trouver une autre voie. Voilà encore un beau roman de formation servie par une écriture ciselée.
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Une famille très française

J'ai découvert la plume de Maëlle GUILLAUD en lisant son premier roman LUCIE, OU LA VOCATION paru en 2016. Dans celui-ci, il était question de religion, d'engagement, de sacrifices, j’avais trouvé cet ouvrage très percutant et éloquent.



Dans ce second opus, Maëlle GUILLAUD nous fait partager la vision idyllique de Charlotte, jeune adolescente cherchant la famille idéale car à ses yeux, la sienne n’en possède pas toutes les caractéristiques….Mais les apparences sont parfois trompeuses.







Quand Charlotte rencontre les parents de Jane, sa camarade de classe, elle est subjuguée. Dans cette famille, tout lui semble parfait : son amie est jeune et divinement belle, sa mère est élégante et pleine d’esprit, son père beau et plein d’humour….quant au frère aîné de Jane, il est charmant et plait beaucoup à Charlotte. Mais sous des apparences impeccables et une réussite éblouissante, la famille DUCHESNAIS se révèle peu à peu bien moins idéale qu’il n’y paraît. Charlotte commence alors à réaliser que ses propres parents certes bien moins clinquants sont beaucoup plus sincères et ancrés dans la réalité.



Maëlle GUILLAUD nous propose ici de suivre Charlotte dans ses questionnements, ses observations, ses contradictions et sa construction en tant qu’adulte. Charlotte est tout d’abord éblouie par la perfection de cette famille si exemplaire et privilégiée mais au fil du temps, elle réalise et commence à comprendre que, comme toutes les familles, les DUCHESNAIS ont aussi leurs failles, leurs secrets et leurs non-dits. Par certains côtés, cette famille est même finalement une caricature et recèle bien des mensonges.



Dans ce roman, j’ai aimé la prise de conscience de Charlotte, sa progression, son évolution psychologique et il a fallu qu’elle soit confrontée à une tragédie pour qu’elle se rende compte de la richesse de sa famille, de ses belles imperfections et de la vérité des sentiments de ses proches. J’ai particulièrement aimé le personnage de la grand-mère de Charlotte si décalé mais si attachant.



Ce roman d’apprentissage se révèle bien plus profond qu’il n’y paraît et nous questionne sur notre propre histoire, nos faiblesses et la vision de la famille en général. C’est un livre pour adulte mais il peut clairement être mis entre les mains d’adolescents pour son côté initiatique.



Maëlle GUILLAUD sonde, avec ce nouveau roman, l’âme d’une adolescente qui se cherche, elle aborde avec justesse et finesse la question des apparences et de la quête d’identité. Elle nous offre un joli moment de lecture empli d’humanité qui prône la sincérité, la richesse des différences et l’acceptation de soi.



Mymy


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Lucie ou la vocation

Un beau roman assez singulier par son thème, l'entrée dans les ordres d'une jeune fille, et son atmosphère comme celle du couvent, feutrée mais aussi froide et impitoyable.

Le texte alterne entre le récit de la vie quotidienne de Lucie, devenue soeur Marie-Lucie, et celui de son amie Juliette, qui ne comprend pas le choix de Lucie et espère un retour à la vraie vie de son amie.

C'est une histoire vraiment intéressante sur un thème plutôt rare, sans concession avec l'Eglise mais j'ai trouvé le tout finalement assez juste et distancié.

Le rythme est assez lent, ponctué d'extraits de prières et de textes religieux, mais sans lourdeur, et l'écriture est assez fine et élégante.

Un beau premier roman, une jolie découverte...
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Lucie ou la vocation

J'ai lu ce roman en étant malade, ce qui explique peut-être le temps que j'ai dû prendre pour le lire malgré le fait qu'il soit relativement court.







La première des choses qui m'a intéressé dans ce roman, c'est évidemment son sujet. Une jeune femme moderne, ayant fait des études, décide volontairement de se tourner vers une vie de religieuse. Comme sa meilleure amie, Juliette, j'étais à des années lumières de comprendre ce qui pouvait la motiver. Et franchement, si le film Sister Act n'avait pas réussi à me convaincre, je doutais qu'un roman y arrive...







D'autant plus quand on découvre la vie de cette congrégation violente. Aucun élément ne donne envie ou ne vient expliquer cette subite crise de foie (sans mauvais jeu de mot). J'ai regretté de ne pas voir quoique ce soit de positif dans cet univers quasi-carcéral.





Pour le coup, j'ai encore moins pigé pourquoi Lucie s'accrochait envers et contre tout à cette vie qui ne lui apportait que malheur et désillusions. Hormis, un sacré penchant pour le masochisme...







J'aurais aimé plus de nuances dans le récit de cette vie monastique afin de vraiment m'interroger sur ce choix qui de prime abord me "choque". Ici, rien n'est fait pour faire évoluer mon opinion deloa vocation religieuse et c'est pourtant ce que j'attendais un peu de ce roman...







Autre aspect ambivalent de ce roman : Lucie ! Je suis désolée de vous dire que ce personnage est très antipathique. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle m'a plutôt convaincue qu'une religieuse s'occupait surtout d'elle et de SA foie et assez peu des autres... Seuls ses ressentis semblent compter dans sa démarche. Son aveuglement a été souvent horripilant pendant ma lecture mais pourtant j'ai trouvé intéressante l'évolution de cette jeune femme. Le monde dans lequel elle évolue, qui aurait dû l'ouvrir à un monde de paix et d'amour, la pervertie totalement. Ironique, non ?







En ce qui concerne l'écriture de l'auteure, elle est fluide et permet de s'immerger directement dans l'histoire de ses personnages. Les chapitres très courts pourront quelque fois vous frustrer, mais ils apportent un rythme salutaire dans ce quotidien si morne.





Et malgré ce qu'on pourrait penser, Maëlle Guillaud parvient même à instaurer un petit côté suspense qui amène un intérêt supplémentaire à cette intrigue. La tension monte progressivement et on s'interroge sur l’événement qui fera ouvrir les yeux à Lucie.
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Lucie ou la vocation

Voilà un roman qui n'est pas fait pour me réconcilier avec le clergé !

Vite lu, vite oublié...
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Lucie ou la vocation

Au début j’ai plongé facilement dans le récit, mais j’ai été assez perturbée au fil de la lecture par l’alternance des points de vues, pas toujours très claire (entre Lucie, son amie Juliette et la mère de Lucie), et par la gestion de la temporalité. Tantôt j’avais l’impression que Lucie était entrée au couvent depuis quelques semaines, tantôt depuis des années. J’imagine que c’est une façon pour l’auteur de nous faire entrer dans ce monde singulier coupé de la vie séculière et sur lequel le temps habituel n’a pas d’emprise. Les journées des religieuses sont rythmées par des rituels immuables qui font de leur vie un éternel recommencement.



Je dois dire que je n’ai pas trouvé les personnages très sympathiques, et en premier lieu Lucie. Celle-ci se plaint beaucoup de ses années de prépa et la description qui est faire de ce milieu m’a parue vraiment exagérée (et je parle en connaissance de cause). Certes, on peut admettre qu’elle ne se sente pas dans son élément mais il paraît beaucoup plus facile de choisir de se réorienter que de tout plaquer pour entrer au couvent ! Je trouve que la découverte de la « vocation » n’est pas bien évidente pour le lecteur et que cet élan ne réussit pas à justifier tout ce que Lucie s’infligera par la suite.



Bien sûr, tout n’est pas rose dans la congrégation, et très vite on pense à La Religieuse de Diderot, qui a clairement dû inspirer l’auteur. On retrouve le mélange de brutalité et de séduction dont font preuve les supérieures pour embobiner les novices, la manipulation et la corruption attendues, bref, tout un tas d’actions et de pensées fort peu chrétiennes. Mais finalement je m’attendais tellement à ces travers, et ils correspondent si bien aux préjugés que l’on peut avoir sur ce milieu depuis l’œuvre de Diderot (et également dans des fictions plus récentes telles que la série Ainsi soient-ils) que j’ai été un peu déçue (sauf par la fin, qui clôt de façon assez courageuse le propos tenu jusque-là).



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Lucie ou la vocation

Roman? Histoire vécue? on rentre avec Lucie dans ce prieuré où le silence est une des règles . on vit avec Lucie ses difficultés d'adaptation, les conflits intérieurs, les espérances, les sentiments.

C'est un livre bien écrit qu'on lit avec plaisir
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