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Critiques de Marc Graciano (68)
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Enfant-pluie

Collection Merveilleux,

Numéro cinquante-deux,

C'est simple et lumineux,

Précieux et gracieux.



Mille mercis, Messieurs Graciano, frères scribe et illustrateur, de m'avoir fait vivre la pluie essentielle, salvatrice et gage de vie. Merci de m'avoir embarqué dans ce voyage initiatique vers une grotte magique.



Merci au maître-libraire du Myriagone, à Angers-ma-ville, de m'avoir conseillé Enfant-pluie dont une pile trônait fièrement sur le comptoir.

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Liberté dans la montagne

Ils cheminent le long de la rivière, un homme et une fillette, le Vieux et la Petite. Ils ne sont pas riches, ils portent sur eux tout ce qu'ils possèdent et la nature leur donne de quoi subvenir à leurs besoins. Le Vieux prend soin de la Petite, veille à ce qu'elle soit au chaud, propre et bien nourrie. A son contact, la Petite découvre la nature, apprend ses bienfaits et ses dangers. Leur chemin est long et semé d'embûches, le danger rôde, parfois il faut se défendre, tuer pour ne pas l'être. Mais certaines rencontres sont belles, enrichissantes, pleines d'humanité. L'homme peut être un animal ou une belle âme, cela aussi la Petite l'apprend le long de ce parcours initiatique qui la mènera, loin là-bas, vers le but qu'ils se sont fixés.





Situé en un lieu et un temps indéterminés, le récit de Marc GRACIANO se dévide tel un fil continu, une litanie hypnotique qui accroche le lecteur et le mène dans un autre monde, un lointain passé où la vie n'était pas plus facile, mais plus authentique. Le Vieux et la Petite et tous les personnages qu'ils croisent s'inscrivent dans une logique naturelle, sans fard, sans artifice. Des liens qui les unissent, du but de leur voyage, on ne saura rien non plus mais on ne peut s'empêcher de les suivre, de suivre la cadence du texte scandé, répétitif et riche. Des mots oubliés, désuets, une richesse de vocabulaire telle qu'il faut en accompagner la lecture d'un bon dictionnaire mais cela renforce l'immersion dans cette époque moyenâgeuse où les dames portent le hennin, où les chevaliers s'affrontent sur la lice, où le veneur croise le bourreau.

Un livre qui se mérite, qui surprend, qui emporte, une mélopée envoûtante d'une beauté et d'une originalité rares.
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Liberté dans la montagne

A travers les yeux du vieux et de la petite on traverse la forêt moyenâgeuse et puis on croise des vagabonds et des montreurs d'ours et on entre dans la ville avec ses potences et aussi ses tournois de chevaliers et puis on est hébergé dans une abbaye et puis auprès de nomades et aussi du veneur qui connaît des grimoires et aussi un arbre-esprit à l'entrée du village.



Au début j'ai souri avec ces phrases à répétition comme raconté par un enfant puis j'ai souvent décroché de ce texte pourtant très travaillé, hyper réaliste, super documenté avec un vocabulaire d'époque, et même poétique à sa façon.

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Liberté dans la montagne

Commande en 2020, de la 2e édition de ce roman paru en 2013- Relecture 9 décembre 2023.



Un trésor, un OLNI (* Objet Littéraire Non Identifié) qui, toutefois, se mérite, tant il requiert une lecture patiente et exigeante !



Un livre exceptionnel, singulier tant par son contenu que par sa forme.Un style, un vocabulaire subtil,

" désuet ", ou plus exactelent, une sorte de langue archaïque ; des phrases volontairement et faussement répétitives, comme des litanies, provoquant des échos ; ces échos parfois assourdissants dans ces vastes montagnes et Nature inquiétante, impressionnante !



Tout ceci induisant une atmosphère étrange, mystérieuse, avec comme résultat, un effet hypnotique, nous obligeant astucieusement à ralentir nos rythmes habituels de lecture...



Un drôle de " road- movie" , la relation unique entre un vieil homme, et une petite fille orpheline, qu'il a recueillie, qu'il se doit de protéger...



"Mais le vieux n'était point si vieux en vérité.

Le vieux était simplement rendu à l'âge où un homme ne se raconte plus d'histoires.Il était rendu à l'âge où un homme ne craint plus ni les échecs ni les succès. Le vieux était désaffecté et doux.(...)

Le vieux était un vétéran.

Un sage.

Un fou."



Comme une fable intemporelle, dans un temps ancien, non précisé, qui nous évoque plutôt un cadre moyenâgeux, avec ces places, ses exécutions publiques, ses joutes et tournois entre chevaliers; le vocabulaire ancien contribue à cette impression d'un temps lointain, qui demeure avec les questionnements, les sujets évoqués , totalement universels !



Dans cette Nature grandiose, tour à tour protectrice ou effrayante, comme les humains rencontrés sur le chemin, méchants, dangereux ou protecteurs, et

compatissants...Dans toutes les mésaventures vécues et rencontres, avec son lot de surprises, ce qui sublime et illumine le tout, c'est le lien de tendresse authentique entre le vieil homme et sa petite protégée... La confiance absolue de cette petite-fille accrochée au vieil homme comme son rempart

inaltérable contre le monde et ses dangers !



Beau, magnifique, et âpre !



Toutefois, la chute de ce " road- movie" me chifonne, me gêne beaucoup, mais plus j'y réfléchis, et plus , cette conclusion me semble être en harmonie avec l'ensemble du récit et de la philosophie de l'auteur...



"Le géant demanda au vieux par qui la garde de la petite lui avait été confiée et le vieux répondit qu' il aurait aisément pu lui répondre que c'était la grand-mère de la petite qui le lui avait demandé car, raconta le vieux , la mère était morte à la parturition et que c'était la grand-mère qui avait été la nourrice de la petite et que, une fois malade et mourante elle-même, c'était à lui, le vieux, que la grand-mère avait décidé de confier la petite et, durant le temps que le vieux parla, le géant observa que la petite écoutait avec de grands yeux fascinés car sans doute, pensa le géant, que c'était la première fois qu'elle entendait conter sa propre histoire. L'histoire de sa venue dans le monde.Que pour la première fois elle entendait le récit de sa propre genèse mais, pour finir, le vieux dit que le devoir de s'occuper de la petite était un devoir qui, en vérité, lui incombait de toute éternité."



J'avais choisi ce livre pour un ami, à qui il va enfin parvenir...souhaitant auparavant le lire et m'en imprégner. Je reconnais que cette lecture fut plus ardue, plus longue que prévu...



On est, je crois, largement récompensé, lorsque on a décidé plusieurs choses de base afin de parvenir à se laisser porter par cette prose fastueuse, rocailleuse, d'un autre temps....et en premier chef, accepter de sortir de ses zones de confort, ensuite, avoir un beau dictionnaire à portée de main, accepter la patience et de prendre le temps, un vrai temps...de pause...de lecture attentive et minutieuse...



Ce texte extraordinaire va enfin rejoindre les montagnes du Jura et L Ami à qui il était destiné. Un lecteur qui sera sûrement plus rapidement réceptif que ma modeste personne...; montagneux passionné, amoureux des grands espaces et de Dame Nature , solitaire et un tantinet imprégné de sagesse bouddhiste...ce livre devrait lui être un coup de

coeur !



Ce qui sidère dans la découverte de cet OLNI époustouflant, c'est d'apprendre que c'est un premier roman !!



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Liberté dans la montagne

L'originalité de ce roman est sans conteste l’écriture. Un style très particulier, aux tournures musicales dans leur rythme et leur répétition , un lexique très recherché, rendant obligatoire la consultation d’un dictionnaire. La lecture n’est pas simple, et demande de l’attention (mais c’est un plaisir de découvrir de nouveaux mots).



L’histoire est celle d’un cheminement, réel et symbolique. Celui d’un vieux et d’une petite, qui restent identifiés sous ces seuls vocables. Le voyage est issu d’une promesse à une mère mourante. Le parcours est riche de rencontres, qui nourrissent l’enfant et interrogent l’ancêtre. Heureuses ou hostiles, ces étapes contribuent à informer le lecteur sur les lieux et les temps du récit : fort anciens, au sein d’une nature montagneuse et boisée.






Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Liberté dans la montagne

Comment parler d’un livre que l’on a énormément aimé au point d’avoir envie de le garder pour soi ?

Le livre débute comme un récit initiatique, vous ne saurez jamais où se passe le récit, ni le nom des deux personnages, ni d’où ils viennent, ni où ils vont.

Le vieux et la petite vont cheminer ensemble tout au long du roman, le vieux protégeant la petite, l’éveillant à ce qui l’entoure, la portant quand elle est fatiguée, la réchauffant quand elle a froid, la nourrissant avec amour.

Ce que l’on devine c’est que le récit fait retour vers un monde médiéval, un monde ancien. L’homme et l’enfant vont affronter ensemble des épreuves.

Un moyen-âge imaginaire se déploie, le village et ses remparts, un tournoi avec des chevaliers en cotte de mailles et des dames portant hennin, le travail des artisans le long de la rivière.

Ils vont croiser la route d’une série de personnages, bienveillants ou dangereux, comme les figures d’un ancien jeu de cartes, l’auteur les nomme : il y a le géant, l’abbé, le veneur. Les lieux traversés sont nommés avec le même laconisme : le marais, la ville….

Le vieux se fait éducateur Il lui nomme le monde, lui montre ses beautés et ses pièges

Il l’avertie de la folie des hommes lorsqu’ils assistent à un exécution

Avec lui elle découvre le monde, sa violence, ses lois, sa beauté.

Le chemin sera long et semé d’embûches, de belles rencontres, de dangers évités pour atteindre le but du voyage.



Le récit se déploie et l’auteur utilise un mode d’écriture basé sur la répétition, ces répétitions transforment les phrases en litanies, donnent au récit un rythme lent et procure une sensation un peu hypnotique.

C’est une écriture qui envoûte mais qui aussi se mérite, l’auteur vous fait parcourir des lieux escarpés et sa langue est elle-même une épreuve initiatique.

Pour le lecteur aussi il s’agit d’apprentissage, les mots du travail, des outils, de la chasse, de la pêches, les mots des joutes et des tournois. Ils sont autant de pièges et de détours qu’il vous faudra passer.



J’ai noté au fur et à mesure tout un vocabulaire inconnu, inusité, rare, et j’ai béni mon Littré et mon Dictionnaire historique de la langue française.

brousser cabarer eubage

cosnil camail archiatre faonner

muid brassin abeausir

toue achevaler ablais dosse

ébarouir adamantin



Pour apprécier ce livre il faut accepter de se laisser surprendre, ensuite on est envoûté et on pénètre dans les terres secrètes de Marc Graciano.

Ce livre est beaucoup plus qu’une bonne surprise, c’est un récit splendide auquel il faut faire une place dans votre bibliothèque.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Johanne

Johanne n'est pas un roman qui raconte la vie de Jeanne d'Arc. Ce n'est pas une énième biographie de la Pucelle d'Orléans ; inventée, réinventée, niée, magnifiée, l'héroïne de la guerre de cent-ans ne manque pas d'adaptation.

Marc Graciano n'offre pas ici à son lecteur son interprétation de Jeanne. Il l'annonce dès le titre, ce sera sa "Johanne". En quelques tableaux, il offre une fenêtre par où on regarde quelques épisodes avant qu'elle ne devienne fameuse.

Ce qui est surtout intéressant à vrai dire dans ce livre, comme dans tous ceux de Graciano, c'est plutôt la narration et le style de l'auteur. Chaque chapitre n'est qu'une phrase, longue, rythmée, pleine de mots désuets mais très précis, qui donnent sa musicalité à la phrase, au parlé de l'écriture qui est donc chantante, même si parfois âpre, rude, cruelle, nue, un mélange de beauté dans tout ce que la vie a de dur et de brutal, de sacré aussi.

C'est donc une plongée dans quelques bouts de vie médiévaux, dans des forêts, des nuits, la froidure, les rivières de la France d'il y a 600 ans...

Un livre magnifique.
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Shamane

J'aime beaucoup Marc Graciano et son écriture fleuve, ses thèmes, sa façon d'aborder le monde, sans filtre ni fausse pruderie. Parfois la violence surgit, ou elle sourd tout le livre, elle est là sans l'être vraiment ou explose dans la narration, sans grandiloquence ni condamnation moralisante.

J'aime cette façon d'écrire et de voir, tellement seule dans le paysage.

Je me plonge donc toujours avec un petit frisson dans la lecture d'un nouveau Graciano !

J'ai parcouru celui-ci assez rapidement, tout à mon plaisir et à la dégustation des phrases longues et belles, au vocabulaire ciselé, volontairement très précis et un peu antique, aux descriptions sans fin, aux paysages, à mon imagination qui pouvait broder sur ces vagabondages en nature, à ses repas délicieux, aux exercices de yoga.



Quand surgit la fin. Je ne sais en fait quoi en penser, mais je crois que j'aurais pu m'en passer. Évidemment telle n'est pas la volonté de Graciano, et il me faut respecter ce choix. Un beau livre donc, mais attention au dernier chapitre !

@Kerarno me signale très obligeamment ce lien : https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/03/08/entretien-marc-graciano qui explique une autre interprétation possible. A vrai dire j'ai pensé à cela, faisant le lien avec l'avant dernier chapitre... mais pour valider cette idée il m'aurait fallu un autre chapitre, quelque chose qui fasse que je ne termine pas avec ce gout de fumée et de chair morte sur la langue...
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Johanne

Quand j'ai reçu le mail des éditions Le Tripode pour présenter cette parution à venir, j'ai d'abord été totalement séduit par cette incroyable couverture présentant un portrait de Jeanne d'Arc de Georges Peignard. C'est ensuite la promesse d'un roman enchanteur par sa langue unique qui m'a convaincu de le solliciter auprès de l'éditeur.



Le récit s'ouvre sur l'enfance de Johanette, la petite Johanne, où un homme se présentant comme l'ancien chambellan du duc de Lorraine s'arrête dans la maison de ses parents et partage des contes fantastiques et des histoires de saints autour d'un repas chaud, puis offre à Johanne une médaille de Saint Michel, patron des chevaliers.



Quelques années plus tard, dans l'hiver 1429, Johanne convainc le capitaine de son village de lui fournir une escorte de quelques hommes afin de rejoindre le Dauphin à Chinon pour lui livrer un message de la part de Dieu.



Pendant plusieurs nuits d'hiver et au risque de croiser les soldats anglais ou bourguignons, ils traverseront une partie de la France et feront des rencontres douloureuses et inattendues avant d'arriver enfin à Chinon après un long et dangereux périple de près de cinq cent kilomètres à cheval.



En voilà une lecture hors norme ! Pas question ici d'une nouvelle biographie de La Pucelle, l'auteur ne s'est intéressé qu'à ce périple incroyable de son village jusqu'à Chinon, même si on trouve ça et là des références à son procès et à sa condamnation au bûcher. L'écriture est incroyable, chaque chapitre est constitué d'une très longue phrase à la langue atypique, ce qui peut être difficile au départ mais rend rapidement ce roman captivant. Une écriture féerique pour un personnage mythique : un livre à ne pas manquer !



🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Graciano & Co

Graciano & Co est un ouvrage pluriel paru entre le Soufi et Johanne, en 2022. Il s'ouvre d'ailleurs par un extrait inédit qui retrace un évènement imaginaire de la vie de Jeanne d'Arc. Vient ensuite un entretien puis diverses critiques générales de l’œuvre de l'auteur.

C'est donc au choix soit un très bonne introduction aux textes si spéciaux de Marc Graciano, soit un complément pour ceux qui l'aiment déjà et connaissent son style inimitable et si inhabituel dans la littérature contemporaine.



L'extrait qui occupe la moitié de l'ouvrage est à l'image des autres textes de Graciano ; rythmé par une langue riche, vivante, martelée, précise, ancrée dans le réel par des mots techniques et anciens, mystique aussi, ouverte aux interprétations, ancrée dans la nature et un opaysage, les arbres, l'humus.



L'entretien éclaire un peu les influences de l'auteur, sa volonté, ses peurs, ses passions, sa volonté en tant qu'artiste, ce qu'il aime et aime moins... On retrouve un homme très cohérent avec son œuvre, je trouve !



Et enfin les quelques critiques qui clôturent le livre offre d'autres regards, d'autres expériences autour des livres de Graciano que je ne peux qu'encourager tout le monde à lire...
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Johanne

Si j'en eusse eu le courage et le talent, j'aurais aimé faire une critique qui évoque l'écriture de Marc Graciano, son écriture originale, au sens de singulière, son écriture qu'il faut apprivoiser, qu'il faut mêmement savoir dompter aussi parfois, principalement au début, car, si je suis habituée à la façon de surplomber la phrase proustienne, si je connais le style de Pierre Michon et ses très longues périodes avec des expressions revenant en spirale, une écriture qui avance par des retours en arrière, il m'a néanmoins fallu m'habituer à l'écriture de Marc Graciano, cette phrase qui n'en finit pas, qui s'étire, qui s'allonge, sur tout un chapitre, de plusieurs dizaines de pages, avançant par des virgules progressives, qui, peu à peu, apportent des éléments nouveaux, mais cette écriture n'est pas qu'un effet de style puisque cela permet de rentrer au plus près dans les pensées de Johanne, ou plutôt celles de son écuyer, cela permet de suivre le rythme de la chevauchée de ses premiers compagnons d'armes, de suivre le rythme des chevaux de la troupe, les mots eux-mêmes nous permettent de rentrer intimement dans cette fin de Moyen-Âge, non qu'il y ait des fioritures de langage, mais, au contraire, car tous les mots utilisés sont ceux du XV ème siècle, pas d'anachronisme ou d'effet de style, pas de recherche de pittoresque, cependant chaque mot sonne justement car évoquant une réalité qui nous est un peu étrangère mêmement familière, éloignée dans le temps mais aussi assez proche, car, si on ne connaît pas parfaitement le sens de tous les mots, le contexte nous aide à comprendre et à ne pas être totalement perdus, comme Johanne qui quitte son village mais qui reste mêmement en territoire familier puisqu'elle arpente la terre de France, mêmement l'usage fréquent des adverbes nous étonne un peu et progressivement nous séduit, mêmement le subjonctif imparfait indique le temps du récit, car, puisque c'est l'écuyer qui raconte, il sait ce qui s'est passé, il sait ce qui est arrivé et qui devait arriver, et ce temps des verbes permet d'inscrire le récit dans la légende, dans le mythe, mais surtout dans le conte, le conte de la petite bergère, et également dans la parabole puisque ce n'est pas un roman historique qu'on lit, ce n'est pas un roman historique qu'a écrit Marc Graciano, non, vous ne trouverez pas de combat ou de bataille, mais juste le récit de formation d'une âme, et le récit du voyage d'une troupe menée par une jouvencelle qui sera sainte, et pour qui tout est signe, même si, pour moi, lectrice, il me manquait certaines références bibliques pour toutes les repérer, puisque tout évoque un parallèle entre Johanne et saint-François, des stigmates aux oiseaux, voire entre Johanne qui sera martyre et le Christ qui subît la Passion, du baiser au lépreux à la naissance de l'agneau puis à la Cène, c'est donc pour cela que nous lisons le récit d'une sainte qui sauvera la France, qui le sait puisque ses voix lui ont dit, ce que savent ses compagnons, et ce que nous savons déjà, et que nous n'avons pas besoin de lire puisqu'on nous l'a déjà raconté, nous voyons les signes car ils sont partout, des bûches de Noël dans la maison paternelle à la ferme incendiée par les routiers, de l'épée miraculeuse trouvée dans une chapelle aux chérubins blonds qui embrassent Johanne, oui, le feu annonce les combats et annonce le bûcher, ce sont des signes pour nous, lecteurs, doués de prescience, pour nous aussi tout devait arriver et tout arrivera, dans un autre livre peut-être puisque ce récit s'arrête avant que Johanne rencontre le Dauphine, le beau portrait de couverture étant finalement lui aussi un signe du futur qui n'est pas encore arrivé à la Johanne du livre, mais qui sera celui de la Jeanne d'Arc de l'histoire.

J'ai fait une longue phrase, j'ai mis beaucoup d'adverbes, j'ai utilisé des virgules - moi qui pourtant préfère les tirets, mais je n'ai pas mis d'imparfait du subjonctif. Et, surtout, je n'ai pas le talent de Marc Graciano. C'est dépaysant, déroutant, un peu long parfois, mais onirique et impressionnant. Et merci à l'émission de Patrick Boucheron "Histoire de" sur France Inter qui m'a fait connaître cette œuvre.
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Johanne

Une vie de Jeanne d'Arc dans les détails, les exaltations et les enchantements, l'entêtement et les visions. Johanne est surtout le contact avec une langue rare, ancienne et à ce titre saturée d'impression, d'invention, mais aussi le toucher d'une conscience par une réussite impressionnante de la captation d'un rythme vitale, fascinant. Par son style sidérant, Marc Graciano nous révèle son univers, l'enchantement de la Nature, d'une invraisemblable cohérence.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Johanne

Marc Graciano est un enchanteur. Ses livres des incantations. Ses phrases de longs fils d'Ariane nous reliant à des temps anciens. Car Marc Graciano évolue dans un univers sémantique bien différent du notre. Bien loin de ce que la littérature contemporaine propose, ce nouveau roman ne fera pas consensus. Mais pour moi, c'est une œuvre qui offre un véritable repos, un prélassemant dans cette langue toute de mots étranges, anciens, dont le sens n'est pas de suite accessible. Comme le préconise Hartmut Rosa, Marc Graciano rend le langage, et le monde, partiellement indisponible. On s'étonne alors à prononcer ces mots inconnus du bout des lèvres, à déceler les mécanismes, les rouages de son imaginaire foisonnant. Et ce voyage jusqu'à Chinon devient alors une épopée splendide, bienfaisante.



'Johanne' honore la puissance et la richesse de la langue française, notre héritage, et confirme un auteur dont la discrétion, l'humilité et la sympathie sont admirables.



Le travail éditorial du Tripode vient enfin magnifier ce texte pour en faire un livre qui s'impose au lecteur.

Chapeau bas.
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Au pays de la fille électrique

Avec ce roman, je pense très sincèrement détenir la lecture la plus éprouvante et la plus étonnante de l’année.

Ce court roman s’ouvre sur un prologue de près de vingt pages racontant avec minutie et barbarie le viol d’une jeune femme par quatre hommes. Les descriptions donnent la nausée, servies par une quasi-absence de ponctuation. On se prend la violence, la barbarie en pleine gueule. En lisant ce passage éprouvant, j’ai eu l’impression de me retrouver devant la scène de viol de Monica Bellucci dans Irréversible de Gaspar Noé. Je me suis d’ailleurs demandée s’il était vraiment nécessaire d’en écrire autant, aussi longuement sur le sujet. Est-ce pour rendre la suite plus intéressante, plus belle ? Car oui, une fois ce prologue terminé, on plonge dans un autre univers. Si les différents chapitres ne contiennent qu’une seule phrase, ils sont beaucoup plus courts. Ils racontent le périple à pied de la jeune femme pour rejoindre l’océan, cet océan où elle souhaite se plonger pour se laver, laver l’horreur qu’elle a subie. Durant ce voyage, elle va croiser quatre hommes – même nombre que les violeurs, est-ce un hasard ? – qui redonnent foi en l’Homme et l’homme : l’homme au fourgon, le jeune infirmier et les deux gendarmes. Ces différentes pages sont écrites dans un style qui étonne. En effet, le récit est rempli de répétitions (« c’était », « il y avait », « et puis ») qu’on a pour habitude de déconseiller aux auteurs. Mais là, ce style rend le texte éminemment poétique. Il permet de faire ressortir l’humanité des rencontres, la fragilité mais aussi la force de la jeune femme et la beauté du rapport entre l’homme et la nature. La nature joue en effet son rôle dans l’apaisement, le retour à soi. Un épilogue de toute beauté vient clôturer ce roman qui m’a rendue exsangue.



Je ne sais pas si je peux vraiment conseiller la lecture de ce livre car je pense que le prologue peut choquer plus d’une personne mais je suis stupéfaite du traitement littéraire par l’auteur des thèmes de la violence et de la résilience. Un roman qui sort des sentiers battus et invite à sortir de sa zone de confort.
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Liberté dans la montagne

Deux personnages, « le vieux » et « la petite » remontent vers le nord à pied le long d’une rivière. Ce roman les étrange les suit dans leur périple.



Dès les premières lignes, Liberté dans la montagne se distingue par son style scandé, très particulier : l’auteur multiplie les répétitions, emploie un vocabulaire ancien, n’hésite pas à faire des phrases très longues... Cela rend une histoire au final assez simple difficile d’accès : si vous n’appréciez pas les premières pages du roman, vous aurez beaucoup de mal à le finir. Mais vous pouvez être au contraire véritablement envoûté par l’écriture de Marc Graciano, qui d’une intrigue toute simple fait un texte fascinant. L’auteur crée une ambiance médiévale mais se garde de définir un lieu ou une époque précise, renforçant l’aspect universel de cet ouvrage à part. Le peu d’informations qu’il nous donne suffit à emporter le lecteur dans l’histoire, narré dans un univers qui peut rappeler celui d’un conte, mais aux accents médiévaux très réalistes dans ses descriptions.



Un roman surprenant au style très original. À découvrir.

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Le Sacret

C'est le magnifique récit un peu onirique et atemporel du sauvetage d'un oiseau de proie blessé et d'une chasse au héron.



Il est constitué d'une seule phrase, mais quelle phrase ! Ample, rythmée, toute brodée de termes anciens, ou inusités, ou appartenant au vocabulaire de la fauconnerie.



S'exprime dans ces pages l'amour respectueux et noble de l'homme pour l'oiseau et de l'oiseau pour l'homme.



Il y a de la sauvagerie aussi, celle intrinsèque à la vie et à la la nature qui exigent la mort de la proie.



Dommage pour moi que Marc Graciano ait choisi le thème de l'affaitage.



Je reconnais qu'il est riche et a permis au prosateur poète de former sur sa palette les plus subtiles nuances, de suggérer les plus délicates émotions. Les personnages du jeune sauveteur et de l'autoursier sont resplendissants de générosité et la dernière page est un zénith.



Il n'en reste pas moins que je me suis sentie brimée pendant toute la lecture, faute de partage et d'affinité vraie. C'est un sentiment bien contemporain que de ne pas aimer la chasse, je le sais bien. Mais justement l'auteur est un contemporain : j'échappe donc à l'accusation d'anachronisme en ne lui attribuant que trois étoiles.



Si ce texte avait été écrit dans la première moitié du 20 ème siècle, j'en aurais mis cinq !
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Enfant-pluie

Un joli conte initiatique comme je les aime pour une collection « Merveilleux » des éditions Corti qui porte bien son nom. On y suit l’histoire d’Enfant-pluie, né dans une tribu préhistorique, et dont le destin s’avérera rapidement être hors du commun. Celle-qui-sait-les-herbes l’a fait naître au monde une première fois et l’entraîne et l’accompagne dans un voyage hors de sa vallée natale vers …

Rien de plus, rien de moins.

Enfant-pluie raconte son histoire dans un récit linéaire au style presque simple. En quelques phrases j’étais à ses côtés dans l’abri sous roche où vit son peuple, sur la route dans les pas de la vieille chamane, fascinée par les peintures rupestres dont les motifs de Laurent Graciano émaillent les pages du charmant livret bleu que je tiens entre les mains. Je ne l’ai finalement pas refermé avant d’en avoir lu la dernière ligne.



Enfant-pluie se savoure d’une traite avec douceur et délice. A le lire, j’y ai gagné une certaine forme de sérénité. Rien de plus, rien de moins.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Liberté dans la montagne

Un texte surprenant et envoûtant, totalement original, une écriture scandée au riche vocabulaire médiéval, une quête au plus près de la nature, de la simplicité, dans une ambiance moyenâgeuse et rustre, où le merveilleux cohabite avec la sauvagerie. Premier roman d'un auteur certainement très épris de l'époque qu'il a su restituer avec une force évocatrice inhabituelle.
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Liberté dans la montagne

Si on regarde l'histoire : deux personnages jamais nommés, le vieux et la petite, suivent le long d'une rivière, remontant vers le nord, vers sa source. Pourquoi? D'où viennent-ils? Qu'ont-ils vécu? Peu sera dévoilé. Au fil de leur marche ils rencontrent des villages, une ville, des campements, des êtres malfaisants ou accueillants.



Pas de nom de lieux, ni d'époque, mais celle suggérée est médiévale, où la justice peut être rapide et les gibets vite installés, où l'on s'affronte en tournois, où l'on porte braies et chausses, où l'on sait reconnaître les plantes comestibles.



A bien regarder, nombreuses sont les recettes de cuisine au fil des pages, des mets oubliés, mais paraissant souvent savoureux. Une époque où l'on pouvait survivre en quasi autarcie. Mais où la violence et le danger rodent. Une époque de croyances, et aussi de connaissances (l'écorce de saule et ses bienfaits, par exemple)



La relation entre le vieux et la petite est pétrie d'amour et douceur, le vieux protégeant la petite, et lui enseignant les secrets de la nature qui les environne, lui inculquant une certaine sagesse.



Mais ce qui frappe c'est l'écriture. Des répétitions multiples, quasi lancinantes, finissant par créer une ambiance envoutante. Un vocabulaire précis, inusité, voire disparu et inconnu de nos jours, ajoutant à l'impression de plonger dans un monde lointain. Des phrases parfois hachées, des reprises pour ajouter au sens. Pour terminer en feu d'artifice avec les cinq dernières pages et le fascinant déroulement d'événements potentiels.



"Les rescapés d'un groupe primitif et réfugiés dans ce marais. Deux apôtres égarés partageant leur agape. Les membres isolés d'une tribu nomade prenant leur maigre repas lors d'une halte éphémère. Lors d'une halte temporaire. Deux formes que l'énergie aurait momentanément prises en ce lieu de l'espace. Deux apparitions fugaces. D'éphémères apparitions dans ce repli de l'espace.Deux instables concrétions d'énergie. Deux fugaces avatars d'énergie apparus dans la vapeur du marais comme la discrète. Comme la dérisoire et presque invisible fumée s'échappant de la saulaie et le vieux dit à la petite le nom de la plante qu'il avait récoltée et qu'ils consommaient et il lui en nomma les différents usages et il lui en décrivit les vertus. Il lui enseigna comment la reconnaître et, prenant une tige... etc..."


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le Gyrovague

C’est un ermite, à la fin d’une journée. Il regarde son travail.il sent l’odeur de la soupe et hume le reste : après les grues en migration, le silence.

C’est une troupe de fantômes qui sort de la brume du Moyen Age. Ce sont des fantômes et pourtant ils jacassent. C’est étrange.

C’est comme un long poème acéré qui se déroule lentement, dans les gestes ordinaires de la vie, sans explication. Dans un sacré, ‘’matériel’ ’, terre à terre. Avec de vieux mots que l’on croit comprendre



C’est court. Çà a de la gueule. C’est magique.



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