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Critiques de Marcel Proust (1051)
A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Que dire sur ce monument de la littérature française qui n'ait pas déjà été dit ? Que sa lecture m'a été agréablement surprenante, surtout par son humour qui est très présent dans cet aspect mordant et piquant des descriptions ou des situations. Et quelle langue ! On se régale de la beauté et de la parfaite construction des phrases qui s'écoulent magnifiquement. On se délecte de trouver ici ou là une tournure, un mot ou une expression rare. On a le vertige de se dire que ce n'est que le premier tome et que six autres nous attendent !
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A la recherche du temps perdu, tome 7 : Le ..

Passionnant, émouvant, remuant, marrant, amusant, élégant, édifiant, jamais barbant, toujours prenant, enthousiasmant, choquant de temps en temps, enivrant, en un mot : géant !! Je conseille vivement la lecture de La Recherche du Temps (pas) perdu, histoire de voir la vie autrement, comme un enfant qui porterait toujours en lui le souvenir ineffaçable des baisers de sa mère et qui, ayant grandi doucement, s'aperçoit un jour, alors qu'il attend patiemment dans une bibliothèque, celle d'un prince par exemple, alors presque mourant, qu'il est devenu un artiste !
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Journées de lecture

Ce petit texte, édité par Folio de façon indépendante, était à l'origine une préface que Marcel Proust avait écrit pour un ouvrage de John Ruskin, mais au final ça importe peu car il se lit très bien seul et forme presque un essai en soi.



Proust y parle dans un premier temps de son rapport à la lecture, et pour ce faire il se remémore ses lectures d'enfances, il nous embarque avec lui les lieux de son enfance auxquels sont rattachés des souvenirs particuliers, il parle de la trace qu'ont laissé en lui ses lectures; plus vivaces encore que les histoires elles-mêmes, de la compagnie qu'elles lui ont procuré, etc. Et il le fait avec sa plume bien caractéristique ; poétique, évocatrice, mais aussi sinueuse.

Dans une seconde partie, qui est la préface même, il évoque le rapport à la littérature et aux grands auteurs. Une partie un peu plus "technique" ou il développe une analyse qui est pleine de références, bien que toujours agréable à lire. Il estime que la lecture n'est pas une conversation amicale ; qu'elle est mieux encore puisqu'elle se fait à l'intérieur de nous sans la nécessité encombrante de devoir soutenir une discussion orale. Il pense aussi notamment, qu'il ne faut pas chercher de vérité toute prête chez les auteurs mais contraire que leur lecture doit ouvrir les portes de notre propre réflexion.

Il termine en évoquant — et j'en ai été troublée — le plaisir des lectures « classiques » qui selon lui permettent au lecture « d'aujourd'hui » de retrouver le plaisir des mots d'antan et d'atmosphères disparus..., une réflexion d'une ironique mélancolie puisque pour nous, lecteurs d'aujourd'hui, c'est Marcel qui est l'écrivain d'antan dans lequel on se plonge pour retrouver une atmosphère disparu. C'est vraiment une étrange sensation que de le lire penser tout cela sans qu'il sache encore ce que l'histoire allait faire de lui...



Une belle lecture, sur la lecture, et une belle manière de découvrir ou de converser avec Marcel par delà le temps.
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À la recherche du temps perdu, tome 3 : Le ..

Le côté de Guermantes (1920) est le troisième tome de la recherche du temps perdu, l'oeuvre majeure de Marcel Proust. le narrateur perd sa grand-mère, retrouve Albertine et il est enfin reçu chez les Guermantes. Inutile de s'appesantir sur un classique, a fortiori sur un chef-d'oeuvre, mêlant, non sans une pointe d'humour, mélancolie et ironie.
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Suite à la lecture du très distrayant roman de Stéphane Carlier « Clara lit Proust ». Je me fais la réflexion que je dois cesser de rechigner et découvrir ce monstre de la littérature française.



Je commence par « Combray » et pense qu’il faut avoir fait une thèse autour de l'œuvre avant de saisir la quintessence de celle-ci. Évidemment, je pourrais me contenter de lire, mais j’aime bien comprendre mes lectures. Entre deux lignes, je me précipite dans la préface de 36 pages (je vous rassure, je n'ai pas tout lu) de Jean Milly pour une "petite" explication de texte et découvre la richesse des idées.



Pendant ce parcours du combattant (ok j'exagère), j’ai souri de nombreuses fois, mais les phrases interminables et les descriptions qui m’enchantent chez Zola me lassent vite chez Proust. D’autant que par mon métier, j’ai tant de livres à lire pour le bonheur de mes adhérents que je ne peux m'attarder des semaines sur un seul auteur.



J’en déduis que cette "recherche du temps perdu" aura lieu quand j’en aurais moi-même, pendant une retraite bien méritée à moins que deux années supplémentaires ne viennent gâcher ma lecture du grand homme. Un comble me direz-vous ….

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L'Indifférent

Nouvelle écrite par Marcel Proust en 1893 publiée en 1896, il en avait perdu le texte qu'il avait réclamé en vain à plusieurs de ses amis qui auraient été susceptibles de conserver le journal dans lequel elle avait parue. Retrouvée par Philip Kolb l'un des plus grands spécialistes de Proust dont il a fait de l'écrivain son sujet de thèse pour son doctorat, elle a depuis lors été republiée.

Madeleine jeune, belle et richissime veuve a le « Tout Paris » à ses pieds, courtisée et aimée par tous les hommes qu'elle rencontre. Cependant, elle va contre toute attente tomber amoureuse de Lepré, un jeune homme dont elle sait peu de choses si ce n'est qu'il doit partir pour plusieurs mois ou même années pour un voyage à l'étranger.

Madeleine tentera tout son possible pour séduire Lepré, qui lui reste totalement indifférent, allant même jusqu'à questionner son entourage sur la vie du jeune homme et essayer de deviner quelle est la raison de cette indifférence.

Texte de jeunesse de l'écrivain mais dans lequel on trouve déjà les ingrédients de ce qui sera sa grande oeuvre.

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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Ce fut une lecture intéressante mais exigeante demandant d'avoir l'esprit libre et d'être suffisamment reposé pour ne pas décroché. Le style d'écriture ne m'a pas dérangé, je suis plutôt attirée par ces phrases descriptives à rallonge que je trouve belles et poétiques quelque part et que je relis volontiers plusieurs fois pour en savourer toutes les nuances..



J'ai commencé cette lecture en début d'année et ne la termine que maintenant, pourquoi ? Sur ce premier tome organisé en trois parties, la première m'a littéralement subjuguée. J'ai beaucoup aimé les descriptions, notamment celles faisant référence à la mémoire du narrateur et au sensoriel. Par contre la deuxième partie ne m'a pas du tout envoûté, l'évolution de la romance entre Charles Swan et Odette m'ont beaucoup ennuyée. Les descriptions sur les sentiments amoureux, le doute etc.. étaient belles mais trop de longueurs pour moi et je pense ne pas être le public (je n'ai rien contre les romances mais à petites doses...). Cette partie m'a fait faire une énorme pause de ce tome jusqu'à le reprendre il y a quelques jours. Passée outre cette partie, la troisième sur les noms de villes, en particulier les villes normandes, m'a réconcilié avec ce tome. Le deuxième m'attend dans ma PAL, je pense ne pas trop tarder à le lire pour continuer l'introspection du narrateur. Ma lecture du pli des editions Lorma qui parlait de passages de ce deuxième tome m'a aussi intrigué et donner l'envie de connaître la suite..
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À la recherche du temps perdu, tome 3 : Le ..



Le Côté de Guermantes, c’est d’abord le nom de cette illustre famille vieille de plusieurs siècles et qui a essaimé dans toute l’Europe. C’est ensuite le nom d’Oriane, duchesse de Guermantes, objet de désir, épiée dans ses moindres gestes par le narrateur, fantasmée même, car inaccessible pour lui.



Puis, devenue accessible une fois ce désir disparu, la duchesse apparaîtra avec plus de nuance, ses travers se feront mieux jour, dont ce snobisme qu’elle tente de dissimuler derrière une certaine désinvolture piquante, qui tâche de dissimuler l’échec de sa vie conjugale avec un mari volage et lui-même assez frivole. L’occasion pour Proust, une fois Marcel introduit dans le salon des Guermantes, de brosser un portrait sans concession de cette aristocratie finissante.



Duchesse qui « était incapable de comprendre ce que j’avais cherché en elle », déplore le narrateur, et déjà imperceptiblement évincée par celle qui occupera une place envahissante dans le cœur et l’esprit du narrateur : Albertine, dont il fera « une œuvre toute différente, et peut-être même plus importante que celle [qu’il] avait projetée d’abord ». Marcel agira d’ailleurs avec Albertine comme le duc de Guermantes avec ses maîtresses : « Il ne leur permettait plus de voir personne. »



Et parlant du désir : « Il n’y a rien comme le désir pour empêcher les choses qu’on dit d’avoir aucune ressemblance avec ce qu’on a dans la pensée. »



Le Côté de Guermantes, c’est aussi le roman de la première disparition d’importance : la grand-mère de Marcel, qui lui fait dire cette phrase exceptionnelle de vérité et de style : « C’est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls mais enchaînés à un être d’un règne différent, dont les abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps. » Ainsi, la mort de cette grand-mère chérie devient un tableau « idéal » de douleur intime.



Dans ce tourbillon de mondanités, il est une scène édifiante avec le baron de Charlus, scène de séduction tragi-comique qui, avec une finesse d’écriture exemplaire, dévoile l’homosexualité d’un vieil aristocrate amoureux du narrateur.



Notons aussi la présence de l’Histoire, à savoir l’affaire Dreyfus, qui s’immisce çà et là parmi les dreyfusards et les antidreyfusards.



Égal à lui-même, c’est-à-dire capable d’un sens de l’observation analytique inégalé à mon sens, Proust poursuit sa recherche du temps perdu, depuis le salon de madame de Villeparisis jusqu’à celui de la duchesse de Guermantes, évoluant tel un exilé parmi le monde, identique à cette « Passante » de Baudelaire…



Le Côté de Guermantes, « la dernière étape en terre d’adolescence », écrit Thierry Laget en préface, marque en effet une limite au-delà de laquelle tout va muer, voire s’effondrer, dans le monde tant intérieur qu’extérieur de Marcel. Mais quelle épreuve de lire Proust car, à bien y réfléchir, il parle trop profondément de nous pour que cela ne soit pas dérangeant et, évidemment, tellement attirant. Au point que, souvent, on se prend à relire un passage qui nous a happés, quitte à perdre le fil de la narration.



En guise de conclusion, méditons cette phrase de ce troisième tome de la Recherche : « Notre mémoire et notre cœur ne sont pas assez grands pour pouvoir être fidèles. »



(PS : le 18 novembre 2022, cela fera un siècle que Marcel Proust s’en est allé rejoindre le temps éternel, après avoir recherché celui qui était perdu…)

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A la recherche du temps perdu - Intégrale, to..

La Pléiade publia d'abord "A la Recherche du Temps Perdu" en trois volumes, où le texte proustien occupait la meilleure part. Puis, une réédition contrôlée par des universitaires parut en quatre volumes. La moitié de chacun est occupée par des commentaires et introductions à l'histoire du texte, des notes souvent éclairantes (qui révèlent parfois l'évolution culturelle supposée du public) et une masse d'Esquisses et de brouillons que Proust a laissés. Cette édition en quatre volumes, faite par des universitaires, est très utile aux chercheurs universitaires, mais dans le grand public, les protestations ne manquèrent pas. En effet, de quelle utilité sont les Esquisses et les annotations abondantes, si soigneuses qu'elles soient, pour ceux qui se contentent de lire Proust sans songer à écrire une thèse sur lui ? Il y eut des gens de poids, des gens célèbres, pour se plaindre de l'obésité superflue de cette édition (mille pages de texte, mille pages d'esquisses et de variantes par volume). Je viens d'apprendre que la Pléiade, en 2022, fera paraître une troisième édition de la Recherche, en deux tomes, supprimant toutes les annotations, les esquisses et les études philologiques. Les plaintes du grand public ont été entendues.
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

lly a la

question de pédérastie qui fausse tout ... Quoi, c'est bien

banal, pourtant ... On sait qu'il y a vingt pour cent de

pédérastes dans une population. Y a vingt pour cent de

magistrats qui sont pédérastes, vingt pour cent de policiers,

vingt pour cent d'épiciers qui sont des pédérastes possibles ...

Nous dirons "possibles"...

Alors, avant Proust, pédéraste, c'était déjà se signaler

drôlement, n'est-ce pas ... C'était pas bien vu ... Mais

alors Proust, par son style, son génie littéraire derrière, a rendu

des choses possibles que les mères ont pu

tolérer la pédérastie dans leur famille, en somme,n'est-ce

pas ... On dit : je suis pédéraste, comme Proust, moi...

Comme Monsieur Gide ... Y z'ont fait beaucoup pour la

pédérastie en la rendant ... en l'officialisant, en somme,

n'est-ce pas ... (...) Alors ça, naturellement, ça y z'ont eu un

public pour eux ... Et comme tout ce monde pédérastique

fréquente beaucoup les arts, alors, en plus, le peintre, le

littérateur pédérastes, tout ça, ça colle très bien ... C'est très

bien vu, c'est très artiste ... Alors, pourquoi pas ... Ca fausse

un peu le jugement qu'on peut avoir sur Proust, ces histoires

pédérastiques, cette affaire de bains-douches, mais ces

enculages de garçon de bain, tout ça, c'est des banalités ...

Mais il en sort que le bonhomme était doué...

Extraordinairement doué... Ah oui, doué, doué, quand v voit

ces gens qu'ont si changé là... Et d'ailleurs, je crois qu'il a un

peu piqué ça dans George Sand... George Sand, dans ses

souvenirs, racontequ'elle a vu les gens d'Ancien Régime...

Vous avez lu?... (...) Elle raconte ... Elle dit : j'ai vu la jeunesse

dorée qui faisait horreur ... Parce que elle, elle était

jeune fille, et elle voyait ces gens d'Ancien Régime, y z'avaient

des manières à eux qu'étaient tellement spéciales qu'elle les

voyait comme des vieux tableaux,

pleins de grimaces... Y n'pouvaient rien faire ... Quand y

s'offraient une chaise, c'était tout une grimace ... (...)

Y mettaient leur perruque dans leur gilet, puis enfin, ils

faisaient tout un tas de trucs extravagants de procédure qui la

remplissaient d'horreur, parce qu'elle

allait au-devant de la vie, n'est-ce pas ?... Et les gens croient

qu'il a dû lire ça ... Je ne dis pas que c'est ça qu'il a fait, mais

enfin son très puissant tableau de la

vieillesse prenant les gens et les faisant grimacer, ça, c'est un peu similaire ... (...) Proust est un grand écrivain, c'est le

dernier ... C'est le grand écrivain de

notre génération, quoi..."

L.f Céline dans une interview sur Proust.
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Journées de lecture

Excellente découverte.

Au fil de cet ouvrage, qui compose en fait une préface à un livre de John Ruskin, Marcel Proust nous plonge dans la lecture, réanimant son plaisir et ses expériences avec les lettres.

Pour tout dire, c'était la première fois que je me lançait dans une oeuvre de Proust, qui a la réputation d'être, certes un classique de la littérature française bien incontournable, mais aussi un peu ennuyeux et long. C'est finalement une agréable surprise puisque je n'ai pas du tout eut cette impression.

Je vous le concède, il ne faut pas s'attendre à de l'action, et pourtant j'étais loin de m'assoupir en tournant les pages.

Au contraire, l'auteur nous entraine dans ses lectures passées avec abondance de détails qui nous permettent une projection aisée et une visualisation de la scène particulièrement agréable. Pour aller plus loin, ce récit des expérimentations littéraires remontant à l'enfance, nous plonge dans nos propres souvenirs. Ces expériences très intimes voire secrètes (lorsqu'on se cachait pour ne pas aller jouer dehors mais pour continuer à lire, ou encore lorsqu'il nous fallait éteindre la lumière pour dormir mais que le plaisir de la lecture était trop tentant qu'on se cachait sous la couette pour continuer à lire) répondent à celle de l'auteur et provoque un écho nostalgique qui fait toute la beauté de cette lecture mais aussi son efficacité.

Ce n'est pas, par la lecture de ces lignes, l'expérience de lecture de Proust mais notre propre expérience de lecteur qui y est souligné et qu'on fait revivre.

L'effet est d'autant plus puissant qu'on y trouve une double mise en abîme : nous lisons Proust en train de lire, que j'ai trouvé relevant d'un génie particulier.

Proust m'a donc convaincu et ce malgré les apriori qui m'envahissaient au début. Je trouve que ce livre est une bonne manière d'aborder un auteur qui peut paraître très impressionnant de prime abord, en effet l'oeuvre contient moins d'une centaine de page.

Cette expérience permet également de se familiariser avec l'écriture de l'auteur qu'on peut trouver spéciale. A un moment, j'étais un peu perdue et désorientée par un trop plein de détails, je cherchais le début de la phrase que je lisais pour y revenir mais je ne le trouvais pas. J'ai un peu paniqué avant de me rendre compte que la majuscule marquant le début de la phrase n'étais pas moins de deux pages avant le mot auquel je m'étais arrêté.

En bref, un style qui peut donc être un peu déstabilisant mais une écriture à ne pas manquer, pour revivre sa propre expérience de lecteur.

Prochaine étape : A la recherche du temps perdu !
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A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l..

C'est à Paris que s'ouvre la première partie, qui en compte deux, du deuxième volume de « La Recherche ». Bien que ses parents ne fréquentent plus leur « ami » Charles Swann en raison de son mariage avec la « cocotte » Odette, le narrateur est irrémédiablement attiré par celle-ci. Et il profite de sa relation bientôt moribonde avec Gilberte pour pénétrer l'univers de sa mère.

Dans la partie « Autour de Mme Swann », le narrateur confirme son envie de « faire de la littérature » comme le dirait son père. Mais l'hypersensible pleure de rage, persuadé qu'il n'a aucun talent. Il se console à l'idée d'aller voir bientôt la Barma, immense tragédienne inspirée de Sarah Bernhardt. Comme toujours chez lui, il est déçu. Parce que son désir, attisé par une imagination débordante, est trop fort pour qu'il ne soit pas frustré.

Comme il l'a fait dans « Du côté de Guermantes », l'auteur use de métaphores élaborées et souvent drôles qui ont pour objectif de magnifier le réel, de rendre sublime la réalité la plus triviale. Un exemple : il compare Françoise, la servante, à Michel-Ange choisissant « les blocs de marbre les plus parfaits » lorsqu'elle sélectionne les plus beaux ingrédients pour concocter son bœuf en gelée.

C'est la magie de l'écriture proustienne qui digresse en parallèle sur l'amour et ses variations : l'amour défunt de Swann pour sa femme ou encore l'amour que le narrateur éprouve pour les jeunes filles en fleurs qu'il rencontre à Balbec, station balnéaire inspiré de Cabourg, dans la seconde partie « Noms de pays : le pays » qui se déroule en 1898. Les apparitions enchanteresses des donzelles, l'énigmatique Albertine en tête, sont appréciées de la même manière que la contemplation admirative d'un tableau. Surtout s'il a été réalisé par Elstir !

C'est aussi à Balbec qu le narrateur fait la connaissance du marquis Robert de Saint-Loup, son unique et véritable ami, dont les idées avancées détonnent dans son milieu social, celui de la grande aristocratie. Cette nouvelle camaraderie masculine le sort un temps de sa solitude.

Autre événement décisif : l'entrevue avec le baron de Charlus dont le comportement étrange perturbe le narrateur, inconscient des avances de l'oncle de Saint-Loup dont on apprendra plus tard qu'il est un homosexuel contrarié.

Comme dans « Du côté de chez Swann », ce qui est remarquable chez Proust est son talent à décrire avec finesse la psychologie de son narrateur, miroir de nous-mêmes.



EXTRAITS

- Il est rare qu'un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l'avait réclamé.

- Le monde immense des idées n'existait pas pour elle.

- L'amour le plus exclusif pour une personne est toujours l'amour d'autre chose.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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A la recherche du temps perdu, tome 4 : Sod..

"Le moins que l’on puisse dire c’est que, dans Sodome et Gomorrhe, les yeux du narrateur, Marcel, se dessillent. Au tout début, pour commencer. Alors qu’il s’attarde dans l’escalier de service de son immeuble, il est témoin d’une scène hallucinante entre le baron de Charlus et le giletier Jupien. Les deux ne se connaissent pas, mais dès qu’ils se croisent, ils sont soudainement attirés l’un par l’autre. Comme le bourdon trouve instinctivement le chemin de l’orchidée qu’il va polliniser, nous dit Proust. La suite pourrait presque être censurée si ce n’était pas de la littérature. Pour le narrateur, c’est la découverte de ce qu’il appellera désormais les “hommes-femmes”.

Mais dans ce livre, il est aussi question d’amours lesbiens. Lors d’un bal au Casino de Balbec, le docteur Cottard fait remarquer au narrateur qu’Albertine, dont il est amoureux, danse avec une jeune femme. Cela a l’air innocent, lui dit-il, mais ça ne l’est pas. Les doutes du narrateur vont s’accroître lorsque Albertine lui dira qu’elle connaît Mlle de Vinteuil, dont les mœurs sont jugées particulièrement suspectes. C’est l’épisode qui clôt le roman et qui débouche sur La Prisonnière, où le narrateur, pour conjurer sa peur que son amoureuse lui échappe, lui demandera de vivre chez lui et essayera de contrôler chacune de ses sorties.

Sexe et amour. Amour et sexe. Ce résumé succinct fait ressortir à quel point ces deux thèmes se croisent et s’entrecroisent dans l’oeuvre de Proust. Mais les quelques 500 pages de Sodome et Gomorrhe s’ouvrent aussi, telles autant de paperolles, sur bien d’autres aspects."
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Ces commentaires concernent l'ensemble des sept tomes de l'oeuvre



La Recherche...La Recherche...Que peut-on dire de La Recherche qui n'est pas été dit ?

Bien sûr le thème de « critique » ne saurait convenir. Critique-t-on les Pyramides d'Egypte ? Critique-t-on le plafond de la Sixtine ?

Alors juste quelques commentaires.

L'affaire est entendue ; c'est le plus grand roman français du Vingtième Siècle. Peut-être Le plus grand roman tout court, sas restriction de temps ni de lieu ?

Quand on est entré dans l'univers de la Recherche, on n'en sort vraiment jamais ; et on la relit fréquemment y trouvant toujours de nouvelles choses, et se délectant de retrouver les anciennes.

Il n'y pas un mode d'emploi, UNE lecture ; il y a DES lectures, et chacun a peut-être la sienne;

Est-ce-que c'est une autobiographie ? Oui et non. Bien sûr, le narrateur doit beaucoup à Marcel, mais un Marcel tel qu'en lui-même l'œuvre le change. Il n'a pas de nom, bien que dans un passage de « Le prisonnière », Proust laisse entendre que le prénom du narrateur pourrait être Marcel.

Bien sûr on peut chercher des clefs et on en trouve, mais elles n'ouvrent jamais vraiment les portes. Charlus est-il Montesquiou, Oriane est-elle la comtesse Grefuhle ? Non, pas vraiment, peut-être en partie.

Le sujet de La recherche et le temps ; l'observation n'est certes pas originale Mais ce n'est pas le temps qui passe, certainement le temps qui passe.

Le temps de La Recherche es un temps einsteinien (ne pas oublier que Proust s'est beaucoup intéressé à la théorie de la relativité), il est une dimension comme les dimensions de l'espace, dans laquelle on se déplace dans un sens unique et à une vitesse constante. Dans un temps unique et à une vitesse constante ? Pas si sûr. Car l'œuvre est précisément le récit des déplacements du narrateur à l'intérieur de sa mémoire, en avant et en arrière, à la recherche de ce fameux Temps Perdu, qui est un pays des merveilles, où rien n'est vraiment stable, où les personnages et les époques se télescopent, où le narrateur, dans le même moment où sa bonne l'accompagne jouer aux Champs Elysées, peut faire donation du mobilier hérité de sa tante à un bordel, où le Professeur Cottard ou Bergotte peuvent bien mourir, et être pourtant toujours vivants dans le futur du moment de leur mort sans que nul ne semble le remarquer, où même le château de la Marquise de Saint-Loup peut se déplacer de la Beauce en Champagne ; un temps qui englobe le futur du narrateur puisque le dîner de têtes chez la Princesse de Guermantes du « Temps retrouvé » a lieu bien des années après la guerre, et en tout cas bien après la mort de l'auteur, ainsi qu'une certaine promenade hallucinée dans les Jardins des Champs Elysées d'un obscur avenir. Un temps où le narrateur peut voyager grâce aux ancres que sont la célèbre petite madeleine trempée selon le cas dans du thé ou dans du tilleul, et le moins connu petit pavé irrégulier dans la cour de l' hôtel de la Princesse de Guermantes

Mais attention ! La Recherche n'est pas une fantasmagorie, elle se déroute dans la société de son temps, dont Proust est un remarquable observateur. Les personnages n'ont rien de fantaisistes, jusque dans leur extravagances ils sont vrais et le livre est un vrai document sociologique sur les classes sociales où il se déroule, tel La Comédie Humaine d'un Balzac qui n'aurait pas souhaité embrasser l'ensemble de la société de son temps,

Dans cette description, l'auteur fait preuve d'un humour impitoyable ; car La recherche est aussi un livre très drôle.

Je ne m'étendrai pas sur les études psychologiques, qui sont unanimement louées. Et par pitié, qu'on épargne à La recherche les interprétations psychanalytiques ! Proust a certes passé une grande partie de sa vie couché, mais nul n'a le droit de prétendre pour autant de le prendre en otage pour l'étendre sur le divan de Freud, autant dire le lit de Procuste.

Voilà, j'ai fait mon petit tour de l'ouvrage.

Après ces louanges bien imparfaites, j'avouerai néanmoins...pas une réticence, ce serait trop dire..

mais voilà ! Il y a ces redoutables aubépines de Combray, avec leurs descriptions récurrentes, dont j'appréhende toujours le retour. J'ai l'excuse de partager cette peur des aubépines avec de bons esprits : Jean-François Revel la confesse également dans son autobiographie intellectuelle « le voleur dans la maison vide » (Son meilleur livre)

Pour conclure, lisez La recherche », vous ne perdrez pas votre temps.

A ce sujet, je ne peux résister au plaisir de raconter l'histoire trop belle sans doute pour être vraie de ce candidat au bac de français, qui, remettant à l'examinateur la liste des ouvrages qu'il est censé avoir etudiés, lui avoue qu'il n'a pas lu « Du côté de chez Swann, se voit répondre  « Ah, je comprends, vous avez eu peur de perdre votre temps ».
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

oui, oui, je l'ai lu… en 1960… j'ai même eu une note très correcte sur la dissertation qui m'était demandée, je m'en souviens très bien.

En fait, je me souviens douloureusement d'une intense déception : cet élégant monologue nombrilocentré qui m'avait été annoncé comme the monument de la littérature se révélait bien fade.

Ainsi vacillaient d'un coup tous les jugements péremptoires classant nos auteurs.

J'étais définitivement arrivé à l'âge d'homme.
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Pas besoin de résumé pour ce livre, un monument de la littérature française si ce n'est européenne.



Je vais juste vous faire part de mes impressions.



C'est un livre qui est dans ma bibliothèque depuis plusieurs années, imprimé en 2008. Lors du premier confinement, en rangeant ma bibliothèque, je me suis engagé à lire ou relire l'ensemble des ouvrages qui la compose. Et je me suis lancée dans ce premier tome d'à la recherche du temps perdu, puisque du temps j'en avais à perdre... (facile, j'avoue).



Et puis le deconfinement est arrivé, j'ai pu retourner à la médiathèque, dans des librairies, j'ai mis de côté "du côté de chez Swann". Je l'avais bien mis dans ma valise pour les vacances mais après quelques pages, il est reparti au fond de la valise. Finalement j'ai trouvé le meilleur moment pour le lire. C'est un livre que je lis pendant mes insomnies. Car comme vous le savez, Proust ce n'est pas une intrigue mais une langue, un style unique... et cette œuvre est faite pour les insomnies.



Aujourd'hui une de mes impressions est la fierté, teintée de soulagement. Franchement la proportion de soulagement est plus importante que la fierté. J'ai réussi la première étape de la montée de cet Everest. J'ai lu le premier tome, composé de 3 chapitres (Combray, du côté de chez Swann, nom de pays : le pays) de la recherche du temps perdu. 420 pages en petits caractères, ce n'est normalement pas pour me faire peur. Après tout j'ai lu d'une traite des dizaines de livre de plus de mille pages.



Mais Proust, ce sont des phrases de plusieurs dizaines de lignes.. je me suis même surprise à certains moments de chercher où certaines phrases s'arrêtaient. Vous m'excuserez de ne pas relire l'ensemble pour identifier la plus longue.



Curieuse, j'ai trouvé cette information, dans cet excellent site: http://proust-personnages.fr/?page_id=8986



"Chez Proust, par exemple les phrases comptent en moyenne 43 mots contre une vingtaine en moyenne chez les écrivains de langue française. .... on trouve dans Sodome et Gomorrhe une phrase de 856 mots."



Donc d'après ce site la plus longue phrase de Proust n'est pas dans ce roman.



Enfin tout cela pour dire que beaucoup parlent de Proust mais combien l'ont lu et combien le liront dans le futur?



En dehors de ce soulagement / fierté, et après avoir dépassé l'ennui de certains passages, j'ai pris un certain plaisir à cet ouvrage. D'abord parce que c'est l'occasion de découvrir une certaine époque, et un milieu social disparu. Ensuite parce que la description des sentiments du narrateur ou de Swann me semble être représentative d'un état nostalgique et/ou amoureux à la fois universel mais en même temps désuet. Je sais, c'est contradictoire. Mais la façon dont il décrit l'obsession de Swann pour Odette, comme une obsession de l'envie / du besoin d'être amoureux pour se sentir vivre, me parait être révélateur de certaines périodes de la vie. C'est un amour égocentrique et c'est superbement écrit.



Une anecdote m'a amusée. Tout le monde connaît la madeleine de Proust. C'est devenue une figure de style. En lisant les annotations, j'ai découvert que Proust n'avait pas mangé une madeleine pour faire revenir ses souvenirs mais du pain grillé / une biscotte. avouez que c'est moins classe la biscotte / le pain grillé que la madeleine. On peut dire c'est ma madeleine à moi en parlant d'une sensation/ d'un goût. Si vous dites, c'est mon pain grillé... ce n'est pas le même effet. Et puis la madeleine c'est rond, doux... alors que le pain grillé/ la biscotte c'est cassant, dur.



Le génie ça tient parfois à peu de chose.



2 citations pour fini

"Et avec cette muflerie intermittente qui reparaissait chez lui dès qu’il n’était plus malheureux et qui baissait du même coup le niveau de sa moralité, il s’écria en lui-même : « Dire que j𠆚i gâché des années de ma vie, que j𠆚i voulu mourir, que j𠆚i eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! »"



"Il y a des jours montueux et malaisés qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train en chantant."



Du coup, j'ai décidé de lire la suite. Après tout il me reste environ 2000 pages à lire et j'aurai sûrement des insomnies en 2021.



Et vous, avez-vous des auteurs pour des moments précis de votre vie?

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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Je ne me ridiculiserai pas en me lançant dans une "critique" d'un tel chef d'oeuvre! Cette note a pour unique but de faire part de l'éblouissement que j'ai éprouvé à la relecture de "La-Recherche". Une lecture plus que passionnante, qui m'a fait passer le confinement allègrement.
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Les intermittences du coeur

Déjà, je tiens à remercier chaleureusement Gwen21 qui, grâce à son challenge solidaire, m'a poussée à lire Proust, sinon, je crois que je serais encore à me dire « Proust, oui, oui, bien sûr que je le lirai un jour ».



Je pense, comme beaucoup, que je craignais de m'attaquer à la montagne que représente cet auteur, appréhendant les phrases alambiquées et, surtout, interminables. Car, sans en avoir lu une seule ligne, si ce n'est la fameuse « Longtemps, je me suis couché de bonne heure », je me faisais une idée très arrêtée de ce qu'il représentait, à savoir surtout un auteur que ne pouvaient lire, et comprendre, que les lettrés au sens le plus strict du mot.

Une de mes amies, qui a lu l'intégralité d'A la recherche du temps perdu, avait bien déjà essayé de m'inciter à lire l'auteur, me disant « tu verras, c'est Dynastie en bien écrit ». Oui, enfin, je ne suis pas sûre qu'il y ait véritablement du Dallas dans l'oeuvre de Proust.



Et ? J'ai opté pour un compromis en acquérant ce petit livre de moins de 100 pages qui raconte la relation particulière qu'entretient le narrateur avec sa grand-mère, notamment depuis que cette dernière est décédée. Alors oui, dit comme ça, c'est bizarre, mais le narrateur revient sur les souvenirs, ses regrets, ce qu'il aurait pu faire mieux. Et, comme je l'imaginais, ça digresse beaucoup sans pour autant rendre la lecture pénible.



Alors, ai-je aimé ? Et bien je répondrai oui, assez. La plume est riche et non dépourvue d'humour, le phrasé surtout est agréable, j'ai lu quelques passage à voix haute, ce qui a permis de me rendre compte à quel point la langue était belle, car qu'elle est belle notre langue française.



Voudrais-je lire pour autant le monument qu'est A la recherche du temps perdu ? Ptêt bien oui, ptêt bien que non. Désormais, je vois cela comme possible alors que j'imaginais cela inatteignable il y a peu. Courrais-je pour autant acheter le premier tome ? Non, faut pas pousser quand même.



Je pensais que Les intermittences du coeur était une oeuvre à part entière, une nouvelle écrite par Marcel Proust à ses débuts ou entre deux volumes de sa titanesque aventure. J'ai appris ensuite qu'il s'agissait d'un extrait du volet numéro quatre intitulé Sodome et Gomorrhe d'A la recherche du temps perdu et qu'à l'origine le roman aurait dû ou pu s'appeler, justement, Les intermittences du coeur.

Alors, me voici doublement comblée, non seulement je peux dire aujourd'hui que j'ai lu du Proust mais aussi que j'ai lu un morceau de son incroyable roman.





Challenge solidaire 2019

Challenge Riquiqui 2019

Challenge XXème siècle 2019
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À la recherche du temps perdu, tome 3 : Le ..

CR345 : le côté de Guermantes - Marcel Proust



Commencé il y a quelques jours, je n'étais pas si mécontent quand je constatai sur ma Kindle que j'avais fini ce roman aussi épais que barbant. Mais quand on aime Proust, on ne recule devant rien et j'avoue qu'il faut être courageux pour ne pas abandonner ce pavé en cours de route. Plus que "dans à l'ombre des jeunes filles en fleurs" qui avait un certain charme frivole, dans "le côté de Guermantes", on reste enfermé sans des salons mondains en compagnie du narrateur. C'est bien clair, il ne se passe rien. Ayant fait en cours de route, une coupure avec Zola, il faut quand même être un peu maso pour retourner dans l'hôtel de Guermantes, le plus renommé du tout Paris et où se retrouve tout le gotha de l'aristocratie de l'époque. Et comme si les invités ne suffisaient pas, les discussions se portent aussi sur tous les autres, les princes et contes etc de toute l'Europe qui auraient un lien de parenté ou pas avec les Guermantes ou autres. On y vante l'esprit des Guermantes et notamment des bons mots de la duchesse. Le narrateur qui ne loupe rien et qui ne se lasse pas de ces diners sans fin est un peu moqueur mais pas suffisamment pour que l'on puisse y voir un romam sur le ridicule et la vacuité de cette aristocratie qui ne sait pas qu'elle est finissante.

Heureusement, quelques demi portions nous permettent d'y échapper comme la visite surprise d'Albertine chez le narrateur, l'agonie et la mort de la grande mère et la visite chez le fantasque comte de Charlus.

Mais je vais dire quand même que j'ai aimé par amour de la littérature et par celle notamment de Proust qui pousse le bouchon de la préciosité littéraire à des niveaux jamais égalés.



Lecture sur Kindle, novembre 2019

Équivalent pages : 765

Note : 4/5
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À la recherche du temps perdu - Intégrale

Mon père m'avait indiqué il y a quelque temps qu'il aimerait bien lire Proust, qu'il ne connaît pas. J'ai donc acheté Swann avec l'idée de lui offrir à un prochaine occasion. Mais il y a quelques jours, n'ayant rien de précis à lire, je me suis dit que je lirais bien (ou plutôt relirais) quelques lignes, sans plus, de "Longtemps je me suis couché de bonne heure."

Erreur fatale.

Telle l'image bien connue du voilier enserré par les tentacules d'un kraken, j'ai été happé dans les fonds marins de cette œuvre sans espoir d'en sortir avant un moment.

Heureusement, c'est une mer semi-tropicale aux eaux translucides où il y a tant à voir et à sentir. le nageur est environné de longues algues sinueuses et festonnées qui le frôlent à tout moment. Il rencontre de merveilleuses créatures : hippocampes fluorescents, méduses irisées, étoiles de mer aux couleurs improbables, oursins violacés, poissons tropicaux aux formes, couleurs et livrées étranges..., et tout cela dans un environnement sensuel dû à la tiédeur de l'eau et à sa nature marine : la mer n'est-elle pas à l'origine de la vie, n'est-elle pas pleine des semences des poissons, le nageur n'est-il pas

bercé par le flux et le reflux des vagues et des marées ?

Les longues algues ne sont-elles pas ces longues phrases proustiennes aux multiples propositions qui caressent en permanence le cerveau et l'esprit du lecteur. Leur rythme ne le plonge-t'il pas dans un état d'hébétude proche de celui du bébé qui va s'endormir ? La sensualité n'est-elle pas présente très vite dans l'oeuvre, pour le plus la quitter ? Ces créatures marines chatoyantes ne sont-elles pas toutes ces images, métaphores, finesses d'esprit, considérations esthétiques, voire traits d'humour que l'on y rencontre abondamment ?

Mais il est tard et temps de s'endormir : le lecteur poursuivra demain soir, tel le nageur qui, ayant fini son apnée, remonte à la surface avant de replonger. Quand il remonte, il voit la surface de la mer scintillante au soleil grâce à la réverbération des innombrables vaguelettes : n'est ce pas la couverture du livre encore illuminée de toutes les phases et propositions qu'il contient, qui chacune apporte un éclairage particulier sur le propos de l'auteur ?

Ne lisant pratiquement jamais deux fois un même livre, c'est une exception et, sans avoir été plus loin cette fois que la description de l'église de Combray, c'est cette impression qui s'impose déjà puissamment au lecteur amateur que je suis : cela risque d'être très addictif !
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