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Citations de Marguerite Audoux (83)


– C’est vrai ! dit Eugène en s’adressant à moi. Cela m’est très pénible de voir égorger les bêtes.
– Bah ! dit maître Sylvain, les bêtes sont faites pour nous nourrir comme le bois pour nous chauffer.
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Pendant l'heure de la sieste, je montais au grenier pour lire un peu. J'ouvrais le livre au hasard ; et à le relire ainsi, j'y découvrais toujours quelque chose de nouveau.
J'aimais ce livre, il était pour moi comme un jeune prisonnier que j'allais visiter en cachette. Je l'imaginais vêtu comme un page et m'attendant assis sur la solive noire.
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Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune.
Les manches retroussées jusqu'aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux qui sortaient de là tout luisants et gouttelants et qui me faisaient penser des branches mortes, les jours de pluie.
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Quelques-unes ne se gênaient pas pour se moquer de l’accent du
patron. Comme il prononçait crante au lieu de quarante, on confondait souvent avec trente, et cela causait des erreurs dans les mesures. Aussi,
on entendait tout à coup une voie hardie :
– Patron, combien faut-il de centimètres à l’encolure du vêtement bleu ?
– Crante... répondait le patron.
Et la voie hardie reprenait :
– Ça prend-il un 3 ou un 4, votre chiffre ?
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Elle retira ses mains pour les mêler aux miennes, et sans me quitter du regard, avec un accent plein de prière, elle me parla :
– Ma douce fille, écoute-moi : ne deviens jamais une pauvre religieuse !
Elle eut comme un long soupir de regret, et elle reprit :
– Notre habit noir et blanc annonce aux autres que nous sommes des créatures de force et de clarté, et toutes les larmes s’étalent devant nous, et toutes les souffrances veulent être consolées par nous ; mais pour nous, personne ne s’inquiète de nos souffrances, et c’est comme si nous n’avions pas de visage.
Puis elle parla d’avenir ; elle disait :
– Je m’en vais où vont les missionnaires. Je vivrai là-bas dans une maison pleine d’épouvante ; j’aurai sans cesse devant les yeux toutes les laideurs, et toutes les pourritures !
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J’expliquai ces choses à Mme Dalignac. Je lui appris comment certaines patronnes gagnaient gros en faisant faire hors de chez elles des centaines et des centaines de vêtements. Je lui indiquai les maisons de la rue du Sentier où l’on portait des modèles, et d’où l’on rapportait les étoffes à pleines voitures lorsque le modèle avait du succès.
Elle m’écouta attentivement et ce nouveau travail lui apparut bientôt comme un métier où son mari pourrait s’employer sans grande fatigue. Elle réfléchissait après chaque détail qu’elle me faisait préciser, et quand elle sut que les maisons de gros payaient à date fixe et qu’elle ne serait plus obligée de présenter indéfiniment ses factures, elle décida de faire quelques jolis modèles qu’elle porta aussitôt rue du Sentier.
Elle revint un peu attristée des prix qu’on lui avait offerts. Cependant, elle rapportait douze commandes de la maison Quibu, qu’elle coupa immédiatement. Et, au bout de la journée, nous savions que notre gain allait s’augmenter du double.
Il nous vint un grand courage et une grande gaieté. Mme Dalignac riait de son rire frais et il me semblait entendre le patron quand il disait : « Elle rit joli, ma femme. »
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- Vous serez bergère, mademoiselle !
Elle ajouta, en appuyant sur les mots :
- Vous garderez les moutons.
Je dis simplement :
- Bien, ma Mère.
Elle remonta des profondeurs de son fauteuil, et demanda :
- Vous savez ce que c’est que garder les moutons ?
Je répondis que j’avais vu des bergères dans les champs.
Elle avança vers moi sa figure jaune, et reprit :
- Il vous faudra nettoyer les étables. Cela sent très mauvais ; et les bergères sont des filles malpropres. Puis, vous aiderez aux travaux de la ferme, on vous apprendra à traire les vaches, et à soigner les porcs.
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Sa préférée était une belle vache blanche que maître Sylvain avait achetée au printemps. À tout instant elle levait la tête et regardait au loin, et tout d’un coup elle partait, le mufle tendu. Le vacher criait à pleine voix :
– Arrête, la Blanche, arrête.
Le plus souvent elle s’arrêtait d’elle-même, mais il y avait des moments où il fallait lui envoyer le chien. Il lui arrivait aussi de lutter contre lui pour passer quand même, et c’était seulement quand il la mordait au mufle qu’elle rentrait dans le troupeau. Le vacher la plaignait et disait :
– On ne sait pas ce qu’elle regrette.
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il me chantait la chanson de l’Eau et du Vin.

C’était une chanson qui avait au moins vingt couplets. L’eau et le vin s’accusaient réciproquement de faire le malheur du genre humain, tout en s’adressant à eux-mêmes les plus grands éloges.
Moi, je trouvais que c’était l’eau qui avait raison, mais le vacher disait que le vin n’avait pas tort non plus. Nous restions de longues heures ensemble. Il me parlait de son pays qui était très éloigné de la Sologne.
Il me raconta qu’il avait toujours été vacher, et qu’un taureau l’avait roulé et blessé quand il était encore enfant. Il en était resté longtemps malade, avec des douleurs qui le faisaient crier ; puis les douleurs avaient fini par s’en aller, mais il était devenu tout tordu comme je le voyais.
Il se souvenait du nom de toutes les fermes où il avait été vacher. Les gens étaient méchants ou bons, mais jamais il n’avait trouvé de si bons maîtres qu’à Villevieille.
Il trouvait aussi que les vaches de maître Sylvain ne ressemblaient pas à celles de son pays, qui étaient petites, avec des cornes pointues comme des fuseaux. Celles-ci étaient grandes et fortes, avec des cornes rugueuses et sans finesse. Il les aimait et leur parlait en les nommant par leur nom. Sa préférée était une belle vache blanche que maître Sylvain avait achetée au printemps.
À tout instant elle levait la tête et regardait au loin, et tout d’un coup elle partait, le mufle tendu. Le vacher criait à pleine voix :

– Arrête, la Blanche, arrête.
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Églantine, à l’école, faisait de rapides progrès et cela sans se donner la moindre peine. Jamais on ne la voyait étudier. Elle lisait sa leçon une fois et ne l’oubliait plus. Elle comprenait avant qu’on ait fini de lui expliquer, mais il lui fallait toujours aller au fond des choses. Et s’il lui arrivait de lire ou d’entendre un mot qu’elle ne comprenait pas, elle le tournait et retournait dans sa tête jusqu’à ce qu’elle en ait trouvé la signification.
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Les bruits de la ville n’arrivaient pas jusqu’à nous, et le vent qui passait dans les feuilles était doux à entendre comme un froissement de soie.
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Quelque chose se brouilla dans ma tête ; et ce ne fut qu'au bout d'un instant que je compris que les ces gros piliers norcis et délabrés par le temps étaient tout simplement les troncs des châtaigniers. En même temps, je reconnus les fenêtres à petits carreaux de la grande salle que le feu de la cheminée éclairait.
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"vous avez la passion de la lecture, hé ?
Ce reproche m'avait été adressé si souvent déjà que j'avais pris l'habitude de m'excuser en répondant que je lisais seulement à temps perdu , ou pendant la nuit lorsque je ne dormais pas.
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Sur les bancs et sur les chaises, des couples restaient inactifs et silencieux, comme écrasés de bonheur.
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– Il faut bien pardonner aux autres, si nous voulons qu’on nous pardonne !
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Cet amour a poussé ses racines dans ton cœur trop jeune, trop tendre ; elles sont maintenant fortes et vivaces, et rien ne peut les déraciner. Et comment donc feraient d’autres racines pour s’insinuer dans ton cœur ? Celles-ci ont pris toute la place.
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Et ainsi, nos dimanches se suivaient, tout remplis de grand air et de douces paroles. Et tandis que j’écoutais parler Mlle Herminie, il me semblait recevoir d’elle le précieux cadeau d’une très longue vie, toute faite d’amour et de courage, de misère et de regrets.
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Hier, Henri Deslois était entré dans la lingerie, pendant que j’étais seule : il avait fait un geste comme s’il allait me parler.

Aussitôt, mes yeux s’étaient attachés à lui, comme la première fois, et il était reparti sans rien dire.

Et maintenant que j’étais dans ce jardin sans clôture, tout entouré de genêts fleuris, le désir me venait d’y vivre toujours.

Un gros pommier se penchait à côté de moi, et trempait le bout de ses branches dans la source.

La source sortait du tronc creux d’un arbre, et le trop-plein s’en allait en petits ruisseaux à travers les plates-bandes.

Ce jardin plein de fleurs et d’eau claire me paraissait le plus beau jardin de la terre, et quand je tournais la tête vers la maison grande ouverte au soleil, j’attendais toujours qu’il en sortît des êtres extraordinaires.
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— Ma douce fille, écoute-moi : ne deviens jamais une pauvre religieuse !

Elle eut comme un long soupir de regret, et elle reprit :

— Notre habit noir et blanc annonce aux autres que nous sommes des créatures de force et de clarté, et toutes les larmes s’étalent devant nous, et toutes les souffrances veulent être consolées par nous ; mais pour nous, personne ne s’inquiète de nos souffrances, et c’est comme si nous n’avions pas de visage.
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Il ne fit qu’une toute petite pause et sa voix recommença de se faire entendre. Il parlait comme les gens qui ont hâte d’être approuvés. Il réunissait en un seul nos deux avenirs comme pour mieux les tenir dans sa main et les diriger à sa guise. Mais tandis qu’il m’exposait ce que serait notre vie à tous deux lorsque je serais devenue sa femme, j’oubliai sa présence, et je n’entendis même plus le son de sa voix.
Les maisons et les rues s’effacèrent aussi, des bruyères et des sapins s’élevèrent à leur place. Et là, devant moi, au milieu d’un buisson de houx et de noisetiers sauvages, un homme se tenait immobile et me regardait.
Je reconnaissais ses yeux larges et doux dont la prunelle ne se séparait pas des paupières, et qui semblaient deux oiseaux peureux venant se poser sur moi avec confiance. Puis les yeux et les bruyères se changèrent en pierres précieuses et s’éparpillèrent sur les toits revenus, pendant que Clément disait en haussant le ton :
– Je vois bien que vous ne m’aimez pas. Mais qu’est-ce que cela fait ? Vous m’aimerez quand nous serons mariés.
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