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EAN : 9782246200239
414 pages
Grasset (14/03/2008)
3.32/5   14 notes
Résumé :
Une enfance de bergère orpheline, en Sologne, au début de la IIIº République.Le petit peuple prend la parole, servi par la sincérité, la simplicité de l'auteur. Une émotion inoubliable.
En 1920, dix ans après le triomphe de Marie-Claire, Marguerite Audoux donnait une suite à son roman. L'Atelier de Marie-Claire dépeint la vie quotidienne de la bergère solognote, devenue adolescente et montée à Paris pour apprendre le métier de couturière. La solitude, la misè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Encore une fois la petite collection rouge de Grasset fait merveille: rééditer , ensemble, Marie-Claire et L'Atelier de Marie-Claire, voilà un joli coup double!

Le livre est ancien, l'époque aussi, avant la guerre de 14, mais rien n'y est "daté".

Pourtant, si je résume, on a l'impression d'avoir vu ce scénario dans tous les romans à l'eau de rose, les mélos ou les feuilletons populistes...Les Misérables , mais sans le panache..

Marie-Claire, enfant pauvre, vit en Sologne, terre pauvre. Orpheline de mère, abandonnée par son père, buveur, elle perd de vue sa soeur dont on la sépare, et est placée dans un couvent pour y apprendre un métier qui lui donnera un peu d'autonomie, ou, sinon, pour la faire entrer dans les ordres, et prier pour son prochain...

L'affection d'une "bonne soeur", Marie-Aimée, lui donne plus: elle connaît l'amour maternel, qui lui a tant manqué, et par le biais des amours devinées de la jeune soeur pour le curé du couvent, elle entrevoit le mystère palpitant de l'amour humain..

Elle quitte le couvent, et devient bergère. Puis ouvrière dans un atelier de couture...

Le résumé de Marie-Claire n'a, comme souvent, aucun intérêt. A deux détails près.

Le premier, c'est que Marie-Claire, c'est Marguerite Audoux...

Charles-Louis Philippe, auteur de "Bubu de Montparnasse" qui riait volontiers avec cette petite couturière presque aveugle, découvrit un jour qu'elle écrivait, il lut son manuscrit, s'enthousiasma, le fit lire à Octave Mirbeau...et Marguerite Audoux reçut pour son premier livre le Prix Fémina. le premier point , c'est son authenticité: voilà une espèce de conte de fées qui semblerait lui aussi relever du poncif ou du happy end d'un roman à l'eau de rose, s'il n'était entièrement vrai.

Le second point qui distingue ce roman d'un feuilleton pour Bovary de campagne, c'est le style.

Une façon aérienne de relier entre eux les événements, sans jamais s'appesantir sur les liens de causalité, sans expliciter les non-dits, sans percer le mystère des relations aux êtres, sans tuer la poésie des relations aux choses, sans alourdir d'images inutiles la description de la nature toujours juste, directe et simple. je ne résiste pas au plaisir de vous donner l'incipit de ce récit: il en donne le ton, la force discrète et l'originalité:

"Un jour, il vint beaucoup de monde chez nous. Les hommes entraient comme dans une église, et les femmes faisaient le signe de la croix en sortant.

Je me glissai dans la chambre de mes parents, et je fus bien étonnée de voir que ma mère avait une grande bougie allumée près de son lit. Mon père se penchait sur le pied du lit, pour regarder ma mère, qui dormait les mains croisées sur sa poitrine.

Notre voisine, la mère Colas, nous garda tout le jour chez elle. À toutes les femmes qui sortaient de chez nous, elle disait :

— Vous savez, elle n'a pas voulu embrasser ses enfants.

Les femmes se mouchaient en nous regardant, et la mère Colas ajoutait :

— Ces maladies-là, ça rend méchant.

Les jours qui suivirent, nous avions des robes à larges carreaux blancs et noirs."

Cette écriture blanche, ce refus du pathos, cette légèreté grave, c'est tout Marguerite Audoux...Une bergère un peu sylphide,dans sa forêt solognote, une cousette presque aveugle qui savait regarder avec les yeux de l'âme..

Un grand écrivain, à redécouvrir!

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Hier, Henri Deslois était entré dans la lingerie, pendant que j’étais seule : il avait fait un geste comme s’il allait me parler.

Aussitôt, mes yeux s’étaient attachés à lui, comme la première fois, et il était reparti sans rien dire.

Et maintenant que j’étais dans ce jardin sans clôture, tout entouré de genêts fleuris, le désir me venait d’y vivre toujours.

Un gros pommier se penchait à côté de moi, et trempait le bout de ses branches dans la source.

La source sortait du tronc creux d’un arbre, et le trop-plein s’en allait en petits ruisseaux à travers les plates-bandes.

Ce jardin plein de fleurs et d’eau claire me paraissait le plus beau jardin de la terre, et quand je tournais la tête vers la maison grande ouverte au soleil, j’attendais toujours qu’il en sortît des êtres extraordinaires.
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On arriva bientôt près du grand bois où le loup m’avait pris un agneau.

J’avais gardé de ce bois une frayeur mystérieuse, et quand on quitta le sentier de la rivière pour prendre un chemin qui traversait les bois, je fus prise d’une véritable épouvante.

Cependant le chemin était large ; il devait même y passer souvent des voitures, car les ornières y étaient profondes.

Au-dessus de nos têtes, les aiguilles des sapins crissaient continuellement en se frôlant. Cela faisait un bruit doux et léger qui ne ressemblait en rien au chuchotement sec et coupé de silences que le bois avait fait entendre quand il était chargé de neige. Malgré cela, je ne pouvais m’empêcher de regarder derrière moi.
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Je cherchai vivement à voir ce qui avait pu les effrayer ainsi, et à deux pas de moi, au beau milieu du troupeau, je vis un chien jaune qui emportait un mouton dans sa gueule. Je pensai tout d’abord que Castille était devenue enragée, mais, dans le même instant, Castille se jeta dans mes jupes en poussant des hurlements plaintifs. Aussitôt je devinai que c’était un loup. Il emportait le mouton à pleine gueule, par le milieu du corps. Il grimpa sans effort sur le talus et quand il sauta le large fossé qui le séparait du bois, ses pattes de derrière me firent penser à des ailes. À ce moment je n’aurais pas trouvé extraordinaire qu’il se fût envolé par-dessus les arbres.
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— Ma douce fille, écoute-moi : ne deviens jamais une pauvre religieuse !

Elle eut comme un long soupir de regret, et elle reprit :

— Notre habit noir et blanc annonce aux autres que nous sommes des créatures de force et de clarté, et toutes les larmes s’étalent devant nous, et toutes les souffrances veulent être consolées par nous ; mais pour nous, personne ne s’inquiète de nos souffrances, et c’est comme si nous n’avions pas de visage.
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Video de Marguerite Audoux (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marguerite Audoux
"La diaspora juive portugaise. Nouveaux-chrétiens, crypto-juifs, marranes, les gens de la «Nation» XVe-XXIe siècle."
Présentation par Livia Parnes à l'occasion de sa présentation à la Bibliothèque Marguerite Audoux à Paris.
Exposition itinérante proposée par les éditions Chandeigne et conçue par Livia Parnes.
En 1497, la communauté juive du Portugal est baptisée de force. Pour ces «nouveaux chrétien» commence alors une longue période d'émigration, rythmée par les persécutions et les conjonctures locales.
Cette exposition propose de suivre le destin de cette diaspora juive portugaise et de montrer comment, par-delà les multiples voies qu'elle a empruntées, elle a su conserver une étonnante cohésion – dont témoigne une nouvelle notion d'appartenance collective, désignée par le terme A Nação.
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