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Critiques de Marielle Macé (35)
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Respire

Ce livre m'a été conseillé par ma libraire. Je ne connaissais pas du tout cette auteure. Ce petit livre est une belle expérience où nous assistons à un parallèle entre le fait de respirer et le monde oppressant actuel dans lequel nous vivons. Et le coup de génie de l'écriture de Marielle Macé est d'arriver à mettre en perspective l'ensemble de ces éléments. Une lecture utile pour le temps présent.









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Sidérer, considérer

Plaidoyer pour la considération des migrants, grands vivants.



Sur le quai d’Austerlitz, à Paris, s’est établi pendant quelques mois un camp de migrants et de réfugiés qui a été détruit en septembre 2015, mais où se sont vite réinstallées des tentes ; un camp discret, mal visible, peu médiatisé.



Convoquant W.G. Sebald, dont le roman «Austerlitz» se conclut par ce voisinage exorbitant de la Bibliothèque Nationale de France et du terrain vague du quai d’Austerlitz où jusqu’à la fin de la guerre les Allemands regroupaient dans un vaste entrepôt les biens pillés dans les appartements des juifs, Marielle Macé relève la sidération qui naît du côtoiement stupéfiant entre la très grande bibliothèque et le camp de réfugiés peu visible installé là, sous la Cité de la Mode et du Design sur les rives de la Seine, en un espace inhabitable et pourtant habité – impossible côtoiement des livres et de l’exil précaire qui renvoie à la trajectoire tragique de Walter Benjamin.



La suite sur le blog Charybde 27 ici :
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Respire

Dans l'asphyxie d'un soir de canicule, souffrant fatigue d'avaler les fumées des feux de tant de forêts, même lointaines, et de ne plus pouvoir ingurgiter, sans nausée, "l'air du temps", la parole inespérée, les mots comme un souffle d'air pur, revivifiant, de Marielle Macé... Un petit opuscule nécessaire, aussi lucide et pertinent que pouvaient l'être "Sidérer, considérer" (Verdier, 2017) ou "Nos cabanes" (Verdier, 2019) - et, si vous ne les avez pas lus, il n'est pas trop tard ! -, une analyse du "respirer" et de tout ce qui l'entrave, d'un point de vue socio-psychologique, historique, politique, merveilleusement servie par une langue qui sait, elle-même, inspirer, reprendre et donner souffle! Où l'on apprend que la respiration est aussi affaire de lutte des classes et qu'elle ne saurait se restaurer correctement sans un retour à la considération d'autrui, sans une réparation des liens, du discours et des projets communs. Que pour respirer mieux, il faut peut-être ... "conspirer" (en débarrassant évidemment le mot de toutes les mauvaises connotations liées aux récents "conspirationnismes"), au sens de respirer ensemble, de retrouver le sens de la solidarité. Et puis rendre de l'air à la parole, pour lui (et nous) redonner liberté et douceur... Un livre essentiel et magnifique, à mettre entre toutes les mains en cette irrespirable fin d'été!
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Nos cabanes

Je n'ai pas accroché. Le thème me plait mais pas la façon d'écrire de l'auteure : emploi systématique d'un vocabulaire et de tournures complexes, surcharge de citations qui allourdissent les phrases et n'aident pas toujours à suivre le raisonnement. Pour moi, l'art d'exprimer de façon compliquée des choses simples et des sentiments remarquables. Je comprends que d'autres aient aimé, mais ce style d'ouvrage, pourtant court, est indigeste pour moi. Ce que j'ai préféré c'est la citation mise en exergue d'Olivier Cadiot "Faut qu'on se refasse une cabane, mais avec des idées au lieu des branches de saule, des histoires à la place des choses". Perso, je pense que l'auteure a besoin de se refaire, en premier, une petite cabane toute simple avec des planches, des clous et un marteau. Le maniement des outils manuels apprend parfois la simplicité.
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Nos cabanes

TOUS AUX CABANES !



Taux d'ensoleillement élevé et sans risque sous le jaune des éditions Verdier. Enchantement et questionnement à chaque page de ce manifeste où la pensée loin de s'assécher, fonctionne en rhizome. Tirer sur un fil, ce sont de possibles liens et noeuds qui apparaissent. Partir d'un seul mot "cabane" ou "nous/nou-ons", c'est déployer un éventail de pensées et d'idées pour habiter autrement ce monde abîmé.



Quand poésie et politique font bon ménage. Un essai littéraire aircooling et déshydratant. Mais si faites moi confiance :-).



J'ai adoré.
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Styles: Critique de nos formes de vie

Essai surprenant qui croise l'analyse littéraire avec la recherche en science sociale. On passe donc d'Henri Michaux à Pierre Bourdieu, de Charles Baudelaire à Michel Foucault, de Pier Paolo Pasolini à Roland Barthes. Enfin une universitaire qui décloisonne, qui confronte les disciplines, pour le meilleur. Même si l'ensemble à de quoi terrifier le simple lecteur, la posture intellectuelle de Marielle Macé est tellement belle qu'elle engage celui qui la suit à vouloir la comprendre. Car nous n'assistons pas à une leçon, un cours magistral sur ce qu'est le monde, sur ce que nous sommes, mais à une véritable recherche, à une confrontation des connaissances, à une mise en doute des certitudes, pour observer le "comment".

Marielle Macé observe, observe vraiment, avec attention, c'est la seule leçon qu'elle nous donne, de manière involontaire. C'est aussi une forme de vie.



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Façons de lire, manières d'être

Il m'a fallu plus de trois semaines pour terminer ce livre d'un peu plus de 250 pages. Voilà qui ne me ressemble pas ! L'explication est simple : cet essai est bien trop compliqué pour moi.



Je m'attendais à un livre sur les pratiques de lecture, ponctué de nombreux exemples concrets. En vérité, il n'en est rien. L'auteure s'intéresse plutôt à des concepts théoriques définissant la manière d'aborder la littérature. Elle se base sur les réflexions de grands noms comme Marcel Proust, Jean-Paul Sartre ou Roland Barthes. Le souci c'est que je ne suis pas particulièrement familière de ces auteurs et philosophes. Je m'intéresse plus aux approches de monsieur et madame tout le monde... De plus, le vocabulaire utilisé et les concepts auxquels elle fait référence ont vraiment un côté trop "universitaire".



Bref, ce fut une lecture très prise de tête...
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Nos cabanes

Sous les cabanes de Kawamata Jens nous a fait la lecture de Nos Cabanes de Marielle Macé. Je me suis empressée de télécharger le livre sur ma liseuse.



Marielle Macé m'a fait découvrir les Noues de son Pays Nantais 



Une noue est un fossé herbeux en pente douce, aménagé ou naturel (l’ancien bras mort d’une rivière par exemple), qui recueille les eaux, permet d’en maîtriser le ruissellement ou l’évaporation, de reconstituer les

nappes souterraines et de ménager les terres. C’est un abri végétal qui limite la pollution, et s’est mis à protéger des inondations les villages



Les noues, les noës comme autant d’arches, arches d’eaux vives et de pratiques, où conserver non pas des choses mais des forces, où faire monter des inquiétudes, des pensées, des combats.



J'ai adoré cette découverte très personnelle qui conduit le lecteur dans l'ombre portée de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, cabanes en lutte, cabanes revendicatives mais aussi invention d'un autre vie



Faire des cabanes : imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé. Trouver où atterrir, sur quel sol

rééprouvé, sur quelle terre repensée, prise en pitié et en piété. Mais aussi sur quels espaces en lutte, discrets ou

voyants, sur quels territoires défendus dans la mesure même où ils sont réhabités, cultivés, imaginés, ménagés

plutôt qu’aménagés.



Les cabanes de Marielle Macé sont des cabanes militantes, des cabanes collectives, imaginatives ce ne sont pas des cabanes d'enfants ou de vacanciers, encore moins des cabanes de bidonville (quoique!). Ce sont parfois des cabanes de papier, de pensée, d'amitié...



Et l’enjeu est bien d’inventer des façons de vivre dans ce monde abîmé :





Nous sommes cosmopolites mais pratiquons le local : dans des sphères restreintes et de fait habitables, nous

façonnons des objets qui nous ressemblent, puis nous les partageons.





peut bâtir comme on jardine (cela demande de mêler architecture pérenne et architecture provisoire, de ne pas tout vouloir « installer



Et puis dans Le Parlement élargi l'autrice nous entraine dans le sillage d'artistes comme Giuseppe Penone, ou dans les paysages acoustiques de Bernie Krause, de poètes comme Ponge  qui fait entendre l'eau, l'arbre, s'adresse à eux, leur pose des questions....Bailly pour quoi les animaux "conjuguent les verbes en silence" pour les plus connus. Elle ouvre des possibles, des rencontres . Et, une repolitisation du lien, un point de vue différent . Peut-être celui d'une nouvelle génération, celle des zadistes, des hommes des cabanes? Pour réenchanter un monde dévasté où les oiseaux ne chanteraient plus?



A suivre....
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Une pluie d'oiseaux

Ce livre s'inscrit dans une genre particulier : l'écopoétique. C'est une forme de poétique (études des représentations et des formes du langage) en lien avec la nature. Ici, l'auteur prend l'oiseau comme sujet principal et en détaille avec érudition et vivacité toutes les caractéristiques : sa beauté, son chant, ses couleurs, sa capacité unique à voler. Cela l'amène à s'intéresser au langage et en particulier au symbole de l'oiseau dans la poésie, et même à la façon dont l'oiseau est un animal propre à exister à travers la poésie. Je conseille cette lecture aux amoureux des oiseaux... et de la poésie !
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Nos cabanes

Au fil dense d’une métaphore organique, poétique et ramifiée, une contribution essentielle à un arsenal mental nécessaire pour imaginer des futurs concrets moins délétères que ce qui nous semble encore promis.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/28/note-de-lecture-nos-cabanes-marielle-mace/



Deux ans après le somptueux appel doux (mais fort résolu) à un autre regard sur les réfugiés entassés dans des camps de fortune à « nos portes », ici et là, que constituait « Sidérer, considérer », Marielle Macé nous offrait en mars 2019, toujours dans la précieuse collection Petite jaune des éditions Verdier, avec ce « Nos cabanes », un travail merveilleux de conduite métaphorique du changement, travail qu’elle entamait dans ses premières pages en nous entraînant à Notre-Dame-des-Landes sur les traces de la noue, première et riche pierre de sa proposition en forme de jeu de go sémantique et politique.



Prenant appui sur cette noue géographique et agricole pour en extraire les significations possibles comme des passerelles poétiques vers d’autres constructions et horizons à défendre, vers une piste à suivre en compagnie de Gilles Clément et de son tiers paysage, d’Emmanuelle Pagano et de son « Nouons-nous », d’Aragon et de ses « Chambres », de Victor Hugo et de ses « Misérables », même (et de la reprise par Patrick Boucheron, dans sa leçon inaugurale au Collège de France, de cette phrase-ci : « Étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait »), de Noémi Lefebvre et de sa « Poétique de l’emploi », d’Anna Tsing et de son « Champignon de la fin du monde », du collectif d’artistes Catastrophe et de sa reprise de main sur les ruines sociales, de la cinéaste Claire Simon et de son « Bois dont les rêves sont faits », de Fred Griot et de sa « Cabane d’hiver », de Jean-Marie Gleize et de son « Livre des cabanes », « écrit à Tarnac, en soutien à Tarnac », de l’artiste Giuseppe Penone et de son « Être fleuve », de Charles Heller et Lorenzo Pessani, avec leur terrifiante et pourtant sublime « Forensic Oceanography » – qui nous ramène à cette Méditerranée devenant cimetière sous nos yeux, mais pas uniquement -, du documentariste Patricio Guzmán et de son « Bouton de nacre », de Rachel Carson et de son « Printemps silencieux », des anthropologues contemporains, Philippe Descola ou Tim Ingold au premier chef, qui étendent notre définition compréhensive du vivant, de Francis Ponge et de son « Carnet du bois de pins », parmi bien d’autres compagnes et compagnons de route vers ce lendemain ré-habité, ô combien différemment, Marielle Macé nous invite donc avec grande force à échafauder nos propres cabanes, physiques et métaphoriques.



On sait la puissance de réenchantement défensif et offensif que peut véhiculer l’imaginaire des cabanes, ligne de fuite vers laquelle Marielle Macé dirige son propos faussement vagabond, donnant son titre à son texte – en résonance avec l’exhortation amicale, poétique et sérieuse d’Olivier Cadiot, rappelée en quatrième de couverture : « Faut qu’on se refasse une cabane, mais avec des idées au lieu de branches de saule, des histoires à la place des choses ». Les magiciens des éditions Antidata, dans leur beau recueil collectif de nouvelles (« Petit ailleurs », 2017), la jeune dramaturge Millie Duyé, dans sa nouvelle primée, bouleversante et si prometteuse, « Des cabanes » (à lire dans le recueil « La femme à refaire le monde et autres nouvelles », 2019), le redoutable Frédéric Fiolof, dans sa « Magie dans les villes » (2016), ont su, parallèlement au recensement si productif conduit ici par l’autrice, nous montrer ce que la cabane peut porter et soutenir, à sa manière la plus fragile justement. Au fil de cette centaine de pages foisonnantes d’imagination et de poésie, et pourtant extrêmement déterminées, Marielle Macé étaye la métaphore en une approche à la fois indicielle et de solidification progressive, et nous fournit ainsi discrètement des armes beaucoup plus puissantes qu’on ne le croirait au premier abord pour inventer des lendemains différents et, enfin, peut-être, moins délétères.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Sidérer, considérer

Pour dépasser la sidération et retrouver et déployer la considération vis-à-vis des humains en fuite, réfugiés sous nos yeux, un petit texte de combat à la robustesse intelligente et pénétrante. Encore et toujours nécessaire.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/16/note-de-lecture-bis-siderer-considerer-marielle-mace/



Ma collègue et amie Marianne nous avait déjà signalé à sa sortie en 2017, sur ce même blog (ici), avec enthousiasme et précision, l’importance de ce petit texte combatif et profond de Marielle Macé, dans cette collection de petits formats des éditions Verdier, qui regorgent toujours davantage de ces précieuses munitions pour un nécessaire combat permanent, à l’image aussi du « Ministère des contes publics » de Sandra Lucbert, du « Du cap aux grèves » de Barbara Stiegler, ou encore du « Prendre dates » de Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet.



En entrechoquant brillamment et crûment l’à peine visible du camp de réfugiés du quai d’Austerlitz en 2015 et l‘invisible de tout ce qui donne du sens à cette situation humaine et politique, avec W.G. Sebald et Walter Benjamin, tout particulièrement, Marielle Macé offre un décryptage sensible, à la charnière justement de la sidération et de la considération, des modalités des fuites contemporaines et des accueils déficients, en pleine résonance avec le travail échelonné au long cours de la poésie migrante tous azimuts d’un Patrick Beurard-Valdoye, et très notamment de ses « Gadjo-Migrandt » de 2014 et « Le narré des îles Schwitters » de 2007, refusant nettement la tentation d’une littérature comparée des exils dont se repaissent bien trop de nos décideurs politiques. Notre regard sur l’autre en déroute et en survie s’inscrit dans une géographie de l’instant, une compréhension du lieu et une saisie authentique de l’humain, et « Sidérer, considérer » nous le rappelle intelligemment et crûment, en moins de 70 pages.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Sidérer, considérer

Dans son essai court et dense, Marielle Macé cherche à tenir le fil entre visibilisation des lieux de la marge et exploration sémantique des mots pour dire l'impensé et l'invisible de nos sociétés, incarnés par les camps de réfugiés.



La cartographie est ainsi avant tout linguistique, puisqu'il s'agit de trouver les mots pour exprimer avec justesse le combat pour une justice sociale, d'occuper l'espace béant allant du "considérer", regarder avec égard, au "considérant" administratif faussement neutre, justifiant la destruction d'un camp illégal.



S'appuyer sur une saine colère, poétique même, selon l'auteur, représenterait une prise de position politique pour exiger l'inclusion, l'audibilité et la visibilité des vies précaires marginalisées mais aussi des espaces urbains occupés, parfois sous nos yeux mais ignorés. Une résistance donc à tout processus de banalisation qui commencerait déjà dans la langue utilisée pour penser ce qui résiste à nos conceptions de la réalité sociale.
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Sidérer, considérer

Court essai poétique et érudit, manière décalée et distancée - donc pertinente - d’aborder la question des migrants. Réflexion intelligente et stimulante, loin des polémiques stériles.
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Nos cabanes

Bonsoir à toi qui passe par là. Hier, j’ai lu « Nos cabanes » de Marianne Macé paru aux éditions Verdier et quelle belle découverte littéraire ce fut. Dans cet essai, l’auteure nous invite à une réflexion sur les cabanes, celles de l’enfance qu’on bâtit comme des cocons pour abriter nos rêves, celles élevées pour résister comme les cabanes des ZAD mais également les cabanes mentales, des espaces de pensée collective et de changement. Marielle insuffle beaucoup de poésie et d’amour du vivant dans ses mots et on ressort de cette lecture avec beaucoup d’espoir et de désir d’imaginer le monde demain, loin du capitalisme et de l’indivualisme qui ont forgés cette société malade où les solitudes se côtoient. Dans ce joli petit livre à la couleur du soleil, elle aborde le concept de la « noue », la noue comme abri végétal, la noue comme espace ovidien devenu lieu de lutte. « Nouons-nous » clame l’auteure, « faisons et défaisons des collectifs avec ces solitudes et non pas malgré elles ». De belles références aussi dans cette cabane de papier comme Aragon ou Henri Michaud, l’actualité du Zad de Notre-Dame des landes et la notion de mémoire de la nature, notamment la mémoire de la Méditerranée suite au drame des migrants. Un livre moderne et nécessaire, de ceux qui réveillent l’esprit, font réfléchir et nous rendent acteur d’un monde à habiter autrement. Merci Marielle... Rendez-vous en story pour quelques extraits qui j’espère vous donneront l’envie de l’acquérir. #noscabanes #verdier #mariellemacé #bookstagram #booksaddict #livrovore #instalivresque #ecologie #decroissance #zad #cabanes #habitatleger #philosophie #demain #migrants #lirepourleplaisir #lireetpartager #instalivres #book
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Nos cabanes

Un tout petit livre, un essai dense et exigeant.



Cabanes, un mot qui nous rappelle nos souvenirs d’enfance, un mot synonyme de vacances, de plaisir, de plage mais aussi un mot qui convoque les images dévastatrices d’état de précarité contemporaine, de ces migrants installés en bord de périphérique par exemple.

L’autrice est professeur à l’université, elle observe ses étudiants et dit apprendre beaucoup d’eux (ce dont je ne doute pas, j’apprends tous les jours de mes élèves).

Elle cite de nombreuses références pour étayer son texte, ses arguments … cela va de Pavese à Thoreau et, entre autres, Boltanski.



Pour Boltanski une vie vaut une vie, la richesse et le diplôme ne sont rien. Mais pour notre société capitaliste, seul compte la place que l’on peut se faire grâce à son niveau de vie, son statut, son salaire …

Nos jeunes, ses étudiants, les militants écologistes qui s’installent dans les ZAD telles que Notre-Dame des Landes par exemple se trouvent face à la dévastation du monde dont nous sommes responsables, pour attirer l’attention et essayer de s’en sortir, ils construisent des choses plus fragiles à nos yeux mais mieux adaptées à l’état du monde.



Ils se reconnaissent tous dans une même expérience sociale, on leur dit que pour eux il n’y aura pas de place, pas d’emploi, pas de retraite, pas de logement, pas de soins (en tout cas pas comme nous avons eu le « bonheur » de connaître).

Ils n’habitent plus des bâtiments mais des milieux. Ils expérimentent le fait que d’autres vies sont possibles, ils tissent des liens, ils renouent des liens entre les plus anciens et eux, une autre manière de vivre plus large dans l’amitié et le collectif.



Ils tentent de prouver qu’une autre façon de cultiver, de se nourrir est possible. Il ne s’agit pas uniquement d’espaces où l’on réclame autre chose mais où on vit autre chose. Ils ne veulent plus se faire une petite place là où ça ne gêne pas trop mais penser l’espace, les rapports humains dans un monde où l’abondance ne soit plus matérialiste mais soit relationnelle, écologique.

Résumer en quelques lignes toutes ces idées foisonnantes n’est pas simple pour une lectrice lambda mais une chose est certaine, j’ai vraiment apprécié ma lecture et je ne me limiterai pas à le lire une seule fois (deux pour être honnête, pour écrire ma chronique j’ai du m’y replonger presque complètement).



J’ai apprécié le sujet du livre mais aussi son travail sur la langue. L’utilisation du mot « noue » un nom de lieu qui désigne des fossés de rétention d’eau, technique ancienne et respectueuse des sols, un mot qui résonne très fort quand on veut revenir à une agriculture écologique par rapport à l’utilisation massive d’engrais. Elle travaille le mot « noue » avec le pronom « nous », elle croise des extraits de poèmes, des réflexions sociologiques, politiques … des thème que j’affectionne particulièrement.



J’ai d’ores et déjà noté Marielle Macé dans ma liste d’autrice à suivre, à découvrir de façon exhaustive.

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Sidérer, considérer

Texte très stimulant sur la question du regard et l'emploi du vocabulaire envers les migrants. A partir d'un campement placé non loin d'une grande gare parisienne et de la BNF avec ses tours et son esplanade inhospitalière, Marielle Macé prend le temps de passer par la littérature et la culture pour nous parler de ces migrants invisibles et d'opérations de solidarité menées avec eux comme ce collectif PEROU. Mais surtout ce qui frappe c'est la diversité des approches littéraires qu'elle suit pour nous en parler.
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Nos cabanes

"Faire des cabanes en tous genres - inventer, jardiner les possibles, sans craindre d'appeler cabanes des huttes de phrases, de papier, de pensée, d'amitié, des nouvelles façons de se représenter l'espace, le temps, l'action, les liens, les pratiques."

Telle est la proposition de Marielle Macé dans ce court, mais dense, essai. Un petit livre édifiant, au texte intelligent et poétique qui ouvre l'esprit et nous amène à penser de nouvelles "façons de vivre dans ce monde abîmé".

Beaucoup de propositions m'ont touchée et ont su exprimer des intuitions ou émotions que je sens porter en moi, comme celle de vivre "comme on jardine", en cherchant à "favoriser en tout la vie, parier sur ses inventions".

D'autres parties du texte ont peut-être moins résonné en moi mais je les garde dans un coin pour y revenir plus tard.



Un très beau livre, à lire, à méditer et à offrir car il donne aussi espoir, malgré tout.



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Nos cabanes

Dans des paysages tout aussi instables, Ovide faisait déjà lever, de désir en désir, le parlement élargi qu'il nous aujourd'hui instituer, ce parlement qui rassemblerait sur la scène politique humains et non-humains, hommes et bêtes, fleuves, pierres, forêts...

Parlement élargi pour un âge métamorphique, qui sait et ne sait pas ce qui lui arrive. Ovide en effet chante la vie qui jamais ne se fixe, toujours déclose, prometteuse, inquiétante, la vie qui est toujours une autre vie ; il chante les corpora nova, ces formes changées en corps nouveaux, il chante le devenir, l'impermanence, sans doute chante-t-il déjà la critique.

P. 110
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Nos cabanes

Les cabanes de Marielle Macé sont polymorphes : lieux de résistance comme les ZAD, territoires à défendre, lieux réels ou symboliques où élargir le monde, imaginer de nouvelles façons d'exister... Autant d'espaces investis par l'écriture poétique de l'auteure, qui les conçoit non pas comme un refuge où s'abriter, mais comme le terreau fécond des combats à mener.

A la jonction des sciences sociales et de la poésie, Marielle Macé nous invite à interroger notre humanité en relançant notre imagination : réentendre la nature quand elle se fait silence, renouer avec notre faculté d'écoute, explorer les rives, les tiers lieux, "jardiner les possibles". Offrant une très belle réflexion sur l'écologie, Nos cabanes est un court texte où se plonger pour retrouver le souffle et l'élan dans un monde abîmé.
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Façons de lire, manières d'être

Critique de Baptiste Morizot pour le Magazine Littéraire



«Faire rayonner les livres dans sa vie», c'est une formule qui pourrait résumer cet «art de lire». Un art de lire, comme un art de penser, n'est pas intemporel : il se construit en fonction des problématiques historiques du faire, du penser et du soi. Une problématique actuelle de l'individu consiste à le définir non comme un sujet pur ou un moi psychanalytique, mais comme un opérateur anonyme de techniques de soi, orientées vers des devenirs exploratoires. Ce livre de Marielle Macé entend repenser la pratique de la lecture à la lumière de cette manière d'envisager l'individu qui s'est fait jour dans la littérature du début du siècle (avec Proust, Kafka, Michaux) et a été conceptualisée dans les philosophies de la subjectivation foucaldienne et du devenir deleuzien. «Lire en levant les yeux» devient alors le modèle de la lecture, qui injecte les visions littéraires jusque dans les choses.

Il y a beaucoup de fantômes dans ce livre, qui apparaissent par transparence : Barthes, qui hante chaque chapitre, Baudelaire à travers Barthes, Proust à travers Deleuze, Sartre derrière Bourdieu ; tous apportent une contribution au long flux de conscience, quasi non séquencé, qui est le livre même. Puisque cet essai nécessaire se risque dans le champ philosophique, on remarquera que, parfois, le sens esthétique de la formule s'y substitue à la vraie mise en forme conceptuelle, altérant la clarté de certaines thèses. Néanmoins, ces thèses sont précieuses, explicitant un invisible art de lire qui est probablement le nôtre. On notera aussi la virtuosité de l'auteur à suivre une idée dans les méandres des références et à imposer comme un leitmotiv docile une pensée insaisissable. On pointera une seule limite potentielle à ce livre : à plusieurs reprises, Marielle Macé se réfère à une conception pragmatique de la lecture, et de là à son effectivité sur les pratiques. Ce fait est bien montré, mais en isolant un sens de « pratique » qui est bien plus restreint que celui du pragmatisme américain : ce sont les pratiques du soi lisant, interprétant, du soi introspectif choisissant sa gestuelle. C'est bien sûr une part cruciale de l'individu ; mais, justement, si le pragmatisme met l'accent sur les pratiques, c'est pour défaire cette assimilation de l'individu au soi : la pratique, c'est l'activité, le sentir et le faire, la vita activa.

On voit certes ici comment de grands lecteurs comme Barthes stylisent leur existence dans un «dandysme des signes» ; mais le champ du faire au sens pragmatique, c'est celui où il faut lutter et penser ensemble, mettre les mains dans le cambouis des choses. Ce sont ces pratiques dont on aurait pu montrer qu'elles sont aussi nourries et transformées par la lecture. Ce livre plusieurs fois le laisse entrevoir, avant de se focaliser sur le dandy comme emblème ; or les dandys font rarement de grands hommes d'action.
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