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Critiques de Marion Guillot (28)
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Changer d'Air

Un grand merci aux Éditions de Minuit et à Masse Critique de Babelio.



Ce qui est arrivé à Paul ce jour là, peut arriver à n’importe qui. Un accident, un fait divers, une scène qui nous cloue sur place et qui trotte ensuite dans notre cerveau. Plus rien ne sera pareil. Paul est Professeur, il ne fera pas sa rentrée des classes et quittera femme et enfants. Il part de Lorient roule un peu au hasard avec sa voiture remplie de cartons mais finit par se diriger vers Nantes où un ami habite. Il trouvera rapidement un appartement, s’achètera un poisson rouge et devra vivre avec son mal être révélé par ce fait divers un matin. Il essaye de tout recommencer, au moins il essaye. Soutenu par la mère de ses enfants et son ami, il frôlera le pire avant le retour à l’ordre des choses où plus paisible il reprendra le cours de sa vie. C’est une histoire dérangeante avec ce mal être et le doute que l’Auteure arrive à distiller à ses lecteurs. Le style est brillant, les mots percutent, rien de trop dans ce récit. Juste une question Marion si vous passez par là : “surtout pas Saint-Nazaire” : pourquoi ? J’ai cherché la réponse dans l’article de Presse Océan en vain et j’avoue que j’aimerais vraiment connaître les raisons de Paul (ou les vôtres).
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Changer d'Air

Même éditeur, même couverture, même parfum d'évasion... Pour aborder ce Changer d'air, il a fallu que je m'efforce de ne pas penser au Je m'en vais de Jean Echenoz. Si les deux romans sont similaires dans leur point de départ - un changement brusque de trajectoire -, la comparaison s'arrête là. Chez Echenoz, il était question d'une fugue qui prenait la forme d'une parodie de roman d'aventures tandis que nous sommes ici dans quelque chose de plus intimiste, un questionnement sur la façon dont on se sent plus ou moins acteur et maître de sa vie.



Dès les premières pages, le narrateur donne le ton : "J'avais tout de suite demandé son avis à Aude, pour éviter de trop réfléchir au mien". Ce poste de professeur dans un lycée de Lorient, ce n'est pas lui qui a pris la décision de l'accepter ; l'opportunité de quitter Paris, de s'installer au calme sur une presqu'île bretonne avec leurs deux enfants, ils l'ont saisie ensemble mais c'est Aude qui a tranché. Tout comme elle assume l'ensemble des décisions liées à leur famille, faute de trouver en lui une volonté suffisante. Alors le déclic qui se produit ce matin-là, le matin de la rentrée scolaire pourrait être lié à cette faiblesse dont il a toujours fait preuve. En assistant à un événement totalement fortuit alors qu'il attend le ferry pour effectuer sa courte traversée jusqu'à Lorient, il a soudain conscience d'être malheureux, sans trop savoir pourquoi, malgré la présence à ses côtés d'une femme qu'il aime. Il décide donc de ne pas faire sa rentrée, il quitte son domicile et s'installe à Nantes, d'abord chez un ami puis à l'hôtel et enfin dans un petit appartement en compagnie d'un poisson rouge.



Un parcours assez étonnant où le narrateur semble faire du sur-place, tout en avançant pas à pas sur les chemins de l'apprentissage d'une certaine indépendance. Paumé, il se raccroche à des rituels à la limite de l'absurde, tente de reconstituer un semblant de vie sociale, s'attache à un poisson, sans que l'on comprenne bien le sens de tout ça. L'auteure parvient ainsi à rendre la confusion qui règne dans son esprit, sans pour autant susciter l'empathie.



Alors de quoi s'agit-il exactement ? Un burn out ? Une parenthèse nécessaire ? Une crise de la quarantaine ? Ou bien tout simplement le besoin d'être sûr que la vie dont il a laissé les autres décider pour lui est bien celle qu'il a envie de vivre ? Un peu de tout ça certainement.



J'ai apprécié l'écriture précise au service d'un fil narratif tendu, qui est un peu la marque de fabrique de cette maison d'édition. Mais je ne me suis jamais sentie proche du héros dont les motivations restent assez floues et les états d'âmes semblent assez vains compte tenu du peu d'indications sur son passé, son histoire ou sa psychologie, hormis sa faiblesse - mais n'est-ce pas le cas de beaucoup ?



Ce qui explique certainement l'impression mitigée qui me reste après cette lecture. Pas inintéressante mais pas totalement convaincante. Comme s'il manquait quelque chose pour mettre le lecteur de son côté et emporter le morceau. Un sentiment d'inachevé... Néanmoins, la qualité de l'écriture m'incite à lui souhaiter de trouver son public, des lecteurs dont il saura faire vibrer cette petite fibre qui chez moi a résisté.
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C'est moi

Dès les premières pages, on sent qu'entre elle et lui, ça tire un peu.

Lui, c'est Tristan, elle, elle n'a pas de nom. Ils n'ont pas grand-chose à se dire, lui est au chômage, dort quand elle part bosser le matin ou boit son café ; quand elle rentre le soir, la vaisselle sale encombre encore l'évier tandis qu'il est penché sur un puzzle.

Le plus souvent, il y a Charlin. Non, ce n'est pas le nom de leur chat mais de son pote de collège, à lui, pas à elle. Ils boivent des bières, se balancent deux, trois vannes de potaches, parlent de tout, de rien. Ça lui fait du bien, à lui. Elle, elle préférerait aller se coucher.

Le problème, c'est que Charlin est souvent là, le soir.

« Tristan et moi, à l'époque, on traversait une période un peu délicate, peut-être même un peu difficile, une période où, vivant côte à côte plus qu'ensemble, on battait tendrement de l'aile, laissant facilement couler les jours, s'installer la situation sans que Tristan s'inquiète de tout ça, de cette légère torpeur dans le couple, de cette forme de lenteur dans son rythme, de cette distance (à laquelle, évidemment, la présence de Charlin ne pouvait rien arranger), sans doute d'autant plus sournoise qu'elle n'avait rien de dramatique et qu'avec un petit effort commun, un tant soit peu de volonté ou trois gouttes de philtre magique, on était capable de la réduire.»

Rien de grave donc, un peu de tension, mais bon, on y croit, ça va passer.

Et puis, il y a la goutte d'eau, vous savez, celle qui fait déborder le vase : cette goutte d'eau prendra la forme d'un tableau, enfin plus exactement d'une photo, une très très grande photo encadrée, accrochée sur tout un pan de mur, dans la salle à manger, unique pièce du studio : elle, en gros plan, les seins nus.

Charlin a aidé Tristan à transporter le cadre, à l'accrocher même. Tristan l'a payé pour ça.

Et maintenant, elle est là, enfin la photo, pas vraiment elle qui aurait plutôt envie de se cacher tellement la honte la gagne, à moins que ce ne soit de la colère, une forme de « trop c'est trop », de saturation. Les limites sont atteintes.

J'ai beaucoup aimé ce court roman de Marion Guillot qui met en scène la dérive de ce couple à vau-l'eau, plus tout à fait sur la même longueur d'onde, cette espèce d'écart qui se creuse progressivement jusqu'à l'incident provoquant la chute, l'incompréhension.

Ce que réalise la femme soudain, c'est que si elle ne réagit pas, tout est perdu : Tristan ne semble déjà plus vraiment être sensible à sa présence ni être à l'écoute de ses attentes. A-t-il besoin de la voir (l'avoir) en photo pour penser à elle ? Est-elle devenue si vide, si transparente qu'il faille la remplacer par une image ? A-t-on besoin d'une image pour ne pas l'oublier ? Et ce Charlin qui encombre constamment leur appartement, partagera-t-il leur intimité en contemplant la photo géante, cette photo d'elle mise à nu ?

« … alors déjà j'avais senti que tout ça ne pouvait pas durer : que tôt ou tard, ce serait à moi de prendre la situation en main.»

Peut- être pour se prouver qu'elle existe encore un peu...

C'est moi, par son titre léger, trompe un peu son lecteur : oui, certaines situations sont franchement cocasses, notamment, tous les passages autour de ce portrait géant sont vraiment très drôles, mais au fond, le propos n'a rien de léger, le tragique est là, un pied dans la porte, et ne demande qu'à entrer.

Une écriture blanche qui dit de la façon la plus neutre possible où peut mener le sentiment d'effacement…
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Changer d'Air

Un matin de rentrée des classes, Paul, le narrateur, décide de ne pas se rendre au lycée où il enseigne. Il quitte Aude, sa femme, et ses deux petits garçons et il part pour une autre ville. Il s'installe seul dans un appartement et raconte par le menu ses infimes décisions, tous les minuscules détails de sa vie brutalement vacante.

Sincèrement, je n'ai guère éprouvé d'intérêt pour cette histoire ténue, ni pour ce personnage dont les motivations me sont restées étrangères et opaques. L'écriture m'a semblé rocailleuse, heurtée, dessinant un parcours d'obstacles injustifiés.

J'ai éprouvé le même ennui que le poisson rouge tournant sans fin dans son bocal ou que Paul dans son appartement.
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C'est moi

J'ai toujours aimé les parutions des « Editions de Minuit », et j'ai particulièrement apprécié ce court roman, une histoire sobre, sans détails inutiles , et acide à souhait.

Un jeune couple , l'amour qui se met un peu à sommeiller ,le jeune homme , Tristan qui s'endort un peu aussi dans une période de chômage, la jeune femme qui accepte avec gentillesse ,(c'est elle « je » qui raconte) et un copain , Charlin , genre pique-assiette et emprunteur qui un jour , aide Tristan à accrocher au mur du salon un énorme poster de la jeune femme, photo d'elle , nue, prise lors de vacances à Porto avec son amoureux ; de plus Charlin se fait payer pour cette aide.

Et à partir de là la jeune femme part en vrille, à cause de cette immense photo, un peu de honte et une colère qui va se cristalliser avec une rare énergie....

Voilà la trame du roman au premier degré, mais qui donne de quoi méditer sur la patience, ce que l'on croit installé, le grain de sable qui peut tout emporter.
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C'est moi

J'aime beaucoup les livres courts et denses. C'est pourquoi j'ai aimé C'est moi. C'est moi comme une autobiographie, ou c'est moi la coupable.

Un couple bat de l'aile: il se complait dans l'oisiveté d'un chomage alors qu'elle bosse; le soir, elle aimerait se détendre devant un bon film mais il y a ce pique-assiette de Charlin qui vampirise le couple; c'est un bon ami de Tristan mais elle ne le supporte pas. Brutalement, on annonce sa mort et Tristan est affecté, elle non. Ils se rendent tous les deux aux funérailles...Difficile d'en dire plus sans révéler l'intérêt de ce livre qui se lit d'une traite mais qui m'a procuré un plaisir de lecture
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Changer d'Air

Où comment faire de 172 pages la longue et minutieuse description d'une courte période de la vie d'un homme qui abandonne métier, femme et enfants à la faveur d'un événement insignifiant. Où la longueur des phrases concurrence la vacuité de l'existence du personnage. Où les deux événements clés sont la vision de la chute sans gravité d'une inconnue dans un port et l'agonie consentie d'un poisson rouge hors de son bocal. Trop d'états d'âme sur une situation que le personnage s'inflige de son plein gré. C'est lent, auto-complaisant et surtout sans intérêt, si ce n'est le cadre nantais. Citation : "J'ai toujours du mal avec les noms, avec l'histoire aussi. Dans l'idéal, j'aime mieux quand il ne se passe rien." Pas moi. Autant passer son chemin.
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C'est moi

Un roman qui commence par la fin, lorsque la narratrice et son compagnon Tristan se rendent à l’enterrement d’un ami proche, très proche, trop proche, Charles-Valentin, dit Charlin. Comment est-il mort ? Retour sur une tranche de vie particulière, une sorte de ménage à trois platonique et non désiré pour au moins une partie des protagonistes. Le fameux Charlin, genre de binôme de Tristan, leur rend visite, souvent, pour ne pas dire toujours. Il vit presque avec eux, chez eux, est envahissant, intrusif. Un jour Tristan veut faire une surprise à sa petite amie, lui bande les yeux, la guide dans son obscurité à elle jusqu’à leur domicile conjugal : en son absence il a recouvert un pan de mur entier d’une photographie de la narratrice dans l’appartement, photo agrandie jusqu’à l’obscène et prise au Portugal pendant des vacances. Photo immense, comme un trompe l’œil gigantesque. Problème : sur le cliché la femme est à poil (« C’est moi »). Enfin, pas tout à fait, elle porte un stetson sur la tête. La situation se corse lorsqu’elle apprend que c’est Charlin qui a aidé Tristan à transporter l’encombrant présent. Mieux, il s’est fait payer pour ce travail. Une irrémédiable envie de meurtre s’empare de la narratrice, touchée dans son intimité, et par ailleurs salariée dans l’industrie pharmaceutique, alors que Tristan, licencié, passe ses journées à traînailler sur le canapé quand ce n’est pas dans le lit. Seulement, un meurtre, c’est beaucoup plus facile à envisager, à fantasmer, qu’à réaliser. Deuxième roman de Marion GUILLOT, le premier « Changer d’air » de 2015 m’avait fait l’effet d’une bouée voire d’un tuba (le thème de l’eau y étant omniprésent), original, enlevé, inquiétant tout en restant léger dans le style. Ici l’eau est encore de rigueur (la photo prise au bord de la mer par exemple), mais bien moins, les bases narratrices sont similaires. L’écriture y est minutieuse, recherchée. En préambule une phrase de Samuel BECKETT tirée de « En attendant Godot ». Il y a en effet du BECKETT chez Marion GUILLOT, une once d’absurdité, une fausse naïveté, mais le fond (de la mer ?) est tragique. D’accord, dès le début on connaît l’épilogue, mais on est impatient de savoir comment le trio infernal a bien pu en arriver là. Le mystère sera rapidement éclairci, le roman ne s’étalant que sur 110 pages, avec des dialogues inclus dans la narration, mis en exergue par des italiques. Deuxième essai brillamment transformé pour Marion GUILLOT qui signe un roman à la fois psychologique, métaphysique avec une écriture toute particulière. M’est avis qu’il faudra suivre madame GUILLOT de très près les prochaines années, une auteure que l’on peut d’ores et déjà qualifier d’aquatique.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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Changer d'Air

Tout d'abord merci à Babelio et aux Editions de Minuit de m'avoir attribuée la lecture en avant première du roman Changer d'air de Marion Guillot.



Nouveauté de cette rentrée littéraire, première oeuvre publiée de cette jeune femme française. Parue aux Editions de Minuit reconnaissable à ses couvertures sobres et minimalistes: livre blanc, rectangle bleu avec titre, auteur, et logo de la maison d'édition. aucune illustration pour attirer l’œil seul le texte compte.

Ouvrage court 173 pages divisé en 8 chapitres. voilà pour la forme.



Roman écrit à la première personne. Nous faisons la connaissance de Paul Dubois un homme tout à fait ordinaire jusqu'à son nom de famille.

45 ans,marié, 2 enfants, professeur de lettres muté depuis deux ans à Lorient situation stable donc.

Mais un incident va chambouler ce personnage le jour de la rentrée des classes: un fait divers auquel il assiste seul: une jeune femme trébuche et tombe à l'eau. Cette scène ne lui provoque aucune réaction, aucun émoi:

il ne rigole pas, ne cherche pas à venir en aide à la jeune femme. Rien.

Il se sent juste seul devant cette scène et ressent le besoin irrationnel de fuir.

De la il plaque tout: il prend un congé sabbatique, quitte sa femme, prend quelques cartons et part avec sa voiture à Nantes où vit l'un de ses amis Rodolphe.



Bon maintenant que faire ? Paul devrait être soulagé mais non l'un des problèmes c'est qu'il n'a jamais vraiment pris de décision dans sa vie:

Son métier de professeur de lettres ? il l'a choisi sans réelle conviction pas de vocation: il ne voulait pas que sa femme écrivain soit la seule à subvenir à leurs besoins c'est tout.Lui il avait juste comme défi de lire l'intégralité de l'oeuvre de Platon !!!

Idem pour sa mutation de Paris à Lorient il a laissé Aude prendre la décision pour eux etc... Le voilà donc paumé à présent.

Ce que l'on comprend nous et lui pas c'est qu'il est en train de perdre pied.

Il voulait être seul mais ne sait plus trop pourquoi et n'a aucun objectif.



Au fil des pages, ses propos deviennent incohérents, Il fait des phrases interminables. s'accroche à des petits rituels insignifiants, fait des cauchemars

Il trouve un appartement certes mais y végète en compagnie d'Henri un poisson rouge.

Le passage de la mort de cet animal, on ne sait pas trop s'il faut trouver cela triste, grave ou ridicule ! Je vous laisse découvrir la suite



Pour le style: on a du mal au début avec toutes ces phrases à rallonges et ces descriptions indigestes c'est lourd ( celle du rituel du café par exemple ) mais on s'y habitue car on comprend qu'elle reflète l'état d'esprit de Paul.



Un livre à lire oui à relire peut être pas pour ma part. Bonne lecture















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Changer d'Air

Tout d'abord merci à Babelio et les éditions de Minuit pour ce premier ouvrage de Marion Guillot dans lequel un professeur, Paul, prend son café au port de Lorient avant de faire sa rentrée des classes. Plouf : il assiste à la chute d'une femme dans l'eau. Pas de désir pour elle, pas de moquerie mais une envie irrépressible de fuir... Adieu femme, enfants, boulot : Paul largue les amarres avec ses livres de philo et quelques affaires.
Lien : http://flolunaire.blogspot.f..
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Changer d'Air

Le protagoniste du premier roman de Marion Guillot est frappé d'un nom commun, Paul Dubois, et d'ennui ; il souffre sans souffrir, d'un vouloir sans volonté et d'une pensée sans raisonnement ; redoutant "les endroits sans fenêtre, les tunnels, les mouvements de foule" (page 41) ; il est incapable de se situer dans le monde parce qu'il a perdu le rapport même au monde. Changer d'air est le roman de la vision d'une chute puis d'un effacement, ou plutôt d'un égarement suite à cette vision. Paul Dubois est un peu le Belacqua de Beckett, ("sans identité, à l'abri "), ou même Charles Benesteau, l'anti-héros qui choisi de rompre avec sa vie, de quitter la comédie, comme on peut le lire dans le roman d'Emmanuel Bove, Le Pressentiment. Mais Marion Guillot ne se contente pas d'accompagner Paul Dubois dans son errance, de lui faire quitter la scène d'une comédie pour une autre, elle lui fait quitter la comédie tout court et, elle nous invite nous aussi à nous perdre avec lui, à nous absenter en quelque sorte ; et cet état d'absence - qui fera peut-être fuir certains lecteurs et en attirera d'autres qui veulent Changer d'air (sortie du roman fin août) - c'est ce que Pessoa décrivait si bien dans Le livre de l'intranquillité : "(...) un isolement de nous-mêmes logé tout au fond de nous, mais ce qui nous sépare est aussi stagnant que nous-mêmes, fossé d'eaux sales encerclant notre intime désaccord." - Le néant est en fait une promesse d'ailleurs, et c'est déjà beaucoup.
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Changer d'Air

Marion Guillot a trouvé le lan­gage par­fait pour retra­cer par dévers une his­toire. Celle-ci est racon­tée avec l’extrême pré­ci­sion des som­nam­bules qui marchent sur les toits. Ils ne craignent pas la chute. Si bien que le lumi­neux éphé­mère s’installe face à la nuit. Ce qui ne veut pas dire que tout finisse bien. Mais, tout compte fait, cela est secondaire.
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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Changer d'Air

Parce qu’il assiste, de loin et sans se manifester d’ailleurs, à la chute d’une femme dans un port breton, Paul, Professeur dans un Lycée de Lorient, ne fera pas sa rentrée. Il quittera Aude, sa femme, Antoine et Brice, ses deux fils, et partira après avoir chargé quelques cartons dans sa voiture…Il s’arrêtera à Nantes, ville où il retrouvera un ami, Rodolphe, fera la connaissance de Simon, trouvera un appartement, achètera un poisson rouge… bref, tentera de changer d’air.

"Changer d’air", c’est justement le titre du premier roman de Marion Guillot. C’est un roman sur une fuite, une disparition, un désir d’ailleurs, d’autre chose, d’une vie nouvelle. C’est un roman sur une incapacité soudaine à continuer sur sa lancée, à poursuivre son quotidien, à prolonger une vie devenue trop mesquine.

Beau sujet s’il en est que cette quête d’un monde meilleur, mais grande déception pour ce qui me concerne. A aucun moment, je n’ai réussi à accrocher à ce récit, ni ressenti la moindre empathie pour le personnage principal dont on connait finalement peu de choses. Ses motivations restent floues et les longues tirades sur l’agencement de son nouvel intérieur bien ennuyeuses, l’histoire du poisson rouge incompréhensible, les sentiments humains peu développés. Je n’ai pas apprécié l’écriture, précise certes, mais froide et sans poésie. J’ai suivi, de l’extérieur les difficultés à surnager de Paul…bref, je n’ai pas goûté ce récit. Il aurait pourtant suffi de presque rien…

Les quelques dernières pages plus attachantes et plus claires sur le mal être de Paul ont commencé à faire bouger les lignes, mais c’était trop tard pour moi.

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Changer d'Air

Paul a l'impression d'être dans sa vie comme un poisson rouge dans un bocal ... Alors après un incident ,il plaque tout , famille , métier et ... achète un poisson rouge . Non , je blague en réduisant le livre à cela : cette tentative d'un homme qui expérimente la liberté à petit bruit n'est pas inintéressante et l'écriture est très soignée . Cependant je n'ai pas été emballé.
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C'est moi

"C'est moi" un court récit de Marion Guillot, aux Editions de Minuit, à lire d'une traite.

Un suicide, un couple amoureux pour la vie qui se délite , voilà le point de départ de cette histoire. La narratrice dont on ne connait pas le nom vit avec Tristan, au chômage depuis quelque temps, une vie qui devient monotone, dans un minuscule appartement. Elle supporte tant bien que mal Charlin, l'ami encombrant, omniprésent de Tristan qui selon lui l'aide à supporter son inactivité temporaire.

Un événement fait irruption dans leur vie et va tout bouleverser. Croyant lui faire plaisir Tristan lui fait la surprise d'accrocher dans leur unique pièce à vivre une grande photographie d'elle, nue, prise pendant leurs dernières vacances. Quelque chose qui pourrait paraitre simple, anodin mais qui touche à l'intime et qui va bouleverser leur vie.

Elle supporte de moins en moins l'ami encombrant qu'elle découvre complice de Tristan pour la photo.

À partir de ce moment-là elle n'aura de cesse de tout faire pour retrouver et dérouler le fil de sa vie de manière ordonnée, comme elle le souhaite. On sent alors s'installer la tragédie en filigrane.

Marion Guillot nous offre un récit vif avec ingéniosité et efficacité, sans pathos. À lire absolument !!!

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C'est moi

" Fais moi penser d'apporter une corde demain" - Samuel Beckett



J'ai été attirée par ce roman car une de mes librairies préférées n'a pas hésité à le désigner comme LE livre de la rentrée...



C'est l'histoire d'un couple qui s’ennuie, qui vivote tant bien que mal entre "la force des habitudes et les fatigues quotidiennes" depuis que Tristan est au chômage. La narratrice, dont le prénom n'est jamais donné, est irritée par son compagnon qui ne cherche pas de travail, passe sa journée à faire des puzzles dans un petit appartement où ils ne replient même pas le canapé et où ils entassent leurs livres parterre au lieu d'acheter une bibliothèque.



Le récit commence par l'annonce de la mort de Charlin, l'ami de Tristan. Il s'est suicidé...

Charlin était le copain trop présent, voire encombrant, de Tristan, un copain qui squattait leur appartement tous les jours. La narratrice ne le supportait pas trop jusqu'au jour où une goutte d'eau a fait déborder un vase déjà bien plein : Tristan, aidé de son ami, a accroché au mur de l'appartement une photo d'elle en grand format, nue sur une plage... La narratrice va alors vouloir prendre sa revanche... Impossible d'en dire plus...



J'ai aimé ce court roman noir dont l'action se passe en huis clos, l'histoire est ingénieuse et surprenante, la description de l'ennui du couple est fine, le style est dépouillé, emprunt d'humour et de cynisme. Machiavélique à souhait !



Ce livre a fait partie de la première sélection du prix des libraires.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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C'est moi

J'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi ce livre n'a pas eu autant d'écho durant cette rentrée littéraire. L'histoire est très intéressante : un couple doit subir un ami un peu envahissant, il y a une tentative intéressante de réveiller le désir dans ce couple et la psychologie du personnage féminin est très bien travaillé. J'ai pris un plaisir fou à lire ce roman et je le recommande vivement !
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Changer d'Air

Ayant beaucoup aimé le deuxième roman de Marion Guillot, je me suis jeté sur son premier roman. J'ai retrouvé une partie de la puissance de son écriture mais le thème et des moments un peu plats ou au contraire trop "écrits" me font dire qu'il faut plutôt se jeter sur son deuxième livre. En espérant que le troisième sera dans la même veine que le deuxième.
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C'est moi

Comme à leur habitude, les éditions de Minuit ne donnent pas trop d’indices sur l’intrigue du roman. Enfin, en apparence, du moins. En lisant la quatrième de couverture, on apprend que la narratrice vit avec Tristan. Que Tristan est au chômage. Que leur relation semble plutôt tendue. Et qu’il est question d’une photographie et d’un certain Charbin.



Et finalement, presque tout est là. Charbin, c’est le pote de Tristan. Le pote boulet qui débarque sans prévenir, à l’heure de dîner, presque un jour sur deux. Le pote boulet que la narratrice qui n’a pas de nom tente de chasser pour pouvoir dormir – le couple vit dans un studio et la jeune femme se lève tôt.



La présence de Charbin, son amoureux qui ne cherche pas vraiment du travail commencent à la gonfler. Mais c’est une photographie qui va faire tout exploser. Le reste je vous laisse le découvrir.



Ce roman très court est étonnant. On pense tout avoir sous les yeux, on imagine déjà la fin et on se laisse mener par le bout du nez. J’avoue que je ne suis pas très friande de romans courts – avec une centaine de pages, j’ai l’impression que l’on frise la nouvelle – j’ai la sensation que j’ai à peine commencé à lire que je me fais éjecter violemment de l’histoire. Mais là, j’ai trouvé que l’histoire était plaisante, facile à lire et avec un twist surprenant. Un peu comme dans une nouvelle. Une assez longue, mais sans longueur. Pour ma première lecture pour le prix du roman TMV, j’étais plutôt contente de celui-ci.



L’auteure a écrit un autre roman paru aux éditions de Minuit, Changer d’air. A l’occasion, je serais curieuse de le découvrir.
Lien : https://mademoisellemaeve.wo..
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Changer d'Air

Un premier roman dont la lecture se révèle bizarre au fil des pages. L'écriture est belle, le sujet intéressant ("tout plaquer") mais l'on est déstabilisé par l'incohérence, l'étrangeté des pensées et du comportement du personnage principal Paul. Mais avec un peu de recul on se dit que c'est tout simplement un homme qui perd pied, vraiment. A partir de là les pensées peuvent faire de nous tout ce qu'elles veulent et nous dicter un comportement qui paraîtra au gens "saints", bizarre, voir pire. Dommage que la fin ne soit pas claire, surtout qu'elle prenait une tournure intéressante.





Yassir (Poissy)
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