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EAN : 9782707344007
110 pages
Editions de Minuit (04/01/2018)
3.57/5   23 notes
Résumé :
Depuis son licenciement, Tristan et moi on vivait côte à côte plus qu'ensemble. Les jours se suivaient et se ressemblaient, les livres s'entassaient par terre et le canapé, qui fait office de lit, à quoi bon le replier ? On n'avait pas besoin d'une photographie ? ni de Charlin, pour couronner le tout.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dès les premières pages, on sent qu'entre elle et lui, ça tire un peu.
Lui, c'est Tristan, elle, elle n'a pas de nom. Ils n'ont pas grand-chose à se dire, lui est au chômage, dort quand elle part bosser le matin ou boit son café ; quand elle rentre le soir, la vaisselle sale encombre encore l'évier tandis qu'il est penché sur un puzzle.
Le plus souvent, il y a Charlin. Non, ce n'est pas le nom de leur chat mais de son pote de collège, à lui, pas à elle. Ils boivent des bières, se balancent deux, trois vannes de potaches, parlent de tout, de rien. Ça lui fait du bien, à lui. Elle, elle préférerait aller se coucher.
Le problème, c'est que Charlin est souvent là, le soir.
« Tristan et moi, à l'époque, on traversait une période un peu délicate, peut-être même un peu difficile, une période où, vivant côte à côte plus qu'ensemble, on battait tendrement de l'aile, laissant facilement couler les jours, s'installer la situation sans que Tristan s'inquiète de tout ça, de cette légère torpeur dans le couple, de cette forme de lenteur dans son rythme, de cette distance (à laquelle, évidemment, la présence de Charlin ne pouvait rien arranger), sans doute d'autant plus sournoise qu'elle n'avait rien de dramatique et qu'avec un petit effort commun, un tant soit peu de volonté ou trois gouttes de philtre magique, on était capable de la réduire.»
Rien de grave donc, un peu de tension, mais bon, on y croit, ça va passer.
Et puis, il y a la goutte d'eau, vous savez, celle qui fait déborder le vase : cette goutte d'eau prendra la forme d'un tableau, enfin plus exactement d'une photo, une très très grande photo encadrée, accrochée sur tout un pan de mur, dans la salle à manger, unique pièce du studio : elle, en gros plan, les seins nus.
Charlin a aidé Tristan à transporter le cadre, à l'accrocher même. Tristan l'a payé pour ça.
Et maintenant, elle est là, enfin la photo, pas vraiment elle qui aurait plutôt envie de se cacher tellement la honte la gagne, à moins que ce ne soit de la colère, une forme de « trop c'est trop », de saturation. Les limites sont atteintes.
J'ai beaucoup aimé ce court roman de Marion Guillot qui met en scène la dérive de ce couple à vau-l'eau, plus tout à fait sur la même longueur d'onde, cette espèce d'écart qui se creuse progressivement jusqu'à l'incident provoquant la chute, l'incompréhension.
Ce que réalise la femme soudain, c'est que si elle ne réagit pas, tout est perdu : Tristan ne semble déjà plus vraiment être sensible à sa présence ni être à l'écoute de ses attentes. A-t-il besoin de la voir (l'avoir) en photo pour penser à elle ? Est-elle devenue si vide, si transparente qu'il faille la remplacer par une image ? A-t-on besoin d'une image pour ne pas l'oublier ? Et ce Charlin qui encombre constamment leur appartement, partagera-t-il leur intimité en contemplant la photo géante, cette photo d'elle mise à nu ?
« … alors déjà j'avais senti que tout ça ne pouvait pas durer : que tôt ou tard, ce serait à moi de prendre la situation en main.»
Peut- être pour se prouver qu'elle existe encore un peu...
C'est moi, par son titre léger, trompe un peu son lecteur : oui, certaines situations sont franchement cocasses, notamment, tous les passages autour de ce portrait géant sont vraiment très drôles, mais au fond, le propos n'a rien de léger, le tragique est là, un pied dans la porte, et ne demande qu'à entrer.
Une écriture blanche qui dit de la façon la plus neutre possible où peut mener le sentiment d'effacement…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai toujours aimé les parutions des « Editions de Minuit », et j'ai particulièrement apprécié ce court roman, une histoire sobre, sans détails inutiles , et acide à souhait.
Un jeune couple , l'amour qui se met un peu à sommeiller ,le jeune homme , Tristan qui s'endort un peu aussi dans une période de chômage, la jeune femme qui accepte avec gentillesse ,(c'est elle « je » qui raconte) et un copain , Charlin , genre pique-assiette et emprunteur qui un jour , aide Tristan à accrocher au mur du salon un énorme poster de la jeune femme, photo d'elle , nue, prise lors de vacances à Porto avec son amoureux ; de plus Charlin se fait payer pour cette aide.
Et à partir de là la jeune femme part en vrille, à cause de cette immense photo, un peu de honte et une colère qui va se cristalliser avec une rare énergie....
Voilà la trame du roman au premier degré, mais qui donne de quoi méditer sur la patience, ce que l'on croit installé, le grain de sable qui peut tout emporter.
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Un roman qui commence par la fin, lorsque la narratrice et son compagnon Tristan se rendent à l'enterrement d'un ami proche, très proche, trop proche, Charles-Valentin, dit Charlin. Comment est-il mort ? Retour sur une tranche de vie particulière, une sorte de ménage à trois platonique et non désiré pour au moins une partie des protagonistes. le fameux Charlin, genre de binôme de Tristan, leur rend visite, souvent, pour ne pas dire toujours. Il vit presque avec eux, chez eux, est envahissant, intrusif. Un jour Tristan veut faire une surprise à sa petite amie, lui bande les yeux, la guide dans son obscurité à elle jusqu'à leur domicile conjugal : en son absence il a recouvert un pan de mur entier d'une photographie de la narratrice dans l'appartement, photo agrandie jusqu'à l'obscène et prise au Portugal pendant des vacances. Photo immense, comme un trompe l'oeil gigantesque. Problème : sur le cliché la femme est à poil (« C'est moi »). Enfin, pas tout à fait, elle porte un stetson sur la tête. La situation se corse lorsqu'elle apprend que c'est Charlin qui a aidé Tristan à transporter l'encombrant présent. Mieux, il s'est fait payer pour ce travail. Une irrémédiable envie de meurtre s'empare de la narratrice, touchée dans son intimité, et par ailleurs salariée dans l'industrie pharmaceutique, alors que Tristan, licencié, passe ses journées à traînailler sur le canapé quand ce n'est pas dans le lit. Seulement, un meurtre, c'est beaucoup plus facile à envisager, à fantasmer, qu'à réaliser. Deuxième roman de Marion GUILLOT, le premier « Changer d'air » de 2015 m'avait fait l'effet d'une bouée voire d'un tuba (le thème de l'eau y étant omniprésent), original, enlevé, inquiétant tout en restant léger dans le style. Ici l'eau est encore de rigueur (la photo prise au bord de la mer par exemple), mais bien moins, les bases narratrices sont similaires. L'écriture y est minutieuse, recherchée. En préambule une phrase de Samuel BECKETT tirée de « En attendant Godot ». Il y a en effet du BECKETT chez Marion GUILLOT, une once d'absurdité, une fausse naïveté, mais le fond (de la mer ?) est tragique. D'accord, dès le début on connaît l'épilogue, mais on est impatient de savoir comment le trio infernal a bien pu en arriver là. le mystère sera rapidement éclairci, le roman ne s'étalant que sur 110 pages, avec des dialogues inclus dans la narration, mis en exergue par des italiques. Deuxième essai brillamment transformé pour Marion GUILLOT qui signe un roman à la fois psychologique, métaphysique avec une écriture toute particulière. M'est avis qu'il faudra suivre madame GUILLOT de très près les prochaines années, une auteure que l'on peut d'ores et déjà qualifier d'aquatique.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
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J'aime beaucoup les livres courts et denses. C'est pourquoi j'ai aimé C'est moi. C'est moi comme une autobiographie, ou c'est moi la coupable.
Un couple bat de l'aile: il se complait dans l'oisiveté d'un chomage alors qu'elle bosse; le soir, elle aimerait se détendre devant un bon film mais il y a ce pique-assiette de Charlin qui vampirise le couple; c'est un bon ami de Tristan mais elle ne le supporte pas. Brutalement, on annonce sa mort et Tristan est affecté, elle non. Ils se rendent tous les deux aux funérailles...Difficile d'en dire plus sans révéler l'intérêt de ce livre qui se lit d'une traite mais qui m'a procuré un plaisir de lecture
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"C'est moi" un court récit de Marion Guillot, aux Editions de Minuit, à lire d'une traite.
Un suicide, un couple amoureux pour la vie qui se délite , voilà le point de départ de cette histoire. La narratrice dont on ne connait pas le nom vit avec Tristan, au chômage depuis quelque temps, une vie qui devient monotone, dans un minuscule appartement. Elle supporte tant bien que mal Charlin, l'ami encombrant, omniprésent de Tristan qui selon lui l'aide à supporter son inactivité temporaire.
Un événement fait irruption dans leur vie et va tout bouleverser. Croyant lui faire plaisir Tristan lui fait la surprise d'accrocher dans leur unique pièce à vivre une grande photographie d'elle, nue, prise pendant leurs dernières vacances. Quelque chose qui pourrait paraitre simple, anodin mais qui touche à l'intime et qui va bouleverser leur vie.
Elle supporte de moins en moins l'ami encombrant qu'elle découvre complice de Tristan pour la photo.
À partir de ce moment-là elle n'aura de cesse de tout faire pour retrouver et dérouler le fil de sa vie de manière ordonnée, comme elle le souhaite. On sent alors s'installer la tragédie en filigrane.
Marion Guillot nous offre un récit vif avec ingéniosité et efficacité, sans pathos. À lire absolument !!!
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critiques presse (1)
Culturebox
15 février 2018
Après "Changer d'air", paru en 2015 (Minuit) Marion Guillot signe "C'est moi", un second roman court et tendu, où il est question de la photographie d'une femme seins nus encadrée dans un salon, et d'une mort par pendaison
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce qui semblait se faire en revanche, puisqu'il l'avait fait chez nous pendant des mois, c'est de débarquer à l'improviste, de préférence à l'heure des repas et neuf fois sur dix les mains vides. Pour le peu que j'en avais compris, ses irruptions aussi imprévisibles qu'habituelles dépendaient essentiellement, quand ce n'était pas de sa lassitude de boire seul, de ses relations plus ou moins amoureuses, de sa propension à en vivre plusieurs en même temps tout en inventant des mensonges plus gros qu'une maison.
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Et à mon retour je le retrouvais, certes parfois seul, habillé, sans doute douché et d'excellente humeur, mais souvent les yeux dans le vague ou penché sur le puzzle en cours, puisque les jours où Charlin était pris, il s'était mis, pour s'occuper (on s'occupe comme on peut...), à faire des puzzles.
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