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Citations de Martine Labonté-Chartrand (98)


Qu’est-ce qui est pire? Attirer l’attention sur les cernes en dessous de mes aisselles ou arriver en retard au restaurant?
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Je suis dans cette brume matinale propice au réveil. Je sais que mon réveil sonnera bientôt, mais je profite de ces quelques minutes pour continuer mon rêve. Si je peux appeler ça un rêve, car celui-ci se rapproche drôlement de la réalité ; une réalité que j’ai effacée de mon esprit après le départ de Jamie. Avant que les deux acteurs principaux n’atteignent l’extase, je commande à mon cerveau de se réveiller. Je me connais assez pour savoir que si je me rends jusqu’au bout de l’histoire dans ma tête, je vais surfer là-dessus toute la journée, ramenant à la surface des souvenirs enfouis au plus profond de moi depuis 645 jours. Oui, j’ai compté ! C’en est presque triste. J’ouvre les yeux tout grands et j’observe autour de moi. Les rideaux diaphanes de la chambre à coucher volettent au vent. J’entends le chant des oiseaux, signe incontestable qu’il fera beau en cette journée de la fin du mois de mai. Martin ronfle encore tout près et je prends quelques secondes pour l’observer. Nous avons vécu des hauts et des bas dans les dernières années. J’y pense souvent. Je me sens coupable et je me demande ce que j’aurais pu faire pour éviter que cela nous arrive, même s’il est impossible de changer le passé. Nous avons tout de même eu quelques moments heureux : l’achat de notre nouvelle maison, quelques projets de voyage, des activités en famille. Je soupire en repensant à mon rêve. L’absence de Jamie nous a aussi beaucoup aidés à traverser cette période, je dois l’avouer. Mon jeune amant a accepté un contrat à Londres, quittant ainsi l’édifice où je le croisais presque chaque jour dans l’ascenseur, malgré mes précautions pour l’éviter. On aurait dit que le destin faisait en sorte qu’on se rencontre malgré tout. Je regarde Martin encore une fois. Aurais-je été heureuse avec Jamie ? Peut-être, mais la différence d’âge entre nous deux nous serait sans doute apparue rapidement. Avec ses dix ans de moins que moi, il a encore la vigueur de la jeunesse. Bon, je ne peux pas dire qu’à presque quarante-deux ans, je ne suis plus au sommet de ma forme, mais j’aurais sans doute eu de la difficulté à le suivre dans ses multiples projets. Alors qu’avec Martin… Nous sommes ensemble depuis tellement longtemps, nous nous connaissons si bien, tout est facile. Non, bien que je pense à Jamie souvent, à ce qu’aurait pu être notre vie ensemble, je ne regrette pas mon choix et je suis chanceuse que mon couple ait survécu à l’épreuve. L’infidélité n’est pas une affaire banale et mon mari a longtemps été suspicieux, mais je regagne tranquillement sa confiance et notre petite famille en bénéficie au maximum. Justement, j’entends les enfants qui se lèvent et descendent pour déjeuner. Le réveil n’a pas encore sonné et je laisse les quelques minutes restantes de sommeil à Martin. Je me lève et me dirige vers le rez-de-chaussée pour m’assurer que tout est en ordre. Caleb et Romane m’accueillent tous les deux avec un grand sourire.
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Le soleil brille lorsque je stationne ma voiture dans l’entrée. C’est une température parfaite pour les réjouissances, pour démarrer le barbecue et prendre un verre entre amis dans la cour arrière, sur la terrasse. Même si je suis toujours très sensible à la température – la moindre grisaille me rend morose –, le soleil n’arrive pas à me communiquer ma joie habituelle. Journée de merde au travail. Ça arrive souvent, mais jamais de façon aussi intense. Juste d’y penser, je sens les larmes me monter aux yeux à nouveau. J’ai fait de gros efforts pour les retenir au courant de la journée, devant mes collègues du moins, mais je me suis cachée dans les toilettes à quelques reprises pour laisser place à ma peine.

Maintenant que je suis chez moi, plutôt que de me cacher, je fonce vers le réfrigérateur où je prends un Palm Bay, une boisson alcoolisée très sucrée. J’aurais préféré un bon verre – la bouteille complète, probablement – de vin blanc frais, mais le Palm Bay est tout ce que j’ai sous la main pour l’instant. Ça fera bien l’affaire. Sans tenir compte de mes vêtements, qui pourraient s’abîmer, je m’installe directement sur les marches de béton de mon balcon, à l’avant de la maison. Ce n’est pas dans mes habitudes de boire face à la rue – je garde plutôt ça pour la cour arrière –, mais c’est le seul endroit où il y a encore du soleil et je veux en profiter, question de me réchauffer le cœur.

Une fois assise par terre, ce qui représente ma situation – je suis au plus bas –, j’ouvre la canette et en prends une grosse gorgée. Il me semble que ça va déjà mieux. Je termine rapidement ma boisson et je vais m’en chercher une autre à l’intérieur. Je me réinstalle à la même place, toujours sous les chauds rayons. J’ouvre la deuxième canette. Elle coule dans mon gosier aussi bien que la première. Je soupire un long moment. J’aimerais vraiment avoir quelqu’un à qui me confier présentement. Un chum, une amie, n’importe qui. Le premier a déserté ma vie il y a quelques mois. Les deuxièmes sont, pour la plupart, toutes occupées avec leur merveilleuse progéniture. Il est près de dix-sept heures trente. À cette heure, et surtout avec cette température, c’est idéal pour emmener les enfants au parc, pas pour aller boire sur une dalle de béton froide avec une amie pas de vie qui pleure parce qu’elle a perdu son emploi.

Comme je n’ai personne à qui me confier, je décide de faire part de ma peine au monde entier. C’est moins intime, mais ça a le mérite de me soulager légèrement. J’écris sur mon mur Facebook : « Après une journée de merde et de grosses émotions, je bois toute seule sur mon balcon. Cheers ! » Maintenant que c’est fait, je dépose mon cellulaire près de moi et j’attends de voir si certaines personnes vont commenter mon statut. Il faut environ une minute avant qu’une connaissance le like et me demande ce qui se passe. Je regarde le commentaire, dubitative. Je me lève pour aller chercher une troisième boisson. À mon retour, cinq personnes m’ont déjà questionnée. Je regrette d’avoir voulu partager ma peine au monde entier, finalement. Je n’ai pas envie de m’étendre en commentaires sur les réseaux sociaux. Mes sentiments sont contradictoires, ce soir. Pas étonnant après les émotions vécues aujourd’hui. J’éteins mon cellulaire et le dépose près de moi, face contre le ciment.
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— Je pensais m’offrir une petite séance de cinéma ce soir. Serais-tu intéressée de m’accompagner ?

— Ah, tiens donc, je pensais justement y aller moi aussi. Le mardi, c’est moins cher ! Quel film veux-tu aller voir ?

— C’est une surprise, mais je suis certain que tu vas adorer ! Je passe te prendre à dix-neuf heures. J’ai déjà ton adresse, Betty me l’a donnée. À plus tard !

Décidément, rien n’arrêtait ce gars-là. Marilou se sentit un peu bête d’avoir fait un commentaire sur le prix du billet. Elle se reprendrait pendant leur sortie.

— Non, mais quelle idiote, grommela-t-elle…

Au même moment, la porte s’ouvrit avec fracas sur une Marion fébrile. Ses beaux cheveux bouclés voguaient sur ses épaules au rythme de sa course. Elle atterrit finalement sur le sofa, après avoir attrapé le chat au vol.

— Tu ne devineras jamais ce qui m’arrive ! s’exclama-t-elle.

— Tu as rencontré l’homme de ta vie ?

— Es-tu vraiment obligée de toujours gâcher l’annonce de mes bonnes nouvelles ?

Il fallut quelques secondes à Marilou pour assimiler l’information. Après que la nouvelle eut fait son chemin dans son esprit, elle se tourna vers son amie qui rayonnait littéralement.

— Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Raconte-moi tout…

— Hier soir, j’étais dans un café tout près d’ici. J’attendais quelques amis. En passant, je tiens à te rappeler que je t’avais invitée. Mais tu ne m’as pas rappelée.
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Je m’éclaircis la gorge, question de me redonner une certaine contenance. Il est encore penché vers moi, mais je me ressaisis. J’ai presque quarante ans. Je ne vais pas me laisser tenter par un jeunot de dix ans mon cadet.
— Je ne sais pas quel genre de fille t’intéresse, dis-je finalement, après avoir dégluti.
— Certainement pas le genre qui veut juste attirer tous les hommes qu’elle croise dans son lit, déclare-t-il. J’aime les femmes sensuelles, mais qui s’ignorent. Ça les rend encore plus attrayantes. Et puis, c’est rare que je sorte avec des femmes de mon âge, elles ne sont pas assez matures, conclut-il en se relevant.
Notre discussion s’est déroulée dans une sorte d’intimité qui se brise lorsqu’il retourne à son bureau. J’ai l’impression de recommencer à respirer. Vient-il de déclarer qu’il s’intéressait aux femmes matures ? Matures… comme moi ? Pourtant, il est si jeune ! Il me fait un clin d’œil en se rasseyant et décroche son téléphone, mettant ainsi fin à notre conversation. Tout le reste de l’avant-midi, je suis songeuse et peu productive.
— Es-tu prête pour le dîner ? me demande Jamie en se relevant.
Je regarde ma montre. Zut ! Si je sors dîner, je n’aurai jamais le temps de terminer tout ce que je dois faire avant la fin de semaine. En plus, lundi, on a une grosse conférence de presse et je ne serai jamais prête à temps.
— Je ne pourrai pas y aller, Jamie. J’ai de la difficulté à avancer et je ne serai pas prête pour lundi si on sort.
Je suis un peu déçue, mais d’un autre côté, c’est peut-être mieux ainsi. Lui aussi a l’air déçu, mais son sourire revient rapidement.
— On va se reprendre. Je vais aller nous chercher quelque chose en bas, décide-t-il, et je vais t’aider. J’attends un appel, de toute façon, si je sors trop longtemps, je risque de le manquer. La même chose que d’habitude ?
— Oui ! Avec une salade au lieu de…
— Au lieu des frites, je le sais, dit-il avec un sourire en coin. Et la vinaigrette à côté, précise-t-il, avant que j’aie le temps de le mentionner.
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— À quel moment auront lieu les funérailles ? demandé-je, question de me redonner une certaine contenance.

Il se frotte le visage, en signe de lassitude.

— Hum. Samedi, je crois. Si tout va comme prévu. Pourquoi ? Tu vas venir ?

— Bien sûr ! Je vais être là. On est une équipe !

Il esquisse un sourire et je trouve aussitôt mon commentaire stupide. Une équipe ! Je n’aurais pas pu faire plus platonique.

— Tu me tiendras au courant pour les détails, dis-je, avant de sortir.

— Promis. Et merci encore. Ça m’a fait du bien de parler d’elle avec toi.
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Je n’ai jamais été obnubilée par un gâteau au chocolat. Même que, généralement, je prends celui aux carottes quand on me laisse le choix. Est-ce que cet engouement doit s’ajouter à la liste de mes manies ? Il va falloir que je le note. La liste s’allonge de plus en plus. Je prie pour que Miche-Lyne trouve une solution à mon problème.
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Je déteste attendre. Voilà pourquoi je magasine en ligne d’habitude. Comment se fait-il qu’il n’y ait qu’une seule employée, d’ailleurs ? C’est vrai, c’est dimanche. Ce n’est probablement pas la journée la plus occupée de la semaine. Je suppose que les gens font ce genre d’achat directement dans le confort de leur foyer.
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Je pense aux femmes que j’ai croisées vendredi dernier. Dans le cours, il y avait plusieurs superbes filles qui portaient des vêtements de sport haut de gamme et pour qui la sueur ne faisait même pas partie de la vie courante, malgré la chaleur qui régnait dans la salle. Elles ont toutes les qualités nécessaires pour attirer un homme tel que Jean-Sébastien. Qu’ai-je de si attirant ? Oui, je suis jolie, je le sais, mais on ne peut pas dire que j’ai particulièrement mis cet attrait de l’avant lors de nos rencontres.
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Comment rester calme quand je ne peux plus bouger et qu’une voix cadavérique veut me convaincre de ne pas m’en faire ? À mon réveil, j’ai le cœur qui bat la chamade et j’ai encore l’impression que l’inconnu est près de moi. Heureusement qu’il fait clair dans la chambre. Je pense que, si j’avais été dans le noir complet, j’aurais paniqué.
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Mon cerveau me dicte de ne pas y retourner, mais mon corps ne veut pas coopérer. Même que je salive à l’idée de déguster une autre tranche de ce sublime gâteau. Non ! Je suis plus forte que ça. Je recule de quelques pas et, déjà, c’est mieux. Encore quelques pas, les yeux toujours fixés sur le commerce. La tentation diminue. J’en fais dix de plus. Et là, pouf ! envolée, l’image du gâteau. Comme si le fil invisible qui me liait à lui venait d’être coupé. C’est insensé !
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Et cet autre truc, le chant du coq… Avoue qu’imiter le coq, ce n’est pas quelque chose qu’on oublie si facilement. Pourtant, j’ai totalement effacé ça de mon cerveau. Si tu ne m’en avais pas parlé, j’aurais continué ma vie comme si de rien n’était.
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Je dois dire que je ne me comprends pas non plus. Mon cerveau me dicte d’agir d’une façon, mais mon corps semble répondre à ses propres consignes.
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Je suis incapable de quitter le gâteau des yeux. Il a l’air tellement bon ! Je suis sûre qu’il y a un étage entier au chocolat. J’adore le chocolat ! J’ignore pourquoi, mais j’ai l’impression que je suis prête à tout pour obtenir le premier morceau. Mais on n’est pas rendu là. Le temps des chansons terminé, une très longue période de photos suit, que je trouve vraiment pénible. Sans blague, je me contiens à peine. Pourquoi est-ce si long ? La petite n’a que six ans, est-ce nécessaire de faire toutes ces fioritures ?
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Je suis jeune pour souffrir d’Alzheimer, mais l’idée me traverse tout de même l’esprit. Il s’agit peut-être de symptômes précurseurs de la maladie. Les gens qui en souffrent ne se réveillent pas un matin en étant lourdement atteints ; il doit y avoir une progression. Non, je m’inquiète probablement pour rien, il y a sans aucun doute une explication très logique à tout cela.
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Il semble se passer de drôles de choses dans ma vie. Par exemple, j’ai beau tenter de me remémorer ma journée complète d’hier, il y a des trous dans mes souvenirs. Qu’est-ce qui pourrait causer ces blancs de mémoire ? Je suis jeune pour souffrir d’Alzheimer, mais l’idée me traverse tout de même l’esprit. Il s’agit peut-être de symptômes précurseurs de la maladie. Les gens qui en souffrent ne se réveillent pas un matin en étant lourdement atteints ; il doit y avoir une progression. Non, je m’inquiète probablement pour rien, il y a sans aucun doute une explication très logique à tout cela.
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Personnellement, si je devais inventer un prénom pour donner un cours de yoga, je pencherais plutôt pour un nom de roche ou un truc du genre. Quand Cristal ou Turquoise te demande de trouver ton chakra intérieur, il me semble que ça a de l’impact.
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Je n’ai vraiment aucun talent d’actrice. Je trouve très triste d’admettre que mon imitation du coq sonne mieux que ça. L’homme ne paraît pas trop désarçonné par mon comportement étrange. Je suppose qu’il est habitué de côtoyer des filles pas mal plus zélées que moi. Maintenant qu’il a prouvé qu’il avait raison depuis le début, il change de sujet.
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Personne ne me regarde bizarrement, c’est bon signe. Tout va bien, alors. Je vois la belle blonde donner sa carte de membre au comptoir, un large sourire aux lèvres. Tiens, sa bonne humeur est revenue. Probablement que le gars à l’accueil est de son goût. D’où je me tiens, je ne peux pas voir son visage. Je peux seulement discerner ses bras musclés qui doivent plaire à la clientèle féminine. Cela explique sans doute pourquoi mon amie a décidé de prendre un abonnement ici. C’est en plein son genre. Justement, je la cherche des yeux, sans trop me faire d’illusions. Je ne crois pas qu’elle m’ait attendue.
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S’il y a une chose que je déteste, c’est bien être le centre d’attention. Je pourrais aussi gentiment attendre la fin et rejoindre mon amie en m’excusant. Après tout, mon but ultime était de prendre un verre avec elle. Si je saute le cours…
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