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Citations de Maurice Barrès (288)


Soudain, il sentit quelque chose entrer dans sa chambre et s'arrêter auprès de son lit. Une sueur d'effroi couvrit tout son corps, mais il ne pensa pas à lutter, ni à appeler. Ce qu'il sentait là, près de lui, vivant et se mouvant, c'était abstrait comme une idée et réel comme une personne. Il ne percevait cette chose par aucun de ses sens, et pourtant il en avait une communication affreusement pénible. Les yeux fermés, sans un mouvement, il ressentait un déchirement douloureux et très étendu dans tout son corps, et surtout dans la poitrine. Mais plus encore qu'une douleur, c'était une horreur, quelque chose d'inexprimable, mais dont il avait une perception directe, une connaissance aussi certaine que d'une créature de chair et d'os. Et le plus odieux, c'est que cette chose, il ne pouvait la fixer nulle part. Elle ne restait jamais en place, ou plutôt elle était partout à la fois, et s'il croyait par moment la tenir sous son regard, dans quelque coin de la chambre, elle se dérobait aussitôt pour apparaître à l'autre bout.
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Les appels d'un enfant ou d'un coq apportés de la plaine par le vent, le vol plané d'un épervier, le tintement d'un marteau qui là-bas redresse une faucille, le bruissement de l'air animent seuls cette immensité de silence et de douceur. Ce sont de paisibles journées faites pour endormir les plus dures blessures. Cet horizon où les formes ont peu de diversité nous ramène sur nous-mêmes en nous rattachant à la suite de nos ancêtres. Les souvenirs d'un illustre passé, les grandes couleurs fortes et simples du paysage, ses routes qui s'enfuient composent une mélodie qui nous remplit d'une longue émotion mystique. Notre cœur périssable, notre imagination si mouvante s'attachent à ce coteau d'éternité. Nos sentiments y rejoignent ceux de nos prédécesseurs, s'en accroissent et croient y trouver une sorte de perpétuité.
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Les jardins de Qalaat étaient réputés parmi les plus beaux de la Syrie, dans un temps où les arabes excellaient dans l'art d'exprimer avec de l'eau et des fleurs leurs rêveries indéfinies d'amour et de religion.
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Il aurait voulu dominer les hommes et caresser les femmes ; il y prévoyait des obstacles.
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Maurice Barrès
Les caresses d’une mère, une belle promenade, des heures émerveillées par des récits heureux agissent sur toute l’existence.
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Premier principe : Nous ne sommes jamais si heureux que dans l'exaltation.
Deuxième principe : Ce qui augmente beaucoup le plaisir de l'exaltation, c'est de l'analyser.
Troisième principe : Il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible.
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Connaissez-vous la rude allégresse de gravir les pentes de la colline par une courte après-midi glaciale de l’hiver ? Il semble que vous remontiez dans les parties les plus reculées de l’histoire. Le ciel est couvert d’épais nuages qui naviguent et sous lesquels des troupes de corneilles, par centaines, voltigent, allant des sillons de la plaine jusqu’aux peupliers des routes, ou bien s’élevant à une grande hauteur pour venir tomber d’un mouvement rapide, au milieu des arbres qui forment, sur le sommet, le petit bois de Plaimont. Par intervalles, un vent glacé balaye la colline en formant des tourbillons d’une force irrésistible, et il semble que tous les esprits de l’air se donnent rendez-vous là-haut, assurés d’y trouver la plus entière solitude. C’est un royaume tout aérien, étincelant, agité, où la terre ne compte plus, livré aux seules influences inhumaines du froid. de la neige et des rafales.
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Maurice Barrès
Tout livre a pour collaborateur son lecteur.
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Dans le même temps où Don Juan, de Séville, commandait à Valdés d'ouvrir les charniers, un français, de même ardeur emportée, et tragique, Rancé, subissait un tête-à-tête plus lugubre encore. " En montant tout droit à l'appartement de la duchesse de Montbazon où il était permis d'entrer à toute heure, au lieu des douceurs dont il croyait aller jouir, il y vit pour premier objet un cercueil et, posée dessus, la tête toute sanglante de sa maîtresse qu'on avait détachée du reste du corps, afin de gagner la longueur du col, car le cercueil était trop court."

(Une visite à Don Juan)
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Qu'une merveille soit méconnue, un trésor enfoui, ce n'est point cela qui est mélancolique. Mais une merveille qui est en train de disparaître !
Voilà le trait qui complique de fièvre toute volupté ! être périssable, c'est la qualité exquise. Voir dans nos bras notre maîtresse chaque jour se détruire, cela parfait d'une incomparable mélancolie le plaisir qu'elle nous procure.
Il n'est point d'intensité suffisante où ne se mêle pas l'idée de la mort.

(Les bijoux perdus).
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Et comme si la nature, elle aussi, avait voulu ajouter à cette impression d'Islam, les toits de ces églises sont couverts des mêmes herbes folles et des mêmes pigeons qu'on voit partout sur les mosquées du Maroc. J'allais oublier dans ce décor ce qui est le plus arabe de tout, la tour carrée d'où jadis le muezzin invitait les gens à la prière, et qui reste toujours là pour rappeler que ces églises furent autrefois des mosquées.

(La semaine sainte à Séville par Jérôme et Jean Tharaud).
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Il y a des lieux où souffle l'esprit.
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Autour de Bosserville les grands vents tourmentent le ciel et balayent la Lorraine dont le cœur sommeille.
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Sur ce plat désert de mélancolie où règnent les ibis rosés et les fièvres paludéennes, parmi ces duretés et ces sublimités prévues par mon imagination, la belle petite fille vers qui j'allais m'excitait infiniment.
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Nous avons abandonné (ah ! certes, contre notre gré) les Alsaciens-Lorrains durant un demi-siècle. Dès lors, il ne nous appartient pas, à nous, Français de l'intérieur, de chagriner aucun d'eux sur la manière dont il s'est accommodé de l'intolérable situation que nous avions dû leur faire.
C'est aux Alsaciens et aux Lorrains de se juger entre eux.
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Nous serons un jour (mais qui de nous deux le premier?) meurtris par notre cercueil, nos mains jointes seront opprimées par des planches clouées à grand bruit; nos visages d'humoristes n'auront plus que les marques pénibles de cette lutte dernière que chacun s'efforce de taire, mais qui, dans la plupart des cas, est atroce. Ce sera fini, sans que ce moment suprême prenne la moindre grandeur tragique, car l'accident ne paraît singulier qu'à l'agonisant lui-même. Ce sera terminé. Tout ce que j'aurai emmagasiné d'idées, d'émotions, et mes conceptions si variées de l'univers s'effaceront.
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Voici, en vieille Castille, Avila, la ville des mystiques, silencieuse, parfumée par la cendre de sainte Thérèse et par les cierges se consumant en adoration perpétuelle dans plus de deux cents couvents qui abritent sous leurs dernières ruines de belles tombes de marbre et la règle du Carmel.
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Combien de fois, au hasard d'une heureuse et profonde journée, n'avons-nous pas rencontré la lisière d'un bois, un sommet, une source, une simple prairie, qui nous commandaient de faire taire nos pensées et d'écouter plus profond que notre coeur!
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Tandis que le sage reste sur la rive cherchant un gué, le fou aux pieds nus a traversé l’eau.
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Par un rideau habilement tiré, soudain le jour tomba sur la toile théâtrale, et je vis, avec les teintes affreuses de la décomposition, un cadavre d'évêque, un cadavre de roi, vêtus de suaires, sauf la face, où naissaient mille vers. Dans le fond, tout un charnier de crânes et, par-dessus, la balance mystérieuse du catholicisme, où sont pesés les mérites et les démérites.
" Voilà un tableau que l'on ne saurait regarder sans se boucher le nez", disait Murillo.

(Une visite à Don Juan).
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