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Citations de Maurice Barrès (292)


Plus que tout au monde, j'ai cru aimer le musée du Trocadéro, les marais d'Aigues-Mortes, de Ravenne et de Venise, les paysages de Tolède et de Sparte; mais à toutes ces fameuses désolations, je préfère maintenant le modeste cimetière lorrain où, devant moi, s'étale une conscience profonde.
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"Un berger nous salue, seul au milieu de ce désert, ou rien, pas même un arbre, ne lui tient compagnie.Comme le soir qui vient donne aux choses un caractère d'immensité!
La rêverie s'égare, dans ce paysage infini, sur les formes aplanies, sur la douceur et l'usure de cette vieille contrée".
Chapitre XIV.La colline respire
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Maurice Barrès
Une œuvre d’art c’est le moyen d’une âme.
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Ils étaient la fleur du canton, trois bonnes fleurs campagnardes, sans étrangeté, sans grand parfum ni rareté, mettons trois fleurs de pomme de terre.
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Eh quoi ! ce sont de jeunes Français. Des animaux d’une espèce particulière ; non pas des Slaves, ni des Anglo-Saxons : des chevaliers, des gentilshommes, des amateurs d’aventures glorieuses engagées avec frivolité.
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Sans le stage qu’il accomplit quai Félix-Maréchal, il serait un de ces Allemands, aux poches bourrées de livres, que l’on voit arpenter, étudier, contrôler nos trois places, et, dont il faudrait croire qu’ils sont les plus fins connaisseurs en délicatesses d’art, si l’on ne remarquait qu’ils se mouchent dans des carrés de papier. Fâcheux signe extérieur !
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Jouissons et dansons, mais voyons clair. Il faut traiter toutes choses au monde comme les gens d'esprit traitent les jeunes filles. Les jeunes filles, au moins en désir, se sont prêtées à tous les imbéciles, et lors même qu'elles sont vierges de désir, croyez-vous qu'il n'existe pas un imbécile qui puisse leur plaire ! Il faut faire un assez petit cas des jeunes filles, mais nous émouvoir à les regarder, et nous admirer de ressentir pour de si maigres choses un sentiment aussi agréable.
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Quand Bérénice était petite fille, dans mon désir de l'aimer, j'avais beaucoup regretté qu'elle n'eût pas quelque infirmité physique. Au moins pour intéresser mon cœur avait-elle sa misère morale. Une tare dans ce que je préfère à tout, une brutalité sur un faible, en me prouvant le désordre qui est dans la nature, flattent ma plus chère manie d'esprit et, d'autre part, me font comme une loi d'aimer le pauvre être injurié pour rétablir, s'il est possible, l'harmonie naturelle en lui violée. Je m'écarte des êtres triomphants pour aimer, comme aime Petite-Secousse, les beaux yeux résignés des ânes, les tapisseries fanées, ou encore, comme j'aurais voulu qu'elle fût elle-même, les petites malades qui n'ont pas de poupées. C'est qu'il n'est pas de caresse plus tendre que de consoler.
A Aigues-Mortes, toutefois, ayant vu sa nuque souple et ses grands cils mélancoliques, je m'égarai de cette façon de sentir. Je me sentis disposé à la posséder. Et comme le sûr moyen dans le tête-à-tête, pour arriver à la sensualité, me parut toujours les sentiers de la mélancolie, au soir tombant je priai Petite-Secousse de me raconter ces tristesses qu'elle m'avait indiquées d'un mot léger à Arles, quand une de ses larmes tomba sur sa main que je baisais.
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Ma longue curiosité n avait guère de chance d être un jour satisfaite. Elle s endormait presque. Le hasard d un coup d oeil jeté sur le catalogue de la bibliothèque de Nancy vint un jour la réveiller. Sous les numeros 1592 a 1693, je decouvris un trésor, toute une collection de manuscrits exécutés par les frères Baillard et contenant des lettres, des visions, des entretiens, des révélations divines, des annales, des pieces de procedures, des prières, des livres de comtes, les plus beaux thèmes dont ils se nourrissaient, un immense grimoire.
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Le lendemain, dans le pays, on raconta que tout le couvent était ivre. Plusieurs n’y virent pas de honte. Mieux vaut faire envie que pitié, disaient-ils en patois. Mais le scandale exaspéra les orthodoxes.
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Le secret des forts est de toujours se contraindre sans répit
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À cinq heures, il se dirigea vers la Morgue, Au coin de la rue Notre-Dame-des-Champs et de la rue Vavin, il entendit le cri, lut le titre en manchettes : « Mort de Victor Hugo ! » Son cœur se gonfla dans sa poitrine. Il rejeta tous ses soucis précaires, parce qu’il avait un dieu à créer d’accord avec un groupe important de l’humanité. Aucune réalité, si tragique qu’il la pressentît, ne pouvait l’émouvoir comme la mort du seul homme qui, dans une époque médiocre, donnait la sensation du hors de pair, et semblait essentiel pour maintenir l’unité, la fraternité françaises
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En leur fermant l'horizon pendant une dizaine d'années, on les avait contraints de ne rien voir qu'en eux. Si cette éducation leur a supprimé la conscience nationale, c'est-à-dire le sentiment qu'il y a un passé de leur canton natal et le goût de se rattacher à ce passé le plus proche, elle a développé en eux l'énergie. Elle l'a poussée toute en cérébralité et sans leur donner le sens des réalités, mais enfin elle l'a multipliée. De toute cette énergie multipliée, ces provinciaux crient "A Paris !"
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C'était exactement le sorcier de jadis, mais d'aspect moderne. Il disposait des mêmes forces : autorité dans le regard, intonation prophétique, et psychologie pénétrante. L'âme un peu basse de cet homme, qui leur faisait l'illusion d'un philosophe et qui n'était qu'un administrateur, se trahissait en ceci qu'il les avertissait sur leur emploi et non sur leur être. Il voyait partout des instruments à utiliser, jamais des individus à développer.
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On ne bâtit plus à Marsal, et qu'une maison brûle, on ne la relève pas. De-ci de-là, le long des rues, je vois des ruines recouvertes d'orties. Mais ce qui serre le plus le cœur, c'est peut-être de reconnaître toutes les formes de l'ancienne petite ville française. N'est-ce pas ici la Place d'Armes, avec les débris du carré de tilleuls où, le dimanche, la musique militaire rassemblait la population ? J'arrête un petit garçon. Une jolie et intelligente figure du pays messin ; beaucoup de douceur, très peu de menton et la voix grave.
- Savez-vous l'allemand ? lui dis-je.
- Pas beaucoup.
- Ne le parlez-vous pas ?
- Des fois.
Comme je l'aime ce "des fois" si lorrain ! Comme il m'attendrit, ce sage enfant perdu sous le flot allemand, petite main qui dépasse encore quand notre patrie commune s'engloutit.
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L'horizon qui cerne cette plaine, c'est celui qui cerne toute vie; il donne une place d'honneur à notre soif d'infini, en même temps qu'il nous rappelle nos limites.
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Les hommes réunis par une passion commune créent une âme, mais aucun d'eux n'est une partie de cette âme. Chacun la possède en soi, mais ne se la connaît même pas. C'est seulement dans l'atmosphère d'une grande réunion, au contact de passions qui fortifient la sienne, que, s'oubliant lui et ses petites réflexions, il permet à son inconscient de se développer. De la somme de ces inconscients naît l'âme populaire. Pour la créer, seuls valent les ouvriers, des gens du peuple, plus spontanés, moins liés de petits intérêts que des esprits réfléchis. Elle est analogue à chacun de ceux qui la composent, et n'est identique à aucun. Elle dépasse tout individu en énergie, en sagesse, en sens vital. Ce qu'elle décide spontanément, ce sont les conditions nécessaires de la vie.
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Dans ses éléments en effet la philosophie nous enseigne que ni vous ni moi ne sommes la vérité complète, et nous engage ainsi à une grande modestie l'un envers l'autre. Mais poursuivons le raisonnement des maîtres : "Personne, disent-ils, n'est la vérité complète, tous nous en sommes des aspects." Donc, si l'un de nous n'existait pas, un des aspects de la vérité manquant, la vérité complète ne serait plus concevable. Ainsi faut-il que je satisfasse à toutes les conditions de mon individualisme, parmi lesquelles une des plus impérieuses est que je vous nie.
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Deux êtres ne peuvent pas se connaître. Le langage ayant été fait pour l’usage quotidien ne sait exprimer que des états grossiers ; tout le vague, tout ce qui est sincère n’a pas de mot pour s’exprimer. L’instant approche où je cesserai de lutter contre cette insuffisance ; je ne me plairai plus à présenter mon âme à mes amis, même la nuit.
Plus loin j’entrevois la possibilité d’être las de moi-même autant que des autres.
Mais quoi ! M’abandonner ! Je renierais mon service, je délaisserais le culte que je me dois !
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Que voulez-vous, mon cher Monsieur Frédéric Asmus, vous êtes une victime de la guerre. Votre naïve impétuosité n’avait pas tort de céder à l’attrait de cette terre lorraine, qui désire refaire avec ceux qu’elle attire ceux qu’elle a perdus; tout semblait propice à ce rêve pacifique; mais une jeune fille a choisi la voie que lui assigne l’honneur à la française.
... Rentre, Colette, avec ta grand’mère, dans votre appartement du quai sur la Moselle. Inconnue à tous et peut-être à toi-même, demeure courageuse et mesurée, bienveillante et moqueuse, avisée, loyale, toute claire. Persévère à soigner les tombes, et garde toujours le pur langage de ta nation. Qu’elle continue à s’exhaler de tous tes mouvements, cette fidélité qui n’est pas un vain mot sur tes lèvres. Petite fille de mon pays, je n’ai même pas dit que tu fusses belle, et pourtant, si j’ai su être vrai, direct, plusieurs t’aimeront, je crois, à l’égal de celles qu’une aventure d’amour immortalisa. Non loin de Clorinde et des fameuses guerrières, mais plus semblable à quelque religieuse sacrifiée dans un cloître, tu crées une poésie, toi qui sais protéger ton âme et maintenir son reflet sur les choses... Nous, cependant, acceptons-nous qu’une vive image de Metz subisse les constantes atteintes qui doivent à la longue l’effacer ?
Et suffira-t-il à notre immobile sympathie d’admirer de loin un geste qui nous appelle ?
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