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Critiques de Maurice Maeterlinck (132)
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L'oiseau bleu

Maurice Maeterlinck, grand symboliste de la première moitié du XXe siècle, avait déjà écrit des pièces de théâtre absolument outrageantes de beauté, de symboles et d’images. De silences aussi… Pelléas Et Mélisande avait été un coup au cœur, un véritable choc, et j’avais absolument voulu prolonger l’expérience en lisant sa Petite Trilogie De La Mort qui m’avait tout autant apporté une noirceur que j’aimais au plus profond de moi, quelque chose qui brouille tout le reste, quelque chose qui asphyxie avec douceur. Pour mieux prolonger mon adoration, il est évident que j’allais me lancer sur non pas la plus connue, mais celle qui est dite comme « chef d’œuvre » de l’auteur. L’Oiseau Bleu, cette épopée, ce – presque – roman picaresque, tout cela dans les pays rêvés, les landes merveilleuses. Il s’agit d’une pièce de théâtre ayant donné lieu à de très nombreuses inspirations futures : notamment Valère Novarina pour la reprise de la multiplicité des personnages ayant des vertus symboliques, qui sont des allégories en chair (ici, on retrouve autant des personnages simples comme les deux enfants principaux ou bien leurs grands-parents, que des personnages merveilleux comme la fée Bérylune, le Feu, le Pain, le Chien qui parlent, mais aussi des personnages figurant des idées tels que l’Amour Maternel, les Heures, les différents Bonheurs, la Nuit et la Mort). Mais également Paul Claudel pour le symbolisme ambiant et l’ambiance picaresque du voyage.



À travers ce long voyage de longue haleine, que l’on rappelle comme deux enfants pauvres partant à la recherche d’un pauvre petit oiseau bleu, solution pour un rétablissement, nous assisterons à une profonde épopée initiatique, un voyage intérieur surtout, malgré un manichéisme indéniable, où les figures sombres s’allient pour vaincre, et les figures de lumières viennent en aide. J’ai trouvé en ce récit quelques répétitions qui ne m’auront pas tant plu, car au bout d’une ou deux fois le schéma répété, on se surprend à quelque peu moins l’apprécier. Le cadre est magnifique, simple et plein d’humanité, et les différents actes sont plein de belles figures qui sauvent la mise, mais autrement je pense que l’histoire se serait vu être inlassablement les mêmes schémas narratifs – aussi significatives du genre du conte merveilleux vers lequel la pièce par elle-même. À chaque étape du voyage, nous verrons l’Oiseau Bleu partir loin de nous, comme s’enfuyant, mourant, grand désespoir ! mais finalement, ne reste-t-il pas près de nous tout le long du voyage ? Qu’est donc réellement cet oiseau de mystère ? Ne nous livre-t-il pas la solution du bonheur véritable ?



Cette pièce est un petit bijou d’imagination, c’est certain. Grandes lignes directrices tracées pour la postérité, nous rentrons dans l’ambiance morbido-merveilleuse d’un pays inconnu où la Nuit parle tout autant que le Bonheur et la Lumière. Un petit oiseau qui ne cesse de disparaître est la solution aux maux d’une jeune fille, mais également ceux du genre humain. Où est donc notre bonheur ? {16}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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Pelléas et Mélisande

L’écriture est à la fois simple et sophistiquée ; l’histoire, à la fois sombre et lumineuse (l’amour et la mort se mêlent intimement) ; les personnages, beaux, sont à la fois proches de nous (Mélisande « c’était un pauvre petit être, comme tout le monde... ») et lointains, rudes et tendres.

Le silence dans ce royaume (Allemonde) semble y avoir été inventé pour permettre aux sentiments retenus de se faire entendre... tel un coeur qui bat… mais à tout rompre.

Une attente. De toute évidence quelque chose ne tourne pas rond, cela va mal finir. Au coeur de l’oeuvre, il y a un mystère. Il irradie et continue à émettre ses rayons même après le livre fermé, même après une énième lecture. Il y a du merveilleux dans cette pièce de théâtre. Il n’est pas étonnant que son charme agisse toujours!
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Pelléas et Mélisande

Le prince Golaud ramène en bateau la princesse Mélisande (on ne saura jamais pourquoi elle est triste et a jeté sa couronne dans l'eau) dans le sombre château d'Arkel, son grand-père, roi d'Allemonde, où vit Pelléas, demi-frère de Golaud.



L'amour qui nait entre Mélisande et Pelléas est-il un amour coupable méritant la correction infligée par Golaud?



Maeterlinck a 30 ans en 1892 quand il écrit la pièce dans un courant symboliste (qui me dépasse) et si je retire les décors, le sombre château, les souterrains, la Fontaine des aveugles, restent des dialogues un peu nunuches, des gens qui ne répondent jamais aux questions, des non-dits (plein de trois petits points) mais je suis heureux d'avoir ainsi fait connaissance avec l'auteur.

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La Vie des abeilles

♫L'heure c'est l'heure

On n'est pas d'humeur

A verser des pleurs

Fières sont les ouvrières

Le jour en tailleur

Le soir en guêpière

Quand la mort vous susurre

Des serments veloutés

Que rien n'est moins sûr

N'aura plus d'importance

Ni la chaleur

Ni les piqûres♫

-Alain Bashung- 1994 -

----♪----♫----🐝----👑----🐝----♫----♪----

Propos lisses

Souvenir d'un impossible avenir

Ingénieux et radieux

Mieux vaut croire à l'essaim

Plutôt qu'au bon Dieu

Propolis

Balbutiements, rentrées chez elles,

Les abeilles oublient qu'elles ont des ailes

Pro-Police

Qu'on leur jette la première pierre

L'api d'air ou hyménoptère mellifère

Progrès, évolution, Darwin

Ce monde reste une énigme

Heureux les yeux qui n'ont point besoin d'illusion

Un principe propice à Ulysse: l'absolue perfection

Hédoniste ou les piqûres

Happy Apiculture

Plutôt que de se demander quoi penser d'un Nobel

Qui prétend en connaître un rayon sur le miel

Mieux vaut relire vous-même "l'avis des abeilles"

A rajouter sur la liste du père Noël 🌟🌟🌟🌟🌟
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Pelléas et Mélisande

Pelléas aime Mélisande, Mélisande aime Pelléas mais Mélisande est mariée à Golaud, le frère aîné de Pelléas. Golaud a rencontré la jeune fille en pleurs auprès d'une fontaine, elle était belle et désespérée et c'est souvent comme cela qu'elle apparaîtra dans cette pièce.

On m'avait vanté cette oeuvre et je dois admettre que je suis un peu déçue. Vous l'aurez compris rien qu'en lisant le premier paragraphe de cette critique. J'ai été très émue par la scène IV de l'acte IV, c'est vrai. Le reste m'a semblé un peu confus. Il parait, d'après la préface, que c'est cela qui fait en partie la beauté de la pièce. Il semblerait que je sois passée à côté.



Challenge ABC 2023/2024
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La vie des termites

Trouvé par bonheur hier dans une boîte à Livres - Edition de 1926 quasi « neuve » !! La chance !

Ici nous avons affaire avec des termites qui n'ont connu aucun prédateur depuis des millénaires pour détruire leur termitière, grâce à leurs fabuleux moyens de défense et leurs divers soldats tous aveugles et pourtant proteiformes pour défendre leur vie.

Seul l'homme évidemment - unique créature destructrice de la Terre d'ailleurs - pourrait détruire leurs grandes architectures par des coups de pioche ou autres explosifs tant la carapace et dure et résistante à tout ennemi.

Selon Maeterlinck aucune créature au monde n'a développé autant de moyens de survivre à travers les âges que les termites, changeant tout à tour d'aspect, altruistes, généreux, obstinés, courageux. Des têtes énormes. Des pinces, des têtes en forme de poire de lavement qui pulvérise un gel mortel sur les attaquants éventuels, souvent des fourmis alors engluées et vouées à la mort !!

Une foule de noms d'insectes difficiles à retenir, mais évidemment un ouvrage de spécialiste écrit de la manière la plus modeste et la plus précise.

La science a peut être mis à jour , cent ans après la rédaction de cet ouvrage fondamental ,d'autres mystères sur cette population extraordinaire qui ne peut laisser personne indifférent

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L'intelligence des fleurs - La vie des abei..

Pioché au hasard sur le rayons "auteurs belges" de la bibliothèque ce double essai fait figure d'ovni dans la littérature de cet écrivain belge. Coutumier du théâtre ou du roman, il nous explique de manière poétique dans la première courte partie "L'intelligence des fleur" 1907 certains subterfuges que les fleurs ont trouvés pour se reproduire. Il y compare les grandes inventions humaines inspirées de la nature. La vie des abeilles 1901 va plus en profondeur dans le monde merveilleux des hyménoptères. Sans vouloir être exhaustif, il y mêle observations personnelles et grandes théories entomologiques. Cet essai poético-philosophico-biologique est une bonne manière d'aborder la vie sociale de ces insectes de l'essaimage à l'élevage des nouvelles reines, de l'exclusion des faux bourdons après le vol nuptial jusqu'au stockage du miel avant l'hiver.
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Pelléas et Mélisande

Première incursion dans l'œuvre de Maeterlinck.



Je n'ai pas lu la préface avant de commencer, histoire de me faire une opinion brute de la pièce.

Comme souvent avec le théâtre, je pense qu'il vaut mieux le voir jouer que le lire. Mais bon, on fait avec ce qu'on a, dirais-je.

Donc, lecture très aisée puisque le vocabulaire est assez pauvre et répétitif. On y retrouve les marqueurs habituels des légendes, tragédies et autres fables: une princesse (dont on ne saura rien ou pas grand chose), un château, des fontaines, un vieux roi qui se meurt à l'étage, un mari et son frère, un anneau qu'on perd, un amour ambigu,...

Je sais qu'on est dans le symbolisme, donc j'y détecte assez aisément un rapport à l'eau, à la mort, à la lumière et l'obscurité...

On est fin du 19e siècle, donc, bien obligé, Mélisande est assez idiote et geignarde dans son genre. Je n'ai pas trouvé de toute façon que les hommes tiraient leur épingle du jeu. Entre le mari qui gagatise en ramenant tout aux enfants (de sa femme jusqu'aux moutons) et Pélléas qui voudrait bien mais qui ne peut point... Finalement, c'est l'ensemble des personnages qui se posent comme les marionnettes d'un destin qui leur échappe.



Une fois la préface lue, je comprends que je ne me suis pas trop trompée dans l'ensemble mais que pour tout comprendre il faudrait que je me plonge dans d'autres ouvrages du seul auteur belge nobélisé. Chose que je ne manquerai pas de faire à l'occasion (je trouverai bien un de ses ouvrages sur une prochaine brocante ou dans une bouquinerie).
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Le trésor des humbles

Maeterlinck au pays des mystiques.



“L’essentiel est invisible pour les yeux” disait le Petit Prince de Saint-Exupéry. Maurice Maeterlinck n’en pense pas moins dans ces petits essais mystiques rassemblés, à l’extrême fin du XIXème siècle, sous le titre “Le Trésor des Humbles”.



“Quelle est l’action de l’homme dont le dernier mobile n’est pas mystique ?”



Qui n’a pas déjà eu recours en dernier ressort à ces pensées magiques : si je ferme les yeux et compte jusqu’à cinq alors il ou elle devra me répondre, ou pensera à moi, ou bien les numéros du loto s’alignerons sous mes yeux ou encore je serai invincible face aux épreuves, du deuil à l’entretien d’embauche en passant par la paperasse administrative du dimanche soir ou les douleurs aux lombaires… dans l’obscurité relative de nos paupières complices, nous négocions inlassablement avec l’univers insondable de nos croyances mystiques…



Le dramaturge belge, auteur notamment de la pièce symboliste, puis Opéra de Debussy, Pelléas et Mélisande, nous donne les clés d’un royaume inodore, incolore mais pas indolore… Car il faut accepter un réel effort pour toucher du doigt ce que l’écrivain, après Novalis, Emerson, Plotin et les mystiques médiévaux semble avoir compris, l’auteur reconnaît d’ailleurs que cela demande un peu “d’ivresse d’âme” (on ne peut totalement se départir du soupçon d’un coup de pouce herbacé quelconque afin d’atteindre les hauts sommets fongiques de la mystique médiévale n’est-ce pas…).



“Les abeilles ne travaillent que dans l’obscurité, la pensée ne travaille que dans le silence, et la vertu dans le secret…”



Le chapitre introductif “Le Silence” est d’une richesse inégalée par le reste de l’ouvrage. Pourquoi cette peur du silence ? Peur de l’exigence requise pour mener une vie spirituelle ? Pourtant nous avons beau lutter contre ce “réveil de l’âme” il fait partie de nous, Maeterlinck soulignant que “l’élément spirituel parait lutter au fond de l’humanité comme un noyé qui se débat sous les eaux d’un grand fleuve”.



Maeterlinck voit dans la parole un obstacle au contact profond avec l’âme, avec l’invisible, pour lui, la parole étouffe la pensée. Mais se taire n’est pas chose aisée, nous ne sommes pas très à l’aise à laisser s’installer le silence entre nous et autrui. Peut-être nous sentons tous ce danger du silence, surtout lorsqu’il est partagé, Maeterlinck note que “même les plus imprudents ne se taisent pas avec le premier venu” comme si quelque chose de plus intime, de plus indélébile que des bavardages pourrait s’installer par le silence laissé entre deux êtres qui ne désirent pas se connaître… Le silence est donc un “poids inexplicable” lorsqu’il est partagé et c’est pourquoi nous en sommes tous si “avares”.



Dans un monde en proie au bruit, où la nuisance sonore s’exerce toujours sur les plus faibles, que se soient les salariés plongés dans l’enfer de l’open-space face à la porte close du bureau insonorisé du chef de service, ou les immeubles proches d’une Gare ou du périphérique, avec leurs populations précaires exposées… le silence est pourtant, comme le souligne la philosophe Cynthia Fleury, une “ressource cognitive” indispensable à la production, la concentration, la démocratie la psyché et le sacré, “le fardeau sonore est toujours porté par les plus vulnérables” dénonce Fleury tout en déplorant que l’on assiste à une “confiscation du silence par les espaces de luxes” alors que c’est une “denrée essentielle pour le corps et l’esprit”, ce que confirme déjà Maeterlinck en écrivant “la pensée ne travaille que dans le silence”.



“ce qui nous distingue les uns des autres, ce sont les rapports que nous avons avec l’infini.”



Il ne faut pas aborder la “morale mystique” par le biais de la parole et du langage, toujours réducteurs, ils diminuent ce qu’ils veulent exprimer. Dans le silence, avant la raison qui “donne une forme arbitraire aux mouvements invisibles des royaumes intérieurs” nous ressentons l’indicible qui commande nos actions et notre sens de ce qui est juste.



Ces certitudes, “reines voilées” qui nous guident dans l’existence nous ne pouvons parvenir ni à les formaliser ni à en retracer l’origine profonde. Maeterlinck invite sans doute à être plus attentif à ces voix intérieures, ces intuitions sur les autres, qui ne reposent a priori sur rien, qui ne s’expliquent pas et qui pourtant nous font sentir “qu’il y a des êtres qui protègent dans l’inconnu et d’autres qui y mettent en péril”… qui n’a jamais eu ce pressentiment sur l’influence qu’une personne pourrait avoir sur sa vie.



Dans ces chapitres comme “le tragique du quotidien”, “la bonté invisible” ou encore “la vie profonde” l’auteur nous enjoint à mettre un pied dans les eaux “graves et inattendues” de la vie supérieure, à sculpter notre propre morale et trouver notre idéal dans l’humilité de la vie quotidienne.



Est-ce que Maeterlinck produit le même effet que les moines mystiques du Moyen-Âge, à savoir un égaré illuminé par une croyance dévoyée ? Malgré le risque d’extravagance associé à sa démarche, nous devons nous rendre à l’évidence que bien des intuitions nous parlent.



…Et pour celles qui nous parlent moins, il reste la beauté de la langue, sa poésie incontestée qui nous berce un peu comme si nous étions sur une planète inconnue, face à des couleurs et des formes dont nous serions témoins pour la première fois. Maeterlinck nous déconseille d’entrer dans la lecture des mystiques “par curiosité littéraire”, je dirais pourtant qu’il n’y a pas meilleure raison d’entrer dans “Le Trésor des Humbles”.



Qu’en pensez vous ?
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Pelléas et Mélisande

3/5



Personnellement je n’ai pas adoré/accroché (attention je n’ai pas non plus détesté) on sent que l’auteur a pris le partie de faire une pièce avec beaucoup de zones de flous et où tout n’est pas forcément compréhensible (ce qui n’est pas forcément ce que j’apprécie) mais il y a des scènes que je trouves mal grès tout touchante.



TW CE QUI VA SUIVRE EST UN SPOIL



Par contre je trouve que l’histoire d’amour interdite qui va se créer et évidente dès le début.

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L'oiseau bleu

(janvier 2007)



Le conte commence dans la cabane d'un bûcheron. Ses deux enfants, Tyltyl et Mytyl, ne trouvent pas le sommeil et vont partir faire un grand voyage.



J'ai aimé ce conte d'enfants que j'ai lu adulte. J'ai aimé ce conte que j'ai lu en pensant à mes vingt ans. Il y a longtemps, bien longtemps, alors que je n'étais pas insouciante mais seulement invincible, la vie a emporté dans son infinie brutalité un être de mon âge, un être qui m'était cher, un être qui flirtait juste avec ses vingt ans.



Quand Maurice Maeterlinck a écrit l'oiseau bleu en 1909, il ne pensait pas à cette mère qui allait, quatre fois vingt ans plus tard, être condamnée à dire adieu à son fils, rongé par une maladie que je ne croyais offerte qu'aux vieux. Et cette toute sage jeunesse de nous dire, à nous les vivants immobiles, stupéfaits, tétanisés, "je suis comme l'oiseau bleu, celui qui aura une belle queue si on pense à lui". Cet au revoir poignant a résonné en moi, résonne et résonnera jusqu'à mon dernier souffle, mais jamais je n'avais été capable d'ouvrir le conte de Maeterlinck.



L'œuvre de Maeterlinck est par essence symbolique et métaphorique. Chacun y trouve ce qu'il y cherche, chacun s'y souvient de ce qu'il a oublié, chacun revit les épisodes fondateurs de sa vie et apprend à consoler son enfant en lui avec les forces de l'adulte qu'il est aujourd'hui.



L'oiseau bleu offre un lien entre le vulgaire et l'inaccessible, un brin d'éternité. Bien plus qu'un message vers l'au-delà, c'est un message de l'au-delà : l'histoire, elle est ici et maintenant …

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Petite trilogie de la mort

Du même auteur, encore une pièce moyenne et qui ne m'a pas tellement intéressé. Mais un peu plus intéressant quand même que Pelléas et Mélisande. Trois petites histoires plutôt angoissantes mais il se passait pas non plus grand-chose donc ça reste ennuyeux.
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Pelléas et Mélisande

Une pièce assez moyenne dans l'ensemble. J'avoue ne pas avoir été transporté tant par l'écriture que par l'histoire. J'étais un peu en dehors. Le sort des amants m'importait peu. Mais je ne peux pas nier que les symboles et nombreuses métaphores sont très intéressantes. Cependant, j'étais extérieur à l'intrigue, aux personnages et à ce qui leur arrivait. Une lecture ennuyante.
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Marie-Magdeleine : Drame en trois actes

Pièce dramatique en trois actes de Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature 1911.



J'enlève une étoile à cause de l'anti-sémitisme trop flagrant de Maeterlinck, qui s'exprime par la bouche des Romains présents dans la pièce.



Mais sinon, quelle belle découverte que ce livre ! J'avais peur de me retrouver avec un texte pompeux, suranné, bigot ... mais pas du tout ! C'est toute la force des Evangiles qui jaillit de cette pièce, de façon très moderne, contemporaine.



Verus, un soldat romain est amoureux fou de Marie-Magdeleine qui elle-même a découvert l'Amour du Christ :

"Il n'a fixé ses yeux qu'un instant sur les miens, et cela suffira pour le reste de ma vie. Je savais qu'il me reconnaissait sans m'avoir jamais vue et voulait me revoir... Il semblait me choisir gravement, puissamment, pour toujours..."



Au moment de l'arrestation du Christ, Verus vient proposer à Marie-Magdeleine le marché suivant : donne-toi à moi, reprends ton ancienne vie et je donnerai l'ordre de libérer ton Christ :

"plus tu l'aimes, plus je t'aime, plus tu veux le sauver et plus je veux le perdre ! Il s'agit de s'entendre !... Tu veux sa vie, je veux la mienne, et tu l'auras sa vie, mais moi je t'aurai, toi, avant qu'il n'échappe à sa mort... Est-ce entendu ?"



Dilemme de Marie-Magdeleine qui hésite à "sauver" le Christ de la mort si c'est pour le tuer spirituellement en elle en reprenant sa vie de courtisane alors même qu'Il l'a libéré de ses anciennes chaînes :

"Si je le perds en moi, je le détruis en nous !"



Dilemme d'autant plus douloureux que tous les disciples du Christ, rassemblés dans le dernier acte, accusent Marie-Magdeleine de trahir Jésus en choisissant le silence.



J'ai beaucoup aimé cette pièce, très forte, avec énormément de citations des Evangiles glissées de-ci de-là dans les répliques des différents personnages, présentées ainsi dans un autre contexte que celui du Nouveau Testament canonique. Le dernier Acte, dramatique à souhait, est particulièrement réussi.





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Pelléas et Mélisande

Une des pièces les plus connues de Maurice Maeterlinck, prix Nobel de Littérature 1911.



Je n'ai pas été convaincue par cette pièce de Maeterlinck. Je l'ai trouvée mièvre alors que "Les Aveugles" était une pièce forte où chaque réplique était percutante.



Ici, Melisande, est à ce point éthérée, fofolle et lunatique, que je n'ai absolument pas compatis à ses "malheurs" ni à sa "tristesse". Elle tombe amoureuse du frère de son mari, ... et évidemment, cela se finit tragiquement !



Je n'ai pas aimé non plus le texte de la pièce, l'auteur y a mis beaucoup de répétition, rendant le style très lourd : "En ce moment ? - En ce moment ? "

"La vérité..La vérité" et ainsi de suite...



Bref, un classique à lire mais assez décevant à mon avis.



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Les Aveugles

Sur les conseils avisés d'une spécialiste (Musardise pour ne pas la nommer... en entier :) ), je poursuis ma découverte de Maeterlinck qui me parle beaucoup plus que je ne l'aurais cru.



Après l'Intruse, c'est encore à la Mort que nous sommes confrontés. La différence est qu'ici, elle a frappé dès le début de la pièce... mais que nous sommes les seuls au courant, puisque tous les personnages sont aveugles et que le seul voyant est mort au milieu d'eux. Ils le croient partis et la pièce est fait de leurs échanges, de leurs angoisses, de leur rapport à cette réalité inconnue qui les entoure.



Maeterlinck ne nomme pas ses personnages mais il les regroupe tout de même en différentes entités : les aveugles-nés, craintifs et pessimistes ; les vieux aveugles, qui n'ont que des vagues souvenirs d'avoir vu, mais que cela amène à plus s'interroger, à chercher à trouver des solutions; les aveugles encore plus malades, le sourd et la folle, avec qui on ne peut entrer en communication et qui ne constituent donc pour les autres que gêne dans leurs échanges; le sixième aveugle qui discerne encore la lumière et la jeune aveugle, qui se souvient très bien avoir vu, sans doute la plus optimiste, elle qui veut que chaque bruit soit synonyme de bonne nouvelle. Dialogues d'aveugles et donc régulièrement dialogue de sourds puisque leurs questions finissent toujours par se heurter au mur de leur ignorance: ils ne peuvent pas voir, pas se voir entre eux, pas se voir eux-mêmes, pas avoir une vraie connaissance de leur environnement. La nature autour d'eux (vent, mer, feuilles) est presque toujours plutôt menace que bienfait, surtout pour les aveugles-nés qui préfèrent quoi qu'il arrive la protection de l'hospice, le côté rassurant qu'offre le monde civilisé, le fait de savoir qu'on s'occupe d'eux.



Évidemment on ne peut s'empêcher de filer une métaphore facile: ceux qui ne veulent pas voir et veulent rester ignorants, préférant faire confiance à d'autres pour décider de leur sort ; ceux qui sont tombés dans le défaitisme après avoir eu soif d'apprendre étant plus jeune; ceux qui n'ont pas abandonné tout espoir et pensent encore à des lendemains qui chantent. Il y a même l'espoir concret du nouveau né, fils de la folle et qui lui voit et peut être le guide qui les sauvera tous. Mais à l'autre bout de la vie, il y a le vieux prêtre, déjà mort et qui leur annonce leur destin inéluctable à tous.



Comme pour l'Intruse, on ne peut pas qualifier le théâtre de Maeterlinck de follement enthousiaste et optimiste. Mais il a le mérité d'affronter en face la seule vraie question, celle de notre devenir et de l'intérêt de continuer à se battre. Même si le destin inéluctable est posé, le ridicule affligeant des aveugles-nés en face de la candeur touchante de la jeune aveugle me fait penser que Maeterlinck n'était pas si catastrophiste qu'il cherche à le montrer. Mais peut-être est-ce surtout parce que je suis de mon côté un optimiste indécrottable, adepte du clin d’œil qui m'offrirait un destin de monarque, puisqu'on connait le sort réservé aux borgnes dans certains royaumes.
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Les Aveugles

"Les Aveugles", pièce en un acte écrite en 1890 par l'écrivain belge francophone Maurice Materelinck, prix Nobel de Littérature 1911.



Une pièce mystérieuse et envoûtante qui se déroule de façon statique dans une forêt obscure. Des aveugles, hommes et femmes, sont assis autour de leur Guide, un vieux prêtre qui est mort, mais ils ne le savent pas.

S'ensuit un dialogue ininterrompu entre les personnes aveugles, de questions et de réponses courtes, souvent angoissées, sursautant au moindre bruit, le vent, la mer, les feuilles qui tombent, ou quand ils se frôlent l'un l'autre. A la fin de la pièce, un bébé endormi dans les bras de sa maman aveugle, se réveille et gémit, il annonce quelque chose, tous les aveugles sont en état d'alerte, qui vient là ? ils ne le savent pas…



Ce que j'ai aimé dans cette pièce, c'est que les courts dialogues amènent le lecteur à s'interroger sur ce qu'il voit ; sur qui le guide ; sur les peurs qui l'habitent et sur ce qu'il attend. Tout au long de la pièce, on entre en quelque sorte en "résonnance" avec ce qui est dit, et chacun peut répondre librement, la pièce ne donne pas de réponse "toute faite".



*TROISIÈME AVEUGLE-NÉ

J'ai peur quand je ne parle pas.



*LA PLUS VIEILLE AVEUGLE

II faisait très beau ce matin ; il a voulu nous faire jouir des derniers jours de soleil avant de nous enfermer tout l'hiver dans l'hospice.

PREMIER AVEUGLE-NÉ

Mais j'aime mieux rester dans l'hospice!



*PREMIER AVEUGLE-NÉ

Nous ne sortirons plus, j'aime mieux ne pas sortir.

DEUXIÈME AVEUGLE-NÉ

Nous n'avions pas envie de sortir, personne ne l'avait demandé.



*LA PLUS VIEILLE AVEUGLE

Ils sont ici! Ils sont au milieu de nous!...

LA JEUNE AVEUGLE

Qui êtes-vous?

Silence.



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L'intruse

Je me remets clairement à la lecture du théâtre ces temps-ci, à la faveur des challenges et de la Masse Critique. Deuxième pièce de Maeterlinck donc, et je dois dire que j'y prends goût. le théâtre de Maeterlinck est clairement contemporain, mais loin du théâtre de l'absurde. Il est accessible (en tout cas ici), un théâtre symboliste comme je l'ai déjà expliqué dans ma critique de Pelleas et Melisande, un théâtre obsédé par la mort qui s'approche.



La pièce est totalement une pièce d'atmosphère, un huis clos oppressant où même l'ouverture d'une porte, d'une fenêtre est difficile, ou alors source d'angoisse. C'est que cette famille est regroupée, après un accouchement difficile, coincée entre la chambre de la parturiente et celle du bébé, dans un silence oppressant, rempli de sons qui ne le sont pas moins. C'est une pièce où le son est primordial, j'aime ces pièces qui me donnent très vite des idées de mise en scène, beaucoup de choses à faire avec la bande son ici. La présence forte de l'aïeul aveugle donne évidemment toute son importance au son, lien principal avec le monde de ce personnage anxieux.



Les personnages parlons-en. Des archétypes de la famille (oncle, père, aïeul, les 3 filles), dont on connaîtra certains prénoms mais qu'on continuera à désigner par leur place familiale. Des archétypes de caractère, l'oncle ancré dans la réalité, l'aïeul anxieux et sensible à tous les signes, les 3 filles , personnage fusionné, chargés de faire le lien, le père dans l'entre-deux de la réalité et du monde des esprits. Le lecteur également, personnage invité à l'attente, d'abord un peu perdu sur ce qui se passe, puisqu'on ne lui explique la situation que par bribes. Puis totalement averti de ce qui arrive avec le symbole évident de la faux du jardinier qu'on entend soudain (un jardinier qui fauche pendant la nuit ? cela étonne bien l'oncle… Oh oui, que c'est étonnant, nous ne comprenons pas du tout ce qui se passe…  ) C'est d'ailleurs totalement stupéfiant que cette survenue de la faux soit le moment où le grand-père finit par s'endormir, lui qui reste éveillé à cause de l'inquiétude pour sa fille qui souffre dans la pièce d'à côté. Tellement prompt à interpréter tous les signes, comment ne comprend-t-il pas le plus évident ?



Au-delà de la mort, c'est la pièce de l'absence : absence de la vision, omniprésence des personnages absents (la femme qui vient d'accoucher et le bébé, mais aussi la nourrice partie, la soeur qui n'arrive pas). Cette soeur, avec le double sens du rôle familial manquant mais aussi de la religieuse qu'elle est, devrait être là pour amener cette spiritualité essentielle dans ce moment que l'on sent fatal.



Pour finir, je voudrais souligner la modernité de ce théâtre de Maeterlinck, presque contre son gré. C'est en effet un théâtre qui puise plutôt son inspiration dans les thèmes du Moyen-Age et donc qui ne cherche pas à faire moderne. Pourtant, après avoir lu Pratchett récemment, je ne peux que faire le parallèle avec ce personnage incarné de la mort et rapprocher donc Maeterlinck des littératures de l'imaginaire, en pleine expansion de nos jours, sans doute parce qu'elles sont aujourd'hui les rares à continuer à aborder une spiritualité de plus en plus absente du monde moderne, et si chère à Maeterlinck.

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Pelléas et Mélisande

Pourquoi suis-je moins enthousiaste que la plupart des gens à propos de Pelléas et Mélisande, alors que j'aime beaucoup le premier théâtre de Maeterlinck ? Je viens de relire la pièce et ça se confirme : je préfère définitivement Les Aveugles, L'intruse, Intérieur et La Mort de Tintagiles. Je n'arrive pas à considérer Pelléas et Mélisande comme le chef-d'oeuvre de Maeterlinck, ce qu'il semble être pour tout le monde - même si, ne nous leurrons pas, l'aura de l'opéra de Debussy n'y est souvent pas pour rien. Pelléas et Mélisande me semble un condensé du premier théâtre de son auteur, c'est peut-être un peu ce que je lui reproche. Mais pas seulement. Et d'un autre côté, c'est aussi ce qui fait sa force.





Au moment où Maeterlinck publie Pelléas et Mélisande (1892), il n'en est pas précisément à son coup d'essai. Il a écrit des récits courts, des poèmes, et quelques pièces : La Princesse Maleine, qu'on présente souvent comme un "brouillon" de Pelléas et Mélisande, et L'Intruse, Les Aveugles ainsi que Les Sept Princesses, trois pièces courtes. Or, l'étiquette de dramaturge du morbide lui collait à la peau. Et pour cause ! La mort est le sujet le plus évident de ces pièces, et Maeterlinck a donc cherché, tout en continuant à explorer ses thèmes de prédilection, à se renouveler avec un drame qui serait non seulement celui de la mort, mais aussi un drame passionnel. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous ; et, effectivement, on pense vite à la légende arthurienne, notamment aux personnages de Marc, Tristan et Yseut, et à un tas d'autres histoires mêlant amour et mort. Ce n'est pas pour autant que Maeterlinck n'était pas novateur.





Ici, l'histoire commence avec une étrange jeune fille perdue, puis "trouvée" dans la forêt, donc on se connaîtra jamais les origines, et qui a visiblement vécu une histoire traumatisante - on devine que, peut-être, un roi l'aurait épousée contre son gré, car elle est assise au bord d'une fontaine où elle a laissé tomber la couronne qu'elle portait. On n'en saura pas davantage, ce qui n'empêchera pas Golaud - qui n'en sait pas plus que nous -, petit-fils du roi d'Allemonde, de l'épouser rapidement. Aux références arthuriennes viennent s'ajouter celles des contes de fées (et bien d'autres), comme presque toujours chez Maeterlinck. Les choses se gâteront vite pour les personnages (à supposer qu'elles aient bien commencé, ce qui est fort douteux), ne serait-ce que parce que le château d'Allemonde est vieux, décrépi, moisi, lézardé, pourri, et que la jeunesse de Mélisande, tout comme celle de Pelléas, demi-frère de Golaud, ne pourra guère s'y épanouir. du début à la fin, on sentira l'oppression qui pèse sur tous les êtres vivant au château, du grand-père à l'arrière petit-fils.





"Dès que nous exprimons quelque chose, nous le diminuons étrangement." écrira quelques années plus tard Maeterlinck dans le Trésor des Humbles. C'est presque là tout le programme de son premier théâtre, qui repose sur des non-dits, des phrases interrompues, des paroles incompréhensibles ou encore complètement banales, des répétitions et des silences. Pelléas et Mélisande ne déroge pas à la règle, bien au contraire. On peut en tirer une lecture psychanalytique (à mon sens plus évidente que dans d'autres pièces), ou spirituelle, ou les deux à la fois. Parce que bon, Mélisande qui joue, aux côtés de Pelléas, avec son alliance jusqu'à la perdre définitivement dans l'eau, on aura du mal à affirmer que ça ne relève pas d'une volonté inconsciente de Mélisande de se débarrasser de son mari, hein ! Et je ne vais pas m'attarder sur tous les motifs qui jouent aussi bien sur l'aspect psychanalytique que sur l'aspect spirituel, des souterrains à l'eau omniprésente, en passant par les cheveux de Mélisande ou par la fameuse porte qui peine à s'ouvrir. Au final, on se retrouve perdu au milieu de personnages perdus, à la recherche de... C'est là que ça se complique. Sont-ils à la recherche de la connaissance d'eux-mêmes, comme le laisse penser le vieux roi Arkël, ou bien à la recherche d'une connaissance plus universelle, plus métaphysique ? Le regard, la clairvoyance ou l'aveuglement, voir ou ne pas voir, ça semble finalement être la grande question de Pelléas et Mélisande... pour changer ! Déchirer le voile du visible pour accéder à l'invisible, ce fut la grande affaire des symbolistes, et des surréalistes après eux, et cette pièce ne déroge pas à la règle, encore une fois.





Du coup, qu'est-ce qui me dérange dans Pelléas et Mélisande, puisque ces sujets, l'atmosphère et le langage employé (auxquels on accroche ou pas, c'est un peu comme Duras) fonctionnaient très bien pour moi dans les pièces précédentes ? C'est l'histoire d'amour ! Pas parce que je n'aime pas les romances (j'aime pas trop les romances, surtout au cinéma, c'est un fait), ou les histoires d'amour tout court (je mets sur un piédestal Les Hauts de Hurlevent, donc bon), mais parce que les personnages de Maeterlinck sont complètement désincarnés. Ne cherchez pas de drame psychologique ici, il n'y en a pas - on pourrait même se dire que les personnages réagissent de façon très étrange, si on devait les considérer comme des êtres de chair et de sang. Mais Maeterlinck a pensé son théâtre comme "non psychologique", et il tenait à ce que les acteurs jouent à la façon de marionnettes (d'où l'appellation "Trois petites pièces pour marionnettes" pour Intérieur, Alladine et Palomides et La Mort de Tintagiles), ou de coquilles vides, c'est-à-dire sans apporter à leurs personnages le moindre élément psychologisant - ce qui aurait nui à l'essence symboliste de ses pièces. Or, le drame passionnel sans la psychologie, je trouve que ça a ses limites. Pour que ça fonctionne parfaitement (en tout cas dans mon cas), il aurait fallu que je ressente que la quête initiatique, spirituelle, mystique, métaphysique, ou appelons ça comme on voudra, était autant générée par la passion amoureuse que par la mort. Or, il m'a semblé que la mort - et les mystères qu'elle soulève - prenait largement le pas sur l'amour, au point que l'histoire d'amour m'a semblé presque secondaire.





Je note tout de même un élément très intéressant, qui mériterait sans doute qu'on s'y attarde davantage et dont j'ai discuté brièvement avec Meps, lecture commune oblige. Il semble que la pièce soit pensée en boucle. Mélisande aurait-elle vécu la même histoire avant que celle-ci ne débute ? Et l'histoire va-t-elle continuer à l'infini, comme pourraient le laisser penser les derniers mots de la pièce, prononcés par le vieux roi Arkël ?
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Pelléas et Mélisande

Pelleas et Mélisande est régulièrement citée comme pièce emblématique du théâtre symbolique. Les caractéristiques en sont pour les personnages l'expérience de la mort et l'impuissance face à une destinée tragique. C'est un théâtre statique où tout n'est pas dit mais plutôt suggéré.



La plongée dans les symboles commence dès le titre. On sent bien qu'on est introduit dans un contexte de légendes (Pelleas est le nom d'un des chevaliers arthuriens... et Melisande fait clairement penser à Melusine, la fée présente dans les contes du moyen-âge). Au delà du titre, certaines caractéristiques des légendes moyen-âgeuses sont bien présentes: la rencontre près de la fontaine, le château, le vieux roi mourant, tout est là pour poser ce contexte intemporel qui parlera à beaucoup de cultures occidentales. On vise l'universalisme, au-delà de l'intemporel. Les avertissements aux personnages sont nombreux, mais difficilement interprétables, par eux mais aussi par le lecteur (j'avoue m'interroger encore sur le sens de la présence des trois vieux endormis au fond de la grotte visitée par Pelleas et Melisande) On sent que tout concourt à la fois à rapprocher les êtres mais également à les mener vers un destin funeste.



Toutes les générations concourent au drame. Le vieux roi Arkel se montre compréhensif avec son petit-fils Golaud quand il revient de la forêt avec la belle Mélisande qu'on ne lui destinait pas pour femme et dans le même temps incite son autre petit-fils Pelleas à rester au château pour veiller son père alors que celui-ci a pourtant pour projet de partir au loin, ce qui lui permettrait d'échapper à ce qui s'annonce. A l'opposé de l'arbre généalogique, le jeune Yniold semble voir en rêve des prémonitions dramatiques, mais il sera aussi l'agent plus ou moins consentant de la révélation de la tromperie à son père. Les personnages énoncent à plusieurs reprises le sentiment qu'un malheur va se produire, et la mort envisagée du père des deux frères (que l'on ne verra jamais dans la pièce) laisse planer cette atmosphère malsaine et occulte dans les esprits le réel drame qui se joue.



J'ai lu également que le théâtre symboliste était réputé pour sa misogynie. Il est vrai que le personnage de Melisande, princesse abandonnée au fin fond de la forêt, ne sachant pas bien pourquoi elle est là et qui se révèlera être finalement celle par qui le drame arrive n'est pas un personnage des plus valorisants pour la gent féminine. Mais à de nombreux moments, les personnages semblent plutôt ridicules dans leurs agissements, leurs peurs, leur cris d'effroi face à des situations qu'ils ne maîtrisent aucunement. Pelleas et Golaud n'apparaissent pas particulièrement comme des modèles de maîtrise et de bravoure, mais bien plutôt comme des pantins désarticulés ne comprenant rien à ce qui leur arrive.



Si je devais tenter une analyse sans doute simpliste de l'oeuvre, je dirais que Maeterlinck nous démontre l'inutilité d'un combat face à une histoire déjà écrite, la faiblesse des hommes face à la jalousie, au désir. Ou à l'inverse, peut-être nous incite-t-il à davantage observer les signes, à davantage nous faire confiance dans nos prises de décisions qui nous permettraient d'éviter le pire. Vous le voyez, comme souvent avec les symboles, chacun peut facilement décider de ce qu'il aura lui-même envie de leur faire dire.
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