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Citations de Maurizio Serra (22)


Toute détente faisait horreur à Mussolini, et s’il y aura un Duce torse nu, il n’y aura jamais de facisme en pantoufles.
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Churchill encore, pour terminer.

À un dîner bien arrosé, comme d'habitude, il se tourna vers son gendre, le jeune ministre Duncan Sandys un peu interloqué : « Tu sais ce que j’ai admiré chez that old fellow Musso ? La façon dont il s'est débarrassé de Ciano... »
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Maurizio Serra
La question n'est pas tant de savoir pourquoi il y a des dictatures, mais plutôt pourquoi le peuple y adhère.

L'Histoire.
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Le mythe selon lequel la marche sur Rome a sauvé l’Italie du bolchevisme triomphe donc. Mais comment juger l'événement en soi ? S'agit-il d'une subversion révolutionnaire ou d'un expédient pour légaliser une révolution qui n'eut pas lieu ?

Au fond, les deux thèses ne sont pas incompatibles, surtout pour Mussolini. L’ère fasciste commence, même si la dictature ne débutera officiellement que trois ans plus tard.

Cette tragi-comédie aura au moins inspiré un chef-d'œuvre d'humour grinçant : le pamphlet La Marche sur Rome.. . et autres lieux, rédigé au début des années 1930 à Paris par l'exilé Emilio Lussu. Il s'agit, avec Fontamara (1933) d'Ignazio Silone et Le Christ s’est arrêté à. Eboli (1945) de Carlo Levi, d'une des œuvres marquantes de l'antifascisme militant.
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Ayant détruit tout leur matériel, les quelques centaines de parachutistes survivants de la division, dernier anneau de l'armée italo-allemande d'El-Alamein, cessèrent le combat sans hisser le drapeau blanc, refusant formellement de se rendre.

Ils attendirent immobiles, au garde-à-vous, les Anglais qui leur rendirent les honneurs militaires
. La guerre du désert, nous l'avons dit, était une guerre de seigneurs.

On peut lire sur l’ossuaire d El-Alamein cette phrase de Rommel : « Le soldat allemand a surpris le monde. Le soldat italien a surpris le soldat allemand. »
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À Badoglio, qui se montra meilleur diplomate que stratège et passa outre aux dernières revendications de la délégation italienne en abrégeant : « C'est firme [sic, pour signé], donc ça suffit comme ça», le plénipotendaire français, le général Hutzinger, répondit, les larmes aux yeux : « Vous êtes un soldat, Badoglio, et pas seulement un maréchal. »
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La France, en revanche, fût le véritable réceptacle de ses amours et de ses rancunes. Malgré son engouement pour le romandsme allemand, la culture française était au cœur de sa formation : Victor Hugo et Napoléon bien sûr, mais aussi Stendhal lui tiendront compagnie jusqu'à ses derniers jours.

Nous verrons plus loin à quel point l’obsession d'avoir été éconduit par les gouvernements successifs de la Troisième République le poussera vers l'alliance avec Hitler.
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Si le général Pugliese avait pu tirer un seul obus, les « marcheurs » se seraient vraisemblablement dispersés avec la rapidité des lyncheurs de Lussu.

L’histoire est parfois faite par l'action, plus souvent par l'inaction, c'est-à-dire la lâcheté.
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La culture italienne des années 1930, je ne parle pas des intellectuels qui s'étaient exilés, mais bien de ceux qui avaient choisi de rester, fut foisonnante et souvent d'un très haut niveau, malgré la dictature. Dédaignée dans son propre pays après la montée du néoréalisme d'après-guerre - qui n'existerait pas, c'est l'évidence même, s'il n'y avait pas eu auparavant le réalisme ! -, on commence seulement à la redécouvrir, alors qu'elle reste presque ignorée en France, mais non aux Etats-Unis ni en Allemagne. La peinture a donné Sironi, Casorati, Scipione, Balla, de Pisis, Rosai, Campigli, sans oublier la phase classique (et point mineure) des frères ennemis De Chirico et Savinio. Le grand cinéma italien a fait ses débuts avec Blasetti, Camerini, Genina. L'architecture rationaliste, le design industriel, l'ameublement, la mode même, tout ce qu'on appelle un peu abusivement le "style" italien sont nés alors, avec Piacentini, Brasini, Terragni, Nervi, Gio Ponti. En musique Nono, Maderna ou Berio ne seraient pas concevables si Malipiero et Casella, Petrassi et Dallapiccola ne les avaient précédés. En littérature, on admet Ungaretti et Montale, et bien entendu Moravia dont nous reparlerons. Mais que dire de Bontempelli, Bacchelli, Alvaro, Comisso, Cardarelli, Palazzeschi, Papini, Trilussa ? Et où se sont formés, sinon dans ce climat, Buzzati, Vittorini, Brancati, Delfini, Piovene, Guido, Bilenchi, Bassani, Pavese, Tobino ? Lorsque nous sortirons enfin de la damnatio memoriae, propre des idéologies quand elles descendent au plus bas de leur courbe, nous pourrons revenir à une vision plus objective de cette époque. Et la série complète de Prospettive (N.d.Siladola : revue fondée et dirigée par Malaparte) sera un outil précieux pour nous aider à le faire.
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le Duce est désormais convaincu que Hitler ne s’arrêtera pas là, malgré ses promesses : un menteur sait reconnaître d’instinct un autre menteur.
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L’histoire perd le droit de juger si elle ignore la faculté de comprendre
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Le dandy décadent, un pied dans le fascisme, l’autre dans le mysticisme ; le surréaliste converti au communisme et revenu au libertinage de sa jeunesse ; le d’annunzien-révolutionnaire-gaulliste : chacun à son tour fut ami, rival, personnage, miroir déformant des deux autres. Ensemble et séparément, ils ont joué la musique polyphonique des idéologies du XXe siècle français et européen ; ils nous ont laissé sans doute plus de questions que de réponses, cherchant dans l’écriture une compensation à la mort, à la tragédie de l’histoire et à l’échec de la révolution.
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Malgré les milliers de documents disponibles, surtout depuis la fin de la glaciation gaullienne, les Français acceptent et assument la réalité de l'Occupation plus difficilement que les autres peuples du continent qui ont subi le même sort : ce n'est pas seulement leur conscience mais leur imaginaire collectif qui s'y refuse. Si jadis on taisait avec embarras ce que l'on avait vu, maintenant on parle avec volubilité de ce que l'on n'a pas vécu, sans se demander ce que pères et mères éprouvaient réellement alors.
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Le Mussolini de 1919-1922 avait brandi la menace de la guerre civile pour prendre « légalement » les rênes du pouvoir. C’était maintenant l’inverse : la guerre civile déferlait sur son pré carré et lui ôtait tout semblant de légitimité.
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Le fascisme n’est pas né pour réagir à une fragilisation de la société italienne en 1918-1919, comme il l’a prétendu ; mais au contraire pour l’élargir et l’exploiter à fond. Ce point est capital : il dévoile le levier qui permettra à Mussolini d’accéder au pouvoir et qui le destinera à le perdre vingt ans plus tard, au moment où ses concitoyens se réveilleront – sous le choc d’une guerre perdue – de l’irréalité dans laquelle l’illusionniste les avait plongés.
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Notre clan, installé au centre du pays, avait dû s’associer par des liens habilement tissés, en proportions soigneusement établies, à la puissante peuplade côtière des Zeughides au sud et à celle montagnarde, non moins redoutable, des Lakhbadiens au nord : alliances indispensables pour conserver un semblant de stabilité et de paix à notre inquiète patrie.
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Cependant, les institutions passent ; l’existence d’une nation est heureusement plus forte, plus ancienne, plus flexible, gravée dans le sang, la culture et la vitalité de son peuple. Elle demeure.
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Quel rôle vient jouer Curzio dans cette histoire ignoble ? Pas beau, pas beau du tout. D'abord par ses amitiés : il connaît bien Dumini, dit "Dumini, neuf homicides", ou encore "le sicaire du Duce", même s'il affirme le contraire. Il a même été son parrain dans un duel ! C'est un grand gaillard balafré aux épaules chaloupeuses, les yeux petits, très clairs et très cruels de tueur, de mère anglaise, né et formé aux Etats-Unis, qui s'est découvert une vocation nationale pendant la guerre pour devenir tout de suite après l'un des plus féroces organisateurs des bandes noires. Curzio et lui viennent du même réservoir de l'extrémisme florentin, où ils se sont rencontrés. Certes, il est difficile de ne pas côtoyer Dumini si on dirige les syndicats fascistes de Florence, mais de là à se lier avec lui, il y a loin. Or, Malaparte ne se limite pas à se déclarer attiré par le sang, depuis le jour de son enfance où "je me coupai profondément la main et la vue de mon sang me causa une frayeur mêlée d'étonnement et de bonheur" (Sang et autres nouvelles, traduction de René Novella, Denoël, 1959. Nouvelle édition, préface, bibliographie et chronologie par Alain Sarrabayrouse, Paris, Editions du Rocher- GF Flammarion, 1989) ; il est indéniablement attiré par les hommes de main, ou pire. Un autre personnage de ce genre, que nous rencontrerons plus tard, sera Arconovaldo Bonaccorsi, "le boucher des Baléares" pendant la guerre d'Espagne. La tendance navrante de certains intellectuels en quête de virilité à s'acoquiner avec la pègre est connue. Drieu, qui souffrait de cette attirance, en a donné une interprétation presque psychanalytique dans Les chiens de paille et Journal d'un délicat. Mais on comprend mal ce qui pouvait jouer dans le cas d'un homme équilibré, indifférent au vice et qui avait déjà suffisamment prouvé sa force physique et morale dans la Grande Guerre, comme Curzio.
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Il voulait écrire de sa main tremblante sur une feuille de cahier "Malaparte n'est pas mort" et signer en grand. Il n'en eu pas le temps.
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Le baisser de rideau aurait lieu à minuit, le premier jour du mois suivant, il pourrait le suivre en direct sur le bulletin électronique du ministère. À 23 h 59, il serait encore le numéro 4 dans le grade des ambassadeurs, à 24 h 01, il n’existerait plus. Ne figure pas. Modifiez la recherche. Homicide sans traces de la technologie ! Jadis, on aurait biffé (avec joie ?) son nom sur un annuaire papier, qu’on aurait dû néanmoins conserver pendant toute l’année, jusqu’à la publication du suivant : sa disparition eût été plus lente et cérémonieuse, maintenant il suffisait d’un mot de passe. Il se voyait déjà villégiaturant à côté d’anciens collègues, qui en chaise longue, un plaid sur les genoux, mâchouilleraient d’anciens griefs, ressasseraient pendant des heures leurs entretiens de cinq minutes avec Gorbatchev ou leur poignée de main avec Castro, lui conseilleraient les mots croisés pour garder l’esprit alerte, ou compareraient à voix basse les mérites du Viagra et du Cialis, sans oublier le ginseng coréen qui fait des miracles.
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