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EAN : 9782262081713
500 pages
Perrin (02/09/2021)
4.16/5   25 notes
Résumé :
"La" biographie de Mussolini. Un événement historique et littéraire.
"Ce livre n'est ni une biographie au sens strict de Mussolini ni une histoire du fascisme italien mais la première tentative - et pas seulement en France - d'essayer de dévoiler le "mystère" d'un personnage qui ne ressemble véritablement à aucun des dictateurs, de droite ou de gauche, au XXe siècle mais qui, d'une certaine mesure, les résume tous, de Lénine à Castro." (M. Serra)
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Né à Londres, scolarisé en lycée français, Maurizio Serra diplomate, fils de diplomate, ambassadeur d'Italie auprès de l'Unesco, est le premier italien élu à l'académie française (au fauteuil de Simone Veil) grâce à ses nombreuses biographies rédigées dans notre langue.

Honoré en 2011 du Goncourt de la biographie pour « Malaparte, vies et légendes », son ouvrage « Le Mystère Mussolini » reçoit en 2021 le Grand Prix de la biographie politique et le Prix du livre d'histoire du Nouveau Cercle de l'Union.

Cette biographie (remarquablement commentée par Aquilon62) est assez différente de celle que Pierre Milza a publié en 1999 chez Fayard, car Maurizio Serra, en diplomate qu'il est, consacre plusieurs chapitres d'une grande finesse aux errances des politiques étrangères anglaises et françaises qui poussèrent l'Italie fasciste, notre meilleur allié dans les années 20, dans les bras de l'Allemagne nazie à la suite de la conquête de l'Ethiopie.

Elle diffère aussi car l'auteur a connu personnellement de nombreux protagonistes et émaille son écrit d'anecdotes familiales et c'est ainsi que l'on apprend que son père lui a transmis le Luger qu'un officier allemand lui avait remis le 26 avril 1945 en lui disant « nous avons perdu et nous partons »… l'écrivain a rendu cette arme au carabiniers et préféré le sabre de son grand-père comme épée d'académicien.

Maurizio Serra s'appuie sur les travaux de Renzo de Felice et des historiens qu'il a tous lus et qu'il évoque en notes, offrant ainsi une extraordinaire base de données au lecteur, et il cite évidement tous les romanciers et témoins qui ont écrit sur cette époque et dont il a souvent préfacé les éditions et traductions. Cette plongée montre d'ailleurs que les intellectuels « progressistes » de la deuxième moitié du XX siècle étaient nombreux à avoir encensé le régime fasciste avant de se convertir opportunément en 44/45 …

Passionnante et monumentale cette biographie exigeante met en scène cinq cents acteurs ce qui rendra sa lecture difficile à qui ne distingue pas les frères Chamberlain, Austen et Neville, ou ne connait ni Corinne Luchaire ni Hélène de Portes. le « Mussolini » de Pierre Milza est incontestablement plus accessible et « Rhapsodie italienne » plus romanesque.

Objective et rédigée par une plume érudite, cette biographie est sans doute la « biographie française définitive » du Duce … un dictateur qui est loin de connaitre les succès éditoriaux du Führer.

Une lecture qui donne envie de découvrir les autres titres de notre nouvel académicien.

PS : mon analyse de « Rhapsodie italienne »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Maurizio Serra nous livre ici, une nouvelle fois serais-je tenté de dire, une magistrale biographie, qui tente de lever le "Mystère Mussolini". "Le plus sibyllin, le plus déroutant, le moins aisé à cerner de tous les dictateurs du XXe siècle" selon l'auteur. 

En trois parties, introduites par 3 citations très justement choisies, il nous dévoile :
- L'homme : "La froideur est la plus grande qualité d'un homme destiné à commander." Napoléon ;
- Ses défis : "Il n'existe point de fortitude, là où manque la raison." Cicéron, Les Tusculanes IV ;
- Sa faillite : "Les coupables attribuent toujours leurs fautes aux circonstances. " Salluste, Guerre de Jugurtha I. 

L'académicien nous explique que le mensonge est une clé majeure de ce dictateur qui "les résume tous, de Lénine à Castro" . 
En premier lieu en affirmant que la victoire de l'Italie aurait été spoliée par les Alliés, et ensuite, en prétendant que les "années rouges" de 1919-1920 (biennio rosso) pendant laquelle se produisirent des mobilisations paysannes, des manifestations ouvrières, des occupations d'usines, constituaient une menace existentielle. 

Selon Maurizio Serra, "le fascisme n'est pas né pour réagir à une fragilisation de la société italienne en1918-1919, comme il l'a prétendu mais, au contraire, pour l'élargir et l'exploiter à fond". 

L'auteur le précise à de nombreuses reprises : Mussolini a "toujours menti", "parfois à son corps défendant" , toujours par un "souverain mépris pour les hommes" . C'est sa manière "d'imposer sa volonté de puissance à un peuple qui, trop civilisé, trop tolérant, trop habitué à pactiser, n'en voulut finalement pas".
Pour l'anecdote Mussolini  se plaît à laisser la lumière de son bureau allumée pour faire croire qu'il travaille toute la nuit alors qu'il se couche en vérité vers 22 heures !!! 

Car les italiens en voulaient-ils ? 
En tout état de cause, lors de la Marche su Rome, le 28 octobre 1922, Victor-Emmanuel et la classe politique italienne, par peur d'une guerre civile, choisirent la reddition face aux paramilitaires des Faisceaux italiens de combat et membres du Parti national fasciste. Mussolini resté tranquillement à Milan attendre 3 jours avant de rejoindre la capitale pour former son gouvernement. 6 mois plus tard, ça en sera fini de la monarchie parlementaire lors d'un plébiscite à presque 8 millions de voix 

Maurizio Serra écrit : "S'il avait cultivé le noble art des échecs, mais nous savons qu'il méprisait tous les "passe-temps" , Mussolini aurait compris qu'il avait déjà techniquement perdu la partie, dès son entrée en jeu".

Dans ce cas aurait-t-il entrepris la conquête de l'Ethiopie en 1935, accompagnée de ses exactions, la participation à la guerre d'Espagne. Autant d'actions qui ternissent un peu plus son image, de plus en plus en Europe. A force de vouloir toujours être du côté du plus fort, il mise sur le mauvais cheval : Hitler. Il fera voter des lois raciales en 1938. La déroute de son armée lui sera fatale, il sera déchu en 1943 par le roi Victor-Emmanuel 

Ultime baroud d'honneur il crée à Salo la fantoche République sociale italienne, Mussolini décide de rompre avec les idées de la classe dirigeante traditionnelle, qui l'a trahi, afin de revenir aux idéaux révolutionnaires de la naissance du fascisme. Mais au final ce sera pour lui la fin. Cette "aventure" durera presque 2 ans. Ce concentré du fascisme originel devait annoncer la résurrection du Duce, il sera son tombeau.

Il fuira, sera arrêté et fusillé, avant d'être pendu, tout le monde connaît les photos du corps du Duce pendu par les pieds en place publique à Milan.

Maurizio Serra clôture son ouvrage sur ces mots : "Plutôt que de blinder son cercueil, n'est-il pas préférable de comprendre Mussolini en le dépouillant de son masque et, dans la mesure du possible, de son mystère ? C'est, en tout cas, ce que nous avons essayé de faire dans ces pages."

En tout cas ce livre est une réussite, la mission est remplie avec l'art et la manière
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Excellente biographie de Mussolini , très vivante , extrêmement bien écrite et qui se lit comme un roman
Maurizio Serra maitrise parfaitement son sujet et apporte une vision différente sur le dictateur italien , le fascisme et les années de guerre . Un excellent moment de lecture .
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critiques presse (1)
LeFigaro
20 octobre 2021
Dans Le mystère Mussolini, Maurizio Serra tente d’éclairer les diverses facettes du dictateur,qui reste l’une des figures les plus sombres du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le mythe selon lequel la marche sur Rome a sauvé l’Italie du bolchevisme triomphe donc. Mais comment juger l'événement en soi ? S'agit-il d'une subversion révolutionnaire ou d'un expédient pour légaliser une révolution qui n'eut pas lieu ?

Au fond, les deux thèses ne sont pas incompatibles, surtout pour Mussolini. L’ère fasciste commence, même si la dictature ne débutera officiellement que trois ans plus tard.

Cette tragi-comédie aura au moins inspiré un chef-d'œuvre d'humour grinçant : le pamphlet La Marche sur Rome.. . et autres lieux, rédigé au début des années 1930 à Paris par l'exilé Emilio Lussu. Il s'agit, avec Fontamara (1933) d'Ignazio Silone et Le Christ s’est arrêté à. Eboli (1945) de Carlo Levi, d'une des œuvres marquantes de l'antifascisme militant.
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Ayant détruit tout leur matériel, les quelques centaines de parachutistes survivants de la division, dernier anneau de l'armée italo-allemande d'El-Alamein, cessèrent le combat sans hisser le drapeau blanc, refusant formellement de se rendre.

Ils attendirent immobiles, au garde-à-vous, les Anglais qui leur rendirent les honneurs militaires
. La guerre du désert, nous l'avons dit, était une guerre de seigneurs.

On peut lire sur l’ossuaire d El-Alamein cette phrase de Rommel : « Le soldat allemand a surpris le monde. Le soldat italien a surpris le soldat allemand. »
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Churchill encore, pour terminer.

À un dîner bien arrosé, comme d'habitude, il se tourna vers son gendre, le jeune ministre Duncan Sandys un peu interloqué : « Tu sais ce que j’ai admiré chez that old fellow Musso ? La façon dont il s'est débarrassé de Ciano... »
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La France, en revanche, fût le véritable réceptacle de ses amours et de ses rancunes. Malgré son engouement pour le romandsme allemand, la culture française était au cœur de sa formation : Victor Hugo et Napoléon bien sûr, mais aussi Stendhal lui tiendront compagnie jusqu'à ses derniers jours.

Nous verrons plus loin à quel point l’obsession d'avoir été éconduit par les gouvernements successifs de la Troisième République le poussera vers l'alliance avec Hitler.
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À Badoglio, qui se montra meilleur diplomate que stratège et passa outre aux dernières revendications de la délégation italienne en abrégeant : « C'est firme [sic, pour signé], donc ça suffit comme ça», le plénipotendaire français, le général Hutzinger, répondit, les larmes aux yeux : « Vous êtes un soldat, Badoglio, et pas seulement un maréchal. »
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Videos de Maurizio Serra (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurizio Serra
Echange entre le biographe de « Le mystère Mussolini » (éditions Perrin) et Xavier Fos, président de stratégies françaises. L’auteur répond à de nombreuses questions, dans un grand entretien. Quels sont les liens entre Benito Mussolini et le fascisme dans l’Europe des années 20 et 30 ? Quelles sont les étapes de la prise de pouvoir par le « Duce » ? Celui qui vient d’être élu à l’Académie française en 2020 réagit à l’invasion de l’Ukraine et donne son avis sur la personnalité de Poutine. Xavier Fos interroge Maurizio Serra. L’académicien décrit la manière dont Mussolini a réussi à rester populaire en Italie pendant plus de 16 ans. Xavier Fos, président de stratégies françaises fait l’interview du diplomate. Maurizio Serra porte un regard sur les personnages sulfureux de l’Histoire et leur part d’ombre. L’auteur évoque le mariage de Mussolini avec Rachele, et le rôle de sa maîtresse Margherita Sarfatti. Maurizio Serra reçoit le club stratégies françaises. Quelle est la part pathologique du caractère de Mussolini (mensonge, manque de sens de l’humour) ? Quel rôle joue le roi Victor-Emmanuel III ? Pourquoi le livre d’Oswald Spengler « Le déclin de l’Occident » a joué un rôle important dans cette époque ? Maurizio Serra évoque l’agression contre l’Ethiopie en 1935, conquête coloniale avec un temps de retard. L’historien explique comment le fascisme devient antisémite en 1938 avec une série de lois excluant les juifs de l’administration, l’enseignement, la culture. Le biographe de Malaparte essaie d’expliquer l’étrange rapport entre Mussolini et Hitler. Quelle est l’influence du gendre Ciano, qui sera son ministre des Affaires étrangères ? Quelle est la nature du régime de la République de Salo ? Quelles premières impressions à l’Académie française ?
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