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Citations de Mazarine Pingeot (323)


La honte l’escorte et joue à cache-cache, elle ne sait jamais quand elle va surgir, demeure vigilante. Alors regarder un film sur un ordinateur, des écouteurs sur les oreilles, et sortir de la bulle en exposant des larmes ? Plutôt mourir. On garde, on maintient, on protège. La fosse aux secrets est immense, elle accueille sans discrimination.
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Alors,pour affronter ce silence,Guillaume monologue,il comprend que ce soit dur pour elle,mais quoi,elle n’ira pas voir sa fille? Elle ne cherchera pas à la serrer dans ses bras,à lui parler? Elle ne la défendra pas?La police,la prison,les uniformes lui font peur?C’est cette phobie qui la reprend,des contrôles d’identité,des papiers qu’elle a perdus,mais qu’elle a fini par refaire,et puis quoi,ce n’est pas l’administration qui doit guider leur conduite!
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Personne ne pose de questions à Magdalénien sur son enfance ni sur son adolescence,la règle tacite de la famille est de ne jamais evoquer l’Allemagne,ou le moins possible,sauf si c’est elle qui prend l’initiative.Parfois,dans leur chambre à coucher,Guillaume lui dit qu’il aimerait l’accompagner à Francfort,et à Munich visiter les lieux de son enfance,rencontrer des personnes qui l’auraient connue,petite.Aussitot elle se ferme,ou se met en colère.Elle ne veut pas en entendre parler,sa vie est ici,ses parents sont morts,elle n’a ni oncle ni tante,juste de lointains cousins qu’elle ne connaît pas.Elle a raconté que son père et sa mère étaient instituteurs et cherchaient à développer des méthodes pédagogiques alternatives,qu’ils étaient sur le point de publier les résultats de leurs recherches quand ils ont été fauchés sur l’autoroute de Francfort,raison pour laquelle elle ne peut plus emprunter ce type de route,ou alors du côté passager.
Ses parents avaient déjà rompu avec leur propre famille.Depuis leur mort,elle a voulu couper définitivement les ponts.Pour leur être fidèle.Et fidèle,encore,elle leur est en ayant construit sa vie et sa famille dans ce village des Pyrenees-Atlantiques,cultivant les produits de la terre et dévorant les livres qu’elle achète une fois par moi lorsqu’elle se rend à la ville,ou ceux qu’Alice lui a rapportés de Toulouse lorsqu’elle y faisait ses études.
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Je dis prendre une grande inspiration,et m’approchai du bureau pour noter les informations qu’il allait me donner,comme une aumône. Il laissa un petit temps,pour savourer le suspense.
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La joie simple, la joie d'exister, c'est rien et c'est tout, mais faut savoir y être attentif.
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Car moi, l'Eternel, ton Dieu, Je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent.
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La douleur est une muraille qui arrête la curiosité. On se sent presque coupable à interroger, comme si le questionnement pouvait être une torture.
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Trop difficile de mettre les mains dans du vide.
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On agit par l'écrit, jamais par la force
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Mon destin est donc inexorablement relié à celui des autres, mon individualité s'évanouit, j'abandonne ma volonté, et l'illusion de mon autonomie.
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Dans quel genre de famille avait-elle grandit pour préférer l'enfermement à la découverte des autres et d'elle-même? Et ce frère, n'avait-il pas fait pareil? En restant prisonnier du traitement, prisonnier de l'enfance, parce qu’il était inapte à toute vie adulte.
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Les livres rejoindront leurs auteurs,presque tous sont morts.
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Pourtant,malgré la distance,l'éloignement,malgré la rupture du dialogue,ils ont du mal à accoler à leur fille l'appellation de terroriste
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Ce n’est pas parce qu’on lit qu’on commet des crimes. — Va leur expliquer, rétorque-t-elle sèchement sans cesser de choisir les livres les plus compromettants et de les balancer par terre, sans égard pour eux. — On peut au moins les donner », supplie Guillaume. Magda soupire, mais prend le temps de lui parler doucement, avec pédagogie : « Donner un livre, Guillaume, c’est créer un témoin qui n’avait rien demandé. Toute personne qu’on va désormais croiser sera suspecte par contagion. C’est comme la viande, il y a une traçabilité. Et c’est plus facile encore que la filière bovine, il suffit de faire une enquête de voisinage pour remonter à nous. Alors on les brûle. Ça fait mal peut-être, mais ça passe, tu verras. On apprend très vite à se débarrasser de tout. — Mais c’est de notre mémoire que tu veux te débarrasser ! — Notre mémoire, on l’a pour nous. Tu dois comprendre que désormais les traces de notre vie sont d’abord des indices. »
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On respecte la culture à la ferme, mais pas celle des élites, ni celle qui a été décidée au sommet, partagée par les happy few, ceux qui ont les clés, la carte, les entrées, les codes, bref, les héritiers. On respecte la culture à condition qu’on la choisisse, et qu’elle vous guide. Et pour qu’elle vous guide, vous devez être un sujet déjà constitué, qui ne consomme pas les lectures comme l’enseignement de l’université le promeut, ou comme la culture de masse que véhiculent les médias, eux aussi, de masse – à l’inverse un média élitiste n’étant qu’un des avatars du système. Le sujet autonome questionne ce qu’il lit. Les autonomes se veulent d’abord des esprits critiques ; certains décident de passer à l’acte, pas tous. C’est cette évolution de la communauté que Guillaume et Magda ont manquée. La rhétorique, ils la comprennent. Ils s’en sont éloignés, avec les ans, mais ils la comprennent. Ils ont même fini par s’en amuser.
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Chaque univers a sa langue. L’univers des autonomes, de l’archipel des autonomes – car nul ne peut les regrouper sous une appellation unique, ni sous un dogme commun – a son langage spécifique, qui emprunte aux maos, aux trotskistes, à l’ultragauche et à l’extrême gauche, et même à l’anarchie, mais qui ne se veut rien de tout cela : non aux appartenances, y compris à des groupes dont l’idéologie n’est pas forcément hostile, non aux étiquettes qui servent tout de suite les ennemis, non aux appellations qui identifient, et contribuent au flicage généralisé, à la société de contrôle, dirait Fabrice, qui a suivi de près la société de surveillance, recrachant son digest de Deleuze et de Foucault, car Fabrice a un master en socio et en philo, un master 1 en réalité, et une licence inachevée, il n’a jamais voulu aller jusqu’au mémoire, travail soumis à une évaluation – et toute évaluation est reconduction d’une hiérarchie sociale des savoirs, or le savoir est pouvoir ; alors non, pas question de se laisser « juger » par les tenants de l’ordre établi.
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L’enfant est sauvage, mais curieuse. Elle a tout à apprendre, les mangas et les dessins animés, les chansons populaires, les jeux de square, le chat avec d’autres enfants, le mauvais goût pour la musique et la peinture. L’appartenance à une génération, ce que ses aînés se sont bien gardés de faire, les uns après les autres. Magda la regarde avec cette tendresse qu’elle ne s’était pas autorisée avec sa fille, une tendresse qui se laisse dire, qui se laisse voir, et qui s’offre. Elle est prête à ouvrir l’horizon pour Rosa, fût-il corrompu par la civilisation et les lois du marché qui, quoi qu’elle en dise, structurent le monde, et ils ont beau avoir construit leur enclave comme une robinsonnade, leur hameau n’a de sens qu’en résistance contre cette hégémonie. Si Rosa doit apprendre la résistance, elle doit d’abord découvrir ce contre quoi résister.
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La police, la prison, les uniformes lui font peur ? C’est cette phobie qui la reprend, des contrôles d’identité, des papiers qu’elle a perdus, mais qu’elle a fini par refaire, et puis quoi, ce n’est pas l’administration qui doit guider leur conduite !
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Apparemment, lorsqu’on est en résidence, on ne craint rien, c’est ce que doit croire sa mère puisqu’elle l’a confiée à cette femme qu’elle ne connaît que depuis un mois.
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Un temps naturel. Le corps et l’esprit s’épanouissent, sans concurrence. Sans regards qui jugent. Un temps organique, où ses enfants ont pu grandir à l’abri de la violence du monde, protégés par sa volonté.
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