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Citations de Michel Leiris (280)


« si je rapporte cette anecdote... parce qu’elle me semble illustrer l’un des aspects les plus admirables du génie de Picasso : son infinie curiosité de ce que font les autres, cette prodigieuse ouverture d’esprit, grâce à laquelle il peut traiter de pair à compagnon avec quiconque, et l’espèce de doute méthodique qui, l’empêchant de se mettre sur un piédestal, lui a permis de garder intacte — travers les années — sa passion de recherche. »
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« Je remontais la rue La Boétie, quand j’aperçus Picasso, marchant sur le même trottoir que moi et dans le sens opposé, en sorte que nous nous croiserions d’ici peu de secondes. Que devais-je faire ? Saluer (mais dans ce cas, j’aurais eu l’air de me prévaloir de notre précédente et si fugace entrevue , pour imposer mon souvenir au grand peintre). Marcher les yeux fixés droit devant moi et faire comme si je ne le voyais pas (mais j’eusse risqué alors de paraitre étrangement impoli si, par hasard, j’étais reconnu par l’intéressé). Nulle des deux solutions n’était satisfaisante et je ne trouvais donc dans un cruel embarras. J’en étais encore à peser le pour et le contre sans parvenir à un choix, quand je vis à deux pas de moi, un Picasso qui s’avançait la main tendue et me disait, comme s’il m’avait toujours connu : "Bonjour Leiris ! Alors , vous travaillez ?"... »
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« C’est aux dernières limites du possible, sur les confins les plus lointains des apparences, à l’extrême pointe vers laquelle convergent toutes les directions confondues, voire même au-delà, dans cette région où ne peut plus se rencontrer que la conjecture audacieuse ou bien plutôt l’étonnement sans mesure, que s’effectue la plus profonde et la plus énigmatique peut-être des démarches que tente l’esprit de l’homme, celle par qui s’élabore secrètement le Merveilleux.
Si durant toute sa vie l’homme devait s’en tenir au connu, rester limité au petit groupe de phénomènes qu’il sait, par éducation et atavisme, relier entre eux et constituer en un réseau de relations, ce filet purement utilitaire ne pourrait manquer de devenir un piège d’ennui, une prison sans désirs dans laquelle il serait condamné à pourrir enchaîné, entre le pain noir et l’eau croupie de la logique. » – Le Merveilleux
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Âge des cœurs

Le bel âge des vacances
L’âge des croisées ouvertes
des pores illuminés par le bain
L’âge des cœurs sans lest
autre que le sable mouillé
à chaque battement de marée
sculpté en château-fort

Le bel âge de sable
à chaque seconde illuminé par la marée
allégé par le bain
L’âge des cœurs ouverts
que ne grave ni ne mouille
l’eau-forte d’aucun remords

L’âge du sable répandu
à profusion
par les créneaux du château-fort

L’âge des cœurs
que la mer sculpte grain par grain

Autres lancers p. 166
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Mano à mano

L’opacité d’un bras nu qui se love
la fixité d’une main véritable
l’air immobile que troue le luxe de tes ongles
et l’arène incurvée d’un éternel retour

Vers quelle clairière
ira la pointe aiguë du glaive
pour déterrer le plus ancien des trésors
taureau épais
la nature
ou ton corps
que mes mains creusent pour en exhumer le plaisir

p. 141
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Hymne

Par toute la terre
lande errante
où le soleil me mènera la corde au cou
j’irai
chien des désirs forts
car la pitié n’a plus créance parmi nous

Voici l’étoile
et c’est la cible où la flèche s’enchâsse
clouant le sort qui tourne et règne
couronne ardente
loterie des moissons

Voici la lune
et c’est la grange de lumière

Voici la mer
mâchoire et bêche pour la terre
écume de crocs
barbes d’acier luisant aux babines des loups

Voici nos mains
Liées aux marées comme le vent l’est à la flamme

Voici nos bouches
Et l’horloge de minuit les dissout

quand l’eau-mère des ossatures
dépose les barques temporelles aux baies tranquilles de l’espace
et se fait clair comme un gel

ô brouillard tendre de mon sang

ibid p. 103
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André Masson

Des philosophes aux mains de joueurs
des nécromants aux lèvres de buveurs
des assassins aux regards plus légers que des plumes d’oiseau
c’est cette foule voyageuse aux pieds éternellement pris
dans des lacets de sable
qui compose l’étrange nation dont le drapeau de sang
fut teint de cette nuance maléfique un jour que les poissons
par amour du désastre
décidèrent de se vouer au feu et d’abandonner l’eau

Fruits de misère
gonflerez-vous vos prunelles éclatantes jusqu’à briser
les sexes et les colonnes
les carcasses défigurées
les astres ravagés par le désir des chairs d’alcool
les profils liés à l’histoire des caresses
les crânes de pierre
les croupes figées? (…)

Lumière et sang
Sang et ombre
Sang et proie
Lumière de proie Sang de l’ombre
une enclume de sang qui n’est ni proie ni ombre se livre
aux marteaux des forges de folie
lointaines forges en travail dans les terres les plus profondes
la profondeur solide de l’ombre où le sang de la terre
est enseveli(…)

ibid. p. 70
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Nature sèche

L’ombre glissée sous la poix des vêtements
casaque fluide plus lourde que le boulet d’un châtiment
l’ombre végétale en touffes d’argile où les rameaux s’engluent
c’est une citerne où pourrit la révolte obscure d’un
troupeau de forçats
un sentier traversier entre la double haie de la peau et des ongles
une ruine de manufactures en bataille
écheveaux de l’amour fuseaux dorés

La tapisserie des mets n’ose pas raviver ses couleurs
par crainte d’un cataclysme très sévère
punisseur des langues trop joyeuses
quand les auréoles descendront au niveau des couvercles d’égouts

L’écureuil est un prêtre et sa queue dit la messe
hostie des feuilles d’arbre dès que vous pourrissez
les larves sont sérieuses chrysalides de détresse
et c’est le sauve-qui-peut des tempêtes blessées

ibid, p.28.
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Rien n’est jamais fini

La mer n’a pas fini de discourir
à coups de vagues
à coups d’écume qui fait de grands effets de robe
et la nature s’étend toujours
fatras de cailloux et de feuilles

Des décombres de journées pourries
hissés sur les armoires à glace
empuantissent les chambres que traverse la foudre
l’éclair bâtard et titubant du tout-à-l’égout

Mais
ô ma foudre
ô mon éclair réel
quand tu t’abats sur les montagnes et les
touches aux naseaux
taureaux obscurs dont les flancs grondent
comme les futailles qu’on roule au fond des caves
parodies de cercueils et simulacres de tombeaux
viendras-tu tuer ce vieux bétail humain
toi qui sais jouer franc comme l’or
de ta lame scintillante
de ta cape de nuages
de tes jarrets brisés
comme un beau matador ?

p.19.
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Base des corps séparés

Base des corps séparés, cathédrale de morsures,
Caprice d’un corps vorace et capricorne des chevelures,
Les hémisphères se séparent,
A travers les replis de l’espace
Où les galions chargés de rires et d’étincelles
Sombrent la corde au cou.

Migration souterraine engendrée par le Pôle,
Lorsque s’enterre le passage de nos lèvres
La cime de l’arbre ennuie les ombres
(yeux sensibles de cendre)
et le calice des cris lents.

Trombe docile III
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Mon livre doré sur tranches que je veux lire de bout en bout.
Mon gâteau d’anniversaire qui n’a pas besoin de bougies pour être illuminé.
Mon alcool qui enivre sans nausée ni mal de tête.
Mon établi pour une espèce immatérielle de menuiserie.
Mon bateau de plaisance toujours prête à prendre la mer.
Mon violon qui se fait mélodie dès que ma main effleure ses cordes.
Mon arme de précision que ne salit aucune piqûre de rouille.
Mon aube sur les jardins verts et sur les tas de charbon.
Mon sentier de forêt tout jalonné de cailloux blancs.
Ma fable trop merveilleuse pour comporter le post-scriptum d’une moralité.
Mon château à multiples tourelles, évanoui alors que son pont-levis vient à peine de s’abaisser.
Mon unité, dans la présence et dans l’absence.
Mon alphabet – d’arc-en-ciel à zodiaque – aux vignettes peintes des tons les plus acides et, aussi bien , les plus doux.
Ma déchirure et ce qui la recoud.
ma preuve par neuf.
Ma partie et mon tout.
Ma panacée..
Ma chance.
Ma raison et ma déraison.
Ma fraîcheur et ma fièvre.
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Michel Leiris
Le fer et la rouille
                    à Jacques BARON


Extrait 2

Vous savez bien que je pleurerai peut-être
si les biches marines en légèreté d’alcôve
trépassent avec les orgues qui brûlent sous la mer
Gorgone mielleuse
apaise la rigueur et le fiel des conflits
la fête vespérale décoche encore quelques fines ossatures
  recéleuses de délices
comme les armoires quotidiennes où se défont les corps humains
Une lampe
un château qui baille de toutes ses grilles
un règne de batiste affolée Douce dentelle
les conjugaisons traversent la plaine en attelages de fantômes
balancent la flamme triangulaire
et tombent tout-à-coup comme le drapeau du laboureur
carnage originel sous couvert de la foudre



/in la Revue La Révolution surréaliste N°8 Ier Décembre 1926
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Michel Leiris
Le fer et la rouille
                    à Jacques BARON


Extrait 1

Si je passe l’espace crie et le sabre des minutes
aiguise son tranchant d’os sur la meule du temps
les chiens d’orage jappent entre les courroies
engendreuses d’étincelles et de tournois de lances
le sable coule le long des escaliers du sang
chaque marche est une ogive portail ouvert à deux battants
passent des aigles qui circulent à travers le val vierge des os
un squelette rompt la corde Silence Indice des lèvres
des lèvres éclatées qui saignent au berceau
gonfle l’audace des sortilèges le jeu des bagues et des fléaux
tambour voilé brûlé le soir par le spectre des siècles
la serrure siffle quand je parle même à voix basse
la clef m’invite au bal des ferronneries
sanglots si longs Carthage surnaturelle
les poutres frêles brisent l’espace
le silex est un aigle au vol sinueux d’exil
ses ailes sont des couteaux qui ancrent dans la terre
un circuit majuscule mais que le feu saura franchir
armure de l’évidence



/in la Revue La Révolution surréaliste N°8 Ier Décembre 1926
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Michel Leiris
Couleurs


Mon sang
avant toi
était-il vraiment d’un rouge aussi foncé,
ma pierre polie,
mon eau dormante,
ma mordorée ?
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Michel Leiris
SANS CHAINES


Telles les racines de l’arbre
ou tels les filaments de l’araignée,
s’unir
pour que mûrisse un chant d’oiseau
dans la cave où nous sommes enfermés.
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Michel Leiris
Au vif


À corps et à cris.
À toutes brides.
À ras bord.
À tire d’ailes.

À bouche que veux-tu.
À poings fermés.
À pierre fendre.
À chaudes larmes.
À pleines voiles.
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Quand la mort ne sera pas un drame pire que la naissance.
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... Sauf que me dire que, si je fais cela, je n'ai plus rien d'autre à faire serait, une fois encore, laisser en moi la vérité se rendormir.
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Ou bien un silex à goût de chocolat
malgré sa couleur café au lait?
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ma toastée,
ma pétillante,
ma taille de roi,
ma plus que nue
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