Déjà sélectionné pour le Prix Fémina de l'année 2010 avec son roman Le Réprouvé, Mikaël Hirsch se retrouve une nouvelle fois en lice, en cette année 2013, pour le même prix, avec son tout dernier ouvrage, Avec les hommes.
Mince roman d'une centaine de pages, au contenu non moins assagi, Avec les hommes conte l'incroyable histoire de deux hommes, aux antipodes l'un de l'autre, qui se croisent succinctement dans leur prime jeunesse, puis se séparent, pour dresser un bilan, bien des années plus tard, de la globalité de leur existence.
Mikaël Hirsch a le don de rendre plausible ce qui ne l'ait pas forcément. Avec maintes caractéristiques réalistes, il en vient à dresser l'exacte portrait, minutieux et minimaliste, des personnages qu'il représente.
Avec les hommes nous fait voyager. Pas seulement dans de sublimes paysages, mais également psychologiquement. On en vient à fouiller l'esprit des personnages, leurs motivations, et leurs caractéristiques. Pour le personnages principal, qui semble être l'un des seul personnages du roman, outre le narrateur, je lui ai trouvé des traits de caractéristiques communs avec le protagoniste dans L'étranger d'Albert Camus. Distants, lointains, mystérieux, négatifs et pessimistes, les accords ne sont que trop nombreux entre ces deux emblèmes de l'indifférence et de l'étrangeté humaine. L'absence de dialogues accentue l'aura énigmatique de Paul, notre protagoniste, qui semble, même après la narration complète de sa vie, encore fort inconnu aux yeux du lecteur. Seul point d'ancrage affectif, la parole du narrateur, très présente, qui rattache l'histoire à la réalité et apporte une grande dose d'humanisme.
Dans un même temps, l'auteur avec talent à semer la zizanie dans l'esprit du lecteur. La fiction et le réalisme se croisent, s'entremêlent pour ne former qu'un, au point que le lecteur vient à se poser la question : cette histoire, s'est-elle réellement déroulée ? La narration à la première personne du singulier renforce cette impression de biographie, les émotions qui se dégagent de l'écriture si enchanteresse de l'auteur ajoute davantage à cette incohérence.
Il faut dire que Mikaël Hirsch manie avec habilité et aisance la langue française. Il fait honneur à la littérature francophone, met en avant sa beauté, prône sa longévité, tout en restant dans un style d'écriture simple et accessible. Dans un même temps, l'auteur nous prouve sa large culture générale, en plaçant ici et là de nombreuses références culturelles très agréables, rendant d'autant plus vivant son récit.
Dans une écriture singulière et originale, Mikaël Hirsch déploie ouvertement l'intimité de son protagoniste, sa vie gâchée, perdue, en opposition avec celle de son narrateur, auquel tout profite. Un roman fort en émotions, en désaccord avec les règles affûtés habituelles, qui permet de réfléchir posément sur l'existence de notre vie, si ardemment entamée.
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