Citations de Mikaël Hirsch (57)
Les gens disparaissent, qu'ils quittent simplement nos vies ou bien l'existence en général, mais leurs paroles ne cessent jamais tout à fait de nous hanter.
Tu vois, l'histoire est pleine de pays disparus, de civilisations englouties et de rêves brisés.
La première de mes rencontres avec Céline, eut lieu en juillet 1952.(...) C'était un homme usé, presque un vieillard. Encore dans la cinquantaine, il paraissait pourtant grabataire.
Portait père putatif en croquemitaine.
« Lorsque Pascal regardait un tableau, il voyait, avant tout, une succession. » (p. 25)
Je ne crois pas qu’aimer soit plus fort que d’être aimé, mais Balavoine a chanté beaucoup de conneries. C’est ce qui arrive aux chanteurs populaires lorsqu’ils se prennent pour des philosophes.
Le charme est souvent le fruit de l’ignorance réciproque.
(...) Je suis le garçon de courses.J'apporte les mauvaises nouvelles, les rumeurs de la ville.C'est bien suffisant. Généralement, il (*Louis-Ferdinand Céline) m'offre même le thé .Il parle doucement, émiette un biscuit qu'il picore ensuite comme un oiseau.Sa turne est une sacrée ménagerie ! Il règne sur sa basse-cour, sur son chenil.C'est un prince défait qui parle aux bêtes comme Saint- François d'Assise.
( p.14)
Je dois confesser aujourd'hui une forme de répulsion maladive pour le malheur d'autrui, comme si la souffrance par trop évidente risquait de devenir contagieuse.
Il peuplait ainsi l'absence de chimères, d'excuses infinies et variables, car l'être aimé, paré de toutes qualités inhumaines, se voit toujours légitimé dans ses choix.
Ses excès sont sources de tempérance, sa bassesse, une assomption. La saloperie devient alors une forme de grâce et l'indifférence une marque d'attachement. p.28
Je ne suis pas l'un d'eux,quels qu'ils soient. Je ne le serai jamais. J'ai beau faire des efforts, mentir , me cacher. Tout n'est que travestissement. Je suis comme amputé des hommes. C'est la certitude viscérale de ma propre étrangeté qui m'a permis jusqu'alors de gagner la confiance d'autrui. Je ne dérange pas. N'étant pas des leurs, j'ai facilement pu devenir un confident, un messager. On m'a prêté du talent, mais on ne prête qu'aux riches et mon seul nom me tient lieu de fortune. Je suis un animal dont on caresse l'encolure, rien qu'un élément du décor. Il est pourtant loin le théâtre!
Les guerres ne changeaient rien à l'ordre des choses, pire, elles y contribuaient.
La douleur revenait le tirailler longtemps après les faits, comme une ancienne blessure qui ne guérit jamais vraiment et lance périodiquement, en fonction du climat ou de l'humeur.
Les amis, les femmes, les parents, finissent toujours en victimes expiatoires de mes romans. Mes quelques admirateurs ne soupçonnent nullement la quantité de gens qui cherchent, en réalité, à me casser la gueule.
Pourtant j'ai si bien brouillé les pistes qu'en vieillissant, je tends de plus en plus vers l'indéfinition.
La vie d'artiste, comme on dit, c'est renoncer à presque tout ce qui fait l'humain, pour rendre compte de ce qu'est l'humanité.
J'en viens même parfois à souhaiter m'enfermer dans un caisson d'isolation sensorielle, avec une perfusion de glucose et Jean-Michel Jarre à fond. p.31
"Son père avait couru le monde, et le monde, dans son ingratitude, lui avait ensuite couru après."
On croit que l'on aime et l'on se trompe. On croit ensuite le contraire et l'on se trompe pareillement.
Contrairement aux idées reçues, l'amour que l'on éprouve n'est pas ce qui nous élève, mais bien ce qui nous aliène et nous prive de la condition humaine.
L'esprit s'en va, mais les histoires demeurent, conférant aux lieux une renommée usurpée.
Je m'invente de bonnes raisons pour ne pas travailler. Je décide d'emprunter des chemins de traverses, de petites rues calmes où s'agitent à peine des commerçants. (...)
La ligne droite me terrorise.Tout est comme avant.On ne parle pas de la guerre.On n'en parle déjà plus, comme s'il fallait oublier. J'essaye. J'échoue.
(...)
Le goût de la flânerie est mon excuse favorite. Je m'adapte aux temps de paix. On a bien fait des casseroles avec les casques !
Je dissimule mes peurs, les transforme en manies inoffensives, en excentricité. Tout le monde est dupe, tout le monde sauf moi.
(p.42)
On dit que chez les Inuits, il existe une centaine de mots pour décrire la neige. Les Parisiens en ont presque autant au sujet du gris, fausse couleur, sans noblesse, symbole du temps et de l'usure, de la seconde main et des petits métiers.
( p.42)
P13 : Une fois les massacres accomplis (par les soldats du Reich), les armées désœuvrées se livrent à des tâches féminines, comme pour s'excuser, maladroitement, d'avoir fait pleurer les mères,
P24 : Les Alsaciens avaient l'élégance d'être des martyrs lorsqu'ils restaient chez eux et l'outrecuidance d'être des Prussiens en se rendant à Paris, [,,,], des étrangers , des envahisseurs qui parlaient la langue de l'ennemi héréditaire et s'habillaient comme lui,
P25 : Il (Baruch) comprenait que les Alsaciens étaient aux Français ce que les Juifs étaient aux Alsaciens et, membre des deux groupes à la fois, Baruch avait la très nette impression d'être un paria parmi les parias,