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Critiques de Milton Hatoum (12)
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Deux frères

Le thème du drame familial, une trame captivante et une narration en polyphonie apportent un dynamisme surprenant à ce roman. Les événements qui ont conduit à la destruction des liens entre les membres d'une famille seront évoqués à travers les différents personnages dans une progression riche et imagée.



L'auteur établi une métaphore de la dualité. Dualité des migrants qui seront toujours tiraillés entre deux pays et deux cultures. Dualité dans le rapport de haine entre deux frères jumeaux et dualité de la préférence d'une mère pour un de ses fils.



Les personnages sont richement construits, nous livrant à la fois un roman amer et triste. Milton Hatoum croise l'ambiance de la vie à Manaus avec les souvenirs du Liban et les projections de Sao Paulo. Il nous embarque dans l'histoire de l'Amazonie d'avant et d'après la 1ère Guerre avec des descriptions vivantes des régionalismes qui apportent une vraie consistance au récit.



Ce roman est un portrait crédible d'une époque et des relations familiales où cohabitent un lot important de rivalité, haine, inceste et mensonges. Il tient la promesse d'une écriture intense et d'une belle évasion.





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Deux frères

Frères jumeaux, Omar et Yaqub se haïssent depuis toujours. le premier, aussi appelé « Petit dernier » est le préféré de sa mère ; celle-ci ne s'en est d'ailleurs jamais cachée. Ayant failli mourir juste après sa naissance, il a été autant chouchouté que Yaqub a été délaissé. Plus discret et plus réfléchi, Yaqub est envoyé seul au Liban à l'âge de treize ans, le pays d'origine de ses parents. Lorsqu'il revient, cinq ans plus tard, les jumeaux n'ont plus rien en commun que la haine et la rancoeur.



L'histoire nous est racontée du point de vue de Naël, le fils de Domingas, la bonne de la famille. Enfant pendant que les jumeaux étaient adolescents, il les a vu grandir et s'affronter en tant que jeune adulte et s'est fait raconter leur histoire par leur père Halim et sa mère Domingas. Ces deux récits ont ainsi complété son statut de témoin et de spectateur discret de cette famille.



Les personnages secondaires sont aussi bien développés que les personnages principaux. le caractère de Rânia par exemple, la petite soeur des jumeaux, est bien étoffé et nous donne un image assez complète du personnage.



L'auteur a un style assez incroyable sans pourtant avoir de trait particulièrement original -je pense en réalité qu'il a juste un énorme talent pour raconter des histoires. Celle d'Omar et Yaqub n'était pas évidente : partagée entre le Liban et le Brésil, ayant en commun une gémellité plus marquée par la fatalité que par la complicité, des personnages secondaires assez riches, la quête identitaire et paternelle du narrateur en toile de fond (Naël est en effet le fils de l'un des jumeaux, mais ne sait pas duquel avant la toute fin)... le tout est finalement assez complexe, et comme un patchwork, la teneur de l'histoire ne nous apparaît vraiment qu'à la fin du roman. Si cette fin est assez tragique d'ailleurs, elle est aussi très fine et intelligente, et particulièrement marquante ! Elle ne déçoit pas le lecteur et ne le laisse pas bredouille, elle donne au contraire tout son sens à l'histoire.



L'écriture de Milton Hatoumparvient ainsi à créer un rythme et une atmosphère très particuliers, notamment en décrivant les paysages et les rues de Manaus avec poésie. La maison des jumeaux m'est ainsi apparue plus vraie que nature et ce grâce aux détails qui nous sont fournis, aux meubles et objets symboliques qui sont décrits et qui contribuent à créer un décor authentique. L'atmosphère qui se dégage de ce roman est donc assez incroyable : enveloppante, poétique et mystérieuse, belle et angoissante à la fois, elle nous apaise et contrebalance la complexité de l'intrigue.
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
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Récit d'un certain Orient

Ce livre nous transporte dans une Amazonie étonnante, urbaine et hybride, dans le croisement de plusieurs imaginaires : celui des légendes et personnages fabuleux de l'imaginaire indien, celui d'un certain Orient (et n'oublions pas que Milton Hatoum est le traducteur d'Edward Saïd), celui de la mémoire en lambeaux d'une famille éclatée.

Avec des clins d'oeil tant à Flaubert qu'à Guimarães Rosa, dans une écriture qui peut tout autant rappeler Proust que Jorge Amado, Hatoum s'est affirmé, dès son premier roman (1989), comme l'un des écrivains majeurs de la littérature brésilienne contemporaine.
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La ville au milieu des eaux

Ces nouvelles sont épatantes ! Et la plume de Milton Hatoum est belle.

Elles ont pour point commun la région ou la ville de Manaus, et le fleuve tout proche, le rio Negro, que l'on y vive ou que l'on soit de retour d'exil, ou que l'on soit tout simplement en visite dans cette région mythique qu'est l'Amazonie. Les personnages sont tantôt le consul du Japon basé à Manaus, ou un amiral indien appartenant à une ‘caste supérieure', tantôt un savant ou un notable, ils appartiennent le plus souvent à une classe sociale favorisée. L'écriture, poétique et contenue, est délicate et chaque nouvelle revêt son lot de mystère. Car la mort rôde aussi dans cette contrée.

Décrire chacune de ces nouvelles reviendrait à rompre leur charme. Mieux vaut ouvrir le livre.

Autant dire que ces nouvelles, je les trouve superbes et dépaysantes !

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Deux frères

"2 Frères" nous plonge au coeur d'un Brésil en pleine mutation. Omar et Yacub, jumeaux d'une famille de réfugiés libanais, grandissent dans les Docks de Manaus. L'un est réservé et studieux de nature, manifestant de grandes facilités en sciences, l'autre obséquieux, dédiant toute son énergie à satisfaire ses désirs. Les frères se haïssent et un terrible secret divise la famille.

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Deux frères

L'histoire se passe à Manaus, dans le milieu plutôt nord-ouest du Brésil, entre les deux guerres. A cette époque là, Manaus n'est pas encore la 3e plus grande ville du pays telle qu'on l'imagine aujourd'hui. Il n'y a pas grand chose aux alentours, pas encore grand monde en comparaison des 3 millions d'habitants actuels. On y trouve quelques favelas plus ou moins pauvres et beaucoup de pêcheurs qui taquinent la poiscaille dans le Rio Negro. 



Parmi les habitants de Manaus Harbour, il y a le narrateur, un jeune homme qui va nous raconter une partie de sa vie tout au long du livre, depuis son enfance jusqu'au début de l'âge adulte. Son nom n'est pas mentionné dans le roman, donc, on l'appellera Juni, en souvenir du joueur de foot Juninho et des belles années de l'Olympique Lyonnais avant qu'ils ne descendent en Ligue 2 à la fin de la saison 2023-2024.



Juni est le fils de Domingas, une orpheline indienne qui travaille comme domestique au service d'une famille dont le maître de maison se prénomme Halim. Juni vit donc avec elle dans une dépendance de la grande maison de leurs patrons. Il aide sa mère aux tâches domestiques et, pendant son temps libre, il se cultive, il lit des livres. C'est pas l1 moitié d'un idiot le petit Juni et Halim le sait bien. C'est pour ça qu'il l'encourage à étudier, parce qu'il l'aime bien, le p'tit Juni.



Halim et sa femme Zana sont des immigrés du Liban. Ils sont arrivés à Manaus entre les deux guerres et se sont installés pour y faire leur vie. Halim et Zana sont fous amoureux. Ils font l'amour goulument dans le hamac du jardin dès que l'envie leur prend. Tout semble aller bien dans le meilleur des mondes. La vraie chef de la maison, c'est Zana. Halim reste quand même un petit peu soumis à sa femme. Il y a des choses qui sont universelles qu'elles que soient les époques et les cultures. Halim a beau faire style "j'suis un homme", la vraie boss de la famille, c'est Zana.



De cet amour naîtra Yaqub et Omar, des jumeaux, ainsi que Rania, la petite sœur.

Yaqub et Omar ne peuvent pas se blairer. Ça remonte longtemps. Peut-être même dès le début, car Zana, leur mère a toujours eu une préférence pour Omar, qu'elle appelle le "petit dernier" parce qu'il est sorti en second. Techniquement, il n'a que quelques minutes d'écart avec Yaqub, mais ça fait toute la différence pour elle : Omar sera toujours son préféré et elle lui trouvera toujours des circonstances attenuantes. Cette tendance influencera forcément leur comportement puisque Yaqub sera perfectionniste, sérieux et renfermé alors que Omar sera un fêtard invétéré, toujours partant quand il s'agit de faire des sales coups. Ce petit dernier sort dans les bars du coin, picole comme un mort de soif et drague les petites brésiliennes... Le reste du temps, il cuve son alcool affalé dans le fameux hamac des parents.



Mais, un jour, patatras ... c'est Yaqub qui embrassera Livia (une voisine plutôt mignonne sur laquelle Omar avait des vues), profitant de l'obscurité d'une séance de cinéma noir et blanc pour coller tendrement leurs lèvres les unes sur les autres.



Et ça, bah c'est pas trop du goût de Omar, qui ne trouvera rien de plus intelligent à faire que planter un tesson de bouteille dans la joue de Yaqub, juste en dessous de l'œil. Le petit dernier, touché dans son orgueil, n'a pas supporté que ce soit son frère qui gagne pour une fois. Livia a préféré Yaqub ! C'est totalement inacceptable ! Action ! Réaction ! Paf, un coup de tesson dans la joue.



Conséquence de cet acte : Halim et Zana décident d'envoyer Yaqub au Liban chez des amis de la famille. Pourquoi lui et pas Omar ? Halim n'a pas eu son mot à dire. C'était évident. Omar ne survivrait pas sans sa mère à ses côtés (ou l'inverse), donc c'est Yaqub qui quitte la maison. Pas plus compliqué que ça.



Quelques années plus tard, Yaqub reviendra vivre au Brésil mais pas à Manaus. Il travaillera à Sao Polo comme ingénieur architecte, un des plus réputés de la ville.

Il passera de temps en temps voir ses parents mais ça ne sera jamais vraiment de bon cœur. Chaque visite lui rappellera que sa mère restera toujours entichée de son frère Omar qui, de son côté, continuera à faire la samba, à picoler et à choper la gourgandine. Chaque visite sera l'occasion pour les deux frères de se croiser et de se mettre dessus, au grand désespoir de Halim, qui ne sait plus quoi faire, et de Zana qui trouvera toujours un bon argument pour excuser son petit dernier.



Toute cette agitation, Juni l'observe, l'analyse comme un observateur privilégié. D'autant plus que, depuis toujours, Juni le sent. Sa mère lui cache quelque chose. Il ne sait pas qui est son père mais son petit doigt lui dit que c'est l'un des deux jumeaux. Il se dit que ça expliquerait pourquoi Domingas est toujours évasive quand il lui pose des questions sur son père. Ça expliquerait aussi pourquoi Halim est si compréhensif et généreux avec lui. Juni aurait bien une préférence entre les deux jumeaux mais il ne sait pas trop. Il observe les deux jumeaux pour détecter des signes. Mais rien n'y fait. Sa mère peine à lui parler de son père et un silence pesant d'omerta règne dans la petite communauté.



Est-ce que les jumeaux finiront par se rabibocher ? Est-ce que Zana finira par aimer Yaqub autant que Omar ? Est-ce que la cohésion familiale tiendra le coup face à ces déchirements internes ?

Est ce que Juni finira par découvrir qui est son père ?



C'est tout ça que ce jeune homme (sous la plume délicate de Milton Hatoum) va nous raconter dans ce roman. Une histoire peu banale dans le Brésil du deuxième quart du XXe siècle.



On est loin des plages de Rio et des danseuses de carnaval aux fesses bronzées. C'est d'ailleurs tellement éloigné des images d'Épinal qu'on peut avoir sur ce pays, qu'il est parfois difficile en lisant d'imaginer que l'histoire se passe au pays du Christ Rédempteur et du roi Pelé.



Ça fait pas de mal de réinterroger ses propres stéréotypes parfois.

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La nuit de l'attente

Très beau roman, la voix mélancolique de Milton Hatoum nous mène dans son pays, le Brésil.

Le récit débute par l'exil à Paris de Martim, jeune brésilien, sa tristesse, sa douloureuse adaptation à un pays qui n'est pas le sien.

Retour au Brésil où l'histoire commence véritablement avec l'adolescence du jeune Martim, son enfance paisible et aimée à Sao Paulo, qui s'achève sur un double déchirement ! D'abord son déracinement, son déménagement à Brasilia, ville en construction, pleine d'espoir et de déceptions . Mais surtout l'abandon incompréhensible de sa mère qui ne communique que rarement par écrit, sans jamais lui rendre visite. La souffrance de ce jeune homme, ses interrogations, sa solitude, son rejet par son père, tout n'est pas dit, mais son désespoir est omniprésent. Malgré tout la vie continue grâce à l'amitié, les découvertes de l'amour, les études, la lutte politique puisque nous sommes dans le Brésil militaire des années 1960.

Roman sur la perte, celle qui vous dévore et décide de votre vie que ce soit l'abandon, la privation de liberté, ou l'exil. Pas de pathos, mais des sentiments et une description de l'espace très réaliste. Car même s'il s'agit d'une fiction, le Brésil pays de Milton Hatoum est bien vivant.

J'ai retrouvé dans ce livre la ville de Brasilia dont les débuts ont été décrits dans le livre d'Ester-Sarah Bulle "les étoiles les plus filantes".

Premier volet d'une trilogie intitulée "Le lieu le plus sombre", c'est une histoire à suivre ! J'ai hâte d'en savoir un peu plus sur la vie à venir de Martim.

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Deux frères

Plongée tragique dans le Brésil des années 50, ce roman raconte la haine que se vouent depuis leur naissance les jumeaux Yakub et Omar. Leur père Halim, originaire du Liban, a rencontré Zana à Manaus dans le restaurant où il prenait ses repas. Omar qui, nouveau-né, a frôlé la mort est couvé par sa mère qui lui pardonnera toujours tout et en fera un être instable et incontrôlable. De son côté, Yakub, envoyé à l’âge de 12 ans dans la famille de son père au Liban, en rentrera au Brésil plusieurs années après et échouera à reprendre une place dans cette famille dysfonctionnelle en se réfugiant dans les études et la réussite professionnelle. Leur sœur Rânia sacrifiera sa vie de femme en tentant en vain de maintenir les liens entre les uns et les autres.

Le narrateur est le fils de l’employée de maison, orpheline indienne recueillie par un orphelinat. Domingas élude toutes ses questions concernant l’identité de son père. Témoin de tous les instants, il raconte la lente déchéance de la famille, de l’amour fou qui a lié les parents des jumeaux, d’Omar qui glisse irrémédiablement dans la marginalité, de Manaus, la capitale amazonienne qui échoue à s’adapter aux mutations de la 2ème moitié du XXème siècle.

Très beau récit qui nous emmène dans une famille où tout est excessif, l’amour, la haine, la jalousie. Une écriture simple et souvent poétique qui excelle à évoquer l’atmosphère chaude et humide de l’Amazonie et nous entraine dans un voyage émouvant et dépaysant.
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Deux frères

Ça démarre bien en plus dans un pays que javais visité avec plaisir mais on s'enlise...
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La nuit de l'attente

Récit d’une éducation sentimentale et politique dans les années 1970.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Deux frères

Sur un sujet en apparence déjà brillamment traité, notamment par Guy de Maupassant dans « Pierre et Jean », « Deux frères » n’en est pas moins un ouvrage intéressant par son ambiance familiale d’une lourdeur étouffante, ses multiples rebondissements et son cadre dépaysant, l’Amazonie de l’après Seconde guerre mondiale. Sans nul doute largement inspiré de son histoire personnelle de Brésilien descendant de Libanais, Hatoum réalise une brillante fresque familiale autour de deux jumeaux que tout oppose et parvient notamment dans la dernière partie de son roman traitant de la décadence, du vieillissement et des lourds secrets de famille refaisant finalement surface à émouvoir aux larmes. Hatoum n’est sans doute pas Maupassant mais mérite assurément le respect pour ce type d’ouvrage. Les plus curieux d'entre vous seront heureux d'apprendre l'adaptation en mini série télévisée brésilienne de ce roman complexe et intense.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Deux frères

Paulo démontre, avec cette oeuvre puissante dont le noir et blanc évoque irrésistiblement Hugo Pratt et José Muñoz, que la BD d'auteurs doit désormais compter avec la nouvelle scène brésilienne.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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