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Critiques de Mircea Cartarescu (87)
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Solénoïde

On avance dans Solénoïde comme dans une forêt touffue , on y trouve des descriptions sans fin de Bucarest , de l’enfance de l’auteur , de ses collègues enseignantes , des moments de grâce comme des oasis pour repartir de plus belle dans la forêt touffue .

Comment faire un résumé de cet ovni littéraire , cette lecture ardue qui contient quelques pépites et il faut bien le dire des pages et des pages indigestes comme ces rêves récurrents que certains critiques comparent à l’univers de Kafka .

On y apprend des choses sur la vie dans le Bucarest communiste , où en manque de tout , où les portraits des meilleurs élèves ornent le mur des écoles , où une enseignante jeune et jolie ayant un mari proche du régime est détestée de ses collègues , ou simplement ignorée car tellement différente .

Il y a aussi la trame de l’écrivain raté qui devient un médiocre professeur de roumain , des histoires d’amour comme la très touchante histoire d’amour qui clôture le livre , celle du père pour sa fille qui vient de naître .

On fait des rencontres étonnantes comme celles de l’inventeur du solénoïde qui donne son nom au roman , ce Borina qui travaille pour Tesla , une évocation rapide de Mitza Bicyclista , reine des cœurs du Bucarest avant le communisme , de l’inventeur du Rubik’s cube , Rubik est le nom de l’inventeur du célèbre cube des années 80 .

Il y aussi les Piquetistes qui organisent des manifestations contre la maladie , la mort .

Et bien d’autres choses encore , près de 800 pages en comptant les nombreuses pages ´ à l’aide ´ , j’en ai compté 18 mais ça dépend des éditions et moi j’ai lu le livre sur une liseuse .

Roman ardu , très , trop ardu ?

A chacun de se faire son avis , à ne lire que si la difficulté ne fait pas peur , si on aime les descriptions interminables , les allers et retours temporels .

Pour ma part , j’ai beaucoup aimé tous les passages sur l’enfance de l’auteur .

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Solénoïde

Un professeur de roumain enseigne dans une école de Bucarest. Sans cesse inspiré par ses rêves, ses souvenirs, ses divagations, il écrit son journal aux accents philosophiques, étranges, hallucinés. De son enfance sombre, ses nuits à l’internat, ses visites au dispensaire, à sa routine de professeur solitaire et taciturne, il parle de sa passion pour la littérature et de sa vie souvent sombre, glauque, parfois exaltée quand même, depuis sa tendre enfance.



Un livre fleuve sans suspense, mais avec une plume tortueuse, sa lecture n’est pas aisée. Si certains passages sont éblouissants, comme des fulgurances qu’on se plairait à relire, il est des pages que j’ai eu tendance à passer, à lire en diagonale, trop pleines de ses introspections et ses songes mystérieux.
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Solénoïde

J'ai pensé à Foster Wallace qui se serait marié avec Kafka.

Il est dit que c'était le chef d'oeuvre de l'auteur et en effet c'est un livre assez extraordinaire, dans le sens où il sort de l'ordinaire. Par son nombre de pages conséquent, mais qui file vite, par son rythme très saccadé et ses nombreuses digressions, par son flot fébrile de réflexions et d'analyses mélangés à de simples événements dans le Bucarest soumis au communisme. période intéressant dans un pays qu'on connait mal en France alors que sa culture littéraire notamment est riche. Il est impossible de décrire le sentiment que l'on ressent lors de la lecture si ce n'est d'être perdu et d'aimer cela.

Le style est élégant, assez vif, voire nerveux mais alternant avec des descriptions lentes et contemplatives. Tout est déséquilibré dans ce roman et c'est pour cela qu'il est grand.
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Solénoïde

Sept raisons capitales de lire SOLÉNOÏDE :

1. Fuir ce monde étant par moments d’une urgence vitale, Solénoïde propose en 791 pages un mode d’emploi pour échapper à la « conspiration de la réalité ». Journal d’un écrivain raté, double onirique de l’auteur (dans ton cul, l’autofiction !), Solénoïde contient double effet kiss-cool : la défense et illustration de l’hyperpouvoir de la fiction à faire décoller le lecteur et le livre.



2. Il n’existe pas à ce jour d’autre roman qui raconteen même temps la Bucarest de Ceaucescu, l’évangélisation des acariens, l’amour en lévitation, fait de la souffrance humaine une énergie nouvelle, où figure 2860 fois à la suite le cri A l’aide ! et puisse offrir une fin si sublime.



3. Il y a plusieurs romans dans ce roman, toute une bibliothèque y est proposée, et ses arborescences nombreuses, sans jamais vous perdre, vous laisseront inventer votre propre livre, dessiner votre propre plan d’évasion.

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Lien : https://lesmonstres.org/2020..
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Solénoïde

Avec une ironie diabolique, le grand romancier roumain raconte, dans un livre majeur, la genèse avortée d’une carrière d’écrivain. [...] C’est un livre majeur, qui accède par sa maîtrise (et l’époustouflant travail de Laure Hinckel à la traduction) au rang de classique instantané.
Lien : https://www.nouvelobs.com/ro..
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Solénoïde

Par un narrateur surchauffé se revendiquant anti-écrivain, une fantastique et totalisante vue en coupe d’une capitale de la douleur. Un chef-d’œuvre.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/12/note-de-lecture-solenoide-mircea-cartarescu/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Solénoïde

Malgré ses défauts, Solénoïde est un véritable chef d'œuvre post-moderne d'horreur ontologique. Les banlieues de Bucarest sous le régime communiste prêtent leur décadence matérielle et morale à la quête existentielle d'un professeur de roumain solitaire, écrivain raté à la santé douteuse. Alors qu'il examine les épisodes clés de son passé son quotidien est progressivement troublé par une série d'évènements surréalistes, indiquant la possibilité d'une résolution de sa recherche obsessive de sens, et de celui qu'il aurait pu être s'il s'était consacré à une carrière d'écrivain.



Dans ce roman l'horreur est à la fois cosmique et microscopique, métaphysique et organique, onirique et mathématique; elle se cache à la vue de tous et semble tout englober. Loin de s'opposer à ces terreurs, le narrateur les accepte, les recherche et les cultive. Cette acceptation n'ébranle cependant jamais ses convictions, et il s'embarque dans un pandémonium du prosaïque et du fantastique qui surprend le lecteur dans le sentiment de réconfort, presque d'espoir, qu'il provoque.



Étant donné son abondance, le roman est parfois répétitif, confus et débordant, mais cela ne distrait jamais la lecture trop durablement.



Une grande réussite.
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Solénoïde

S'il est un cliché qui convient au roman de Mircea Cărtărescu, c'est sans doute celui de roman-monstre, tant par la forme foisonnante d'un texte qui bouscule la taxinomie des genres littéraires que par la parade monstrueuse qui s'y déploie. Pour autant, le cliché est trompeur et si le livre de Cărtărescu joue bien avec certains codes du fantastique et la figure du monstre, cette dimension du livre entraîne peut-être le lecteur vers une fausse route. le narrateur de Solénoïde, professeur de roumain dans une école de Bucarest, écrit un journal hybride où rêves et récits réalistes s'entrelacent, une autobiographie enracinée dans une Bucarest chimérique, au sens presque biologique de création organique mêlant deux tissus, ici celui du réel et celui du songe. Dans Solénoïde, La réalité est contaminée par l'épanchement du rêve (la référence nervalienne est explicite) : les souvenirs parfois brumeux de l'enfance comme le récit de la vie quotidienne dans l'école du quartier Colentina présentent une texture réaliste que la fantasmagorie finit presque toujours par pénétrer, fissurer, transfigurer. S'agit-il pour autant d'un roman fantastique, habité par l'hésitation classique entre l'interprétation rationnelle et l'interprétation surnaturelle ? Solénoïde va au-delà de cette proposition binaire : ici, réalité et songe, comme présent et souvenir, sont intimement tressés et paraissent indissociables, coagulés par un faisceau de signes qui vont éclairer progressivement la structure générale de ces huit-cent pages labyrinthiques.

Le lecteur est emporté dans un maelstrom de souvenirs, de rêves, d'échos littéraires aussi (Kafka, Nerval, Rilke, Dostoïevski, Jean Ray sont cités parmi beaucoup d'autres), sans pour autant s'y noyer car il peut s'arrimer à quelques leitmotivs qui finissent par s'unir et former une architecture subtile. Plusieurs lignes thématiques sillonnent le livre de Cărtărescu et se rejoignent pour, finalement, façonner le roman comme les solénoïdes (bobines électriques gigantesques capables de produire un champ magnétique) enfouis dans le sous-sol de Bucarest finissent par transfigurer la ville. (suite sur le lien)
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Solénoïde

Dans son ensemble, ce livre me laisse une impression agréable car les déambulations de l’esprit du personnage principal sont d’une profondeur extrême. J’ai été poussé loin dans les questionnements sur le réel et sur le rêve.



Je dirais que cette œuvre est magnifique mais qu’elle se mérite, que 1000 fois je me suis endormi en lisant, je me suis beaucoup ennuyé aussi, mais certains passages magistraux m’ont conforté dans mon choix de continuer à lire. La traduction française est délicieuse et a fortement contribué à mon plaisir.





Si vous êtes à la recherche d’un livre léger, passez votre chemin.

Si vous êtes à la recherche d’un livre fluide, passez le aussi.

Si vous souhaitez vous questionner sur le réel, sur l’absurdité du monde, et que vous n’avez pas peur des ouvrages longs et difficiles, foncez !

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Solénoïde

Écrivain raté, enseignant désabusé, homme solitaire et anxieux, le héros de Solénoïde traîne son spleen dans les rues du Bucarest des années 80. Les cauchemars de ses nuits agitées, nourris par les souvenirs de son enfance humiliée et par son obsession pour les parasites en tous genres, débordent de plus en plus sur ses journées, pendant lesquelles il doit faire face à des élèves qu’il craint. Petit à petit se révèle ainsi à lui un univers dérobé. De la bobine magnétique - un solénoïde - enfouie sous sa maison à la mystérieuse usine désaffectée qui abrite un musée des horreurs anatomiques, c’est tout un ensemble de signaux que semble lui adresser son monde onirique, inquiétant et cryptique - avec, au bout du chemin, une improbable rédemption.

Expérience de lecture immersive et obsédante, Solénoïde enferme son lecteur dans un univers à la puissance visuelle affolante, qui évoque autant l’Aurélia de Nerval que les labyrinthes de Borges, le fantastique morbide de Lovecraft ou les constructions d’Escher. Porte-parole d’une humanité révoltée face au scandale de la mort et de la souffrance, tantôt prophète et tantôt martyr, le héros de Cărtărescu s’y débat sans fin, ressassant sa complainte et questionnant les possibles issues que sont l’art ou l’amour. Grand cri de douleur magistralement traduit par Laure Hinckel, Solénoïde est un astre noir qui assoit définitivement la position de Mircea Cărtărescu en auteur nobélisable.
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Solénoïde

Une prose hallucinée, jusqu'auboutiste dans son érudition mais refusant les artifices de la virtuosité formelle, faisant appel à Borges, Kafka ou encore Lovecraft, qui réfléchit sur les limites, les « prisons concentriques » de la réalité et comment les briser grâce à un « plan d'évasion. » Un chef d'oeuvre total, malgré une bavardise qui fait patauger la lecture, mais qui se justifie par la forme du journal intime et l'obsession de son narrateur de détailler le moindre signe comme étape nécessaire du cheminement de sa quête d'évasion…


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Solénoïde

Une maison est en feu, vous devez choisir, sauverez vous l'enfant qui s'y trouve ou un exemplaire unique d'une œuvre d'art universelle ? Un dilemme moral caché au milieu des pages de ce roman de plus de 800 pages, véritable monument et travail prodigieux dans lequel hommage est fait à l'humanité, à la lecture, à l'intellect, à l'introspection, aux mondes infiniment petits et grands... Un livre déroutant, à l'écriture jonchée de mots parfois savants souvent peu usités, qui nous emmène dans un tourbillon qui rend confus, mais pourtant épatant.

Un livre que j'achève sans savoir si j'ai adoré y passer près de 3 semaines ou si j'ai détesté me faire promener dans cet univers littéraire roumain pour le moins étonnant.

Restons sur l'idée positive, lisez ce livre plutôt que les publications penibles qui traînent sur les réseaux sociaux, comme ça on pourra en parler et ça fera du bien à l'humanité.

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Solénoïde

Lecture difficile, mais qui mérite la persévérance à petites doses car elle requiert un grande concentration. Des passages extraordinaires, d’autres moins car alimentés par des délires oniriques partant un peu dans tous les sens. Le récit d’une vie à Bucarest avec un souhait de reconnaissance littéraire qui n’aboutit pas et qui entraîne le narrateur « non écrivain reconnu » à développer un journal sur son enfance, son mal d’exister, ses maladies traumatisantes, et sa vie d’adulte comme professeur de roumain. Un grand nombre de passages érudits sur l’existence, le monde tel qu’il est , mais surtout tel qu’il est perçu et imaginé au travers d’expériences quasi paranoïaques. Des lieux habituels, mais dans lesquels il se perd toujours (son lycée, sa maison fantastique reposant sur un solénoïde lui permettant une lévitation à la demande. Un univers délirant, souvent glauque avec des personnages extraordinaires, des piquetistes, un bibliothécaire dont la principale activité est l’observation d’un monde microscopique dans lequel il propulse le héros. Fiction fantastique kafkaïenne très riche et méritant qu’on s’y attarde !
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Solénoïde

La vie dans les rêves, l'existence dans l'écriture ou dans la quête pulsatile, lévitationnelle et hallucinée d'une porte de sortie. Sous ses allures de journal, Solénoïde développe une très belle réflexion sur l'acte d'écrire, tant son solipsisme que ses maigres chances de rédemption. Pourtant,  par ses intrusions de rêves, d'interprétations, ses plongées dans un réel roumain halluciné, son appel à l'aide contre une invivable et souvent débousselée réalité scolaire, Mircea Cartarescu enferme le lecteur dans le corps du livre auquel il parvient à donner une multitude de formes. Assurément un immense labyrinthe textuel.
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Solénoïde

Ils en ont de la bonne a Bucarest???



Trêve de plaisanterie, pourtant devant ce roman bien allumé, cousin éloigné de "la foire aux atrocités" de Ballard, ou fils illégitime du "festin nu " de Burroughs, on ne peut que jubiler devant l'anéantissement total de son héros, perdu dans un Bucarest glauque et putride, tout est laid et pourtant tout est fascinant dans ce roman fleuve.



D un aspect rugueux, comme tout bon minerais, il convient de bien l'astiquer pour faire reluire sa platine.



Dur a suivre, le roman s'égare parfois dans la sf, pour mieux revenir dans le monde et sa folie, car c'est bien de cela qu'il s'agit ici , de la folie des hommes, et de la cette douce ironie qu'est l'espèce humaine.



C'est un roman exigent, complexe, très riche, épuisant, déprimant, dont à la fin de lecture on pourra dire sans aucune prétention



"j'ai jamais pris au temps de plaisir a avoir du mal a lire un livre
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Solénoïde

Un ovni livresque, une plongée hallucinée dans la vie d'un homme aux rêves inachevés, dans une ville aussi délabrée que fantastique.

L'écriture de Mircea Cartarescu et son imaginaire m'ont envoûté. Etant très sensible à l'existentialisme et au surréalisme, j'ai été comblée par ce roman qui fait de l'ordinaire d'un homme, un récit épique plein de fantaisie.

L'ambiance est assez sombre, l'auteur a une fascination pour le corps, les insectes, l'organique et cela donne un petit côté glauque à l'histoire, m'ayant fait penser à Kafka ou à certains films de Tim Burton.



Au fil des rencontres, le narrateur tente de trouver un sens à l'existence. N'ayant pas réussi à accomplir son rêve de devenir écrivain, il a besoin de trouver une raison d'être. Cette quête m'a rappelé celle de Martin Eden du roman éponyme de Jack London, qui, lui, réussit mais finit aussi par se poser de grandes questions existentielles.



Un monument de la littérature roumaine, à découvrir absolument si vous êtes un aventurier de la littérature.
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Solénoïde

Lire « Solénoïde », c’est embarquer dans un univers fantasmagorique, où les idées et la narration empruntent les itinéraires improbables des rêves pour percer les mystères de la vie. Ici, la texture du récit est une porte ouverte sur un monde parallèle, un miroir que l’on ne cesse d’approcher, que l’on rêve de traverser, une fugue possible de la frêle et décevante réalité.

Une expérience de lecture hors normes, des acariens qui creusent des galeries sous notre peau (beurk !) aux déambulations d’enfants dans les dortoirs d’un sanatorium perdu, les souvenirs et les délires du narrateur nous conduisent dans des territoires parfois repoussants, souvent poétiques, toujours fantastiques.

J'ai aimé parcourir les rues délabrées de la Bucarest années 70 du narrateur- écrivain, me plonger dans cette écriture puissante et souvent drôle, charnelle surtout. J’ai été impressionnée par la construction de ce roman foisonnant, perdue aussi par moments, parce que dans ses obsessions, le narrateur a une fâcheuse tendance à se répéter.

J'ai adoré les portraits que l'écrivain roumain fait de l'improbable salle des professeurs de l'école 86, la mise en abyme du récit façon Rubik's cube, les couleurs qui jaillissent subitement dans ce décor urbain austère. J’ai totalement adhéré à cette poétique du chaos, à cette noirceur féconde dont émerge une fin lumineuse et finalement humaniste.

Par-delà la richesse de cet univers, Cărtărescu compose également une ode à la lecture qui transporte, à l’écriture qui libère, et c’est franchement réussi. Des références à Borges, Dostoïevski ou Kafka remplissent la bibliothèque idéale de ce récit.

Il faut lire Cărtărescu et l'incroyable traduction de Laure Hinckel, qui restitue brillamment la musicalité et la beauté de l'écriture de « Solénoïde ».

Un grand roman dense et étrange, au croisement de Bolano et de Petrosyan dans mon panthéon littéraire !



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Solénoïde

« Chef d’œuvre de Mircea Cartarescu », peut-on lire en quatrième de couverture. C’est ce que proclame l’éditeur ; c’est son droit, il est dans son rôle. D’ailleurs, c’est bien cette proclamation qui m’a amené à lire Solénoïde, un livre de huit cents pages, écrit par un poète et romancier roumain contemporain que je ne connaissais pas. Mais voilà, le livre ne m’a pas plu et je ne suis parvenu à le lire jusqu’au bout, qu’en balayant du regard des dizaines de pages qui me procuraient l’impression de toujours rabâcher les mêmes délires morbides, cauchemardesques, parfois peu compréhensibles.



Le personnage principal et narrateur de Solénoïde est un double de l’auteur. Un double raté : humilié à l’âge de dix-sept ans par des quolibets lors de la lecture de ses poèmes, il a renoncé à l’ambition d’être écrivain. Modeste professeur de roumain dans une école de la banlieue de Bucarest, cet homme solitaire, étriqué et tourmenté prend à parti le lecteur : à quoi bon écrire un roman, bâtir une histoire dont chaque ouverture est un trompe-l’œil ne débouchant sur rien ? Selon lui, il faut viser plus haut : écrire pour résoudre l’énigme de l’existence, la sienne et celle du monde. Et profiter de l’implantation souterraine secrète de solénoïdes – des dispositifs générant des champs magnétiques –, pour s’ouvrir l’accès, par la lévitation, à la quatrième dimension.



Difficile de définir cet ouvrage ! Le narrateur – qui n’a pas de nom – amalgame présent et passé, espace et temps, réalité et rêves, mémoire et fantasmes, dans un récit hallucinatoire difficile à suivre. Il évolue dans un univers glauque, imprégné d’une luminescence jaune, un jaune sale, évoqué tout au long du texte. Les personnages sont dépeints sous leurs aspects les plus grotesques, exprimés par des corps où tout n’est que plaies, croûtes, filaments, matières desquamées, sécrétions liquides, acariens, asticots et autres parasites micro-organiques. Bon appétit !



Le visage de Bucarest présente la laideur triste et impersonnelle des villes communistes. Le quotidien se caractérise par un ciel crépusculaire et par le bruit de ferraille des tramways déglingués qui slaloment sur leurs rails, de quartier en quartier. Dans les rues, les alignements de façades décrépies sont entrecoupés par des terrains vagues encombrés d’ordures, ou par des hangars délabrés aux charpentes rouillées, aux tuyauteries éclatées, aux câbles arrachés. Dans les bâtiments où le narrateur entraîne le lecteur, des locaux inattendus s’ouvrent indéfiniment sur d’autres locaux encore plus inattendus. Une ancienne fabrique recèle des labyrinthes souterrains aussi mystérieux que les méandres d’un cerveau tourmenté. Un cabinet dentaire fantôme évoque de douloureux souvenirs d’enfance, ressentis comme une trahison maternelle refoulée.



Un moment, le narrateur se joint à des militants portant un nouveau type de revendications révolutionnaires : le refus de la maladie, de la vieillesse et de la mort, ce qui ne peut mener qu’à l’objectif de détruire le monde, qualifié d’enfer injuste et corrompu. En même temps, il tombe sur un manuscrit ancien oublié, écrit dans une langue indéchiffrable et illustré d’images incompréhensibles, symbole de l’impossibilité définitive de connaître le monde. Ne reste alors comme solution que la recherche d’un plan d’évasion, qui pourrait être la mise au monde d’un enfant. Une perspective finalement préférable à la création d’une œuvre d’art.



L’auteur multiplie les références littéraires. Pour ma part, le parcours laborieux du narrateur m’a fait penser à La Métamorphose, de Franz Kafka, mais la première référence de Solénoïde – assumée explicitement à plusieurs reprises – est à mon sens un ouvrage dont des extraits nous fascinaient quand nous avions dix-huit ans, Les Chants de Maldoror, écrit sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont, par un poète franco-uruguayen du dix-neuvième siècle, mort à vingt-quatre ans, nommé Isidore Ducasse.



Un point positif : l’écriture de Mircea Cartarescu, parfaite et harmonieuse. Prises indépendamment, les phrases sont longues, onctueuses, agréables à lire, comme je les aime. Mais globalement, la lecture est interminable, ennuyeuse et déprimante.


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Solénoïde

Solénoïde touche au sublime avec son narrateur écrivain refoulé devenu malgré lui un pauvre prof de lettres dans un minable établissement de Bucarest où ses minables élèves n’ont rien d’autres que leurs poux à partager. A vingt ans, il croyait dur comme fer que les portes de la gloire s’ouvriraient en grand devant son incommensurable talent. Persuadé de remporter haut la main le prestigieux concours littéraire de son université, il fut englouti sous la sévérité des critiques infligées par un jury cinglant. Une désillusion dont il ne se remettra jamais vraiment.

Un livre incroyable, journal halluciné d’un gars hallucinant (ou l’inverse) qui lorgne du côté de Kafka et Borges. Un livre brillant, agaçant, enthousiasmant, désespérant. Tour à tour métaphysique, sensuel, surréaliste, pathétique, hilarant. Pénible par moment, souffrant de rares longueurs, mais traversé la plupart du temps par des fulgurances qui laissent sur le carreau et, cerise sur le gâteau, porté par une traduction exceptionnelle.

Soyons clairs, Solénoïde est un roman monumental, de ceux que l’on croise rarement dans une vie de lecteur. Certes il ne se donne pas facilement, il réclame une attention et une concentration dignes de son ambitieuse construction mais au final les efforts fournis sont grandement récompensés. Assurément la littérature dans ce qu'elle a de plus grand à offrir.


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Solénoïde

Solénoïde est le journal des "anomalies" d'un homme dont l'existence n'est qu'un labyrinthe de souvenirs pour les uns vécus, pour les autres hallucinés, et enfin pour certains rêvés. Vus comme autant de fragments de soi-même l'homme y cherche une réponse, il questionne sa propre existence par l'expérience de leur écriture, par la littérature.

Dans une Bucarest à l'agonie dont les rues seraient les méandres du cerveau de l'écrivain, tant son atmosphère crépusculaire, cendreuse, pourrie, qui nous perd et nous hallucine à notre tour ; dans une Bucarest à l'agonie l'homme erre et hait au plus profond de soi, mais surtout, il est effrayé par ses profondeurs envahies des monstres tirés des plus sombres de nos cauchemars. Mais quelle est cette ville ?

Ce journal est une expérience de littérature comme il y en a peu. On rentre dans la tête d'un homme qui a décidé d'aller au bout de sa folie et, si le chemin peut paraître repoussant et difficile, il renverse toutes nos certitudes établies, nos frontières du réel.

Dans la lignée de Kafka et de Proust, une langue exceptionnelle, instinctive, hallucinée : un auteur d'exception.
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