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Mohamed El- Ghoulabzouri (Traducteur)
EAN : 9782020789899
192 pages
Seuil (11/02/2005)
3.45/5   31 notes
Résumé :

À vingt ans, Mohamed ne sait ni lire, ni écrire. Pour échapper à une existence où se côtoient misère, violence et prostitution, il entreprend de s’instruire. Entre Tanger et Larache, il devra se battre pour apprendre, car seuls la connaissance et le savoir feront de lui un homme libre…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après le célèbre et très polémique le Pain nu (الخبز الحافي : « Al-khubz al-ḥāfī »), cette oeuvre est la seconde la plus connue de Mohamed Choukri. Son titre original dans la langue d'Al-Mutanabbi est ﺯﻣﻦ الأخطاء : « Zaman al-ʾaḵṭāʾ », et on comprend bien pourquoi Choukri est un des écrivains incontournables parmi tous les maghrébins arabophones. Je ne crois pas que parmi les hommes de lettres maghrébins d'expression française on puisse en trouver un seul d'aussi réaliste, d'aussi sincère dans ses descriptions. Il s'agit d'un style qui ne laisse rien à désirer si on le compare à celui d'écrivains qui sous d'autres cieux aient eu une sensibilité et un parcours comparables.

Dommage que je ne puisse pas lire dans le texte, mais je trouve que la traduction de Mohamed El Ghoulabzouri n'est pas mauvaise du tout, sans arriver pour autant au niveau de quelqu'un comme Tahar Ben Jelloun (excellent écrivain marocain qui est quant à lui francophone, et sa traduction du Pain Nu en français est remarquablement bien faite).

Le récit est autobiographique mais Choukri ne se borne pas à son nombril, nous dressant dans des merveilleux brefs chapitres aux titres très évocateurs un portrait sans concession des Tangérois de son époque. le langage choukrien est assez cru par endroits, ce qui se marie bien avec la dureté des histoires qu'il nous livre. J'ignore si le livre avait fait l'objet de la censure marocaine (comme ce fut le cas du Pain nu aussitôt après sa parution, et cela pendant presque deux décennies !), mais il est clair que beaucoup de tartuffes auraient été contents s'il était interdit aussi.

Ce petit bouquin savoureux ne déçoit jamais, ni de par les thèmes qu'y sont abordés ni de par l'intensité de l'écriture. Je le recommande à tous ceux qui ont su apprécier son autre ouvrage sans se laisser choquer par le récit, voire à ceux qui n'ont pas encore eu du tout le privilège de découvrir la plume de ce fils de Tanger, malheureusement peu reconnu par ces compatriotes de son vivant. En un mot, le Temps des erreurs est absolument à lire et à relire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je lis tout ce qui est imprimé, des livres empruntés ou volés, jusqu'aux papiers ramassés par terre. Des textes souvent en espagnol. Je me prends de passion pour les enseignes des magasins et des cafés, presque toujours en espagnol elles aussi. Certains jours, je les recopies dans mon cahier de brouillon. Je suis porté par la frénésie d'apprendre, tout et très vite, même dans les pires moments. Rimbaud a bien raison de s'écrier [dans l'une de ses notes d'écolier pendant les cours de grec et de latin : « Album Rimbaud, Gallimard, 1967 » N.d.T.] : « Sapristi, moi je serai rentier, il ne fait pas bon s'user les culottes sur les bancs (sic) saperlipopet-touille ! », lui qui a écrit et qui a vue. L'écriture et la lecture sont devenues pour moi une véritable obsession qui me hante aussi bien dans le sommeil le plus profond qu'éveillé. J'ai parfois la sensation d'être moi-même une lettre de l'alphabet, immense, ou une gigantesque plume. Cauchemar ! Quand je n'ai pas de quoi m'acheter un cahier, je copie les leçons sur des bouts de papier trouvés par terre qui ont déjà servi.
(page 33)
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[À l'hôpital psychiatrique de Tétouan] Abdelhakim m'adresse la parole pour la première fois alors que nous prenons le petit déjeuner. Il me dit :
— Celui qui vient nous voir est notre frère. Celui qui ne vient pas est notre vrai frère.
(pages 161-162)
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Je ne me souviens plus de rien. Le trou. Tout m’échappe, jusqu’aux mélodies les plus belles, celles que j’adore, comme si je n’avais jamais enregistré de souvenir. Mon cerveau est vide, lessivé. J’ai un léger mal de tête et les oreilles qui bourdonnent. L’impression d’entendre les battements de mon cœur. J’ai sûrement fumé trop de kif, et toujours rien dans l’estomac.
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Les prophètes n’ont pas besoin de s’instruire, tout leur vient du ciel. Les autres doivent tout apprendre de leurs semblables en les imitant, comme font les singes.
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Le silence y est si profond que j’ai envie de m’y jeter. Il ravive ma détresse, mon propre silence infini.
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