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Critiques de Moussa Konaté (116)
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L'empreinte du renard

Chaque pays d’Europe a maintenant son inspecteur attitré. Ce n’était qu’une question de temps avant que le reste du monde n’emboite le pas. Eh bien, le Mali peut dorénavant compter sur le commissaire Habib Keita. Dans « L’empreinte du renard », deux morts suspectes qui inquiètent les hauts dirigeants du parti au pouvoir. Habib et son assistant, l’inspecteur Sossa, doivent entrer en territoire dogon pour résoudre cette énigme. Là, on attribue ces morts à l’intervention divine. Les corps ont été XX selon les coutumes de l’endroit, sans qu’une autopsie ait été pratiquée. Mais d’autres morts surviennent, que Habib ne peut qu’attribuer à l’intervention humaine. Mais les dogons forment un peuple fier, avec ses propres traditions et surtout ses coutumes. Il n’est pas aisé de leur soutirer des informations. Il peut en aller de leur vie.



Ces dernières années, les romans policiers envahissent les librairies mais pas tous mettent en vedette un enquêteur mémorable. Souvent, en interchangeant le pays, on y voit que du feu. Habib n’a rien qui le caractérise, qui le rend unique, sinon un profond respect des traditions (et des superstitions) des peuples chez qui il doit investiguer. Il ne se distingue en rien des centaines d’autres enquêteurs qui pulullent dans le monde littéraire. La seule chose qui sauve cette série de romans, c’est le Mali. L’auteur Moussa Konaté sait dépeindre son pays. La police qui se démène avec peu de moyens (elle n’a plus d’argent pour acheter de l’essence), la corruption, les magouilles politiques, les différentes ethnies et leurs coutumes, etc. Il sait sourtout insérer d’habiles mais courtes descriptions des paysages et des gens. La terre rouge et sèche d’Afrique, je l’ai sentie et ressentie.



Alors que je reproche à beaucoup d’auteurs de polars et romans policiers de n’écrire que des briques toujours plus volumineuses, Konaté nous livre une œuvre de 265 pages. J’en aurais souhaité un peu plus. J’ai écrit plus haut que c’était la description du Mali qui m’avait interpelé dans « L’empreinte du renaurd ». Eh bien, j’en veux plus. J’aurais souhaité davantage de portraits des dogons. Comment ces gens étaient-ils vêtus, que faisaient-ils de leurs journées ? À quoi ressemblaient leurs maisons, l’intérieur ? Mais la plupart des enquêtes du commissaire Habib sont brèves alors je crains que devrai me rabattre sur des documentaires ou un sur un voyage touristique pour satisfaire ma curiosité débordante…
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Meurtre à Tombouctou

OK, Moussa Konaté doit changer sa recette. À la sortie de Tombouctou, un Touareg est retrouvé mort. Mais l’histoire se complique quand un tireur fou s’en prend à un ressortissant français, et il jure de continuer son œuvre jusqu’au départ du dernier mécréant. Pour éviter tout débordement, le commissaire de la ville décide faire appel à des renforts. Cela ne signifie qu’une chose : l’inspecteur Habib. Ce dernier est dépêché d’urgence, avec son fidèle assistant l’inspecteur Sosso et Guillaume Leloncle, un officier français spécialiste de la lutte antiterrorisme.



Ce roman est un peu plus long que le dernier (211 pages), heureusement. Enfin, j’ai eu droit à des descriptions que je jugeais suffisantes : la ville de Mopti, arrêt obligé, puis celle de Tombouctou, de ses quartiers malfamés. Donc pas seulement un décor de carte postale, plutôt un portrait réaliste. Les Touaregs aussi ont eu droit à ce traitement. Enfn, j’ai pu visualer un de ces groupes ethniques que Konaté nous présente. Leurs tenues vestimentaires, leur organisation familiale, leur code d’honneur, l’importance des chameaux, etc. J’ai vraiment pu tout me faire une tête de tout ça.



Là où je suis moins satisfait, c’est qu’on a toujours affaire au même genre d’histoire. Un crime impliquant des peuples aux croyances anciennes. Des groupes d’anciens font des pressions pour que l’enquête soit arrêtée, qui préfèrent régler les choses à leur façon, selon leurs coutumes et traditions. La carte anti-terrorisme a été utile un moment, mais l’auteur aurait pu l’exploiter suffisament, selon moi. Mais bon, somme toute, je suis plutôt satisfait de ma lecture. Elle m’encourage à réessayer d’autres romans de Konaté.
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La malédiction du Lamantin

Ma critique de La malédiction du lamentin risque de ressembler à celle de L’empreinte du renard : le roman est trop court. Certes, Moussa Konaté met en scène une mort horrible : le chef d’une tribu de Bozos et son épouse sont retrouvés sans vie. Évidemment, les locaux croient à une malédiction, à une intervention divine. Leurs actions sont tournées vers la prière. Mais Habib croit plutôt à une intervention humaine, à un crime. Encore une fois, il doit se démener pour trouver le coupable tout en ménageant les traditions de ce peuple ancien. C’est une histoire originale, qui me dépayse beaucoup, mais…



En effet, il y a tellement plus que j’aurais souhaité apprendre. D’abord, de quoi a l’air l’inspecteur Habib ? On sait qu’il n’est plus très jeune mais quoi d’autre ? Rien. Est-il grand ? Bedonnant ? Grisonnant ? Porte-t-il une barbiche, at-t-il une cicatrice quelque part ? Et que fait-il de ses temps libres ? Beaucoup de questions qui permettraient de le faire ressortir du lot de tous ces enquêteurs qui pullulent dans les romans. Je ne m’attends pas à ce qu’il joue du violon comme Sherlock Holmes, qu’il aille à l’opéra comme Kurt Wallander ou qu’il consulte son dictionnaire comme Kostas Charitos, mais au moins qu’il ait ce petit quelque chose.



Ensuite, ces Bozos, à quoi ressemblent-ils ? Ont-ils des traits physiques particuliers qui les distinguent des Maliens ou des autres groupes ethniques, par exemple les Dogons ? Sont-ils plus grands, plus petits, plus trapus, ont-ils les lèvres plus épaisses, la peau plus sombres ? Et qu’en est-il de leurs attributs ? Portent-ils des signes particuliers, des vêtements plus traditionnels ? Bref, beaucoup de questions, peu de réponses. Les seules informations auxquelles on a droit se rapportent à leur culture. Sur ce point, en tous cas, c’est réussi. Konaté s’est visiblement bien renseigné sur la culture des Bozos, leur culture, leurs traditions, etc. Et il le rend bien.



L’enquête elle-même avance bonnement. En fait, je ne peux pas dire que l’inspecteur Habib y soit pour grand chose. J’ai l’impression que le dénouement s’est déroulé de lui-même, un peu par chance – voire beaucoup. Éventuellement, j’aimerais lire un de ses enquêtes qui se déroule à Bamako, son territoire, et qui ne met pas en scène un énième groupe ethnique de son pays. Il y a tellement d’autres sujets à aborder comme l’avancée du désert, la préservation du patrimoine, l’approvisionnement en eau des quartiers défavorisés, etc. Surtout, je souhaiterais qu’il nous démontre l’étendue son talent. À suivre.
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L'or du diable

Moussa Konaté s'est inspiré d'un fait divers de grande ampleur pour sa pièce L'Or du Diable. En 1982, en effet, sous l'effet d'une rumeur grandissante, le Mali connut une véritable ruée vers l'or - qui n'avait aucun fondement. L'auteur a voulu montrer à quel point les pauvres étaient la proie de la moindre illusion, les laissant doublement sur le carreau.





Et pourtant, Konaté le dit lui-même, les échanges entre les personnages sont emprunts de drôlerie. On y rencontre deux familles qui vivent à Bamako sous un même toit, et dont ils n'arrivent pas à payer le loyer à un propriétaire lui-même guère plus aisé qu'eux. Ladji, assistant de l'imam, et sa femme Korotoumou, qui tente de vendre du beurre de karité au marché, n'arrivent pas à joindre les deux bouts. De même en est-il pour Garaba, mécanicien à qui personne n'apporte de voiture à réparer, et sa femme Oumou . Ladji passe son temps à ronchonner, à morigéner sa famille, à faire la morale à tout le monde - tout en ne se privant pas de manger de temps à autre un morceau de viande en douce quand le reste de la famille mange de la bouillie de mil tous les soirs. Malgré la pauvreté et les disputes incessantes, l'ambiance est bon enfant, et cette première journée - il y en aura quatre qui structureront la pièce - se déroule joyeusement. Puis, petit à petit, l'atmosphère s'alourdit : la rumeur de l'or qu'il suffit de ramasser pour devenir riche a atteint ce petit monde, et Ladji en vient à se bercer de rêves insensés, jusqu'à voir un ange dans son sommeil qui lui assure sa bonne fortune. On s'en doute, aucune des deux familles ne trouvera son compte, et c'est le personnage dont on attendait le moins qui saura trouver de quoi gagner de l'argent - honnêtement qui plus est.





La pièce est de facture très classique, mais efficace. Si Moussa Konaté a bien voulu décrire le drame de la pauvreté, il a choisi un ton qui tient beaucoup de la comédie - et comme il l'écrit lui-même : "qui pourrait tracer la frontière entre une situation comique et une situation dramatique ?" Les personnages sont bien croqués, à commencer par Ladji qui semble ridicule à vociférer sans cesse, mais dont on a forcément pitié lorsqu'il découvre à quel point il s'est laissé bercer par de douces illusions. Ainsi les dialogues glissent de passes d'armes familiales drôles et rythmées, à des lamentations reflétant l'impasse dans laquelle semblent coincés les personnages. Une satire douce-amère, mêlant humour et drame, jusqu'à une conclusion quelque peu dérangeante. Car si Balla, le fils de Ladji et Korotoumou, redonne de l'espoir à ses parents ainsi qu'à Garaba et Oumou, les deux chefs de famille vont désormais opter pour des comportements douteux afin de mieux gagner leur vie... et exploiter la pauvreté des autres.
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Meurtre à Tombouctou

"Bande de chacals, vous allez tous mourir comme des chacals" aurait sans doute au moins d’impact que la phrase hurlée par un tireur à cheval : "Sales mécréants de Français, vous allez tous mourir. Qu’Allah vous maudisse."



Là, les ambassades frémissent de peur et on parle déjà de terrorisme… Comme si la situation n’était pas déjà assez explosive avec le meurtre d’un jeune Touareg, Ibrahim, issu de la famille Aghaly.



Pour une fois, un roman acheté en bouquinerie n’a pas eu le temps de traîner sur les étagères : j’avais envie de voyager au pays des Hommes en Bleus et de découvrir Tombouctou autrement qu’en carte postale ou reportage clinquant.



Pas de doute, l’auteur connait son pays, connait ses coutumes, sait de quoi il parle et mieux, il arrive à mettre tout cela en scène sans que l’on ait l’impression de lire un guide de voyage ou de regarder une émission télé insipide qui ne montrerait que les beaux côtés de la ville.



Débarquant à Tombouctou, le célèbre commissaire Habib de Bamako, va devoir enquêter en marchant sur des œufs afin de ne pas froisser le peuple fier des Touaregs, prêt à en découdre avec un autre clan qu’il accuse d’être responsable de la mort d’Ibrahim.



Il faudra aussi compter sur les imams, prêt à tout pour garder l’harmonie entre les différentes ethnies qui peuplent la ville, quitte à dessaisir le commissaire et demander à un marabout-devin d’enquêter à sa place. Résultats garantis !



Ce roman policier, c’est un véritable voyage au Mali, dans la ville de Tombouctou que nous arpenterons avec les deux jeunes enquêteurs (Guillaume, agent du renseignement français et Sosso, un enquêteur du commissaire Habib) et l’auteur ne nous épargnera pas les points les moins susceptibles de se retrouver dans les guides de voyages.



L’auteur nous dresse le portrait d’une société qui a ses propres codes, différents des nôtres, où la femme a une autre place que chez nous, sans pour autant qu’elle soit méprisée, puisque chez les Touaregs, les femmes ont un statut élevé (même si elles parlent peu) et le peuple se dit descendant de la reine fondatrice touarègue, Tin Hinan.



Oui, l’immersion est totale et il est toujours intéressant de voir ce qui se passe ailleurs, notamment dans ces pays que nous ne connaissons pas et où les religions cohabitent dans la ville de Tombouctou (le tout avant que les djihadistes n’y fassent des ravages).



Comme souvent, l’enquête est un prétexte pour nous parler du pays, de ses coutumes, de ses croyances, anciennes, de cet équilibre qu’il faut garder afin de ne froisser personne et des menaces terroristes qui pèsent, certains voyant des islamistes partout.



La psychologie des personnages est assez basique, les deux aidants du commissaire Habib passant leur temps à rire pour rien, mais ils furent utiles à l’histoire afin de nous faire découvrir un pan dans la ville et des sociétés qui la composent.



Au moins, pas d’enquêteur torturé par son passé, en souffrance avec sa vie de famille, se réfugiant dans l’alcool, les drogues ou autres. Le commissaire Habib est marié, père, heureux, un enquêteur normal qui mène son enquête sans courir comme un poulet sans tête, respectant les rituels, les codes, sous peine de se voir fermer des portes au nez (ou des tentes). Qui va piano, va sano.



Dès le départ, j’ai eu des soupçons sur un personnage et bingo, j’avais déjà trouvé le nom du coupable, même si je n’avais pas tout compris en ce qui concernait le modus operandi. Cela n’a en rien entravé ma lecture, tant je pensais que je faisais fausse route et que c’était mon biberonnage aux romans d’Agatha Christie qui me jouaient des tours.



Voilà donc un roman policier qui me sort de mes habitudes et qui le fait bien, sans pour autant que sa résolution m’ait fait tomber de ma chaise ou que le suspense m’ait donné des palpitations cardiaques.



Son avantage indéniable est qu’il nous propulse au sein de communautés que nous ne connaissons pas, nous faisant entre dans le saint des saints, sorte de voyage en terre inconnue chez des peuples méconnus.



On est dépaysé, tant pour les décors que pour les modes de vie et l’auteur évite aussi le côté folklorique que nous pourrions retrouver dans certains reportages télés.



C’est pourquoi j’ai apprécié aussi cette lecture, même si le suspense n’est pas vraiment de la partie et que la résolution de l’enquête ne défrisera pas les plumes d’un canard à trois pattes. Au moins, j’ai voyagé et personne ne m’a emmerdé !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Meurtre à Tombouctou

Suspens insoutenable, frissons, rebondissements, fausses pistes , personnages fouillées à la psychologie tortuée... Si vous cherchez tous ces classiques d'un bon polar, ne lisez pas Meurtre à Tombouctou.

Comme à son habitude, les enquêtes du commissaire Habib et de son adjoint Sosso sont bien molles comme il faut, sans surprise et la solution apparaît de façon tellement magique qu'aucun des policiers impliqués n'y avait pensé sauf "Fabulous Habib". Il y a deux demies fausses pistes , histoire d'amener le livre à 174 pages.

Donc pour le côté policier, il y a bien mieux. Cependant, par ailleurs, les enquêtes d'Habib sont l'occasion d'une plongée dans la société malienne. Après les Dogons et les Bozos , ce sont au tour des Touaregs d'être visités. Le livre prend une connotation contemporaine avec l'émergence du radicalisme et de l'islamisme dans la région de Tombouctou. ce qui permettre à quelques clichés de se glisser dans le roman.

Ce livre permet quand même de bien appréhender le poids des traditions dans la société Touareg mais aussi de son impact sur les règles régissant une ville comme Tombouctou.

Pour ceux qui en plus d'une enquête policière viendraient chercher un peu d'humour, ils seront a aussi déçus , les blaguounettes des personnages étant inspirées de la collection carambar dans le meilleur des cas.

Pas de suspens, pas d'humour, pas de frisson mais un peu de culture dans une langue qui m'apparut plus aboutie que dans les autres romans de cet auteur sans être non plu mirobolante.
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Meurtre à Tombouctou

Bon, j'avais commencé à écrire un long avis, quand mon ordi a décidé de se mettre en rade. Ce qui fait que je suis un brin énervée, donc vous aurez un résumé :



L'intrigue policière n'est pas au centre de ce bouquin, et la psychologie des personnages (quasi inexistante) non plus. Ce qui est au centre de ce livre, c'est la société pluri-culturelle au Mali, les diversités tribales, la confrontation entre autorités religieuses et autorités gouvernementales, les soumissions aux traditions, et, le plus choquant de tout, lire qu'au Mali, parler "d'esclaves" dans les années 2000, de ce qu'on peut faire ou pas avec eux, ne semble choquer personne. Oo



Les descriptions des villes (et leur circulation), de paysages, de gens, sont très réalistes, très belles pour les paysages, et correspondent assez exactement avec celles que m'en fait mon homme quand il revient de voyages pro par là-bas.



Autre chose, les personnages "se marrent" (expression adorée de l'auteur) tout le temps, c'est assez amusant.

J'ai lu ce bouquin pour l'item "Un roman d'un auteur africain" du multi-défi, que je ne pensais pas arriver à combler, et bien si ! ça se laisse lire gentiment, sans être forcément inoubliable...
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La malédiction du Lamantin

Si vous ne craignez pas de sortir des sentiers battus, n'hésitez pas à partir à la rencontre de Moussa Konaté, écrivain malien décédé en 2013 à l'âge de 62 ans.

Auteur protéiforme (œuvres théâtrales, essais, romans et nouvelles) il se frotte également au roman policier au travers d'un cycle littéraire intitulé "Les enquêtes du commissaire Habib Keïta".

Puis-je cependant me permettre une petite mise en garde ?

En effet, si vous êtes adeptes d'investigations haletantes accumulant la viande froide, multipliant courses poursuites, échanges de tirs ou scènes gores ce livre n'est manifestement pas fait pour vous.

Si par contre, l'horizon de vos attentes coïncide avec :

- mise en perspective sans concession des contradictions d'une société écartelée entre "modernité" importée d'occident et traditions millénaires indigènes ;

- immersion dans un Mali aux multiples visages ethniques et culturels ;

- respect, bienveillance et empathie plutôt que condescendance, mépris et déni des origines ;

vous pourrez alors ici pleinement satisfaire votre curiosité.

Vous plongerez ainsi dans un petit polar ethnologique (200 pages) appréhendant le complexe labyrinthe de la mythologie des Bozos "Les maîtres du fleuve Niger" en suivant pas à pas un commissaire Habib (accompagné du jeune inspecteur Sosso, son fidèle adjoint et fils spirituel) qui, formé à l'école de la rationalité occidentale, a bien du mal à accepter que des meurtres puissent avoir une origine mystérieuse.

Pour conclure, je m'autorise, par cette modeste recension, à saluer la mémoire d'un ardent et infatigable ambassadeur des cultures, traditions et de l'histoire maliennes.
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La malédiction du Lamantin

Le chef des Bozos, Aliou Kouata, ainsi que sa seconde épouse, Nassoumba, sont retrouvés morts à Kokrini, îlot à proximité de Bamako sur lequel s'installe l'ethnie pendant la saison sèche, et sur lequel, pendant la nuit précédente, un violent orage inattendu s'est abattu. Pour tous, le responsable est Maa, ou le Lamantin, divinité légendaire protectrice des Bozos, peuple de l'eau, qui a depuis peu décidé de les maudire suite à des méfaits de la part de certains d'entre eux - tout ceci nous est expliqué au fil du récit.

Mais le commissaire Habib ne voit pas les choses ainsi : aidé de Sosso, inspecteur qu'il a formé et qu'il considère comme son propre fils, il est de son devoir d'enquêter avant de tirer la moindre conclusion sur cette mort punitive.



Roman policier somme toute plutôt classique, dans le genre que j'apprécie, à l'ancienne, qui prend le temps de décrire une ambiance, qui ne s'appesantit pas à faire de la violence pour de la violence, La malédiction du Lamantin fut d'une lecture agréable, alternant bien entre moments d'enquête et moments de description d'un commissaire pris entre deux feux, celui de son éducation de Blanc, et celui de sa tradition malienne, qu'il doit concilier tant bien que mal pour trouver les raisons qui ont causé la mort des deux victimes.



Le dénouement, et la résolution de l'enquête, sont malgré tout un peu précipités, et l'enquête reste finalement parfois trop invisible derrière le protagoniste et l'histoire du Mali qui nous est proposée par son intermédiaire.



Une lecture intéressante, mais en demi-teinte : l'ensemble aurait à mon sens gagné en profondeur par une enquête davantage développée.
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L'affaire des coupeurs de têtes

Mon premier polar africain. Moussa Konaté écrit comme un conteur. Il raconte avec une verve particulière les aventures du Commissaire Habib patron de la brigade criminelle de Bamako et de son adjoint le jeune capitaine Sosso, dépêché par le Préfet dans la commune de Kita pour résoudre une affaire de meurtres en série. Des corps sans têtes sont découverts dans différents endroits de la ville.

Sur place, le commissaire Dembélé un Malinké né à Dialaya non loin de Kita et son adjoint le lieutenant Sy, un Peul de la ville de Nioro, ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de policiers de la capitale, d’autant plus que Habib est un Malinké dont la famille habite toujours Kita et que Sosso, lui, est un Bambara.

Ne vont-ils pas démontrer, avec leurs méthodes peu conventionnelles, que Dembélé et Sy sont incapables de dénouer cette affaire ?

Diallo, un Peul, collaborateur de Dembélé est acquis aux méthodes des policiers de la capitale.

Kita se situe au Mali, ex Soudan français, la capitale est Bamako.

L’enquête policière est l’occasion pour Moussa Konté de faire découvrir l’histoire de ce pays d’Afrique où les Musulmans sont majoritaires. Les différents peuples qui y vivent, Malinkés, Kitankés, Peuls, Kassonkés s’affrontent au cours de l’enquête.

Les Malinkés traitent les Kassonkés de « fainéants passant leur temps à bavarder », « Malinkés balourds, mangeurs de pâte d’arachide. » répliquent ces derniers.

« Ne fais jamais confiance à un Peul » lance sous forme de boutade Habib à Dembélé en lui faisant remarquer que ses deux collaborateurs appartiennent à cette ethnie.

De la même façon il plaisante Sosso et Diallo, « J’espère que le Bambara et le Peul ne vont pas en venir aux mains… »

Avant l’arrivée d’Habib et Sosso, le Préfet convoque Dembélé à Moribougou, un quartier ancien de Kita où vivent les autorités tribales, le chef de village Fakourou Kéita, le chef des griots Balla Kouyaté et le devin Namory Dioumba.

Les structures administratives le plus souvent héritées de la période coloniale, Préfet, Police et Gendarmerie sont amenés à composer avec les anciens gardiens de la tradition « Tu es le chef, certes, mais nous sommes les anciens » préviennent-ils le Préfet, l’enjoignant de se soumettre aux cauris du devin exigeant un sacrifice (un mouton blanc et du lait) pour calmer l’esprit des ancêtres qui jugent les habitants de Kita coupables de céder aux sirènes de l’argent « L’argent achète tout désormais et nos filles vendent leurs corps. Nos ancêtres n’ont-ils pas raison ? Ne sommes-nous pas devenus indignes d’eux ?»

Les crimes en série sont-ils réellement commis par un esprit vengeur ou ne cachent-ils pas quelque manipulateur comptant sur la crédulité des habitants de Kita ?

Telle est la question à laquelle Habib et Sosso vont se trouver confrontés seuls, ne pouvant compter que sur l’aide de Diallo, tant les responsables locaux Dembélé et Sy semblent acquis à la thèse des esprits vengeurs ou par la suite à celle du fou possédé par l’esprit des ancêtres, un vagabond du nom de Ngaba qui se promène avec un coupe-coupe autour du cou.

La perspicacité d’Habib et Sosso viendra à bout de l’enquête et de ces croyances, se colletant avec des personnages emblématiques comme Kadia grande-gueule, « une femme unique en son genre. Elle a une bouche qui dit tout. Pour elle, le secret n’existe pas. En revanche, elle vend d’excellents fruits.», Kouassy l’Ivoirien « Oh, pour moi une fille est une fille. Le reste je m’en fous. Je fais ce que j’ai envie, c’est tout. », Le capitaine de gendarmerie Coulibaly, Mamadou Kébé le malfrat.

La ville de Kita, regorge d’arbres, témoins muets de l’enquête, kapokiers, manguiers, caïl-cédrats, tamariniers, flamboyants, une végétation que nous découvrons au fil des aventures d’Habib et Sosso.

Un roman très agréable à lire où l’on apprend beaucoup de choses sur l’Afrique, son histoire et les contraintes héritées des colonisateurs qui ont niés l’histoire du continent tout en s’appuyant sur certaines ethnies pour mener à bien leurs projets. Nicolas Sarkozy affirmait « L'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire », après la lecture du roman de Konaté je dirais plutôt qu’on a volé son histoire à l’homme africain.

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Meurtre à Tombouctou

Le cadavre d'un jeune touareg est retrouvé sous un arbre à Tombouctou. de quoi est-il mort et quel en est le mobile ? C'est le double noeud que devra dénouer le commissaire Habib (de la brigade criminelle) appelé en renfort depuis Bamako.



Mais voilà, la cité mythique a ses codes qu'il faut manier avec doigté si les enquêteurs veulent résoudre l'énigme. Les pistes ne manquent pas et il faudra se méfier de certaines figures titulaires.



Une incursion dans les usages touaregs, et une mise en exergue des enjeux de pouvoirs entre les institutions républicaines et les notables locaux dans le nord Mali.



Cet opus réussi aurait incontestablement mérité une suite car la fin esquisse une ouverture sur un des protagonistes. Dommage que l'auteur nous ait quitté en 2013.
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Khasso

Des bruits de bottes qui annoncent une fin de règne. On dit que des voisins pourtant très forts ont été vaincus. Tous, l'un après l'autre. Cruel constat d'un monarque déjà en proie à ses propres tourments. Mais le "pouvoir n'est-il pas un fardeau"?

Un témoin, guère optimiste, se fait devin sur la nature réelle de ces conquérants qui ne viennent pas en amis "mais avec le seul souci de faire de nous ses esclaves, donc de nous enlever notre honneur."



Une pièce intense du défunt Moussa Konaté qui relate l'ambiance crépusculaire d'un royaume, fragilisé par des tensions internes et les conquêtes coloniales.
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L'affaire des coupeurs de têtes

A Kita, petite village du Mali, les habitants et la police sont en émoi. Alors qu'il ne se passe en général pas grand chose dans la ville, un mendiant est retrouvé mort, décapité, sa tête introuvable.

S'ensuit alors une enquête endiablée pour le commissaire Dembélé et son adjoint, Sy. Alors que de nouveaux corps sans têtes sont découverts, le commissaire Habib et son adjoint Sosso, de la brigade criminelle de Bamako, sont appelés en renfort. Mais que se passe t'il donc à Kita? Est-ce les esprits des ancêtres qui sont en colère et qui le montrent ainsi comme le croient une majorité d'habitants? Ou est-ce le travail de tueur organisé et sans pitié? Telle est la question à laquelle Habib et Sosso vont devoir répondre.



J'ai aimé lire ce polar à la sauce malienne, assez différent de ceux que je lis en général, même si la fin avait un petit air d'Agatha Christie. En effet, à la manière d'Hercule Poirot, le commissaire Habib va réunir tous les protagonistes de l'histoire et dévoiler ses conclusions.

L'histoire est bien écrite et l'enquête est rondement menée par le duo de Bamako.

Une belle découverte
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Meurtre à Tombouctou

Dans le désert, proche de Tombouctou, un jeune Touareg est trouvé mort... Difficile de croire à un suicide. Peu de temps après, des tirs ont lieu dans la ville contre un français. Deux enquêtes qui sont peut-être liées, les deux individus étaient amis. Spécialement venu de Bamako, le commissaire Habib vient dénouer les pelotes, tout en prenant bien garde de respecter les us et coutumes de tout le monde. Un français des services du contre terrorisme l'accompagne, afin de vérifier l'éventuel risque terroriste pour les ressortissants français.

Roman policier agréable à lire. Je fais ma difficile _parce qu'il y a quelques descriptions_ mais j'aurais aimé plus encore de soleil, de touaregs et de rues de Tombouctou. Les relations entre les personnages sont bien rendues. J'ai apprécié la description des diverses influences de la société malienne.
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L'affaire des coupeurs de têtes

Dernier roman écrit par Konaté peu de mois avant sa mort. Roman policier qu'il a choisi de situer dans sa ville natale Kita.



Ce n'est pas le meilleur ouvrage que j'ai lu de cet auteur loin s'en faut. L'histoire est courte, ce qui n'est pas un défaut, mais l'intrigue fort simple, voire simpliste.



Ceci n'empêche pas l'auteur, comme à l'accoutumée, de nous présenter, et on le sent avec beaucoup de tendresse, les antagonismes qui nourrissent la population africaine, divisée entre animisme, croyance dans les esprits des ancêtres et islam, mais qui divisent aussi la population plus âgée aux plus jeunes, qui vivent, eux, pleinement à l'heure de la mondialisation.



Et c'est là que réside principalement l'intérêt de lire les oeuvres de Konaté, pour ce livre-ci également.



Merci à Babelio et aux éditions Metalié de m'avoir fait découvrir ce titre.
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L'empreinte du renard

Roman dépaysant, et non dénoué d’humour.

Le vieux commissaire Habib et son adjoint l’inspecteur Sosso doivent dénouer une affaire dont la scène se situe dans un petit village dogon à 800 Kilomètres de Bamako.

Yadjè et Nèmègo, deux amis, se brouillent alors que ce dernier couche avec la petite amie du premier cité. Dans ce cas, pas d’autres solutions ! L’affront doit être lavé par un duel au sommet de la falaise et se terminer par la chute mortelle de l’un des deux combattants. Cependant, lors de cet affrontement, d’autres protagonistes décèdent mystérieusement.

L’enquête ne sera pas facile à mener à terme, dans cette région où règne l’irrationnel, où l’on croit aux prédictions des devins et à Amma l’âme de l’Ancêtre….

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L'assassin du Banconi - L'Honneur des Kéita

Le dimanche à Bamako n'est pas que jour de mariage n'en déplaise à Amadou et Mariam. C'est aussi jour de meurtre.



Voici deux aventures ultra rapides à lire d'un auteur malien souvent oublié qui nous plonge au coeur des traditions et croyances africaines. On y fait ici la connaissance du commissaire Habib et de son adjoint Sosso, héros récurrents de Moussa Konaté.

J'avoue n'avoir pas bien pris au sérieux l'auteur au début, tant ça prête souvent à sourire avec des personnages parfois caricaturaux et des intrigues quelque peu ampoulées.

Habib est l'archétype même du vieux commissaire proche de la retraite, posé et empli de sagesse, et à ses heures perdues philosophe sur les turpitudes de la vie bamakoise, quand Sosso joue, pour sa part, le rôle du jeune bleu intrépide, hardi et plein de ressources. Malgré des assassinats morbides, des corps mutilés, des empoisonnements à gogo, règne une ambiance légère et souvent portée à la rigolade, nos deux inspecteurs étant souvent pris de fous rires au fil des enquêtes. Avec les suspects, les proches de victimes, les potes d'enfance, ça se marre drôlement à Bamako. Déstabilisant. A cela on rajoute des comportements surprenants et potaches de la part de notre jeune Sosso qui prend par exemple plaisir à éclabousser une cycliste en roulant dans une flaque d'eau, ou raye par inadvertance des voitures sur un parking avant de s'esquiver devant les propriétaires. Pour des représentants de l'ordre ça fait un peu désordre non? Et la crédibilité en prend un coup.



Mais qu'à cela ne tienne, l'écriture reste méritoire et la lecture confortable et plaisante.

Car Konaté n'en présente pas moins son pays avec ardeur, sérieux et sagacité. Il mêle à ses intrigues rites ancestraux, croyances populaires, dénonce le pouvoir des marabouts sur une population miséreuse et crédule, et dépeint une société malienne dans laquelle le sens de l'honneur tient encore une place préponderante.

Qui plus est, la découverte de lieux pittoresques mérite également le détour : on s'enfonce aussi bien dans les quartiers difficiles et populaires noyés sous la pauvreté que dans la campagne sauvage malienne au milieu de crocodiles peu accueillants sur des pirogues menées par des types vêtus d'un seul cache-sexe. C'est pas Neuilly quoi.



Romans très légers donc, sans suspense véritable et à l'action mollassonne (n'attendez pas du Connely ou du Patterson) mais qui restent extrêmement divertissants avec ces deux personnages attachants et sympathiques qui donnent envie de suivre leurs futures aventures, et qui offrent un dépaysement total avec ce voyage au coeur du Mali actuel.

Très bonnes lectures d'été finalement pour s'évader sans trop réfléchir.

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L'empreinte du renard

L’actualité malienne récente m’a remis en mémoire ce policier lu voici quelques mois. Ecrit par l’auteur malien Moussa Konaté, c’est la 3e enquête du commissaire Habib. Il y est mandaté par les autorités de Bamako pour élucider un double meurtre mystérieux commis en pays dogon. Pourquoi un ministre s’intéresse t’il soudain à cet événement survenu aux confins du pays au point d’y envoyer son plus fin limier? Une fois sur place, notre commissaire, formé aux méthodes occidentales, et son adjoint Sosso vont devoir s’immerger dans ce peuple aux traditions millénaires. Dans un climat hostile et un univers qui leur est inconnu, parviendront-ils à imposer leurs techniques rationnelles contre coutumes, croyances et fétichisme ou devront-ils s’adapter ? Le danger est partout, non identifiable…

Une écriture classique qui ne manque pas d’humour, une intrique bien menée loin d’un exotisme facile, mais, selon moi, l’intérêt majeur du roman réside d’abord dans la porte qu’il nous entrouvre sur le peuple dogon et sur les écarts, pointés par l’auteur, entre la capitale, Bamako, modernisée et occidentalisée, et les régions éloignées arrêtées dans le temps.

Le modèle occidental (centralisation, découpage du territoire en communes… où la pratique du pouvoir reste approximative) est-il adapté ? Question que je me suis posé compte tenu des rébellions en cours dans le pays, mais je ne suis pas spécialiste du sujet.

Dans ce roman policier et...ethnologique, Moussa Konaté nous fait découvrir les différents visages du Mali. C’est une lecture facile, dépaysante et instructive.

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Meurtre à Tombouctou

Voici un livre bien plus abouti que "L'empreinte du renard", à mon estime.



Nous ne sommes plus au pays des Dogons, mais à Tombouctou, où l'ombre de l'islamisme commence à planer sur la ville.



Le rythme est plus nerveux et l'intrigue moins évidente aussi.



Une meilleure porte d'entrée pour découvrir l'univers de cet auteur malien.
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Les trois gourmands

Hababan est un jeune garçon paresseux et gourmand. Son père le chasse de la maison. En route, il rencontre Awalon et Abèdoumou, deux hommes également gourmands. Ils décident de cheminer ensemble pour chercher de la nourriture facile, mais ils ne font que s'attirer la colère de tous ceux qui travaillent dur pour se nourrir.
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