Citations de Nadine Trintignant (42)
Ce que je vis comme une injustice, c'est le manque de la chair de ma chair : mes deux filles et toi. Je suis mutilée. Et comme à ceux à qui l'on a coupé une jambe, mais qui ont toujours mal à ce membre, j'ai mal à toi. À elles,
Les "femmes battues". Comment leur dire de ne jamais accepter ? Jamais ! Elles sont un million et demi en France... ... Tu as cru que ton meurtrier t'aimait. Il voulait te posséder. Que tu sois à lui, et seulement à lui. Ce n'est pas de l'amour, ce n'est pas de la passion, c'est de la possession.
Que de ruines tous les hommes qui battent leurs compagnes font en levant la
main sur elles !
L'amour transcende et bouleverse la vie. L'amour peut briser les cœurs. Pas les corps. L'amour reste ce que nous avons de meilleur à proposer. Pas le pire.
Une baffe n'est jamais anodine, une baffe n'est jamais un accident. Un coup est toujours chargé de sens, d'un sens de destruction, soit immédiate et physique, soit intérieure et morale.
Cette sorte d’homme ne cherche pas les soumises, mais les femmes libres et indépendantes, pour mieux les écraser. Les humilier. Dominer à tout prix.
Son moteur à lui, c’était l’envie de toi, de ta vitalité. Son but, l’appropriation. Ta vitalité l’a mis en face de son propre manque. Tu étais la victime qu’il lui fallait. Tu sais si bien consoler. Donner. Et, pour lui qui a souvent tenté de se suicider, t’agresser était un moyen d’éviter la peine, la douleur.
Je me souviens d'être restée bloquée devant la carte de France, lisant le nom d'une ville : Calais. Et, juste au-dessus : Pas-de-Calais. Faudrait savoir...
Les petites filles sont élevées dans l’univers envoûtant des contes de fées.
Le Prince charmant doit se frayer un chemin dans les broussailles pour parvenir au château de la Belle au bois dormant. Il l’embrasse. Elle se réveille enfin. Le conte est fini et nous avons appris que le bonheur est d’être enfermée avec l’aimé.
Une bêtise de croire qu'avec une femme mariée il aurait en même temps plaisir et tranquillité. Les femmes et la paix étaient décidément incompatibles.
La morve d'un enfant est plus précieuse que le lait maternel, elle est neuve. Le lait ne durera pas, pas assez, jamais assez, il faut passer à celui en poudre, renoncer au secret bonheur de donner à boire de soi à qui on aime.
À quarante ans, un être humain est enrichi par tout ce qu’il a vécu. Le véritable amour, c’est aimer tout de l’autre. Son passé fait partie de lui. Essayer de le couper en deux, c’est de l’appropriation, pas de l’amour.
Accepter de se soumettre ne se fait qu’au prix d’une grande tension intérieure. Cette tension-là est génératrice de stress.
Il faut que j’apprenne à ne plus attendre ta venue. Pas facile. Dès que je relâche mon attention, inconsciemment, je guette la porte qui s’ouvre sur toi, ou la sonnerie du téléphone, et ta voix à l’autre bout du fil.
Tu as cru que c’était de l’amour. Ce n’était que de l’instinct de possession. Le contraire de l’amour.
Quand nous plongeons dans un film, c’est un peu comme une entrée au couvent. Plus rien n’existe. On ne peut pas faire autrement.
Et même si je me cogne encore et encore contre les murs de l'intranquillité... Même si je me réveille parfois emprisonnée dans la gangue de ma détresse... Même si me revient par hasard, au détour d'un chemin, le souvenir d'un instant vécu avec toi, instant que j'avais enregistré sans le savoir tant il était banal alors que c'est sa banalité même qui aujourd'hui m'importe... Même... Grâce à toi, je continuerai d'aimer la vie. Je trouverai un nouveau chemin, jusque-là inconnu de moi.
On dit plein de trucs à ses enfants, et eux font leur propre tri. Prennent ce qui leur correspondent le mieux.
Plus tard, j'ai compris que, où qu'on aille, on emporte sa désespérance avec soi. Notre bagne, c'est nous.
Quand on offre un cadeau de rupture, le temps, on le prend !