Nancy Guilbert

Les mots se cueillent, se respirent et se savourent comme les plantes.

Papi lui a expliqué qu'il faut être patient :
"Grandir, ça prend du temps,
pour les arbres comme pour les enfants !"

A l'abri de Grand-Chêne, Petit-Arbre est né.
Il grandit et découvre la vie.

J'ai peur de la vie, peur de rentrer chez moi. Peur de ce que je vais devenir.

Est-ce que les autres ont le pouvoir de définir qui nous sommes à l'intérieur ?

Je comprends ta colère, mais je veux quand même partager cette histoire avec vous, parce qu'on a tous besoin de croire en la tendresse et en l'amour, sinon la vie n'a plus de sens.

- Dans tous les cas, tu as parfaitement le droit d'être toi, puisque "être normal" n'existe pas. Ce qui est grave, ce sont les personnes qui dictent les soi-disant règles de normalité. [...]
- J'en connais des tas.
- Moi aussi. Et je les fuis comme la peste. Ils sont ennuyeux et surtout, dangereux. Ils étouffent toute forme de liberté et de singularité.

Il y a une telle concentration de cons sur Terre que je me demande comment elle réussit encore à tourner correctement sans cracher du pus.

Qu'est ce qu'une dizaine de jours face à quinze ans de souffrance?

Est-ce qu’on peut changer sa vie, son destin, grâce à une seule personne ? Peut-on basculer vers l’ombre ou la lumière en une fraction de seconde? Chacune de mes rencontres avec l’un de ces ados m’a toujours fait comprendre quelque chose de nouveau. M’a aidée à ouvrir les jeux sur la réalité.

Et eux ? Petits atomes perdus dans une société qui les a punis dès leur premier souffle. Grains de poussières tentant de survivre dans un engrenage qui les a déjà à moitié broyés.

Que gardera Dempsey de ses quinze jours en immersion dans ces montagnes que j’adore ?

(P.12)

T'es trop sensible, c'est vrai
Et les autres voient pas qui tu es
Trop sensible, je sais
Moi aussi, ça a failli me tuer...
Si autour de toi rien ne brille
À toi d'être fort et d'y croire pour eux.
On t'en fera des croche-pieds
Cherche en toi cette lumière...

Il est de ces silences qui n'en sont pas, emplis d'une complicité et d'une évidente bienveillance, tout comme il existe des conversations remplies de mots inutiles.

Rien de ce que nous avons vécu dans le passé ne devrait avoir assez de force pour entraver notre avenir, tu ne crois pas ?

- Papa, la fois où j'ai triché à mon DS de maths et que madame Flovert vous a convoqués avec maman, on est rentés à la maison et tu m'as emmenée dans le jardin. AU lieu de me gronder , tu as cité la phrase de Voltaire, tu te rappelles ?
- Non, dis-je, la gorge toujours serrée.
Ma fille se serre contre moi et murmure :
- Quel homme est sans erreur ? Et quel roi sans faiblesse ?

Parce que j'avais tort, parce que je n'étais pas le seul à me recroqueviller dans ma bulle : chacun à notre façon, nous étions coincés dans les nôtres, par peur des autres. Et il a suffi d'avancer, un pas après l'autre, pour que les bulles éclatent une à une.

Maman, il faut que tu viennes me chercher ! Je ne peux pas rester là, tu n'as pas le droit. Sors de ta bulle, s'il te plaît.
On est liés, toi et moi, tu me le répétais tout le temps. Comme un chêne et son rejeton. Tu sais bien que les arbres communiquent entre eux par leurs racines et qu'ils s'envoient des messages chimiques quand c'est la galère. Mais comment on va faire puisqu'on n'a presque plus rien à envoyer, ni l'un ni l'autre ? Tu les entends, mes minuscules signaux de détresse, là ? Parce que si tu laisses tomber, je vais crever.

Je veux ma chambre, mon lit, mon chez-moi. Pas ceux des Dainville. Il paraît que ma mère les avait désignés au cas où il lui arriverait quelque chose, et voilà. La CHOSE est arrivée. Je me torture le cerveau pour savoir comment elle connaît ces gens, pourquoi elle ne me les a jamais présentés et pourquoi elle a osé penser qu'un jour j'aurais envie de débarquer chez de parfaits inconnus.

Tous ces objets inutiles à qui Friedrich avait donné une seconde chance. Il avait réussi à voir leur beauté là où d’autres les auraient rejetés.

"Avais-je le choix, Louise ?"

Louise ne lui a jamais répondu même si elle savait qu'elle aurait voulu lui dire :

Oui. Bien sûr que tu l'avais. Tu pouvais m'écrire toutes ces années difficiles d'incompréhension mais tu ne l'as pas fait.

Tu pouvais choisir de m'aimer, car je n'y pouvais rien, moi, de ce qui t'était arrivé.

Alors tous les jours,
Calie rend visite à son arbre préféré.
Il chasse les escargots qui voudraient manger les feuilles,
il enlève les petites bêtes qui grimpent dessus,
il discute avec les fourmis et les vers de terre.