Citations de Naomi Klein (365)
Chacun doit comprendre que le fait de se prononcer sur le changement climatique est le plus sûr moyen de retrouver sa boîte de réception ou sa page Facebook éclaboussée d’un corrosif filet de vitriol.
Les pays riches campent sur leurs positions en déclarant qu’ils ne réduiront pas leurs émissions par crainte de perdre leur rang enviable dans la hiérarchie mondiale ; les pays pauvres refusent de renoncer à leur droit de polluer comme l’ont fait les pays riches lorsqu’ils voguaient vers la prospérité, même si cela implique d’aggraver une catastrophe dont les pauvres sont les victimes les plus touchées.
Si le nécessaire n’a pas encore été fait pour réduire les émissions, c’est parce que les politiques à mettre en œuvre sont fondamentalement incompatibles avec le capitalisme déréglementé dont l’idéologie a dominé toute la période durant laquelle nous nous sommes démenés pour trouver une issue à la crise du climat.
Comme si le fait de posséder quelques dollars de plus pouvait faire la différence quand la ville où vous habitez est sous les eaux !
Le chiffre le plus frappant est peut-être celui-ci: depuis 1990, année de la libération de Mandela, l'espérance de vie moyenne des Sud-Africains a diminué de treize ans.
On admettait ainsi que le système n'est pas en mesure de fournir un emploi à tout le monde et qu'il est contre-productif de contraindre les gens à occuper des emplois ne servant qu'à alimenter la surconsommation. (p. 117)
Le meilleur moment pour investir, c’est quand il y a encore du sang sur le sol.
Murtaza Hussain, un journaliste d'investigation qui s'est attaché à décortiquer le manifeste du tueur de Christchurch, souligne que celui-ci est rempli d'idées qui sont tout sauf marginales. Ses phrases, écrit Hussain, sont à la fois lucides et d'une familiarité qui fait froid dans le dos. Ses références aux migrants « envahisseurs » trouvent des échos dans le langage utilisé par le président des Etats-Unis et de grandes figures de l'extrême droite européenne [...]. Pour ceux qui se demandent où il s'est radicalisé, la réponse est : au grand jour, à travers nos médias, en écoutant nos politiciens qui diabolisent les minorités, musulmanes ou autres, sur le ton de l'évidence."
Malgré la rhétorique du mondialisme, la planète reste radicalement divisée entre producteurs et consommateurs, et les énormes profits que récoltent les supermarques sont fondés sur la prémisse que ces mondes demeureront aussi séparés que possible l'un de l'autre.
Chaque fois que nous zappons, nous faisons de la résistance culturelle manuelle -
L'une des nombreuses et cruelles ironies de ces zones, c'est que chaque prime prodiguée par les gouvernements pour y attirer des multinationales ne fait que renforcer le sentiment que les sociétés sont bien des touristes économiques plutôt que des investisseurs à long terme. Nous sommes dans le cercle vicieux classique : afin de soulager la pauvreté, les gouvernements consentent de plus en plus de primes; mais ensuite, il faut boucler les ZFI telles des colonies de lépreux, et plus elles sont bouclées, plus les usines semblent exister dans un monde tout à fait désamarré du pays hôte, cependant qu'à l'extérieur de la zone, la pauvreté ne fait que croître d'une façon de plus en plus désespérante.
L'avalanche de désastres qui a marqué les dernières années s'est traduite par des profits si spectaculaires que de nombreux citoyens de la planète en sont venus à la même conclusion : les riches et les puissants tirent des catastrophes des profits tels qu'ils en provoquent forcément à seule fin de les exploiter.
Une fois qu'on a décrété que ce sont le profit et la cupidité à grande échelle qui créent les plus grands avantages possibles pour une société, on peut considérer à peu près toutes les formes d'acquisition de profit personnel comme une contribution à la cause du capitalisme, comme un facteur de richesse et de croissance économique - même si seuls ses collègues et soi-même en profitent.
Le scandale, c'était non seulement que les richesses publiques de la Russie fussent liquidées à une fraction de leur prix, mais aussi que, dans la plus pure tradition corporatiste, elles fussent acquises à l'aide de fonds publics.
[...] Il faudrait que l'ensemble des 50000 travailleurs de la Yue Yuen Nike Factory,en Chine, travaille pendant 19 ans pour gagner ce que Nike dépense annuellement en publicité. [...] Michael Eisner, PDG de Disney, gagne 9793 dollars l'heure, tandis qu'un travailleur haïtien gagne 28 cents l'heure [...]
Helen Woodward, influente rédactrice publicitaire des années 1920, est associée aux avertissements impératifs qu'elle livra à ses collègues : "Quand vous faites la publicité d'un produit, n'allez jamais voir l'usine dans laquelle il a été fabriqué. Ne regardez pas les gens au travail... Car, voyez vous, lorsque vous savez la vérité sur quoi que ce soit, la vraie, l'intime vérité - il est très difficile de produire les propos frivoles et superficiels qui servent à le vendre".
"La publicité, disait un jour Georges Orwell, c'est le bruit du bâton dans une auge à pâtée pour les porcs".
En intégrant le logiciel Internet Explorer à Windows, une société, grâce à son quasi monopole sur les systèmes d'opération, a tenté de devenir le portail exclusif de l'Internet. Ce que l'affaire Microsoft montre clairement, c'est que dès que les roues de la synergie tournent harmonieusement et que tout est pour le mieux dans l'univers commercial, c'est justement à ce moment que le choix du consommateur est contrôlé avec le plus de vigueur et que le pouvoir du consommateur est réduit au minimum.
Le changement climatique est un problème collectif qui exige que nous menions une action collective à une échelle encore inédite pour l’humanité.
Dans l'un de ses essais les plus influents, Friedman définit le remède universel que propose le capitalisme moderne et énonce ce que j'en suis venue à considérer comme "la stratégie du choc" : " Seule une crise, réelle ou supposée, peut produire des changements, fait-il observer. Lorsqu'elle se produit, les mesures à prendre dépendent des idées alors en vigueur. Telle est, me semble-t-il, notre véritable fonction : trouver des solutions de rechange aux politiques existantes et les entretenir jusqu'à ce que des notions politiquement impossibles deviennent politiquement inévitables." En prévision de désastres, certains stockent les boîtes de conserve et les bouteilles d'eau; les disciples de Friedman, eux, stockent des idées relatives au libre marché. En cas de crise, le professeur de l'université de Chicago était convaincu qu'il fallait intervenir immédiatement pour imposer des changements rapides et irréversibles à la société éprouvée par le désastre.