AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nathalie Sarraute (279)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


13 récits d'enfance et d'adolescence

Recueil de récits sur l'enfance et l'adolescence de plusieurs auteurs différents. Les extraits des ouvrages présentés sont souvent intéressants, et sont suivis de ressources pédagogiques.

Conçu pour les élèves de troisième.
Commenter  J’apprécie          120
13 récits d'enfance et d'adolescence

À la fois profonds et rafraichissants, ces récits d'enfance se lisent avec intérêt. Ce recueil a beaucoup de contenu pour un si petit livre.
Commenter  J’apprécie          10
13 récits d'enfance et d'adolescence

13 récits de la part d'auteurs racontant l'adolescence et l'enfance qui sont assez poignant et assez attachant
Commenter  J’apprécie          30
13 récits d'enfance et d'adolescence

Très bon livre, très intéressant quoique un peu compliqué à comprendre la première fois.
Commenter  J’apprécie          80
13 récits d'enfance et d'adolescence

Même si j'ai cessé d'enseigner le français depuis 5 ans, j'avais conservé quelques spécimens que j'avais encore la curiosité de lire. Celui-ci ne m'emballait pas au départ, car je trouvais les choix trop convenus, les textes archi-connus. Malgré tout, cela s'est révélé une bonne surprise, car j'ai redécouvert la plupart des textes, d'une part avec un regard neuf, n'ayant plus la vision utilitaire de l'enseignante, mais la vision d'une simple lectrice ; d'autre part j'ai retrouvé du sens dans certains textes que je connaissais peut-être trop, et qui m'ont de nouveau accrochée, séduite.



Ce court recueil traite du thème "récits d'enfance et d'adolescence" et du genre de l'autobiographie au programme en classe de 3ème. C'est un genre que j'ai souvent estimé peu adapté aux élèves de cet âge, car à mon sens, ils n'avaient pas forcément envie de se projeter dans leur passé, autant que l'adulte dans la maturité éprouve le besoin de reconstituer son parcours, retrouver sa jeunesse, peut-être avec une certaine nostalgie.

L'anthologie s'organise selon cinq axes, comprenant chacun 3 textes, tous des extraits d'œuvres autobiographiques : écrire ses souvenirs d'enfance - figures maternelles et paternelles - l'enfance déracinée - l'enfance et l'adolescence, champs d'expérience - l'enfance heurtée par l'histoire. Le tout est complété par un dossier pédagogique, avec une interview intéressante d'Eric-Emmanuel Schmitt, dont deux textes sont repris dans le recueil (L'Enfant de Noé et Oscar et la dame rose) - c'est également l'auteur qui préface cette présente édition.



Avec combien de plaisir, souvent de rires, ai-je retrouvé certains textes : le bébé immobile ou "Dieu" selon Amélie Nothomb, plus ou moins réduit à un tube digestif dans La Métaphysique des tubes, ou encore l'ironie affectueuse de Romain Gary envers sa mère dans La Promesse de l'aube, parfois des textes plus froids, mais ciselés au mot près, au plus profond du sens des mots et de leurs implicites, comme Annie Ernaux dans La Place, ou Nathalie Sarraute dans Enfance... Ou encore la féroce ironie, l'humour grinçant de Jules Vallès, dans ce texte à la fois si connu et méconnu, parce qu'on ne le cite souvent pas dans son entier, où le narrateur collégien découvre Robinson Crusoé alors qu'il est puni, seul dans l'étude déserte, jusqu'à une heure avancée du soir - et c'est l'enfant battu, maltraité par ses parents qui se révèle. On peut encore vibrer avec des sentiments d'injustice, dans Le Bal d'Irène Némirovski, ou compatir envers les enfants raflés à Drancy dans Voyage à Pitchipoï. Bref : bien que cela soit un petit ouvrage scolaire, il rafraîchit agréablement la mémoire des grands classiques, et personnellement il m'a donné envie de relire chacun des livres (sauf 3 d'entre eux, je les avais tous déjà lus).
Commenter  J’apprécie          150
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Ce recueil d'extraits sur le thème de la lecture est organisé autour de trois citations : la première de Jean-Paul Sartre :

"J'ai commencé ma vie comme je le finirai sans doute : au milieu des livres";

La deuxième de Louis Calaferte : "Les livres avaient sur moi un pouvoir hypnotique";

Et la troisième de Henry Miller : "Les livres sont une des rares choses que les hommes chérissent vraiment". Sous chacune de ces citations se trouve une petite compilation d'extraits littéraires qui l'illustre au mieux.

Les extraits sont ne m'ont cependant pas tous plu de la même façon, et j'en ai sauté allègrement certains, notamment ceux de Jean-Paul Sartre, Marcel Proust ou Nathalie Sarraute qui expriment leur plaisir de lire dans leur environnement petit-bourgeois : assommant et sans intérêt. Mais j'ai découvert aussi avec plaisir un court extrait de Bernhardt Schlink "Le liseur" dont l'adaptation au cinéma m'avait bouleversé, de Dai Sijie "Balzac et la petite tailleuse chinoise", de Danei Pennac "Comme un roman" dont on peut lire un extrait sur le 4ème de couverture...Aucun de ces auteurs ne m'était familier jusqu'alors...Alors oui, ce petit recueil est bien une petite merveille, mais comme une pierre aux multiples facettes, à chacun d'y trouver celles qui vous toucheront le plus à l'esprit et au coeur.
Commenter  J’apprécie          30
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

J'ai ressenti quelques désapointements à parcourir ce petit livre : trop d'extraits déjà connus sans doute, et une impression étrange de passer du coq à l'âne, d'un à l'autre, sans liens. Et pourtant, ce recueil est bien interessant, car il met en lumière cet étrange phénomène qu'est la naissance du plaisir de lire. Chaque lecteur se retrouvera dans une ligne, une phrase, un sentiment, au détour d'une page. Mon bonheur personnel a tout de même été de retrouver, par exemple, ce souvenir de lecture, ce personnage de Montag, dans cet extrait de Farenheit 451, roman d'anticipation qui se déroule dans un monde où l'on brûle les livres...

Commenter  J’apprécie          60
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Groupe Facebook Littélecture : lecture commune - Défi n°1



Chacun leur tour et chacun à sa façon, chaque auteur met à l’honneur la lecture et les livres par les extraits de ses œuvres les plus connues : Emma Bovary, Journées de lecture, Le liseur, Fahrenheit 451, Comme un roman…

Le plaisir de la lecture, le plaisir de se retrouver englouti au cœur de ces pages, ces histoires, ces personnages qui nous emmènent dans leurs aventures, le plaisir de se retrouver seul, un livre à la main, isolé, rien que le livre et son lecteur.

Lecture brève et très riche en références à ces quelques classiques, rendant un bel hommage aux mots, à l’écriture qui sans sa lecture ne pourrait exister...

Lu dans le cadre d’un défi de lecture commune, lancé dans le groupe Facebook Littélecture.


Lien : https://littelecture.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Au bonheur de lire est un charmant petit recueil d’une centaine de pages. On y retrouve des extraits de romans ou des moments de vie de grands auteurs. Le point commun ? Le personnage/l’écrivain nous explique son grand plaisir qu’est la lecture.



Je retiens surtout l’extrait de Proust et celui de Nathalie Sarraute qui ont le plus su me toucher. Cela m’a aussi donné envie de découvrir Pennac avec Comme un roman. L’extrait qui est dans ce recueil est vraiment succulent !



En revanche, je suis passé à côté d’autres nouvelles. Je pensais me réconcilier avec Zola avec ce petit livre mais ça n’a pas marché. Je m’ennuie tout de suite avec ce grand écrivain, plutôt étrange !



Bref, Au bonheur de lire se lit rapidement. J’ai souvent souri à ces souvenirs de lectures évoqués mais des extraits m’ont ennuyés. Et je crois ne pas garder un grand souvenir de ce livre. La preuve, deux jours après l’avoir terminé, je n’ai déjà plus grand chose à dire dessus. Je ne mettrai donc qu’un 7,5/10.
Lien : http://iluze.wordpress.com/2..
Commenter  J’apprécie          50
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Entre 4 et 15 pages (Proust, bien sûr !), des extraits de romans illustrent un moment de lecture ou ce que la littérature représente pour les écrivain.es ou leurs personnages.

Je me suis essayé à leur associer un mot et un seul, après ma lecture :

Flaubert : évasion, Proust : gourmandise, Rousseau : conscience, Sarraute : identification, Sartre : destinée, Calaferte : espoir, Laurens : contrôle, Schlink : sensualité, Stendhal : différence, Zola : émerveillement, Bradbury : trésor, Sijie : pouvoir, Huysmans : bijou, Montaigne : vérité, Pennac : intimité.

Il y en aurait bien d'autres, sans aucun doute, et notamment dans d'autres œuvres…

voir plus sur anne.vacquant.free.fr/av/
Commenter  J’apprécie          30
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Ce petit ouvrage traînait dans ma PAL depuis un moment.

Son titre m’avait tout de suite accroché à l’époque et fait l’acheter.

Mais à la lecture de celui-ci, je n’y ai pas trouvé grand intérêt.

Il s’agit d’une sélection d’extraits de livre dont les

morceaux choisis parlent de l’amour de la

lecture et du livre.

Mais je n’y ai trouvé ni cohérence, ni intérêt pour ma part.

Le titre du livre m’a stupidement dupé !

Commenter  J’apprécie          10
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

J'ai trouvé ce petit ouvrage par hasard dans une librairie, et je me suis aussitôt mise à le feuilleter. Du coup - et vu le prix - hop ! je l'ai embarqué !



C'est un recueil d'extraits d'ouvrages connus pour la plupart, et qui tous évoquent le plaisir de la lecture. On y retrouve certains grands personnages littéraires comme Emma Bovary ou Julien Sorel. C'est aussi l'occasion de survoler quelques passages choisis de récits qui m'étaient inconnus, et qui ont éveillé mon envie de les découvrir ! Fahrenheit 451 de Ray Bradbury par exemple, ou Enfance de Nathalie Sarraute.





Ce recueil est composé de 3 parties, qui évoquent successivement la naissance de la lecture, le plaisir de lire et l'amour de l'objet lui-même.

Une initiative peu originale, en soi, mais qui ne peut qu'être bien accueillie par ceux qui sont toujours avides de se confronter au plaisir de la lecture exprimé dans les livres.
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
Commenter  J’apprécie          60
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Je sors de cette lecture, brève et agréable avec une folle envie de lire Comme un roman de Daniel Pennac et la résolution, bien plus courageuse, de mettre dans ma pile à lire À rebours de Joris-Karl Huysmans.

Dans cette compilation de textes autour de la lecture et des livres, chaque fragment se lit avec plaisir, mais l'ensemble manque un peu d'ambition je trouve. Il y a de la part de l'éditeur une intention vague de regrouper les extraits en trois parties, non nommées mais désignées par des courtes citations. J'ai de loin préféré la dernière, tout comme j'ai « nimbé de marqueurs fluorescents » ce passage de Daniel Pennac : « Il n'y a pas si longtemps, j'ai vu de mes yeux vu une lectrice jeter un énorme roman par la fenêtre d'une voiture roulant à vive allure : c'était de l'avoir payé si cher, sur la foi de critiques compétents, et d'en être tellement déçue. Le grand-père du romancier Tonino Benacquista, lui, est allé jusqu'à fumer Platon ! Prisonnier de guerre quelque part en Albanie, un reste de tabac au fond de sa poche, un exemplaire du Cratyle (va savoir ce qu'il fichait là ?), une allumette… et craque ! une nouvelle façon de dialoguer avec Socrate… par signaux de fumée. »

Je ne jette jamais les livres, car je me fie à babelio et que je ne suis ainsi presque jamais déçue. Pour ce qui est de fumer j'ai heureusement arrêté il y a longtemps. Ma drogue quotidienne reste la lecture.

Commenter  J’apprécie          17712
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Un florilège qui met de bonne humeur, et qui nous conforte dans nos convictions : la lecture est jubilatoire.
Commenter  J’apprécie          00
Au bonheur de lire : Les plaisirs de la lec..

Quelle déception que ce petit recueil de textes qui s'annonçait pourtant comme enivrant... On s'attend à un livre nous faisant partager le plaisir de la lecture, des livres, des petites manies et autres tics, et on a en réalité que quelques textes de ce genre, mais surtout des textes évoquant un peu une lecture et surtout le contenu de cette lecture. Ce contenu l'importe peu en soi, mais c'est surtout les sentiments qui s'en dégagent qui rendent la lecture si agréable ou non, ce qui n'a pas toujours été le cas durant celle-ci, loin de là.



On n'est pas loin de penser que ces quelques textes ont été trouvé à la va-vite, certains étant adaptés avec justesse au thème, mais d'autres non, afin de publier ce recueil dans une collection à bas prix afin de "recycler" ces textes pour faire un peu de chiffre...



Dommage, car il avait pourtant un énorme potentiel !!..
Commenter  J’apprécie          50
C'est beau

Un couple, un enfant.

Le couple regarde ... admire, une oeuvre d’art et n’ose pas prononcer «c’est beau» en présence de leur fils qui ne s’intéresse qu’aux BD, à la TV, aux juke-box, aux matchs, aux policiers. Peur du jugement ? Peur de ne pas savoir communiquer ? Peur de salir ce qui est important à leurs yeux ? Peur de faire éclater la cellule familiale ?

«On a peur parce qu’on sent une fermeture insultante ...un ignoble mépris ... une menace sournoise ... que ces gens-là font peser sur tout ce qui compte, ils avilissent, ils aplatissent tout... tout ce qui donne du prix à la vie ...on a honte devant eux de profaner ... on a envie de soustraire à leur contact... de mettre à l’abri ... il ne faut surtout pas les provoquer ... qu’ils n’approchent ... enfin, rien que d’y penser ...quelle horreur ... pourquoi parler de ça ? personne n’en parle, par pudeur ... par simple décence ... Mais qui ne le sent pas ?



C’est toute leur frustration qui s’entend là car enfin, leur fils a «l’esprit très libre. Il ne s’en laisse jamais accroire... Pas d’argument d’autorité avec lui. Il passe tout au crible.» «Et bien, (dit la voix) alors, de quoi vous plaignez-vous ? qu’est-ce qui vous fait tant souffrir ? tout est pour le mieux ? Soyez contents. Soyez fiers. A chacun son bonheur.»



Le fils finira par consentir que «c’est chouette». «Maintenant je le saurai. (dit le père ) Il peut suffire d’un mot pour ! ... Oui (dit-elle), pour que tout change ... pour qu’on s’entende ... pour qu’on puisse ... oui, n’est-ce pas ?»

La mère, sur ce demi-succès, pleine d’espoir, fera une autre tentative, mais musicale cette fois ; avec Boucourechliev ( musique électroacoustique ), Webern ( musique atonale ) pour finalement se rabattre sur Mozart. Vite, vite trouver un consensus qui réconcilie. Le père ne le supportera pas. Retour à la case départ.



Dans cette édition, une préface et un dossier enrichissent le propos de la pièce.

Ce souvenir d’enfance de l’auteur : «Je me rappelle quand j’avais une douzaine d’années, j’avais lu « Guerre et Paix « et cela avait été pour moi un tel bouleversement. En classe, on parle de Tolstoï et le professeur de littérature dit : Est-ce que quelqu’un , ici, à lu guerre et paix ? Personne ? Même pas vous, Nathalie, qui pouvez lire le russe ? « Je n’ai rien dit. parce que l’idée que le professeur allait se permettre de parler de cette «merveille», m’était insupportable. Il ne fallait pas qu’il y touche de près ou de loin dans un langage quelconque, qu’il effleure ça. Et qu’il demande, en plus, mon avis ! que je commence à parler de cette «merveille» avec des mots ordinaires.



Une belle réflexion des rapports que chacun d’entre nous entretient avec une oeuvre d’art (littérature, peinture, musique). De la difficulté de communiquer ses émotions. De se laisser convaincre par celles des autres. Quand le silence dit ce que les mots ne peuvent pas dire. Un silence pesant, constitué de toutes ces petites voix intérieures qui interviennent, à note insu, et chamboulent en nous des jugements que nous croyions arrêtés.

Commenter  J’apprécie          120
C'est beau

De nombreuses oeuvres de Sarraute ont pour point de départ des déclenchements tropismiques un positionnement esthétique, l'affirmation d'un goût artistique et la volonté de son partage. Dans "C'est beau", l'oeuvre d'art, source de débats et d'épanchements entre un couple et leur fils, devient une abstraction, s'effaçant au profit des tensions et pulsions qu 'elle engendre chez chacun d'eux. Dans cette pièce, on s'interroge sur la banalité d'une expression comme "c'est beau" ou "c'est chouette" et l'insatisfaction qui s'en dégage par son caractère inévitablement réducteur. C'est tout le projet sarrautien condensé dans cette courte pièce : donner vie à des réalités changeantes, mouvantes et infinies en jouant avec les contraintes et les limites d'une langue.
Commenter  J’apprécie          60
C'est beau

On dirait qu'une paroi tout d'un coup s'est ouverte.

Par la fente quelque chose s'est engouffré,

venu d'ailleurs… (Nathalie Sarraute)

_____________________________________________



"Lui : C'est beau, tu ne trouves pas ?

Elle, hésitante : Oui..."



C'est précisément là, entre ces deux répliques, que se glisse le tropisme. Il va déterminer la suite des dialogues entre les parents et leur fils : troubles, questionnements et désarrois. La mère et le père sont embarrassés de dire "C'est beau" devant leur fils. Ça ne passe pas.



Ce n'est pas l'oeuvre d'art désignée par ces mots qui compte – d'ailleurs on ne saura jamais de quoi il s'agit vraiment – mais la confusion éprouvée par des êtres si proches qui ne peuvent pas tout partager, certainement pas leurs goûts artistiques. "Et doivent nécessairement se meurtrir les uns les autres pour se construire en tant qu'individu", commente Arnaud Rykner dans la préface.



En disant c'est beau ou pas, en l'approuvant, on se désigne comme appartenant à tel groupe, tel clan, telle tribu : jeunes ou vieux, etc. On est juste après 1968 : conflit de générations ? C'est plus que cela. On retrouve la Sarraute qui glisse l'incapacité à dire le monde avec les mots, "parce qu'ils figent la sensation qu'ils prétendent désigner" (A. Rykner). On ne peut, on ne doit rien dire de telle merveille, non, surtout pas avec les paroles ordinaires. "C'est beau" est si banal, ne rend rien, pas plus que le "c'est chouette" du fils.





Difficile d'imaginer que ces dialogues duraient une heure et demie en scène (1975, théâtre d'Orsay) : "À peine une demie heure de texte si l'interprétation ne tenait compte, et ne devait tenir compte, de la partition invisible qu'a su lire, transcrire et exécuter en grand maître Claude Régy." (Dominique Jamet, "L'Aurore").



La version radiophonique de ce texte subtil est disponible sur France-Culture (J.P. Colas, 1972, diffusion avant la création au théâtre).



[Des sciences naturelles, "tropisme" est passé dans l'usage littéraire en parlant d'une force obscure, inconsciente qui pousse à agir d'une certaine façon (1914, André Gide). Nathalie Sarraute utilise le terme "tropisme" pour décrire un sentiment fugace, bref, intense mais inexpliqué.]
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          62
C'est beau

Créée sur France Culture en 1972, la pièce sera jouée pour la première fois en 1975, dans une mise en scène de Claude Régy, dans la petite salle du théâtre Orsay et publiée la même année.



Une pièce à trois, dans un cadre familial avec trois protagonistes : Elle, Lui et Le fils. Une œuvre d'art indéfinie, que Lui trouve beau et veut faire dire à Elle qu'elle aussi. Mais la présence du fils empêche Elle de répéter « C'est beau ». Un conflit entre les deux homme s'exprime, le fils est renvoyé dans sa chambre. Elle et Lui discutent du problème, essaient de le cerner : qu'est-ce qui fait que dire « C'est beau » est impossible en présence du fils. Le retour du fils semble amorcer un compromis, il est prêt à dire « C'est chouette », mais un autre différent surgit aussitôt sur un sujet musical...



Alors évidemment il y a une multitude d'interprétations possibles. Le différent est-il de nature esthétique (tout le monde n'apprécie pas les mêmes créations) ou porte-t-il sur la manière d'exprimer son ressenti ? Le « C'est beau » qui confine au cliché est-il refusé uniquement à cause de cela ? Mais toute forme d'expression ne vire-t-elle pas au cliché à la longue ? Et comment faire la part d'une véritable émotion devant une œuvre d'art et la mise en scène sociale, du spectateur devant une œuvre d'art, en présence d'autres spectateurs, qui ont des attentes sur le comportement à avoir dans cette situation ? Ce que l'on aime ou pas, la manière dont on l'exprime, nous situe dans un groupe, nous identifie. Qu'est-ce qui est vraiment authentique et personnel dans le rapport que l'on a avec une œuvre d'art et qu'est ce qui relève de codes sociaux, d'une communication sociale ? Mais la pièce renvoie aussi sur la question du pouvoir qu'instaurent les échelles de valeurs esthétiques : qui décide de la valeur d'une œuvre, et qui peut donc déclasser un autre individu qui porte les « mauvais » jugements ?



Cela semble terriblement sérieux et abstrait, mais je suis absolument certaine que ce texte peut-être parfaitement désopilant sur une scène, il y a un vrai potentiel burlesque dans ces répliques, dans ces personnages si proches de ceux que l'on pourrait rencontrer avec leurs phrases toutes faites, mais avec un petit quelque chose de décalé, d'un peu absurde. Mais qui oserait le monter aujourd'hui....
Commenter  J’apprécie          212
C'est beau

Des pièces que j'ai lues de Nathalie Sarraute - et qui ne sont pas si nombreuses -, C'est beau est celle que j'ai eu le plus de mal à appréhender. D'abord parce que l'écriture des dialogues introduit une sorte d'artifice, de froideur, de distance, mêlée à quelque chose (mais quoi, exactement?) de plus familier. D'ailleurs, les thématiques seront familières à plus d'un lecteur, et les interprétations données au fil du temps se sont multipliées, tant les questions abordées s'entrecroisent.



Au départ, c'est pourtant tout simple : un couple regarde une oeuvre d'art, l'homme dit : "C'est beau" et attend de la femme qu'elle l'imite. Ce qu'elle fera en traînant les pieds. Intervient le fils, juste à côté d'eux, qui lui, prétend que sa mère est incapable de dire "C'est beau" en sa présence. À partir de là, dispute entre père et fils, tentative du père de démontrer son autorité, conflit entre conjoints, remise en cause de la relation mère-fils, celle-ci ayant manifestement failli à son devoir maternel (selon les critères paternels mais aussi les critères sociaux et psychologiques de l'époque), intervention de voix extérieures qui questionnent les parents sur leur fils, interrogations sur les différences et les conflits entre générations. Tout ça prend des allures de plus en plus grotesques, jusqu'au retour du fils qui regarde à nouveau l'oeuvre d'art (une gravure ???) et consent à dire "C'est chouette". On pense s'être mis d'accord, le fils se retire à nouveau, la discussion reprend sur la musique, et là, c'est reparti.



Il n'y aurait pas grand intérêt à traiter ces sujets les uns après les autres, d'ailleurs je ne pense pas que j'en tirerais grand-chose. En revanche, ce qui m'a titillée après la lecture, c'est ce titre et cette phrase, "C'est beau". Une phrase que j'abhorre particulièrement. Et que j'utilise probablement comme tout le monde. D'ailleurs, ça n'est même pas une probabilité, c'est une certitude. Et pourtant je déteste dire ça ou entendre ça. C'est ce qui m'a servi de clef d'entrée pour cette pièce, quitte à ce que je sois complètement à côté de la plaque, et alors que j'évite en général d'aborder un texte par un biais trop personnel. Il me semble que les personnages de Nathalie Sarraute, avec cette phrase, ne partagent rien : la preuve, on ne sait même pas de quelle oeuvre ils sont en train de parler. Pas d'analyses qu'on puisse confronter, pas de réflexion qu'on puisse élaborer ensemble, et, surtout, pas d'émotion commune. "C'est beau", point. Voilà qui clôt toute discussion, tout échange, toute tentative, toute tentation de continuer à parler. Et c'est, me semble-t-il, ce que vient dire le fils à ses parents : "C'est beau", c'est définitif, il n'y a plus rien à dire, c'est la fin de toute communication. Et chacun reste chez soi.





Challenge Théâtre 2017-2018
Commenter  J’apprécie          344




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nathalie Sarraute Voir plus

Quiz Voir plus

Nathalie Sarraute et son œuvre

Dans quel pays est née Nathalie Sarraute ?

France
Royaume-Uni
Pologne
Russie

10 questions
40 lecteurs ont répondu
Thème : Nathalie SarrauteCréer un quiz sur cet auteur

{* *}