AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nathalie Sarraute (279)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Enfance

Je n'ai pas du tout accroché. L'écriture, la découpe du texte m'ont agacé. La distance de l'auteur, un sorte de froid, sa subtilité à faire vivre les mouvements de l'esprit à peine lisible, cela résulte en très peu de plaisir, je ne comprends pas où Mme Sarraute veut en venir.
Commenter  J’apprécie          10
Enfance

Ce qui m'a intrigué dans cette autobiographie est combien nous, comme des enfants, avaient la conscience de comprendre les sentiments des autres, surtout de nos parents. Comment on juge et compare nos parents. Et comment on sent la "trahison" de nos parents quand ils nous traitent comme des "enfants", inconscients de ce qui ce passe au tour de nous. Je me souvenais, quand je lisais ce livre, aussi de ma réservation à "se confier" a mes parents à cause de quelque "trahison". Et aussi important, ces phrases de la double, qui a mis en exergue combien il est important de choisir les exacts mots et non des exagérations, ou des mots qui dérivent le sens originels dont on veut décrire. Le moment ou Sarraute - comme enfant - a senti que ses paroles avec Vera, et ses paroles dans le dernier voyage seule dans le tramway, la sort de l'enfance, elle arrête le parole. Le livre te quitte assoiffé. (14 mai 2017)
Commenter  J’apprécie          00
Pour un oui ou pour un non

Deux amis s’expliquent, l’un demandant à l’autre l’origine du refroidissement de leur relation : ils finiront par se reprocher l’un d’être bohème, l’autre d’être catégorique. Un mot condescendant a causé la rancune, et chacun fait valoir, à travers des souvenirs communs, à la fois un confort et un mépris, la satisfaction intérieure que rien ne soit « rangé » ou que tout soit « à sa place », le sentiment de ridicule que la poésie soit affectée ou que l’ordre ne soit qu’un rassurement pauvre. C’est assurément une pièce qui traduit l’opposition des êtres – on devine combien j’ai appréhendé, après Le Silence, qu’il s’agît encore de théâtre-pour-ne-rien-dire, cette œuvre étant la dernière que je n’avais pas lue au programme d’agrégation 2024 –, seulement, ce sont vingt-sept pages grand format d’une scène anecdotique assez stéréotypée, relatant une dispute qu’on tire peu avantage à connaître, et dont l’écriture, quoique pertinente, n’ambitionne pas d’effets surprenants (on peut notamment remarquer que l’intervention d’autres personnages est superflue). Peut-être peut-on féliciter cette pièce d’avoir, comme je le soupçonne, inspiré « Art » de Reza, dont l’élaboration valait mieux, qui était à la fois plus drôle et profonde, et qui ne situait pas l’antéposition dans un systématisme caractérisé pour ne pas dire manichéen. On n’a dans ce Sarraute trop peu de temps pour s’interroger si les personnages sont justes, sans un espace et sans toile de fond, et le moment étant presque aussitôt terminé, je n’ai pu trancher, il faut relire des extraits, réinstruire les rôles, réinvestir son jugement à rebours : or, je sens une densité du dialogue, mais perçois aussi quelque chose d’artificiel, un insouci de vraisemblance, comme un laxisme avec, par exemple, l’idée initiale d’autorisation administrative et ces voisins qui apparaissent tout à coup – sans parler des répliques finales, qui sont une nullité et un gâchis, une pure clausule pour terminer une intrigue. Pour un oui ou pour un non est une pièce qu’on ne peut adorer ni détester : c’est trop entre-deux pour susciter des réactions vives, sorte d’essai dramatique où l’on devine dans l’écriture l’amusement et la facilité. Mais il me faudrait peut-être plus de temps… voir la pièce ?... J’ai regardé un peu sur Internet… Rarement bien joué, comme toujours… Manque d’élégance et de simplicité, manque de compréhension intuitive du rôle, manque d’aisance… Une bonne captation sur Viméo « au boson » en 2014 (mais un décor douteux). Pourtant, drame probablement meilleur que je ne dis… J’ai bien le temps, avant de publier cette critique, d’y réfléchir encore… J’y mettrai un post-scriptum.



Post-scriptum : Oui, meilleur que ça ne paraît. Mais ça conserve tout de même, quand c’est écrit, le défaut patent justement d’avoir l’air moins bon que ça n’est. Oui, c’est moi qui, cette fois-ci, ait manqué à juger vite : j’ai le jugement plus long que je n’avais cru. N’empêche que la fin manquée et que ces personnages inutiles… sans parler du titre…

J’y reviens en détails : l’inconvénient manifeste et presque ostentatoire de cette pièce, et qui peut suffire à tromper le lecteur jusqu’à lui faire croire en son bâclé, c’est que tout ce qui implique son cadre est insuffisant. D’abord, c’est une pièce courte, ce qui peut induire à tort un sentiment défavorable ; ensuite, son titre est mauvais, proverbe peu en rapport avec l’essentiel du drame ; puis, son début est médiocre et le demeure assez longtemps, à la fois parce que les premières répliques sont factices (« Écoute, je voulais te demander… C’est un peu pour ça que je suis venu… je voudrais savoir… que s’est-il passé ? Qu’est-ce que tu as contre moi ? »), parce que le contexte en a été expurgé (pas d’introduction subtile, pas de décor, pas d’induction tacite de la relation d’amitié : on dirait des inconnus qui se parlent sans sympathie crédible, et l’on conserve longtemps, comme souvent chez Sarraute, l’impression que ces êtres viennent d’apparaître sur scène sans jamais avoir existé ni s’être fréquentés), parce qu’aussi bien l’idée surréaliste d’une demande adressée à un comité pour cesser une amitié que l’intervention des voisins sont superfétatoires et brouillent l’intérêt du réalisme avec des trucs de fiction) ; enfin, la fin est une absence d’idée et manque presque de considération pour le lecteur, anéantissant d’un coup la sensation de rigueur qu’on a pu trouver aux échanges (« Oui ou non ?... — Ce n’est pourtant pas la même chose… — En effet : Oui. Ou non. — Oui. — Non ! »). Ce sont ces indéniables maladresses qui abîment l’appréciation de l’œuvre, pour la raison sensible que la dramaturge se livre à l’écriture théâtrale avec une distraction évoquant une négligence : elle n’a en l’occurrence qu’une pensée au départ, celle d’accroître et de fonder la divergence de modes d’existence entre des êtres, et d’indiquer comme au long de leur relation ils n’ont pu s’empêcher de signifier leur méfiance en dépit de leur fidélité, en sorte qu’une incompréhension foncière caractérise la relation, révélée par extraction lente dès qu’on ne se dissimule plus derrière des conventions et qu’on n’ose le risque de briser une amitié. C’est ce mur que Sarraute signale, le détruisant en annihilant les gentillesses faciles, par sondes impitoyables, et elle montre ainsi la façon dont toute connexion n’est généralement qu’une somme d’obligeances superficielles, y compris les amitiés de longue date. L’enquête au cœur de cette séparation, qui est bien le sujet de l’œuvre, indique combien c’est la volonté de ne pas complaire qui permet d’atteindre à des racines véraces, à des liens indéfectibles plus que des simulacres. Ce sujet, dès qu’on s’y trouve, est mené avec habileté et pertinence, par progrès logiques, mais on peut sans préjudice, même avec avantage, passer les sept premières pages et quitter avant les deux dernières, ce qui, pour une pièce qui en compte vingt-sept, est tout de même d’un certain inconvénient.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
Commenter  J’apprécie          30
Le Planétarium

Nathalie Sarraute a été précurseure du nouveau roman qui prônait la fin des récits, des histoires, et pourtant, il y a dans le planétarium, une sorte de trame narrative avec quelques personnages dénommés et bien identifiés. L'histoire relatée sous forme de monologues par plusieurs protagonistes est celle d'Alain Guimier, jeune thésard marié à Gisèle, qui lorgne désespérément le grand appartement vaguement promis par sa tante. Autour de lui gravitent son père, ses beaux-parents, une écrivaine, diva du ghotta littéraire parisien entourée de ses admirateurs. Alain Guimier, jeune homme qui aime séduire et se plie aisément aux attentes de ses interlocuteurs, souhaiterait se lancer dans l'écriture.

Dans ce roman offrant de multiples niveaux de lecture, Nathalie Sarraute fait évoluer, de manière distanciée, des créatures figées, caricaturales, légèrement enduites de cire ou de fine poussière, apparaissant comme autant de petites planètes ou de satellites en orbite les unes autour des autres.

Elle construit un monde étrange, absurde, où sont observées, sous la lentille du microscope, des créatures qui s'approchent, s'entredévorent, guidées par la soif de possession, de pouvoir, de statut social, de réussite.

Comme dans ses précédents livres, l'autrice se met en quête de ce qui est sous-jacent aux émotions, aux comportements des êtres. Nous sommes dans le domaine du sensible, de l'inexprimé, de l'informe, aux frontières de la conscience, en amont du langage. On pourrait employer le terme d'impulsions, ou de pulsions, ce que Sarraute ne fait pas, rejetant la psychanalyse, son jargon et ses concepts qui enferment.

Des phénomènes, chimiques et physiques, d'attirance et de répulsion relient ou séparent les personnages. Des matières visqueuses, gluantes les enserrent, des forces les séparent ou les relient, symbolisant l'emprise, les rapports de pouvoir, l'osmose, la fusion.

Les relations entre les individus sont empreintes de bassesse, d'envie, de jalousie, d'acrimonie, de cruauté. Une violence sourde et latente plane. Celle-ci se traduit par l'irruption de scènes de la mythologie ou de western, de contes pour enfants, d'histoires de princesses, autant de références à des temps immémoriaux, à une mémoire collective ancestrale.

Dans ce concert de voix indissociées, les monologues s'entremêlent et on découvre à posteriori qui parle. Les mêmes scènes rejouées, relatées par des personnages différents mettent en relief de minuscules détails.

Nous sommes dans l'univers des représentations, des faux-semblants, des êtres se démultipliant en fonction de la perception qu'en ont les autres. de menus éléments de la conversation peuvent déclencher des réactions imprévues. Tout se joue de manière larvée, en deçà du langage convenu, des conventions et des rapports sociaux codifiés.



Le planétarium est également une critique acerbe de l'intelligentsia parisienne, du monde de la culture, où des courtisans entourent de grands noms de la littérature, parmi lesquels on croit reconnaître la silhouette de Sartre.



Une oeuvre passionnante, aux accents métaphysiques, qui ne livre pas d'emblée tous ses secrets.





Commenter  J’apprécie          372
Tropismes

Je suis passé à côté. Non pas que le roman soit particulièrement mauvais. La sincérité, la volonté d'exprimer est là, bien là....trop peut-être. Cet excès de sentiments qui dégoulinent à chaque page, sans que rien d'autre n'apparaisse, ni récit, ni personnage, ni même une vision, une lumière ...

Triste tropisme! Tout est triste, comme un proust qui n'aurait pas eu la vision fulgurante d'une madeleine, hors du temps et de l'espace. Comme un Proust qui n'aurait connu que la désillusion du temps qui passe, des amours impossibles, du monde terrifiant.

Je ne peux m'y résoudre. Il y a entre moi et Sarraute une incompatibilité qui s'exprime jusque dans son style. Le style, c'est l'homme, disait Proust, c'est la femme aussi. Une femme tout en douleur, en enfermement symptomatique. Pour résumer, le fossé entre le dépouillement du récit et le "tropisme" des sentiments m'a rendu hermétique à cette littérature. Cet avis est bien entendu très personnel et subjectif.
Commenter  J’apprécie          00
Tropismes

N°1860– Avril 2024.



Tropismes – Nathalie Sarraute – Les éditions de Minuit.



C’est un recueil de vingt quatre textes courts et indépendants les uns des autres, paru en 1939 dans l’indifférence quasi générale après avoir été refusé notamment par Gallimard et qui ne connut le succès que vingt en plus tard lors de sa réédition. Ce détail relativise les choses quant au talent de notre auteure, cet ouvrage étant considéré comme fondateur du mouvement littéraire dit du « nouveau roman ». Il n’est pas interdit de penser que ces circonstances ont nourri la trame de son roman « Les Fruits d’or » paru en 1963. 

Le tropisme est une réaction d’orientation générée par un agent physique ou chimique, par exemple dans le cas du tournesol qui recherche le soleil. Au sens figuré, c’est un sentiment fugace, bref, inexpliqué face à un phénomène banal. Chaque texte s’attache à étudier la réaction d’inconnus, hommes et femmes, en contact avec leurs semblables, met en scène des personnages non définis, à peine esquissés, sans lien entre eux, juxtaposés, qui vivent un moment de leur vie d’une manière presque indifférente et qui se termine bizarrement dans une sorte d’expectative où rien ne se passe que des faits anodins, comme si l’intérêt de leur vie se résumait à une attente, à une immobilité (le verbe attendre revient souvent). Cette absence d’action se double d’une sorte de négligence, une sorte de lassitude face aux choses qu’on laisse se dérouler d’elles-mêmes sans qu’on fasse rien pour en modifier le cours. C’est le contraire du mouvement, un peu comme la tiédeur d’un dimanche après-midi qui distille l’ennui, la solitude, le temps qui passe inexorablement, mais aussi l’indifférence à l’autre quand la méchanceté qui est une des particularité de la nature humaine, ne vient pas bouleverser l’agencement de ce morne décor. Alors s’installe la peur de l’autre et aussi la haine, le plaisir de déranger sa vie, d’étouffer ses habitudes, ses espoirs avec des mots médisants, des actions malsaines parfois, pour le seul plaisir de se prouver qu’on existe ou d’exorciser sa propre lassitude de vivre. Cette vie artificielle s’étire, s’emploie à parler de tout et surtout de rien, à faire des plans sur la comète, à médire d’autrui, à exercer son imagination débordante et malveillante dans des domaines futiles et inutiles. Cette superficialité trouve aussi sa réalité dans la volonté de suivre la mode qui est à la fois changeante et frivole. Cette vie marginale, égoïste, ne se limite pas aux petites gens, ceux qui ne laissent aucune trace de leur passage, mais s’étend également aux intellectuels suffisants dont la conscience qu’ils ont de leur supériorité les distingue du commun, ceux qui trouvent dans la foi religieuse et ses rituels surannés une raison de vivre ou ceux que la culture enivre parce qu’elle entretient leur différence et leur en donne la certitude d’être différents, ceux qui se plaisent à croire que la vieillesse leur a conféré une forme de sagesse et donc d’importance avec des pouvoirs exorbitants ou que rien ne doit venir bousculer leur décor familier et immuable.

Il s’agit d’un essai dont la rédaction, cherche à redéfinir une nouvelle manière d’écrire, en réaction contre la seconde guerre mondiale, ses excès et ses violences, notamment la volonté nazie dont elle a été la victime d’exterminer les juifs.



Commenter  J’apprécie          90
Les Fruits d'or

N°1859– Avril 2024.



Les fruits d’or – Nathalie Sarraute – Gallimard.

Prix international de littérature en 1964.



Il s’agit d’un roman intitulé « Les fruits d’or », comme celui que signe Nathalie Sarraute, un roman dans le roman, une mise en abyme. Le véritable sujet est le roman lui-même dont parlent de nombreux intervenants. Il s’agit surtout de vilipender tous ces pseudo-intellectuels qui, souvent sans les avoir lus, se croient obligés de porter des jugements esthétiques variant de la dithyrambe à la critique au vitriol, de tenir des discours convenus avec force postures étudiées, sur des romans qui viennent de sortir, de faire état avec véhémence de leur avis souvent glané ailleurs ou qui se croient inspirés en baptisant « génial », « stupéfiant » ou « un chef-d’œuvre », un livre auquel ils n’ont rien compris, ou qui encensent un roman au seul motif que l’auteur est connu. Cela tient davantage à leur volonté de briller en société en formulant des jugements définitifs que d’entretenir leur culture ou de goûter la beauté d’un texte et ils ne tarissent pas d’éloges sur le talent de cet auteur, font des plans sur la comète sur sa carrière, clament bien fort leur soutien en exagérant l’importance de l’œuvre. Cela ne se limite pas aux best-sellers et notre auteure évoque un tableau de Courbet à qui cet aréopage réserve le même sort. Tout cela a un côté jubilatoire même si cet entre-soi prête beaucoup à l’ironie peut-être un peu facile.

Ce livre est pour moi l’occasion de renouer avec « Le nouveau roman » dont Nathalie Sarraute était un des auteurs emblématiques. Ce mouvement littéraire apparu dans les années 50 se caractérise par un récit assez neutre où il n’y a aucune trame, aucun rebondissement, ou les personnages sont flous, sans caractère particulier, qui éprouvent de la difficulté à se parler et à se comprendre. Il n’est même pas question ici de l’auteur du roman dont le nom, Brehier, est à peine mentionné. Le texte est narratif et emprunte souvent à la fiction, les personnages qui ici s’expriment n’ont aucune personnalité et l’écriture est sans recherche littéraire. La fin, souvent inattendue prend la forme d’une chute. Ici on peut considérer que « Les fruits d’or » finit par s’imposer, à être apprécié, même contre certains de ses détracteurs quand d’autres l’ont carrément oublié, l’oubli étant le lot de la plupart des romans.

Le nouveau roman a donc voulu révolutionner l’écriture. Je me souviens qu’un de mes professeurs de français qui, sceptique et quelque peu ironique, disait du nouveau roman qu’il avait la caractéristique essentiel d’être nouveau ! Qu’en reste-t-il aujourd’hui, quand Marguerite Duras, une autre auteure emblématique de ce mouvement, a obtenu un franc succès non démenti à ce jour, mais je ne suis pas sûr qu’elle ait toujours illustré ce mouvement au cours de son œuvre et deux auteurs couronnés par le Prix Nobel de littérature, Patrick Modiano et Annie Ernaux ont surtout parlé d’eux au point de tomber dans le solipsisme. Le nouveau roman a donc été une tentative de révolutionner la littérature qui en avait déjà connu beaucoup, alors pourquoi pas ? Depuis le début de son existence, le roman a déjà subi nombre d’évolutions, de l’humaniste au baroque, au classicisme, au romantisme, au naturalisme, au réalisme, au symbolisme...quant à l’Oulipo, l’expérience qu’il mène sur le langage est originale et cela n’a pas échappé au jury Goncourt qui a décerné son prix en 2020 à « l’Anomalie » d’Hervé Le Tellier, Alfred Jarry comme Georges Perec (cités par Sarraute à propos du mot « oneille ») ont eux aussi été tenté d’’y imprimer leur marque et ils ne sont heureusement pas les seuls.. Qu’en reste-t-il ? Je ne suis pas expert mais Il est certain que si les romans actuels racontent une histoire avec souvent un étude de personnages, le mode d’expression des auteurs, à quelques brillantes exceptions près, a globalement changé pour adopter un forme plus spontanée, proche du langage parlé, loin en tout cas d’un recherche d’images poétiques ou de vocabulaire.

Il reste que ce livre est jubilatoire, (pas celui dont parle Sarraute qui n’est qu’à peine évoqué, mais le sien) et parler ainsi d’un livre sans en rien dire reste une performance. C’est en tout cas pour moi l’occasion d’en connaître davantage sur ce « Nouveau roman » tout juste effleuré dans ma lointaine scolarité. C’est aussi peut-être une sorte de leçon à tous ceux qui parlent des livres des autres !
Commenter  J’apprécie          113
Enfance

Cette enfance invite à l'enfance, à la nôtre aussi.

Mais attention pas à l'enfance proprinette que l'on sort en famille, souvenirs récurrents pour en rire avec indulgence, non plutôt à l'enfance pas si nette, en tropismes de Nathalie Sarraute, avec l'oeil du microscope pour l'étudier et la lame froide de l'intransigeance de l'autre réalité. La réalité des phrases qui restent fichées dans votre esprit, comme des échardes pourries longtemps après la mort des souvenirs dont elles sont issues.

Cette enfance invite à attraper les bouts des bouts de queues de comètes de réminiscence, et une fois attrapés, les regarder se tordre et dévoiler des pans entiers oubliés. C'est un dialogue entre soi et soi, ici et maintenant, en regardant l'hier. Et de gouter quelquefois des moments de joie pure comme Natacha au jardin du Luxembourg.



Cette petite Natacha, Nathalie exilée en France de sa Russie natale, tiraillée entre son père qui a refait sa vie avec l'énigmatique-méchante Véra et sa mère qui la veut et ne la veut, comme un objet encombrant.

Cette petite Tachok qui regarde sans sourciller cette enfance étonnante, pas vraiment comme les autres enfances, parce que plus tranchante.

L'écriture de Nathalie Sarraute est habile, subtile et précise.

C'est un ravissement.

Commenter  J’apprécie          73
Le Silence

Dans cette pièce, il n’y a pas d’action. On est donc bien dans le Nouveau Théâtre, pendant du Nouveau Roman. Tout se joue dans les silences, les non-dits, les phrases suspendues, etc, qui règlent un conflit. Cette pièce parle à son lecteur car on a tous connu cela, ce moment de bascule pendant lequel toutes les rancœurs et les interprétations éclatent au grand jour, amenant une résolution définitive. Plus rien ne sera comme avant. Intéressant, mais cela reste du Nouveau Théâtre : comme pour le Nouveau Roman, il y a une certaine forme d’ennui qui s’installe chez le lecteur, ainsi qu’une distanciation vis-à-vis de ce qu’il lit.

(J’ai repris quasiment mot pour mot ma critique de « pour un oui ou pour un non » car c’est quasiment la même œuvre. « Le silence » ayant été écrit dans les années 1960 et « pour un oui ou pour un non » dans les années 1980, et vu qu’il n’y a pas d’évolution de l’écriture ou des intrigues, j’ai bien l’impression que Nathalie Sarraute a tourné en rond et n’a pas progressé dans son œuvre (un peu comme Nicolas Matthieu, c’est toujours la même chose, il suffit de lire une ou deux œuvres pour comprendre l’auteur.e ; en tout cas, cela ne m’a pas donné de lire d’autres pièces ou romans de Nathalie Sarraute).
Commenter  J’apprécie          10
Pour un oui ou pour un non

Dans cette pièce, il n’y a pas d’action et très peu de personnages. On est donc bien dans le Nouveau Théâtre, pendant du Nouveau Roman. Tout se joue dans les silences, les non-dits, les phrases suspendues, etc, qui règlent un conflit tu, vieux de plusieurs années, entre deux amis. Cette pièce parle à son lecteur car on a tous connu cela, ce moment de bascule pendant lequel toutes les rancœurs et les interprétations éclatent au grand jour, amenant une résolution définitive. Plus rien ne sera comme avant. Intéressant, mais cela reste du Nouveau Théâtre : comme pour le Nouveau Roman, il y a une certaine forme d’ennui qui s’installe chez le lecteur, ainsi qu’une distanciation vis-à-vis de ce qu’il lit.
Commenter  J’apprécie          20
Enfance

Un livre autobiographique écrit à deux voix (l’auteur se questionnant elle même). Le style reste fluide malgré l’originalité de l’ecriture.

L’auteur relate ses souvenirs d’enfance avec une grande précision alors qu’elle a rédigé ce livre à plus de 80 ans.

Certains souvenirs sont touchants (séparation des parents) et d’autres assez humoristiques mais globalement le livre reste pou moi assez mitigé.

La lecture a donc été un peu longue à mon goût
Commenter  J’apprécie          10
Les Fruits d'or

Avec Les Fruits d'or, je fais une incursion dans le mouvement littéraire du Nouveau roman. Nathalie Sarraute est d'origine russe. Elle est née en 1900. C'est une lectrice de Virginia Woolf. En 1964, elle reçoit le prix international de littérature pour ce titre.

Je me réjouie d'avoir découvert ce mouvement littéraire de cette façon même si le premier tiers du roman m'a dépouillée de mes repères. Le thème de la littérature et de sa réception, m'intéresse, donc, je me suis laissée porter par la forme, le style et le rythme. Il y a un roman dans le roman. En effet, Bréhier est l'auteur de Les Fruits d'or. Nathalie Sarraute ridiculise la "haute société littéraire", leur tutelle sur ce qui est beau, sur les règles castratrices de la "bonne" littérature, une littérature pétrifiée. Elle évoque la difficulté pour les voix discordantes de se faire entendre mais surtout écouter. "La littérature est une œuvre d'art."

C'est assez jubilatoire.
Commenter  J’apprécie          110
Enfance

Commenter  J’apprécie          00
Enfance

"Enfance" n'est pas un livre sur l'enfance de Nathalie Sarraute. C'est plutôt une réflexion sur l'art autobiographique dont on aurait pu fort bien s'en passer." Malheureusement, Sarraute a donné un format postmoderne à son texte qui plait beaucoup aux professeurs de littérature. "Enfance" est donc au programme dans biens de nos universités.

On sait très bien depuis les débuts de la littérature occidental il ya trois ou quatre milles ans que le but d'un écrit autobiographique est de véhiculer des mensonges. L'auteur décrit tous ses exploits pour faire plaisir à ses admirateurs. Il justifie ses péchés qui sont de notoriété publiques et fait semblant que les autres n'existent pas. Pourquoi alors fait la critique de l'autobiographie? Sa réputation a toujours été mauvaise.

Les fautes habituelle de l'autobiographie sont tous là dans l'enfance. Sarraute prétend avoir été un petit ange. Sa plus grande transgression est d'avoir présenté une séquence d'événements dans l'histoire de la mort son chien qui était différent de ce qui s'était produit dans la réalité dans le but d'obtenir une meilleur évaluation de son professeur. Elle semble ne jamais avoir fait des gestes déloyaux ni adressé des mots cruels à qui que ça soit.

L'aspect postmoderne d'"Enfance" est qui le narratif se déroule en forme de dialogue entre Sarraute et selon le quart de couverture sa conscience. À mon avis c'est une conversation entre l'auteur et son amie imaginaire.

Commenter  J’apprécie          60
Tropismes

Il ne se passe rien dans ce livre. Des ombres passent le long des murs, dans les cages d'escalier, des ombres sans nom et sans visage, préoccupés de peu, sensibles à peu. Une succession de clichés flous et mal cadrés, dont l'ensemble dégage un malaise discret, une odeur de vieux meuble, d'escalier mal lavé, de rue froide.
Commenter  J’apprécie          10
Disent les imbéciles



Je poursuis mon exploration de Nathalie Sarraute avec un livre glané au hasard des étagères chez un bouquiniste.

Disent les imbéciles demande des pré-requis pour être un tant soit peu élucidé, effleuré plutôt. Je ne dirai pas l'avoir compris ; j'ai entraperçu des lueurs, eu des intuitions, ressenti des frémissements, pensé rejoindre furtivement la pensée de l'autrice, grâce à ce que je crois avoir retenu de mes précédentes lectures. Entrer directement dans ce livre ne me parait pas envisageable, il ne permet pas de se familiariser avec elle.

De quoi parle-t-on ici ? Pas de récit, pas de trame narrative, pas de personnages, mais plutôt des moments, des dialogues, des mots jetés en pâture, et beaucoup d'expressions, des expressions idiomatiques, toutes faites, qui ordonnancent le langage, tout en le dévitalisant, des expressions vides de sens qu'on s'envoie à la figure pour marquer sa supériorité, derrière lesquelles on se réfugie, on se cache aussi.

Cela commence par une scène familiale, des petits-enfants entourant, chérissant une grand-mère. Comme elle est mignonne, disent-ils ! Mais bientôt la situation dérape, l'un d'entre eux étant mis à l'écart. Il est jaloux et la grand-mère n'est peut-être pas aussi mignonne que cela. Nous la quittons pour nous retrouver auprès d'un grand Maître, inventeur d'une idée, bardé de certitudes, prompt à défendre ses positions contre les imbéciles.

Sarraute organise sa pensée autour de deux plans. Le premier est celui des sensations, des réactions primaires, des éléments inconscients à la base des comportements. C'est la notion de Tropismes qu'elle traque tout au long de son oeuvre. Nous sommes dans le domaine des pulsions, du non-dit, de l'informel, de l'indicible, en amont du langage, de l'identité, du moi structuré, à la racine des émotions et des perceptions. Sa démarche est alors proche de celle de Virginia Woolf en quête elle aussi des vibrations des instants de vie. Elle tend à aller au coeur de l'intimité et de l'authenticité des êtres dépouillés des carcans institutionnels et collectifs.

Le deuxième plan est celui du langage, le langage qui enferme les individus, contraint et déforme la communication, catégorise, confère des assignations, des rôles en fonction de représentations sociales, assoie les relations de domination entre les puissants et les imbéciles, les hommes et les femmes.

Nous comprenons que le mépris nourri par Nathalie Sarraute à l'égard du langage et des mots l'ait éloignée de la théorie psychanalytique. Elle poursuit le même but mais souhaite emprunter une autre voie, ce qui est paradoxal puisque les mots sont son instrument de travail.

Avec ce livre exigeant, difficile d'accès, j'ai eu l'impression de faire un petit bout de chemin avec cette passionnante autrice.

Commenter  J’apprécie          283
Tu ne t'aimes pas

Ce livre m'a été prêtée par une fille avec qui je suis allée à quelques rencards.



Elle m'a prêté son livre préféré du moment, je lui ai prêté le mien.



On a arrêté de se voir, elle ne m'a jamais rendu mon livre, je n'ai jamais pu lui rendre le sien.



Pourtant j'ai bien aimé ce livre, il est profond, il m'a permis de mieux la comprendre et peut-être de mieux voir pourquoi ça n'aurait pas marché entre nous. Résultat des comptes, ce livre est pour toujours attaché à elle, aux quelques baisemains qu'elle aura déposés sur ma main avant de partir, à ce rencard dans un parc dans lequel on a passé des heures à lire alors qu'une troupe de théâtre s'entraînait non loin de nous.



C'est un beau livre, mais je déconseille de le prêter à votre rencard.
Commenter  J’apprécie          20
Enfance

Sarraute décrit l'imperceptible. Les émotions, les idées que provoquent en elle un mot, un geste, un regard que l'autre a voulu anodins mais qui la bouleversent, elle et sa sensibilité exacerbée d'enfant.

Et à travers ses bouleversements, c'est soi que l'on trouve : notre innocence d'enfant, quand on pouvait tout devenir et que les autres nous ont forgé sans le vouloir, sans le savoir. Nos traumatismes, nos joies, notre intimité.

Madame Sarraute, jamais je n'ai trouvé la littérature plus belle que sous votre plume car c'est la vie qu'elle éclaire. Rarement je n'ai vu si bien mis à nu ce lien qui nos unit tous. Merci.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          80
Tropismes

Radiographie des mouvements intérieurs effleurant la conscience…



Ni roman, ni nouvelles, il aura fallu cinq ans à Nathalie Sarraute pour écrire ce court livre décomposé en vingt-quatre scènes indépendantes les unes des autres, vingt-quatre fulgurances, vingt-quatre sensations que nous touchons parfois du doigt sans pouvoir les nommer et les décrire, telle de l'eau que nous voudrions attraper avec nos poings.

Sans doute sont-elles trop intérieures, trop intimes pour pouvoir être saisies sur le vif…trop fugaces et oniriques pour pouvoir être appréhendées avec conscience alors que déjà, juste après la fulgurance, cette sensation part en lambeaux comme un rêve au moment du réveil…trop imperceptibles pour que ces vibrations soient mises en langage. Ils se situent en amont du langage.



Pourtant Nathalie Sarraute veut précisément mettre des mots derrière ces sentiments indicibles, étranges, confus, qui nous assaillent par moment, « mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de la conscience » anodins et insignifiants, invisibles, mais lourds de conséquences en réalité. Un effet papillon pouvant expliquer fuites, colères, dépressions, réactions incongrues, paroles inappropriées, gestes à priori inexpliqués…



Voilà une oeuvre éminemment originale, surtout en 1939 lorsqu'elle fut publiée. Il faut dire que pour Nathalie Sarraute, on « ne doit écrire que si l'on éprouve quelque chose que d'autres écrivains n'ont pas déjà éprouvé et exprimé ». C'est également souvent ce que recherche le lecteur, lire et éprouver quelque chose qu'il n'a pas éprouvé avec d'autres écrivains. C'est un pari en tout cas réussi de la part de l'auteure au point de devenir la figure emblématique de ce que nous avons appelé le « Nouveau roman ». Elle n'aura de cesse d'explorer ces tropismes qui, de livre en livre, apparaissent sous des formes diverses.



Tels des lambeaux de rêves capturés et interprétés, ces petits textes doivent être lus et relus pour que l'intraduisible soit traduit, pour fouiller la conscience et faire émerger l'inconscient. le tamis de Nathalie Sarraute est composé de mailles d'ironie froide, ou plutôt de neutralité, de lucidité, voire d'humour, léger ; ses mailles resserrées permettent de capter ces invisibles et frétillants fragments d'intériorité. Et c'est troublant car, parmi ces vingt-quatre tableaux le lecteur trouvera forcément une situation qui a été sienne un jour. Et lui permettra surtout de questionner ses propres vibrations internes.



Frénésie vestimentaire qui nourrit uniquement l'apparence, frénésie intellectuelle qui vise à figer et à absorber, gens médiocres à la psychologie figée, commérages incessants, frivolité, personnes qui usent de leur âge ou de leur sexe pour dominer, solitude, habitations sans âme, rôle à jouer et envie à réprimer selon les convenances sociales, obsession pour les choses…Paroles ou simple présence d'autrui, attitude, gestuelle…telles sont, entre autres, les éléments déclencheurs des tropismes.



« Et il sentait filtrer de la cuisine la pensée humble et crasseuse, piétinante, piétinant toujours sur place, toujours sur place, tournant en rond, en rond, comme s'ils avaient le vertige mais ne pouvaient pas s'arrêter, comme s'ils avaient mal au coeur mais ne pouvaient pas s'arrêter, comme on se ronge les ongles, comme on arrache par morceaux sa peau quand on pèle, comme on se gratte quand on a de l'urticaire, comme on se retourne dans son lit pendant l'insomnie, pour se faire plaisir et pour se faire souffrir, à s'épuiser à en avoir la respiration coupée… ».



Sensation d'enfermement, de panique, d'oppression jusqu'à la fuite pure et simple…



« Se taire ; les regarder ; et juste au beau milieu de la maladie de la grand-mère se dresser, et, faisant un trou énorme, s'échapper en heurtant les parois déchirées et courir en criant au milieu des maisons qui guettaient accroupies tout au long des rues grises, s'enfuir en enjambant les pieds des concierges qui prenaient le frais assises sur le seuil de leurs portes, courir la bouche tordue, hurlant des mots sans suite, tandis que les concierges lèveraient la tête au-dessus de leur tricot et que leurs maris abaisseraient leur journal sur leurs genoux et appuieraient le long de son dos, jusqu'à ce qu'elle tourne le coin de la rue, leur regard. »





Les tropismes sont les fruits de l'expérience et ce qui est fort dans ce petit ouvrage est le fait que Nathalie Sarraute arrive à nous les faire ressentir, à nous faire vibrer avec toute la gamme de ces sensations confuses entre impulsion et retenue. Des réminiscences troublantes pour le lecteur…Une lecture marquante qui parle à la part enfouie au plus profond de nous.

Commenter  J’apprécie          7936
Une réalité inconnue : Essais et entretiens, 19..

Derrière toutes les interventions de Nathalie Sarraute se trouve une même exigence : saisir les plus fines parcelles de réalité sous l’épaisseur des stéréotypes qui la recouvrent.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nathalie Sarraute Voir plus

Quiz Voir plus

Nathalie Sarraute et son œuvre

Dans quel pays est née Nathalie Sarraute ?

France
Royaume-Uni
Pologne
Russie

10 questions
40 lecteurs ont répondu
Thème : Nathalie SarrauteCréer un quiz sur cet auteur

{* *}