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Citations de Nazanine Hozar (35)


Aria sortit un pamphlet de sa poche, le déplia, et le montra aux autres. « J’ai essayé de suivre ce qu’il dit de faire quand on est dans la rue », dit-elle. C’était un guide qui détaillait comment se comporter, pareil à ces modes d’emploi permettant d’assembler des tables et des berceaux de bébé. Hamlet s’en empara et le feuilleta rapidement. Il se mit à lire à haute voix. On y trouvait la description des « différents vêtements qui devaient composer la tenue convenable des femmes musulmanes d’Iran : pour celles qui ne souhaitent pas porter le voile noir traditionnel, une possibilité plus moderne est offerte, avec la bénédiction de notre guide spirituel, l’Imam Khomeini. »
« Ainsi donc ils en ont déjà fait un imam, remarqua Hamlet.
– Continue », dit Aria. Hamlet parcourut les instructions de la première page. Elles commençaient par le foulard : seules trois couleurs étaient autorisées, le noir, le bleu marine, et le marron. Le foulard devait être attaché fermement sous le menton, le tissu réparti également à partir du nœud. La partie du foulard recouvrant la tête devait être ramenée en avant, afin qu’on ne puisse voir que la forme triangulaire du front de la femme, dont tous les cheveux seraient couverts. Les oreilles en particulier, devaient être cachées. La page suivante concernait le haut du corps : toutes les femmes devaient porter des manches longues et des cols roulés. Si elles n’en possédaient pas, le foulard devait être assez long pour dissimuler entièrement la peau du cou, afin que le regard de l’homme ne vienne pas la dévoiler et violer sa pureté. Sous la taille, aucune jupe n’était autorisée. Les tailleurs pantalons étaient obligatoires, et là encore, seules trois couleurs étaient permises : le noir, le bleu marine, le marron. Les tailleurs pantalons en question ne devaient pas mouler le corps, mais devaient couvrir les chevilles, jamais en fuseau, pour éviter de montrer la forme des jambes. Toutes les chaussures devaient couvrir le pied entier et seules trois couleurs étaient possibles : le noir, le bleu marine, le marron. L’ensemble du corps devait être couvert par un manteau.
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C'était une des choses qui le rendaient perplexe au sujet de l'islam. Sa mère, sa grand-mère, sa tante, sa grand-tante arboraient toutes des foulards, mais leur manière chrétienne de les porter n'avait rien à voir avec ce qu'il observait aujourd'hui. Pourquoi cacher le visage, cette page blanche qui permet de raconter des histoires et de dire des secrets ?
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Elle ressassait une de ses histoires : "Et alors, je lui ai dit : "Petite dame, gardez pour vous vos bondieuseries. Si je ne veux pas aller à la mosquée, rien ne m'y oblige." Bien sur que j'ai fini par y aller, j'y vais toujours. Mais vous imaginez un peu ?

Page 166.
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Je parlais et tu ne me comprenais pas, ou bien je ne te comprenais pas. Sans doute un jour y aura-t-il une langue universelle pour que nous évitions ces malentendus. Qu'en penses-tu ?
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"Autrefois, quand j'étais petit, tu sais, j'adorais la musique", dit-il en glissant son auriculaire dans la bouche du bébé pour qu'elle puisse le sucer. "Je chantais, en secret, pour que mon père n'en sache rien. Je chantais des arias. Tu sais ce que c'est ? De petits contes, des cris dans la nuit. Quand tu chantes une aria, le monde sait forcément tout de toi. il n'ignore plus rien de tes rêves et de tes secrets. de tes douleurs et de tes amours."
Behrouz entendit Zahra jeter un coussin contre le mur de la chambre et il s'interrompit. Au bout de quelques instants, le silence étant revenu, il reprit: "Je vais t'appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. Ce sera comme si tu n'avais jamais été abandonnée. Et quand tu ouvriras la bouche pour parler, le monde entier te reconnaîtra." (p.30)
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"Hamlet parcourut les instructions de la première page.Elles commençaient par le foulard: seules trois couleurs étaient autorisées, le noir, le bleu marine, et le marron. Le foulard devait être attaché fermement sous le menton, le tissu réparti également à partir du nœud. La partie du foulard recouvrant la tête devait être ramené en avant, afin qu'on ne puisse voir que la forme triangulaire du front de la femme, dont tous les cheveux serrés seraient couverts. Les oreilles en particulier devaient être cachées. La page suivante concernait le haut du corps: toutes les femmes devaient porter des manches longues et des cols roulés. Si elles n'en possédaient pas, le foulard devait être assez long pour dissimuler entièrement la peau du cou, afin que le regard de l'homme ne vienne pas dévoiler et violer sa pureté.Sous la taille, aucune jupe n'était autorisée. Les tailleurs pantalons étaient obligatoires, et là encore, seules trois couleurs étaient permises: le noir, le bleu marine, le marron. Les tailleurs pantalons en question ne devaient pas mouler le corps, mais devaient couvrir les chevilles, jamais en fuseau, pour éviter de montrer la forme des jambes. Toutes les chaussures devaient couvrir le pied entier et seules trois couleurs étaient possibles : le noir, le bleu marine, le marron. L'ensemble du corps devaient être couvert par un manteau."
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Partout où la beauté est immense, la peur est immense aussi - peut-être celle de perdre la beauté, justement.
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Elle secoua la tête. « Je me demande d’où vient toute cette rage. »
Une autre femme, la mère du garçon le plus âgé, avait une réponse toute prête. « Ça remonte au temps où ils ont renversé le Premier Ministre Mossadegh. Vous vous rappelez, en 1953, ce qu’ils lui ont fait ? Comment les Américains ont interféré dans nos affaires. Aujourd’hui ces fous veulent leur revanche. Quel est le sens de cette révolution, sinon ?
– Il s’agit d’une grande cause, dit la femme aux cheveux gris.
– Les fous se cachent toujours derrière les grandes causes, répliqua la mère du petit garçon. Seuls les gens sains d’esprit n’ont pas de cause.
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Stock, P.382

Les filles Shirazi travaillaient dur pour aider leur père, et les leçons de lecture d'Aria étaient un atout au Bazar.

"Elles pourraient aller à l'école", avait suggérer Aria, un jour.

Mais M.Shirazi n'en voyait pas l'intérêt.

"Qu'est-ce qui leur reste à apprendre? Mes filles savent lire et compter. Elles ont plus d'instruction que la moitié des hommes que je connais."
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"Je vais t'appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. Ce sera comme si tu n'avais jamais été abandonnée. Et quand tu ouvriras la bouche pour parler, le monde entier te reconnaîtra."
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Durant ces jours, alors qu'Aria récupérait, Mana lui parla plus que jamais auparavant, et pour la première fois lui confia un peu de son histoire. Des années plus tard, ce seraient les moments qu'Aria se remémorerait le mieux. Les autres souvenirs disparaîtraient, comme la route qui s'évanouissait dans son rêve, mais Aria se rappellerait ce temps passé à la maison avec Mana tandis que sa tête gonflée revenait lentement à la normale. Elle repenserait à ces moments ù Mana avait partagé ses peines de coeur et comprendrait que c'est un mensonge de dire qu'on n'a pas de regrets ; en fait la plus grande partie de la vie est habitée par les regrets, et au bout de la route, vous vous sentiriez beaucoup mieux si le souvenir de toutes vos actions antérieures disparaissait. Pourtant, à part ces prières qu'on adresse à minuit à Dieu ou aux divinités, on ne pouvait jamais rien y changer. Le regret, c'est le feu de l'âme, devait se dire un jour Aria. Mais ce jour était encore lointain ; elle n'était encore qu'une adolescente paisiblement assise avec sa troisième mère, une femme qui comprenait aussi tous les mensonges de la vie.
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De retour chez lui, Hamlet s’assit sur son lit et s’enveloppa dans une couverture pour lire le livre de Khomeini.
(…)
Reza lut : « On interdit aux jeunes gens en pleine effervescence sexuelle de se marier avant d’atteindre l’âge légal de la majorité. Cela va à l’encontre de l’intention des lois divines. Pourquoi le mariage d’adolescents pubères serait-il réprouvé au motif qu’ils sont encore mineurs alors qu’on leur permet d’écouter la radio et de la musique sexuellement excitante ? »
(…)
Hamlet se mit à lire à son tour. « Musaraigne, écoute un peu : Une femme qui a contracté un mariage durable n’a pas le droit de sortir de la maison sans la permission de son mari ; elle doit rester à sa disposition pour satisfaire le moindre de ses désirs et ne peut pas se refuser à lui sauf pour une raison religieusement valable. Elle lui est totalement soumise, le mari doit la nourrir, la vêtir et la loger, qu’il ait ou non les moyens de le faire. »
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On ne choisit pas ce qu’on fait. Nous sommes modelés par la boue de nos vies.
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Je pense que la vie est faite pour être au bout du compte le contraire de ce que nous voulons.

Page 492.
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« Autrefois, quand j'étais petit, tu sais, j'adorais la musique », dit-il en glissant son auriculaire dans la bouche du bébé pour qu'elle puise le sucer. «Je chantais, en secret, pour que mon père n'en sache rien. Je chantais des arias. Tu sais ce que c’est ? De petits contes, des cris dans la nuit. Quand tu chantes une aria, le monde sait forcément tout de toi. ll n'ignore plus rien de tes rêves et de tes secrets. De tes douleurs et de tes amours. »
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Je vais t'appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. Ce sera comme si tu n'avais jamais été abandonnée. Et quand tu ouvriras la bouche pour parler, le monde entier te reconnaîtra.
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Mais juste au moment où l'on devient certain de l'espace qui nous entoure, certain que rien ne changera plus jamais autour de nous, soudain tout se transforme. Les vallées tombent dans des rivières. Elles coulent depuis la cuvette de la mer Caspienne, comme des cascades aplaties. Plus on marche vers le nord, plus on se rend compte que rien de ce en quoi on croyait n'était vrai. Un monde qui semble fixe un jour en devient soudain un autre. La vallée rouge devient verte, les montagnes se relèvent, elles se couvrent d'arbres encore plus beaux que vous pouvez imaginer. On atteint les pentes du Mazandaran, et de tout là-haut on aperçoit la mer Caspienne dans le lointain, et on sent dans sa bouche le sel porté par les nuages.
- En fait, c'est un lac, pas une mer, observa Aria.
- Oui, c'est un lac, pas du tout une mer. Mais elle peut vous faire croire qu'elle en est une. Et son eau est salée. La Caspienne est comme ça : une grande menteuse. Deux choses à la fois. C'est là qu'est toute sa beauté.
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« Arrête-toi ! l’apostropha l’une d’elles en se campant devant Aria. Où est ton hijab ? » beugla-t-elle. Deux autres la rejoignirent. « Arrête-toi ! », lui crièrent-elles.
Aria obtempéra. « Que me voulez-vous ? demanda-t-elle.
– Tu ne t’es pas aperçue que tu vivais dans une République islamique ? » ironisa la première. Elle décrocha sa kalachnikov de son épaule et la pointa sur Aria.
« Je suis désolée. » Aria se rappela avoir entendu dire que Khomeini en personne avait dessiné le nouveau modèle des voiles. On les avait montrés à la télévision, comme d’autres vêtements que les femmes étaient incitées à choisir : pantalons longs, souliers plats, vestes qui couvraient le corps du cou aux genoux, et les cheveux soigneusement tirés en arrière sous un foulard plus serré encore. Une des femmes saisit Aria par le bras et sortit un lourd hijab de son sac. Elle lui enveloppa la tête en repoussant ses cheveux sous le tissu. Cela lui fit mal, mais Aria s’interdit la moindre grimace de douleur.
« Au nom de l’imam Reza, de l’imam Hussein, et l’imam Khomeini, prends garde à toi », vociféra la Gardienne de la Révolution. Les deux autres sortirent leurs fusils de sous leurs voiles. Aria recula d’un pas.
« Tu peux te réjouir que tes vêtements ne soient pas indécents, ma sœur, dit l’une d’elles. Mais Dieu décidera de ton sort au bout du compte. Et essuie-moi ça ! » Elle tira un mouchoir de son sac, saisit Aria par le menton et effaça son pâle rouge à lèvres. « Tu n’es qu’une putain ! Pas vrai ? Rien qu’une putain ! »
Aria eut de nouveau mal mais elle répondit humblement : « Vous avez raison, madame. J’ai plus que tort. J’étais pressée et j’ai oublié. Je vous promets que ça ne se reproduira pas.
– La prochaine fois, tu apprendras ce qu’est l’intérieur d’une prison, ma sœur », dit la première, la langue aussi acide qu’un citron. Elles finirent par laisser Aria repartir pour s’en prendre à une autre passante, comme si elles étaient des pièges à rats et les femmes des souris.
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Hamlet essayait de manipuler l’antenne du poste de télévision. Tout neuf, il datait de 1979. Il ajusta les deux branches jusqu’à ce que l’image passe d’un grain noir et blanc à la couleur – bien que cela ne fasse pas grande différence : à l’écran, on voyait des milliers de gens vêtus d’un camaïeu de noirs et de gris. Enfin… les hommes. Les femmes, amassées à l’arrière, étaient entièrement couvertes de leur voile noir. C’était une des choses qui le rendaient perplexe au sujet de l’islam. Sa mère, sa grand-mère, sa tante, sa grand-tante arboraient toutes des foulards, mais leur manière chrétienne de les porter n’avait rien à voir avec ce qu’il observait aujourd’hui. Pourquoi cacher le visage, cette page blanche qui permet de raconter des histoires et de dire des secrets ? C’était peut-être là la question, songea-t-il. Les histoires et les secrets des femmes étaient dangereux.
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Elle repenserait à ces moments où Mana avait partagé ses peines de cœur et comprendrait que c’était un mensonge de dire qu’on n’a pas de regrets ; en fait, la plus grande partie de la vie est habitée par les regrets, et au bout de la route, vous vous sentiriez sans doute beaucoup mieux si le souvenir de toutes vos actions antérieures disparaissait. Pourtant, à part ces prières qu’on adresse à minuit à Dieu ou aux divinités, on ne pouvait jamais rien y changer. Le regret, c’est le feu de l’âme, devait se dire un jour Aria.
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