La Petite Librairie, c'est tous les mois ! Votre libraire Gérard Collard vous présente ses dernières pépites littéraires. Un programme qui vous réservera des surprises et des rencontres exclusives ! A NE PAS MANQUER !!!!!!!
Aria de Nazanine Hozar aux éditions Stock
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Churchill de Andrew Roberts et Antoine Capet aux éditions Perrin
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Deux messieurs sur la plage de Michael Köhlmeier et Stéphanie Lux aux éditions Babel
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La Goûteuse d'Hitler de Dominique Vittoz et Rosella Postorino aux éditions Livre de Poche
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Erika Sattler de Hervé Bel aux éditions Stock
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L'Été des quatre rois de Camille Pascal aux éditions Pocket
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La chambre des dupes de Camille Pascal aux éditions Plon
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KGB de Bernard Lecomte aux éditions Perrin
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Roy Cohn: L'avocat du diable de Philippe Corbé aux éditions Grasset
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Ce lien entre nous de David Joy et Fabrice Pointeau aux éditions Sonatine
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Histoire de ma vie de Casanova et Jean-Michel Gardair aux éditions Folio
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Aria sortit un pamphlet de sa poche, le déplia, et le montra aux autres. « J’ai essayé de suivre ce qu’il dit de faire quand on est dans la rue », dit-elle. C’était un guide qui détaillait comment se comporter, pareil à ces modes d’emploi permettant d’assembler des tables et des berceaux de bébé. Hamlet s’en empara et le feuilleta rapidement. Il se mit à lire à haute voix. On y trouvait la description des « différents vêtements qui devaient composer la tenue convenable des femmes musulmanes d’Iran : pour celles qui ne souhaitent pas porter le voile noir traditionnel, une possibilité plus moderne est offerte, avec la bénédiction de notre guide spirituel, l’Imam Khomeini. »
« Ainsi donc ils en ont déjà fait un imam, remarqua Hamlet.
– Continue », dit Aria. Hamlet parcourut les instructions de la première page. Elles commençaient par le foulard : seules trois couleurs étaient autorisées, le noir, le bleu marine, et le marron. Le foulard devait être attaché fermement sous le menton, le tissu réparti également à partir du nœud. La partie du foulard recouvrant la tête devait être ramenée en avant, afin qu’on ne puisse voir que la forme triangulaire du front de la femme, dont tous les cheveux seraient couverts. Les oreilles en particulier, devaient être cachées. La page suivante concernait le haut du corps : toutes les femmes devaient porter des manches longues et des cols roulés. Si elles n’en possédaient pas, le foulard devait être assez long pour dissimuler entièrement la peau du cou, afin que le regard de l’homme ne vienne pas la dévoiler et violer sa pureté. Sous la taille, aucune jupe n’était autorisée. Les tailleurs pantalons étaient obligatoires, et là encore, seules trois couleurs étaient permises : le noir, le bleu marine, le marron. Les tailleurs pantalons en question ne devaient pas mouler le corps, mais devaient couvrir les chevilles, jamais en fuseau, pour éviter de montrer la forme des jambes. Toutes les chaussures devaient couvrir le pied entier et seules trois couleurs étaient possibles : le noir, le bleu marine, le marron. L’ensemble du corps devait être couvert par un manteau.
C'était une des choses qui le rendaient perplexe au sujet de l'islam. Sa mère, sa grand-mère, sa tante, sa grand-tante arboraient toutes des foulards, mais leur manière chrétienne de les porter n'avait rien à voir avec ce qu'il observait aujourd'hui. Pourquoi cacher le visage, cette page blanche qui permet de raconter des histoires et de dire des secrets ?
Elle ressassait une de ses histoires : "Et alors, je lui ai dit : "Petite dame, gardez pour vous vos bondieuseries. Si je ne veux pas aller à la mosquée, rien ne m'y oblige." Bien sur que j'ai fini par y aller, j'y vais toujours. Mais vous imaginez un peu ?
Page 166.
"Autrefois, quand j'étais petit, tu sais, j'adorais la musique", dit-il en glissant son auriculaire dans la bouche du bébé pour qu'elle puisse le sucer. "Je chantais, en secret, pour que mon père n'en sache rien. Je chantais des arias. Tu sais ce que c'est ? De petits contes, des cris dans la nuit. Quand tu chantes une aria, le monde sait forcément tout de toi. il n'ignore plus rien de tes rêves et de tes secrets. de tes douleurs et de tes amours."
Behrouz entendit Zahra jeter un coussin contre le mur de la chambre et il s'interrompit. Au bout de quelques instants, le silence étant revenu, il reprit: "Je vais t'appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. Ce sera comme si tu n'avais jamais été abandonnée. Et quand tu ouvriras la bouche pour parler, le monde entier te reconnaîtra." (p.30)
"Hamlet parcourut les instructions de la première page.Elles commençaient par le foulard: seules trois couleurs étaient autorisées, le noir, le bleu marine, et le marron. Le foulard devait être attaché fermement sous le menton, le tissu réparti également à partir du nœud. La partie du foulard recouvrant la tête devait être ramené en avant, afin qu'on ne puisse voir que la forme triangulaire du front de la femme, dont tous les cheveux serrés seraient couverts. Les oreilles en particulier devaient être cachées. La page suivante concernait le haut du corps: toutes les femmes devaient porter des manches longues et des cols roulés. Si elles n'en possédaient pas, le foulard devait être assez long pour dissimuler entièrement la peau du cou, afin que le regard de l'homme ne vienne pas dévoiler et violer sa pureté.Sous la taille, aucune jupe n'était autorisée. Les tailleurs pantalons étaient obligatoires, et là encore, seules trois couleurs étaient permises: le noir, le bleu marine, le marron. Les tailleurs pantalons en question ne devaient pas mouler le corps, mais devaient couvrir les chevilles, jamais en fuseau, pour éviter de montrer la forme des jambes. Toutes les chaussures devaient couvrir le pied entier et seules trois couleurs étaient possibles : le noir, le bleu marine, le marron. L'ensemble du corps devaient être couvert par un manteau."
Je parlais et tu ne me comprenais pas, ou bien je ne te comprenais pas. Sans doute un jour y aura-t-il une langue universelle pour que nous évitions ces malentendus. Qu'en penses-tu ?
Elle secoua la tête. « Je me demande d’où vient toute cette rage. »
Une autre femme, la mère du garçon le plus âgé, avait une réponse toute prête. « Ça remonte au temps où ils ont renversé le Premier Ministre Mossadegh. Vous vous rappelez, en 1953, ce qu’ils lui ont fait ? Comment les Américains ont interféré dans nos affaires. Aujourd’hui ces fous veulent leur revanche. Quel est le sens de cette révolution, sinon ?
– Il s’agit d’une grande cause, dit la femme aux cheveux gris.
– Les fous se cachent toujours derrière les grandes causes, répliqua la mère du petit garçon. Seuls les gens sains d’esprit n’ont pas de cause.
Durant ces jours, alors qu'Aria récupérait, Mana lui parla plus que jamais auparavant, et pour la première fois lui confia un peu de son histoire. Des années plus tard, ce seraient les moments qu'Aria se remémorerait le mieux. Les autres souvenirs disparaîtraient, comme la route qui s'évanouissait dans son rêve, mais Aria se rappellerait ce temps passé à la maison avec Mana tandis que sa tête gonflée revenait lentement à la normale. Elle repenserait à ces moments ù Mana avait partagé ses peines de coeur et comprendrait que c'est un mensonge de dire qu'on n'a pas de regrets ; en fait la plus grande partie de la vie est habitée par les regrets, et au bout de la route, vous vous sentiriez beaucoup mieux si le souvenir de toutes vos actions antérieures disparaissait. Pourtant, à part ces prières qu'on adresse à minuit à Dieu ou aux divinités, on ne pouvait jamais rien y changer. Le regret, c'est le feu de l'âme, devait se dire un jour Aria. Mais ce jour était encore lointain ; elle n'était encore qu'une adolescente paisiblement assise avec sa troisième mère, une femme qui comprenait aussi tous les mensonges de la vie.
Stock, P.382
Les filles Shirazi travaillaient dur pour aider leur père, et les leçons de lecture d'Aria étaient un atout au Bazar.
"Elles pourraient aller à l'école", avait suggérer Aria, un jour.
Mais M.Shirazi n'en voyait pas l'intérêt.
"Qu'est-ce qui leur reste à apprendre? Mes filles savent lire et compter. Elles ont plus d'instruction que la moitié des hommes que je connais."
De retour chez lui, Hamlet s’assit sur son lit et s’enveloppa dans une couverture pour lire le livre de Khomeini.
(…)
Reza lut : « On interdit aux jeunes gens en pleine effervescence sexuelle de se marier avant d’atteindre l’âge légal de la majorité. Cela va à l’encontre de l’intention des lois divines. Pourquoi le mariage d’adolescents pubères serait-il réprouvé au motif qu’ils sont encore mineurs alors qu’on leur permet d’écouter la radio et de la musique sexuellement excitante ? »
(…)
Hamlet se mit à lire à son tour. « Musaraigne, écoute un peu : Une femme qui a contracté un mariage durable n’a pas le droit de sortir de la maison sans la permission de son mari ; elle doit rester à sa disposition pour satisfaire le moindre de ses désirs et ne peut pas se refuser à lui sauf pour une raison religieusement valable. Elle lui est totalement soumise, le mari doit la nourrir, la vêtir et la loger, qu’il ait ou non les moyens de le faire. »