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EAN : 9782234088887
522 pages
Stock (19/08/2020)
3.71/5   252 notes
Résumé :
« Je vais t’appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. »

Téhéran, 1953. Par une nuit enneigée, Behrouz, humble chauffeur de l’armée, entend des pleurs monter d’une ruelle. Au pied d’un mûrier, il découvre une petite fille aux yeux bleus, âgée de quelques jours. Malgré la croyance populaire qui veut que les yeux clairs soient le signe du diable, il décide de la ramener chez lui, modifiant à jamais son destin et celui d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 252 notes
Nous sommes en 1953. Behrouz, modeste chauffeur de l'armée iranienne, trouve un nourrisson abandonné dans une ruelle des quartiers populaires de Téhéran. Il prénomme l'enfant Aria et l'emmène chez lui. Maltraitée par Zahra, l'épouse de Behrouz, Aria grandit dans la pauvreté avant de s'attirer la protection d'une vieille femme riche, Fereshteh, qui lui offre aisance et éducation. Sa route croisera aussi celle de sa vraie mère, Mehdi. Mais son destin sera bouleversé par la révolution iranienne de 1979, rapidement suivie du début de la guerre avec l'Irak.


Aux côtés d'Aria, ce sont trente ans de vie dans la capitale iranienne que nous offre cette vaste fresque, du règne du dernier shah jusqu'à l'instauration de la république islamique de Khomeiny. Des quartiers pauvres aux milieux aisés, dans un melting-pot de religions – musulmane, zoroastrienne, chrétienne, juive -, l'on est baigné dans l'atmosphère de la ville et des montagnes environnantes, en compagnie de personnages tous aussi intéressants et approfondis les uns que les autres. Insensiblement se mêlent à la trame du récit les mille détails qui nous permettent de vivre au plus près la montée de la contestation dans de nombreuses franges de la société iranienne et la mise en place des éléments précurseurs à la révolution. Grands sont les espoirs, vite douchés par la chape de plomb que le nouveau pouvoir met aussitôt en place sur le pays.


Cette épopée qui, au travers des difficultés, des espérances et des désillusions de ses protagonistes, réussit à nous faire vivre de l'intérieur un grand pan de l'histoire récente iranienne, s'avère passionnante de bout en bout. Fictifs, les personnages témoignent néanmoins d'une réalité vécue de près par l'auteur et ses proches, puisque Nazanine Hozar et sa famille durent fuir l'Iran et la guerre en 1985. L'on ressort de cette lecture plein d'empathie pour une population dont on sait les coercitions et les exactions qu'elle a subies, en même que charmé et dépaysé par un territoire et une culture pour lesquels l'on ressent tout l'amour de l'auteur.


Aria est un roman vaste et puissant, une peinture ambitieuse et réussie de l'Iran des années cinquante à quatre-vingts, et une magnifique rencontre avec l'âme, la culture et les paysages persans.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La lecture de ce vaste roman m'a pris plusieurs fois à la gorge, au ventre, au coeur et à l'âme.
Je l'ai découvert grâce à Gérard Collard dans une de ses chroniques de septembre.
Ayant terminé ma lecture et préparant ma chronique pour Babélio, je « tombe » sur la chronique de Canetille qui m'a paru tellement belle, et si juste, et si proche de ce que j'avais ressenti en lisant ce roman, que j'ai pensé ne rien pouvoir écrire d'aussi bien et donc rien de plus intéressant pour nos amis.
Mais ce tellement beau roman mérite que chacun s'y intéresse, s'exprime à son tour et c'est ainsi qu'on va le faire vivre et lui rendre hommage.
Ce qui m'a attiré d'abord avant même de l'avoir lu, c'est l'Iran. Depuis mes lectures de Zoya Pirzad, j'ai découvert un Iran si multiple, si divers, si riche, et ma démarche a été clairement de vouloir entrer dans la réalité et passer les très mauvaises informations serinées, celles qui oublient les êtres humains.
Avec ce magnifique roman, Aria, l'humain, on en a plein. L'humain, enfant, balloté, souffreteux, courageux, Kamran, petit garçon amoureux d'une petite fille maltraitée par une espèce de belle-mère rapportée et si aigrie, si acariâtre, que rien, jamais ne pourra la sauver, Mitra, amoureuse ignorée, qui sacrifiera sa jeune vie pour sauver ses amis et l'amour de son adolescence, Berghouz, homosexuel d'abord refoulé qui connaîtra brièvement un véritable amour avec Rameen, et qui agira toujours par amour… Sauf Zahra, tous les personnages, hommes et femmes, sont mus, sont sauvés ou sauvent par un amour furieux qui dépassent, transcendent les religions et les autres conflits.
Car des conflits, il y en a… ce roman démarre en 1953, et se termine vers 1981. Il nous permet de relire ou de lire, toute cette histoire de l'Iran, les enjeux, les ballotements entre l'Occident et l'Orient, cette Perse qui n'est pas arabe, mais qui n'est pas chrétienne non plus. Elle est si riche avant d'être anéantie par un extrêmisme religieux, d'un sectarisme inouï, mortel.
Les personnages de ce roman, extrêmement dense, sont tous magnifiquement attachants. J'ai senti un amour fou dans leur peinture.
Les critiques ont mis en avant les portraits des femmes. Mais moi j'ai aimé les hommes dans ce roman. le personnage de Kamran est si touchant, j'aurais aimé le prendre par la main, lui montrer une autre voie possible, celui de Rameen est admirable, quant à Berghouz, de mon point de vue il incarne l'Iran.
Les religions sont aussi les héroïnes de ce roman. L'Iran a été le centre de toutes les religions, pas seulement les grandes religions monothéistes, non toutes, et surtout celles décriées par les dominantes monothéistes.
Le livre comporte néanmoins quelques défauts ou faiblesses, des petits détails, mais il ne me semble pas inutile de les signaler afin de pallier des découragements éventuels…
Il y a quelques longueurs….
Et parfois au niveau de la chronologie en raccord avec l'histoire du pays mais aussi de l'évolution des personnages, j'ai ressenti une confusion.
Mais cela reste un super roman, magistral et puissant, à dévorer.
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"Aria" est un roman de la collection "Cosmopolite" de la maison d'édition Stock, premier roman enfanté par une jeune femme canadienne d'origine iranienne qui nous plonge dans les années troubles de la révolution, au coeur de sa capitale, Téhéran. Un roman qui mérite une critique complète digne de sa richesse.


Enfant stigmatisée dès la naissance en raison de croyances voulant que les yeux bleus portent malheur, la petite Aria est abandonnée un soir enneigé par sa jeune mère, Merhi, sous un murier, dans les pauvres quartiers sud de Téhéran. Recueillie par un jeune homme doux nommé Berhouz Baktiar, elle est nommée "Aria", dans son sens musical, mais que les gens prennent à tort pour le nom iranien Aria, un prénom de garçon. Elle sera élevée et marquée par trois femmes. Dans sa prime enfance, elle sera sous le joug de la colérique Zahra, femme de Behrouz, qui déteste autant son mari que sa fille adoptive. Lorsqu'elle développe une maladie occulaire autours de cinq ans, elle fini entre les mains protectrices de Fereshteh Ferdowsi, femme brisée, riche et ayant du mal à verbaliser ses émotions, qui a néanmoins le désir sincère d'offrir une meilleure vie à la petite fille. Scolarisée par la suite, Aria ne traine donc plus avec son ami Kamran, son seul ami, qui l'avait initiée à grimper dans les arbres et qui lui confectionnait des bracelets de perles. Cependant, dans cette école pour nantis où elle amorce ses études, Aria se fait alors deux nouveaux amis: Mitra, fille d'un communiste qui passe plus de temps en prison qu'à la maison, et Hamlet, fils d'un joaillier proche du Shah, le monarque du pays. Entre les mouvances religieuses qui ne parviennent pas à coexister en paix, le pétrole spolié par les autres pays, la grogne populaire et les tentions politiques, Téhéran est en ébullition. Aria poursuit ses études, affine sa vive intelligence, sa répartie, sa conscience sociale, démontrant une force de caractère et une opiniâtreté de plus en plus évidentes. Elle se fait poussé par sa "Mana" ( surnom maternel donné à Fereshteh) à aller enseigner l'écriture et la lecture aux petites filles d'une famille pauvre, les Shirazi, dont elle découvrira que leur religion est très mal vue par les iraniens et sans connaitre le lourd secret que porte la mère de cette famille. Mme Shirazi est la troisième femme marquante dans la vie d'Aria.


Je me rappelle une photographie tirée du National Geographic qui illustrait en première page une jeune femme afgane aux superbes yeux verts pommes, un voile léger sur la tête. Visiblement pauvre, elle semblait néanmoins avoir une vielle âme et semblait nous transpercer de ses iris anormalement pâles. Je ne peux m'empêcher de penser à Aria de cette manière: une sorte de force de la nature que l'on peut voir à travers ses yeux.


Ce roman n'est pas seulement le récit d'Aria, élément central et réunificateur pour les autres personnages, mais une fresque sociale. On aura donc aussi le point de vue de plusieurs personnages tels que Berhouz, modeste chauffeur et papa d'Aria, si gentil et patient, qui est néanmoins homosexuel, bien que marier. Une orientation sexuelle illégale. On suivra justement sa rencontre et relation avec le beau capitaine Rameen, cultivé et nanti, porteur d'idéaux, mais réduit à la réclusion. On suivra Kamran, voisin d'Aria durant l'enfance, à la lèvre déformée, créateur de bracelet, amoureux d'Aria, qui va tendre vers de mauvaises fréquentations, des activités illégales et finalement adhérer à un groupe armé semant la peur dans un Téhéran radicalisé. Nous suivrons Fereshteh et sa famille, anciennement zoroastriens , religion païenne, une famille qui s'est convertie et a connu son lot de problèmes, dont Fereshteh est l'aînée et la responsable. Tous ces personnages semblaient n'avoir en commun qu'un lien plus ou moins proche avec Aria, mais au final, ils convergent tous les uns vers les autres, au fur et à mesure que s'enchainent les évènements menant à la révolution.


C'est un roman très complet, sur un pan d'Histoire très complexe, dont le langage même est parfois difficile à suivre. En effet, les diverses factions, religions, groupes, mentalités, titres et appellations sont typiques ou propres à l'Iran et son ancienne affiliation à l'Empire Perse. Beaucoup de mots ne sont pas familiers à nos oreilles occidentales. Néanmoins, il est très intéressant de plonger dans cette ville animée, colorée, cosmopolite et extrêmement vieille, alors que les passions sont exacerbées, les inégalités criantes et les enjeux nombreux. C'est dans ce contexte hautement tourmenté que prend place l'histoire de la petite fille aux yeux bleus. À travers ses yeux, c'est aussi la beauté, l'exotisme et la culture iranienne qui prend vie.


Il se dégage beaucoup de poésie dans le texte de Nazanine Hozar, malgré quelques petites difficulté de lecture, souvent tributaire d'un manque de détail sur certaines spécificités locales ou quelques formes étranges dans le dialogue. C'est néanmoins un beau roman, qui séduit par ses paysages, sa culture riche et le tumulte de la ville. Aria, loin d'être faible, endosse le rôle principal avec majesté. de plus, au-delà de la fenêtre sur cette région mal connue, on y parle aussi de l'importance de l'éducation des filles. le roman transpire le féminisme, grâce à des femmes variées, toutes issues de contextes variés, de castes différentes et luttant toutes à leur manière contre l'oppression de plus en plus manifeste à leur endroit ou, au contraire, à survivre au mal qu'on leur a fait.


Il y a donc beaucoup de dimensions dans ce roman, qu'elle soit historique, psychologique, ethnologique, sociologique, sociale ou théologique. Hozar amalgame beaucoup d'éléments et le fait bien. C'est merveilleux de voir des romans nous mener dans cet Iran dynamique qu'on ne connait pas vraiment, et de remonter à certaines de ses sources. Cette historie m'aurait fait voyager et m'aura porté à revoir mes propres jugements. Il m'aura fait rire et aura su m'attendrir, tout en m'ayant fait ressentir l'indignation et l'injustice. Un premier roman humain, exotique et touchant.
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Le roman débute en 1953 par la découverte par Behrouz, pauvre chauffeur de l'armée du shah, d'un bébé abandonné dans les ruelles de Téhéran. Il se termine en 1981 toujours à Téhéran où Aria, devenue jeune maman, subit la tyrannie des Gardiens de la révolution. 30 années d'histoire de l'Iran, vue principalement à travers les yeux d'Aria, enfant dans les quartiers pauvres de la ville, adoptée ensuite par une femme riche et venant alors en aide par l'éducation qu'elle leur donne aux filles d'une famille, dont elle apprendra à la toute fin du roman, que ce sont ses demi-soeurs.
L'auteure par la description de nombreux personnages, de différentes origines religieuses et sociales et des évènements qui parsèment leurs vies, nous fait vivre les dernières années du règne du shah et la montée de l'intégrisme religieux. Les différents personnages sont complexes : nul n'est blanc ou noir. Chacun essaye de vivre au mieux, certains essaient de changer leur pays. Ils en seront pour la plupart très mal remerciés. En quelques mois, c'est une chape de plomb qui s'abat sur le pays.
On sent tout l'amour de l'auteure pour son pays par l'attention aussi qu'elle porte aux paysages, qu'elle décrit de façon très imagée.
C'est une fresque historique ambitieuse. J'ai été parfois un peu perdue entre les différents groupes politiques, les différentes religions, et qui était lié à qui. Mais le roman est instructif, mêlant les destins individuels des quelques personnages à l'histoire du pays, ce qui nous permet de mieux la comprendre.
Merci aux éditions Stock pour le partage de ce roman qui donne un éclairage de l'intérieur sur la révolution iranienne #Aria #NetGalleyFrance
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Ce beau roman plein de rebondissements et d'événements souvent cruels jette une lumière révélatrice sur l'histoire contemporaine de l'Iran.

Ceux qui ont lu Persepolis ont déjà une idée de ce que le peuple iranien à subi pendant les différents régimes qui se sont succédé depuis les années 50. La misère pour la plupart et des inégalités sociales évoquant une sorte de ségrégation entre les familles fortunées et une population reléguée dans des taudis. La force de ce récit est de nous faire vivre parmi les plus déshérités, où règnent la misère morale et matérielle, et de nous faire partager les sentiments de ces personnages malmenés par la vie.
Aria, c'est Cosette, une Cendrillon parfois rebelle, insolente, que le hasard va aider à sortir de sa condition de souffre-douleur . Échappant à son milieu, elle connaît d'autres épreuves et affronte des conflits intérieurs qui mettent à l'épreuve sa fidélité, sa loyauté, son devoir de gratitude.
Le destin d'Aria est celui de toutes les héroïnes de roman, elle reste forte et déterminée, imprudente parfois, têtue souvent, prête à se confronter à ses amis comme à ses ennemis.

Parallèlement, nous assistons à l'inexorable délitement des liens sociaux et à l'apparition d'une opposition au régime du Shah, certains se tournant vers le communisme, d'autres vers un retour à l'islam traditionnel, incarné par Khomeiny. Deux propagandes, hostiles aux Occidentaux qui feraient le malheur du pays. L'Iran d'avant 1979 est une vraie cocotte minute, qui va exploser violemment et aboutir à l'instauration du régime des Mollahs, toujours au pouvoir aujourd'hui.
Le récit des journées de la Révolution donne une tonalité tragique à cette partie du roman. le fanatisme religieux et politique n'épargne ni les femmes ni les enfants. Les bourreaux et la police du Shah sont remplacés par d'autres, intégristes endoctrinés ou brutes en mal de revanche.

Rien à voir avec un "Docteur Jivago" à la sauce iranienne. Nazanine Hozar n'a pas besoin de cette référence car ses personnages ont leur propre destin et ses qualités littéraires sont amplement démontrées dans ce grand récit que je vous invite à découvrir...... asap !
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critiques presse (2)
Actualitte
27 janvier 2021
Un destin singulier qui m’a fascinée. Je suis sortie de cette lecture touchée et emportée par cette jolie plume qui me rappelle à quel point les premiers romans me plaisent tant !
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
16 septembre 2020
Bien qu’elle ait dû porter le hidjab à 6 ans, qu’elle ait été témoin des humiliantes coercitions infligées aux femmes de son entourage et qu’elle ait connu les exactions de l’Etat policier des mollahs, Nazanine Hozar a dédié son premier roman à sa mère, et aussi à l’Iran et à la culture persane dont elle ­célèbre la beauté.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Aria sortit un pamphlet de sa poche, le déplia, et le montra aux autres. « J’ai essayé de suivre ce qu’il dit de faire quand on est dans la rue », dit-elle. C’était un guide qui détaillait comment se comporter, pareil à ces modes d’emploi permettant d’assembler des tables et des berceaux de bébé. Hamlet s’en empara et le feuilleta rapidement. Il se mit à lire à haute voix. On y trouvait la description des « différents vêtements qui devaient composer la tenue convenable des femmes musulmanes d’Iran : pour celles qui ne souhaitent pas porter le voile noir traditionnel, une possibilité plus moderne est offerte, avec la bénédiction de notre guide spirituel, l’Imam Khomeini. »
« Ainsi donc ils en ont déjà fait un imam, remarqua Hamlet.
– Continue », dit Aria. Hamlet parcourut les instructions de la première page. Elles commençaient par le foulard : seules trois couleurs étaient autorisées, le noir, le bleu marine, et le marron. Le foulard devait être attaché fermement sous le menton, le tissu réparti également à partir du nœud. La partie du foulard recouvrant la tête devait être ramenée en avant, afin qu’on ne puisse voir que la forme triangulaire du front de la femme, dont tous les cheveux seraient couverts. Les oreilles en particulier, devaient être cachées. La page suivante concernait le haut du corps : toutes les femmes devaient porter des manches longues et des cols roulés. Si elles n’en possédaient pas, le foulard devait être assez long pour dissimuler entièrement la peau du cou, afin que le regard de l’homme ne vienne pas la dévoiler et violer sa pureté. Sous la taille, aucune jupe n’était autorisée. Les tailleurs pantalons étaient obligatoires, et là encore, seules trois couleurs étaient permises : le noir, le bleu marine, le marron. Les tailleurs pantalons en question ne devaient pas mouler le corps, mais devaient couvrir les chevilles, jamais en fuseau, pour éviter de montrer la forme des jambes. Toutes les chaussures devaient couvrir le pied entier et seules trois couleurs étaient possibles : le noir, le bleu marine, le marron. L’ensemble du corps devait être couvert par un manteau.
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"Hamlet parcourut les instructions de la première page.Elles commençaient par le foulard: seules trois couleurs étaient autorisées, le noir, le bleu marine, et le marron. Le foulard devait être attaché fermement sous le menton, le tissu réparti également à partir du nœud. La partie du foulard recouvrant la tête devait être ramené en avant, afin qu'on ne puisse voir que la forme triangulaire du front de la femme, dont tous les cheveux serrés seraient couverts. Les oreilles en particulier devaient être cachées. La page suivante concernait le haut du corps: toutes les femmes devaient porter des manches longues et des cols roulés. Si elles n'en possédaient pas, le foulard devait être assez long pour dissimuler entièrement la peau du cou, afin que le regard de l'homme ne vienne pas dévoiler et violer sa pureté.Sous la taille, aucune jupe n'était autorisée. Les tailleurs pantalons étaient obligatoires, et là encore, seules trois couleurs étaient permises: le noir, le bleu marine, le marron. Les tailleurs pantalons en question ne devaient pas mouler le corps, mais devaient couvrir les chevilles, jamais en fuseau, pour éviter de montrer la forme des jambes. Toutes les chaussures devaient couvrir le pied entier et seules trois couleurs étaient possibles : le noir, le bleu marine, le marron. L'ensemble du corps devaient être couvert par un manteau."
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"Autrefois, quand j'étais petit, tu sais, j'adorais la musique", dit-il en glissant son auriculaire dans la bouche du bébé pour qu'elle puisse le sucer. "Je chantais, en secret, pour que mon père n'en sache rien. Je chantais des arias. Tu sais ce que c'est ? De petits contes, des cris dans la nuit. Quand tu chantes une aria, le monde sait forcément tout de toi. il n'ignore plus rien de tes rêves et de tes secrets. de tes douleurs et de tes amours."
Behrouz entendit Zahra jeter un coussin contre le mur de la chambre et il s'interrompit. Au bout de quelques instants, le silence étant revenu, il reprit: "Je vais t'appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. Ce sera comme si tu n'avais jamais été abandonnée. Et quand tu ouvriras la bouche pour parler, le monde entier te reconnaîtra." (p.30)
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« Arrête-toi ! l’apostropha l’une d’elles en se campant devant Aria. Où est ton hijab ? » beugla-t-elle. Deux autres la rejoignirent. « Arrête-toi ! », lui crièrent-elles.
Aria obtempéra. « Que me voulez-vous ? demanda-t-elle.
– Tu ne t’es pas aperçue que tu vivais dans une République islamique ? » ironisa la première. Elle décrocha sa kalachnikov de son épaule et la pointa sur Aria.
« Je suis désolée. » Aria se rappela avoir entendu dire que Khomeini en personne avait dessiné le nouveau modèle des voiles. On les avait montrés à la télévision, comme d’autres vêtements que les femmes étaient incitées à choisir : pantalons longs, souliers plats, vestes qui couvraient le corps du cou aux genoux, et les cheveux soigneusement tirés en arrière sous un foulard plus serré encore. Une des femmes saisit Aria par le bras et sortit un lourd hijab de son sac. Elle lui enveloppa la tête en repoussant ses cheveux sous le tissu. Cela lui fit mal, mais Aria s’interdit la moindre grimace de douleur.
« Au nom de l’imam Reza, de l’imam Hussein, et l’imam Khomeini, prends garde à toi », vociféra la Gardienne de la Révolution. Les deux autres sortirent leurs fusils de sous leurs voiles. Aria recula d’un pas.
« Tu peux te réjouir que tes vêtements ne soient pas indécents, ma sœur, dit l’une d’elles. Mais Dieu décidera de ton sort au bout du compte. Et essuie-moi ça ! » Elle tira un mouchoir de son sac, saisit Aria par le menton et effaça son pâle rouge à lèvres. « Tu n’es qu’une putain ! Pas vrai ? Rien qu’une putain ! »
Aria eut de nouveau mal mais elle répondit humblement : « Vous avez raison, madame. J’ai plus que tort. J’étais pressée et j’ai oublié. Je vous promets que ça ne se reproduira pas.
– La prochaine fois, tu apprendras ce qu’est l’intérieur d’une prison, ma sœur », dit la première, la langue aussi acide qu’un citron. Elles finirent par laisser Aria repartir pour s’en prendre à une autre passante, comme si elles étaient des pièges à rats et les femmes des souris.
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C'était une des choses qui le rendaient perplexe au sujet de l'islam. Sa mère, sa grand-mère, sa tante, sa grand-tante arboraient toutes des foulards, mais leur manière chrétienne de les porter n'avait rien à voir avec ce qu'il observait aujourd'hui. Pourquoi cacher le visage, cette page blanche qui permet de raconter des histoires et de dire des secrets ?
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Vidéo de Nazanine Hozar
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