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Citations de Nicola Lagioia (27)


Nous sommes des créatures du passé. Les nouvelles générations ont des problèmes, des solutions, des paranoïas, des qualités qu'il nous est difficile d'imaginer. Le passé n'existe presque plus. Et le futur est tout à eux, par chance pour nous.
p.157 éd. Literatura Random House (traduction libre du contributeur à partir du texte traduit en espagnol)
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N'attribuons pas les problèmes de Rome à l'excès de population. Quand il n'y avait que deux romains, l'un tua l'autre.
Giulio Andreotti (ancien Président du Conseil) cité par Nicola Lagioia dans l'incipit de "La cita dei vivi" ("La ville des vivants", 2020)
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Ceux qui étaient présents se rendirent compte qu'ils étaient face à une situation rare: cette fois ce n'était pas la justice qui s'efforçait d'illuminer les coins obscurs de la nature humaine, mais que c'était le fond du puits qui montait violemment vers qui se penchait pour y voir dedans.
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Le rêve du quartier multi-ethnique, qui avait été encouragé au cours de la décennie antérieure, s'était écroulé sur lui-même, provoquant non pas un conflit racial, non pas une lutte des classes, mais le sommeil, le manque de services, une chute tranquille où, entre vomissements et poubelles, ils s'enfonçaient tous ensemble.

(traduction libre du contributeur à partir de la traduction en espagnol du texte original. p. 90 éd. Literatura Random House, 2022 "La ciudad de los vivos".)
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Le mal. Ils devaient travailler tous les jours avec le mal. Le colonel dit que le mal n'était pas un concept abstrait, mais pas davantage qu'il fallait l'imaginer comme une entité pleinement définie. Le mal était mobile, protéiforme et, surtout, contagieux. Plus longtemps tu étais proche de lui, plus tu risquais de commencer à te comporter en accord avec ses plans. Il n'y avait rien de plus triste, dit-il, qu'un carabinier qui souillait l'uniforme. C'était quelque chose qui parfois arrivait. Pour cela, celui qui était entouré d'un aura protecteur - qui agissait de façon à ce que l'on en soit digne, me sembla-t-il qu'il voulait dire- avait l'espoir de mener à bien son travail sans tomber.
p.194 "La ciudad de los vivos", éd. Literatura random House, 2022 (traduction libre du contributeur depuis le texte original italien lui-même traduit en espagnol)
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Si les jeunes qui s’étaient roulés nus dans la boue sous les tempêtes électriques de Jimi Hendrix avaient expérimenté la flamme originelle du phénomène – chaude, de fait –, il ne nous en restait que le cadavre endimanché. Nous étions à l’heure des teen movies pour futurs dirigeants d’entreprise et de l’initiative absurde de Usa for Africa. Un souffle mort, tellement mort, desséchait les crépuscules de nos villes et se prétendait vivant en se couvrant de paillettes. Giuseppe n’était pas conscient de ces aspects de notre époque. Cependant, il s’affairait dans toutes ces fêtes comme si se jeter dans le pire à portefeuille ouvert était le seul moyen d’entrer en contact avec l’esprit du temps.
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La responsabilité individuelle, le libre arbitre : en quoi nous transformerions-nous, ou nous dissoudrions-nous, si nous nous libérions de ces deux poids fondamentaux ? Nous vivions dans un monde constamment analysé, sondé, passé au crible par mille enquêtes et statistiques, mais c'était pourtant un monde impénétrable, où il était de plus en plus difficile de comprendre qui était responsable de quoi. L'économie s'effondrait. De qui était-ce la faute? La Terre était menacée par les changements climatiques. Y avait-il des responsabilités spécifiées à cela? Paradoxalement, à cette époque où les principaux changements sur la planète étaient imputables à nos actes, l'exercice le plus difficile consistait à relier un effet à sa cause, surtout sur le plan humain, individuel.
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La collision avec le chagrin renvoie la plupart d'entre nous à une sorte d'innocence originelle. Nous n'avons plus de défenses ni de ressources, nous ne pouvons absolument rien faire pour éviter le pire, et ainsi, avec nos défenses, ce sont nos privilèges, nos stratégies, notre appartenance de classe, notre rhétorique qui s'effondrent, laissant entrevoir cette nudité fragile de l'espèce que nous avons tous en partage.
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La victime innocente n'a pas besoin de donner de preuves, son corps est sacré. Si le narrateur, c'est à dire la trame de l'homicide, aspire à déformer notre regard (nous conduisant d'un côté à ne pas éprouver d'amour pour la victime et, de l'autre, à avoir l'illusion que ce que nous méprisons chez le bourreau nous est étranger), il faudrait exécuter un double mouvement pour échapper à ce piège. Il faudrait aimer la victime sans avoir besoin de savoir quoi que ce soit d'elle. Il faudrait en savoir énormément sur le bourreau pour comprendre que la distance qui nous sépare de lui est moins grande que ce que nous croyons. Ce second mouvement s'apprend, il découle de l'éducation. Le premier est bien plus mystérieux.
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Rome était morte et ressuscitée bien des fois, et je n'étais pas assez arrogant pour imaginer que la débâcle actuelle était définitive. Par contre, elle risquait de le devenir pour mes expectatives et celles des personnes que j'aimais. La ville du dessous mangeait celle du dessus, les morts dévoraient les vivants, l'informe gagnait du terrain. Nourrir de l'espoir n'était plus perçu comme une ingénuité mais comme un affront mortel, ce qu'il restait de viable appelait l'agression, la morsure contaminante, et cette petite barrière en bois, la porte de l'appartement de Manuel Foffo symbolisait le terminus d'un long processus dégénératif. Elle était à la fois une prémonition, une promesse : vous passerez tous de ce côté, si vous n'y êtes pas déjà passés.
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L'extraordinaire nature de Rome n'était pas dans ce qu'on appelle la transcendance, que seuls les idiots pouvaient ressentir, mais dans la conscience omniprésente que tout est humain et que tout se corrompt. C'était ça la leçon du passé. Aucun présent n'a plus de valeur que celui de qui sait qu'il doit mourir.
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- Les monstres n'existent pas - disait Andreano aux journalistes-, c'est nous qui créons les monstres de temps en temps afin d'évacuer sur eux notre conscience.
p. 36, éd. literatura Random House, "La citta dei vivi", traduction en espagnol, janvier 2022.
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Une fille qui n'avait même pas trente ans. L'habitude du pouvoir avait certes pu nourrir en lui des illusions quant à la capacité de l'âge mûr à exercer une certaine fascination ; mais Buffante se doutait bien de ce que cela signifiait, de sentir sur soi l'odeur d'un vieux qui, selon les lois de la nature, pouvait très bien mourir d'ici dix ans. Pourtant, c'était ce qui se passait. Il lui lançait un signal, Clara accourait. Quand il la retrouvait à l'endroit où ils s'étaient donné rendez-vous, le plus souvent entre la Via Fresa et la Via Lenoci, elle avait un air sérieux et bien élevé, dans ses tailleurs qui recouvraient la seule justification valable des heures qu'ils allaient passer ensemble, l'élan qui la poussait vers la Maserati rendait vaine toute rhétorique sur la nécessité de lui faire la cour.
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La table, il fallait bien le reconnaître, était superbement dressée. Nappe blanche en lin brodée à la main. Serviettes en toile de Flandres. Des gressins et du pain aux olives étaient disposés dans une corbeille en osier. Le filet or des dessous-de-plat étincelait dans la lumière des bougies, et quand Vittorio prit la bouteille d'Amarone et se mit à servir le vin, sa couleur rouge rubis tournoya dans les prunelles des convives.
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Elle était nue, pâle et couverte de sang. Elle avait les ongles des pieds vernis de rouge, de belles chevilles d'où s'élançaient des jambes fines, mais pas sèches. Des hanches souples. Des seins fermes et pleins. Elle avançait pas à pas – lente, titubante, elle traversait la pelouse.
Elle avait à peine dépassé la trentaine, mais elle ne pouvait pas non plus avoir moins de vingt-cinq ans, cela se voyait à l'imperceptible relâchement des tissus qui transforme la minceur de certaines adolescentes en perfection absolue. Son teint clair soulignait les traînées sombres le long de ses jambes, tandis que les bleus sur ses hanches, ses bras et ses fesses, comme des taches de Rorschach, semblaient exprimer toute une vie intérieure enfouie sous sa peau. Son visage était enflé, ses lèvres fendues d'une profonde coupure verticale.
Rien d'étonnant à ce que les animaux se soient mis sur leurs gardes. Bien plus étrange, en revanche, qu'ils ne soient pas restés en état d'alerte.
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J'arrivai au Sénat. Je donnai ma pièce d'identité et fus introduit dans le cœur de la démocratie italienne. En regardant autour de moi, je me dis qu'en Italie, les lieux de pouvoir se ressemblaient tous. Après avoir franchi des portes monumentales, on se retrouve dans un labyrinthe exigu fait de petites pièces et de couloirs. De temps en temps, un aperçu digne d'un musée. Puis une autre toile d'araignée de couloirs, petits bureaux et ascenseurs aussi étroits que des cercueils. Le pouvoir vit dans les interstices.
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Ses convictions politiques étaient molles mais sans équivoque : en fin de compte, la politique c'est un peu comme une autoroute ; sur la droite tu te sens plus en sécurité, mais ceux qui sont sur la gauche dépassent et avancent pour de bon ; et puis de toute façon... ceux qui doublent par la droite sont des connards !
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Il s'agit d'un délit. D'un délit commis dans une caserne. Et pour ta gouverne, ce n'est pas une situation où l'on peut convaincre la victime de retirer sa plainte. Impossible de s'en tirer avec quelques excuses et un chèque. Pas besoin de plainte, d'ailleurs. Ils procèdent d'office. Pour s'en sortir, il faudrait presque espérer que ton frère soit fou à lier. Et voilà ce qu'on obtient, dit Vittorio de manière complètement illogique, à vouloir s'occuper de toute cette affaire à votre manière.
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Jusqu'alors, il avait maintenu une distance de sécurité. Il était au courant de ses infidélités comme on est sûr que le soleil se couche tous les soirs sur les villes que l'on n'habite pas. Il n'avait jamais cherché à souiller cette connaissance théorique en la soumettant à un contrôle.
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L'ombre des nuages courait sur la route, et la grosse charrette vacillait entre les ombres et le soleil. Des abricots, des bananes. Une pyramide verte de pastèques, trainée par un vieillard à bicyclette. Maintenant qu'il était tout près d'eux, ils se rendirent compte qu'il pouvait être assez âgé. Un de ces très vieux quinquagénaires, tels qu'il en existait quatre ou cinq siècles plus tôt. Tout en muscles et en nerfs. Pantalon de toile, sandales en plastique tressé. Les os d'un torse tanné par le soleil dépassaient de sa chemise ouverte. Son crâne était chauve. Sa bouche, une blessure horizontale. Il avait toutes les peines du monde à pédaler, mais jamais il ne perdait le rythme, poussé par une force plus ancienne que la volonté. Sur le siège d'à côté, le journaliste retint son souffle et Michele sentit la présence d'un petit sillon profond où tous les deux aimaient le Sud de la même manière.
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