Rome, un monde en soi et le monde dans son entièreté. Rome, le tout et le néant à la fois. La destruction et un voeu pieux de résurrection. Rome, une ville que l'on peut détester sans jamais vouloir la quitter. Rome, dont la magnificence antédiluvienne côtoie la saleté, les rats, les immondices et... les vices. Cruelle, cynique, elle est tout cela mais possède une beauté ancestrale et une vivacité intrinsèque.
Rome se vit comme on vit un amour.
Dans @
La ville des vivants, @
Nicola Lagioia, écrivain et journaliste, est fasciné par un fait divers qui a profondément ému et marqué la population : l'assassinat, d'une cruauté glaçante, d'un jeune Romain de 23 ans, Luca Varani, commis par deux fils de bonne famille, Manuel Foffo et Marco Prato. Alors oui, @
Nicola Lagioia est captivé par ce fait divers épouvantable mais à cette différence près qu'il l'est parce que cela le questionne sur l'être humain, sur lui, sur nous. Et @
Nicola Lagioia fouille jusqu'aux tréfonds de l'âme. Manuel et Marco ont fait preuve d'une abominable barbarie pour tuer le doux et naïf Luca. Comment ces trentenaires sont-ils devenus des bourreaux sans pitié aucune ? Comment est-ce possible de se retrouver au bord d'un tel précipice ? À quel moment la bascule s'est-elle faite pour Manuel et Marco ?
Se mêlent au récit de @
Nicola Lagioia des réalités sociologiques : le mépris de classe, privilégiés versus êtres économiquement dans le besoin ; la soumission et la domination dans tous les domaines ; le sentiment que tout s'achète, avec comme corollaire le réel déformé ainsi qu'une négation des valeurs et une absence d'idéal à atteindre ; les rapports familiaux conflictuels de ces jeunes gens aisés, persuadés de ne pas être reconnus à leur juste valeur et puis, plus généralement, l'incompréhension entre les jeunes et les anciens mais là, encore une fois et peu importe le milieu, la seule valeur qui vaille pour cette jeunesse est celle de l'argent... à un âge où, traditionnellement, il semble plus courant d'être rêveur, utopiste, révolté par l'injustice et prêt à se battre pour des valeurs... humaines.
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Nicola Lagioia ne juge pas. Il dresse un constat. Savoir, comprendre ; pouvoir espérer passe par là.
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La ville des vivants m'a happée, entraînée dans l'obscurité malsaine, celle où il faut lutter pour entrevoir un peu de lumière. C'est que @
Nicola Lagioia nous renvoie à notre identité d'humain et à la société que nous avons construite et dont nous sommes, d'une façon ou d'une autre, responsables.
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La ville des vivants est un roman brillamment construit. le style de @
Nicola Lagioia est si vivant que nous lisons son ouvrage un peu comme si nous regardions un film. Les protagonistes ont une présence tellement palpable.
Certes, les mots sont âpres, durs, cyniques comme le propos. Mais de temps à autre, comme les merveilles antiques qui habitent la ville, brillent des éclats de délicatesse et de beauté.
Une image de ce roman me reste en tête : celle de papiers gras voletant autour du Colisée. Pourquoi celle-ci en particulier ?
« Demandez au maire ! » et si vous voulez comprendre ce private joke romain, lisez @
La ville des vivants ! C'est une histoire dramatique mais ce n'est pas le marasme ! Il y a aussi de la drôlerie dans ce roman dénué de pathos ou de voyeurisme, du dynamisme. Un livre profond qui nous engage dans la réflexion. C'est indispensable et sain.
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La ville des vivants, à lire. Absolument.