Je l'ai commencé au mois d'août et je ne l'ai toujours pas fini! Je m'accroche mais je n'arrive pas à me mettre dedans... J'espère qu'un jour, je pourrais aller au bout...
Pourtant, c'était prometteur: une jeune femme ensanglantée erre au petit matin dans une ville italienne. A-t'elle eu un accident? A-t'on tenté de la tuer? Les 100 premières pages ne m'ont pas donné la réponse car cette jeune femme est passée sous silence, comme oubliée, très rapidement. Et l'auteur nous donne une autre histoire à lire avec d'autres personnages. Il y a sûrement un lien mais faut-il attendre la fin pour le connaître? Je ne suis pas sûre d'avoir le courage d'aller jusque là...
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Elle était nue, pâle et couverte de sang. Elle avait les ongles des pieds vernis de rouge, de belles chevilles d'où s'élançaient des jambes fines, mais pas sèches. Des hanches souples. Des seins fermes et pleins. Elle avançait pas à pas – lente, titubante, elle traversait la pelouse.
Elle avait à peine dépassé la trentaine, mais elle ne pouvait pas non plus avoir moins de vingt-cinq ans, cela se voyait à l'imperceptible relâchement des tissus qui transforme la minceur de certaines adolescentes en perfection absolue. Son teint clair soulignait les traînées sombres le long de ses jambes, tandis que les bleus sur ses hanches, ses bras et ses fesses, comme des taches de Rorschach, semblaient exprimer toute une vie intérieure enfouie sous sa peau. Son visage était enflé, ses lèvres fendues d'une profonde coupure verticale.
Rien d'étonnant à ce que les animaux se soient mis sur leurs gardes. Bien plus étrange, en revanche, qu'ils ne soient pas restés en état d'alerte.
Une fille qui n'avait même pas trente ans. L'habitude du pouvoir avait certes pu nourrir en lui des illusions quant à la capacité de l'âge mûr à exercer une certaine fascination ; mais Buffante se doutait bien de ce que cela signifiait, de sentir sur soi l'odeur d'un vieux qui, selon les lois de la nature, pouvait très bien mourir d'ici dix ans. Pourtant, c'était ce qui se passait. Il lui lançait un signal, Clara accourait. Quand il la retrouvait à l'endroit où ils s'étaient donné rendez-vous, le plus souvent entre la Via Fresa et la Via Lenoci, elle avait un air sérieux et bien élevé, dans ses tailleurs qui recouvraient la seule justification valable des heures qu'ils allaient passer ensemble, l'élan qui la poussait vers la Maserati rendait vaine toute rhétorique sur la nécessité de lui faire la cour.
La table, il fallait bien le reconnaître, était superbement dressée. Nappe blanche en lin brodée à la main. Serviettes en toile de Flandres. Des gressins et du pain aux olives étaient disposés dans une corbeille en osier. Le filet or des dessous-de-plat étincelait dans la lumière des bougies, et quand Vittorio prit la bouteille d'Amarone et se mit à servir le vin, sa couleur rouge rubis tournoya dans les prunelles des convives.
Il s'agit d'un délit. D'un délit commis dans une caserne. Et pour ta gouverne, ce n'est pas une situation où l'on peut convaincre la victime de retirer sa plainte. Impossible de s'en tirer avec quelques excuses et un chèque. Pas besoin de plainte, d'ailleurs. Ils procèdent d'office. Pour s'en sortir, il faudrait presque espérer que ton frère soit fou à lier. Et voilà ce qu'on obtient, dit Vittorio de manière complètement illogique, à vouloir s'occuper de toute cette affaire à votre manière.
L'ombre des nuages courait sur la route, et la grosse charrette vacillait entre les ombres et le soleil. Des abricots, des bananes. Une pyramide verte de pastèques, trainée par un vieillard à bicyclette. Maintenant qu'il était tout près d'eux, ils se rendirent compte qu'il pouvait être assez âgé. Un de ces très vieux quinquagénaires, tels qu'il en existait quatre ou cinq siècles plus tôt. Tout en muscles et en nerfs. Pantalon de toile, sandales en plastique tressé. Les os d'un torse tanné par le soleil dépassaient de sa chemise ouverte. Son crâne était chauve. Sa bouche, une blessure horizontale. Il avait toutes les peines du monde à pédaler, mais jamais il ne perdait le rythme, poussé par une force plus ancienne que la volonté. Sur le siège d'à côté, le journaliste retint son souffle et Michele sentit la présence d'un petit sillon profond où tous les deux aimaient le Sud de la même manière.
Les Rencontres de La Libreria à Paris - Lundi 5 mai 2014 - Nicola Lagioia
Filippo D'Angelo présente Case Départ/Riportando tutto a casa de Nicola Lagioia.