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Critiques de Nicolas Legendre (36)
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Silence dans les champs

Silence dans les champs propose une rétrospective passionnante qui permet de comprendre les ressorts et rouages complexes et paradoxaux du puissant système agroalimentaire breton né dans les années 60.



Comment la Bretagne a pu devenir la championne nationale de l’agriculture intensive « capable de nourrir l’équivalent de 22 millions de personnes, alors qu’elle ne compte que 3,3 millions d’habitants » ? Nicolas Legendre pointe du doigt l’amalgame encore bien ancré dans les moeurs entre l’image d’une France bien nourrie et celle d’un pays nourri à pas cher.



Comment sont nés de véritables empires industriels, tandis qu’une majorité de paysans et travailleurs à qui l’on promettait l’émancipation ont été complètement broyés par ce système productiviste ? Loin du mirage progressiste, le journaliste brosse le portrait d’une population que le lobby agro-industriel a réussi à asservir, à aliéner, voire à déshumaniser.



Comment ce système qui se définit comme l’incarnation du progrès, a pu, à grand renfort de remembrement, et de produits phytosanitaires, contribuer à « la défiguration de paysages séculaires et à l’effondrement des écosystèmes » ? Où est le progrès quand l’humain se sépare de la nature considérée comme une ennemie qu’il faut « dompter » et « nettoyer » ? A l’opposé des cartes postales idylliques d’une « Bretagne sauvage », l’auteur nous met face à ces paysages « littéralement industriels » que je connais si bien, ces « paysages façonnés par des machines issues de l’industrie pour produire des denrées destinées à l’industrie ».



L’essai, mêlant témoignages et analyses, permet de comprendre pourquoi le lobby agroalimentaire a pu naître en Bretagne, région au substrat religieux fertile, et pourquoi il semble devenu pérenne grâce à la puissance de l’intrication des pouvoirs étatique, économique et judiciaire.



Au fil de la lecture, se dessinent les contours d’un véritable état totalitaire breton, avec « sa ligne » imposée par le parti, son idéologie productiviste intimement liée aux progrès, son contrôle sociétal et étatique, sa violence inhérente - tantôt visible, tantôt sournoise - infligée de manière omniprésente. Dans ces conditions, toute voix dissonante se voit tue, muselée ou dénigrée, à l’image de ces paysans et travailleurs qui ont tenté de proposer une autre voie et de ces écologistes constamment ridiculisés.



Même si j’ai eu parfois le sentiment que l’auteur se répétait, Silence dans les champs n’en demeure pas moins un essai nécessaire : en ces temps de bouleversement climatique, de modifications lentes mais progressives des habitudes alimentaires, de grèves d’agriculteurs, on ne peut qu’espérer que le lauréat du prix Albert Londres contribuera à mettre du plomb dans l’aile à la « mythologie bretonne » capitaliste et à amorcer enfin une réflexion étatique courageuse sur d’autres modèles agricoles efficaces, humains et reconnectés à la nature. Le parallèle établi à la fin du livre entre ce « bouleversement conceptuel » attendu et « le crépuscule du patriarcat », surprenant au premier abord, m’a paru très pertinent. A ce titre, je ne peux que vous conseiller les deux épisodes du podcast « Une Vie à soi », consacrés aux « Paysannes en lutte » (#arteradio).

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Silence dans les champs

Un essai très bien documenté, riche en témoignages vivants, qui décortique l'omerta qui pèse sur les agriculteurs bretons. La grande majorité souffre et est enfermée dans un système insensé mais ne peut pas s'exprimer a contre courant des discours portées par les grands syndicats et industriels qui ont tout intérêt à maintenir coûte que coûte ce système productiviste en place. Celui qui sort des rangs le paie cher.

Loin d'une simple critique manichéenne, Nicolas Legendre explique comment la plupart des acteurs de ce système sont coincés dans leur position et combien il serait naïf d'imaginer qu'un changement ne reposerait que sur leur volonté individuelle. Tout le système est à revoir.

Cette politique du silence ne facilite pas les choses car si on ne peut pas nommer les causes des problèmes alors nous sommes loin de pouvoir s'y attaquer.

Si vous aviez lu le dossier publié dans Le Monde l'année derniere au sujet des dérivés de l'agro-industrie bretonne ou si vous avez lu la BD Les Algues vertes, vous ne tomberez pas de votre chaise en découvrant Silence dans les champs. Mais il faut le lire car on a beau avoir conscience qu'il y a un probleme avec notre systeme alimentaire, nous avons tous tendance à faire l'autruche. A diffuser largement!
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Les routes de la vodka

J’ai apprécié le style d’écriture simple du livre, avec des méthaphores compréhensibles.



Notre voyageur, Nicolas Legendre, nous emmène sur les routes de la Vodka, et sans aucune prétention anthropologique. Il le confesse d’ailleurs lui-même : la vodka n’est même pas l’alcool qu’il préfère et ce n’est pas un spécialiste. D’emblée, ca détend un peu. D’autant qu’il ne s’agit pas d’une fausse prétention.



Son parcours, c’est le parcours des rencontres, majoritairement entre hommes, avec des discussions qui ne mènent rarement bien loin.



J’ai apprécié le vocabulaire cru et le fait que l’auteur décrive sans détours ses rencontres, tel qu’il les as jugées et sans chercher à les embellir.



Il est honnête, et ca se ressent. On est en terrain de confiance, et on rigole bien avec ce livre.



Au delà de l’esprit de camaraderie, il nous informe bien, et sans lourdeur, au fil des pages, de situations rencontrées et de détours géographiques, d’anecdotes géopolitiques, religieuses etc.



Je recommande cette lecture aux amoureux de voyages, de terroir et d’authenticité.
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Silence dans les champs

Prix Albert Londres 2023. Remarquable enquête journalistique avec de nombreux témoignages saisissants d’agriculteurs qui illustrent l’évolution et la situation de l’agriculture en Bretagne. Une agriculture productiviste qui depuis les années 1960 à diminué par 6 le nombre d’exploitations, a bousculé les paysages pour agrandir les surfaces cultivées, a eu recours à de plus en plus de pesticides, a conduit les paysans à des niveaux d’endettement importants et les as rendus dépendants d’une industrie agroalimentaire toujours plus exigeante. L’empilement des témoignages est parfois un peu dur à absorber, mais il est nécessaire à un état des lieux objectif qui fait ressortir l’impossibilité pour les acteurs d’échapper, même si ils le souhaitent à cet engrenage infernal piloté par l’agro-industrie, le Crédit Agricole, la PAC et les coopératives.
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Silence dans les champs

Le titre du livre est bien choisi mais le contenu ne me semble pas à la hauteur. Analysant un problème réel, les éléments sont dispersés, parfois anecdotiques. Pour avoir connu un des "grands" noms d'industriel bretons cités, je trouve que le compte rendu que Nicolas LEGENDRE en fait est vraiment bien en dessous d'une réalité quasi publique (car en plus, il est assez sot pour exprimer ses opinions lubriques en public !). Dommage que ce livre ne soit pas à la hauteur.
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Silence dans les champs

A travers l’exemple de la Bretagne, une étude des plus complètes du système agro-industriel qui nous a mené à l’impasse actuelle où la pauvreté des idées qui s’affrontent pour prétendre en sortir ne peuvent nourrir que la violence. Ce constat désastreux appelle une ouverture crée par une remise en question totale de ce qui a nourri notre imaginaire pastoral depuis des siècles, appelle à une autre lecture : « Nourrir le monde… sans dévorer la planète » de George Monbiot.
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Silence dans les champs

C’est en regardant « Planète info » sur France Info (émission toujours très instructive), que j’ai découvert Nicolas Legendre et son livre/enquête « Silence dans les champs ». Le titre faisant référence à une certaine omerta dans ce milieu. Son interview m’avait intéressé et je m’étais dit qu’il serait bien de lire son ouvrage. Ce qui est fait. Je ne pense pas être particulièrement naïve, mais je ne m’attendais absolument pas à ce que j’étais sur le point de découvrir à travers ces pages. Cette lecture m’a véritablement atterrée, surprise, révoltée. Oui elle m’a vraiment horrifiée et consternée. L’enquête et les témoignages recueillis par le journaliste couvrent une période allant des années 1950 à nos jours. En France. En Bretagne. On ne parle pas d’une république bananière ! Non. La Bretagne ! Je ne suis pas une spécialiste du milieu agricole et je suis une vraie citadine. Mais j’aime me mettre au vert en vacances, en particulier en Bretagne. Malheureusement, je crois que je ne vais plus jamais voir les départements bretons avec le même regard. Je pense sincèrement être marquée à vie par la découverte de ce système agro-industriel productiviste qui a brisé des vies (physiquement, moralement… faillites, intimidations, menaces, suicides, mensonges, cynisme…), dénaturé des paysages ancestraux (arrachage des haies, destruction des talus, remembrement, pesticides, pollution des rivières avec le lisier etc.), brutalisé des animaux (installation hors-sol, production intensive…). Je ne me remets pas d’avoir compris la cruauté et l’inhumanité de nombreuses personnalités qui sous couvert de moderniser la Bretagne, avec l’appui des institutions et de l’Etat, sont responsables de ce désastre. Désastre pas pour tout le monde, car pour ces mêmes personnes, le pouvoir et l’argent ont été les seules motivations, et ils y ont bien réussi. Cette enquête s’appuie sur un très gros travail qui aura duré sept ans. Journaliste pour Le Monde, Nicolas Legendre, lui-même fils de paysans bretons, a rencontré de très nombreux acteurs du milieu agricole breton (près de 300 entretiens et 29 fermes visitées) que ce soit des paysans, chefs d’entreprises, salariés et cadres de coopératives, techniciens, syndicalistes, fonctionnaires, élus locaux, régionaux et nationaux, ministres et anciens ministres, militants environnementalistes, etc. Cet ouvrage est très instructif, un peu voire beaucoup déprimant tout de même et par moment très émouvant. Pour comprendre le système et ce qui se passe dans l’agriculture en Bretagne mais aussi en France, je ne peux que vous conseiller cette lecture. Je vous conseille néanmoins d’être « en forme » pour le lire.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Silence dans les champs

Tout le monde le sait, personne ne l'ouvre... sauf anonymement. Jusqu'à quand ? L'enquête de Nicolas Legendre, distinguée à juste titre par le prix Albert Londres, ouvre une brèche dans ce silence assourdissant. Une faille de plus dans un système défaillant. Un jour, le mur tombera.
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Silence dans les champs

Le journaliste Nicolas Legendre a plongé dans le monde agro-industriel breton, interrogeant paysans, cadres des coopératives, élus et syndicalistes.
Lien : https://www.ouest-france.fr/..
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Silence dans les champs

Publié aux Éditions Arthaud le 12 avril 2023, ce livre a été couronné par le prestigieux prix Albert Londres en novembre 2023 : " Le jury du Prix Albert Londres applaudit ce travail d’enquête au long cours sur un sujet essentiel, vital, qui concerne chacun d’entre nous. Cette immersion dans l’agro-industrie bretonne est un travail difficile, brillant, documenté qui révèle une atmosphère sournoise de féodalité, et décortique les méthodes, ce que l’on pourrait aussi appeler la « Breizh mafia »." Est-ce ce qui explique qu'à cette approche de noël le livre version papier est introuvable ? Heureusement, la version numérique reste accessible.



Voilà en effet un travail d'enquête de sept années devenu un incontournable pour tout breton et tout curieux de la Bretagne, une œuvre si documentée que la mention des sources occupe plus de deux cents pages sur les 451.



Le livre se présente comme une série d'enquêtes jalonnées de témoignages et réparties en trois grandes étapes :



I Les fondements de l'empire armoricain



Après le rappel de ses racines agricoles, l'auteur assène quelques témoignages qui donnent le ton. Ainsi celui d'Emmanuel, éleveur — Mes parents ont commencé avec cinq vaches. On vivait bien. Moi, j’ai débuté avec soixante, aujourd’hui j’en ai cent cinquante. On gagne 2 000 euros par mois à deux. On travaille entre douze et quatorze heures par jour. Comme on dit avec ma femme : le week-end, pour nous, ça commence le dimanche à 12 heures et ça finit le même jour à 18 heures, pour la traite. On se retrouve obligés d’investir, mais c’est juste pour garder notre revenu. Pour continuer à remplir le Caddie. On est dans la course à l’échalote pour pouvoir rester là. Heureusement que ma femme travaille à l’extérieur, pour qu’on puisse payer les courses. Je ne peux pas me permettre d’engager quelqu’un. Je peux vous présenter des amis éleveurs chez qui le grand-père continue de travailler sur la ferme, à 70 ans… Y a des moments, quand on perd de l’argent à travailler… Quand j’ai commencé, y avait dix-sept producteurs laitiers dans la commune. Aujourd’hui, on n’est plus que trois. Ma laiterie ? C’est les mêmes gangsters que les autres… Ça n’a pas de sens… Mais je suis là, j’ai des prêts à rembourser. Faut bien que je vive. J’ai des amis qui se sont suicidés. Mon voisin, il est parti avec son télescopique 3 , il a pris une corde, il s’est pendu dans un coin de la ferme. Et voilà."



Le chapitre s'attache alors à remonter le fil qui a mené à cette croissance qui appauvrit les agriculteurs, élimine les plus petits et les désespère parfois en leur livrant une guerre sourde pour peu qu'ils aient émis quelques velléités de rébellion.



Il remonte ainsi aux années 60 qui a vu le développement en Bretagne de l'agro-industrie autour de quelques personnalités souvent issues des Jeunesses Agricoles Catholiques et assez souvent aussi du lycée agricole du Nivot. Parmi celles-ci, Alexis Gourvennec. . "Au début des années 1990, il pouvait prétendre au titre de premier éleveur porcin breton, avec trois mille huit cents truies pour une production annuelle de quatre-vingt mille animaux, soixante-cinq salariés et 550 hectares au total répartis sur trois sites. Il a possédé un élevage au Venezuela (cinquante salariés, mille sept cents truies), ce qui revenait, d’une certaine façon, à participer au dumping social à l’encontre de ses propres confrères français. À cela s’ajoutait une importante entreprise piscicole, adossée à une société de transformation et de surgélation de poissons." Ce système de croissance exponentielle, c'était le modèle qu'il voulait développer en Bretagne, quitte à éliminer tous les petits producteurs qu'il désignait comme "minables" Mais ce développement n'est pas à la portée de n'importe qui. Alexis Gourvennec était aussi président du Crédit agricole qui finançait son développement, président et créateur de la Britanny Ferry, créateur de la SICA de St Pol de Léon et du lobby Breiz-Europe ! Il côtoyait la sphère politique de droite. Bref, il avait tous les atouts en main.



Le comte Hervé Budes de Guébriant, un catholique royaliste, agronome de formation, est autre figure de cette transformation de la Bretagne, il dirigeait l'Office central (assemblage d'organismes agricoles) et possédait une centaine de fermes en Bretagne. Lui voulait la modernisation des campagnes, mais pas le capitalisme ni le libéralisme. Il est à l'origine de la création du lycée agricole du Nivot. L'Office central s'est disloqué dans les années 60 : " le Crédit Mutuel de Bretagne, la coopérative Coopagri (rebaptisée Triskalia, puis Eureden : 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, dix-neuf mille cinq cents coopérateurs), la caisse bretonne de l’assureur Groupama, la Mutualité sociale agricole de Bretagne ainsi que l’hebdomadaire Paysan breton, principal organe d’information professionnelle du monde agricole breton (fondé quant à lui par un résistant, Pierre Guillou), sont tous des « enfants » de l’institution landernéenne"



Ces années sont aussi celle de la création de l'un des plus grands empires de la grande distribution : Leclerc dont le but est de vendre à des prix imbattables. Leclerc possède les abattoirs de Kerméné et avec Intermarché, autre mastodonte breton, ils abattaient en 2018 un tiers des porcs bretons, pour vendre la viande au plus bas prix possible.



L'élevage hors-sol est emblématique de cette modernisation à tous crins : Volailles et porcs (comme fraises et tomates !) sont élevés par des agriculteurs qui se retrouvent liés à des firmes ou à des coopératives auxquelles ils achètent les animaux, leur alimentation, leur médication et auxquelles ils revendent les animaux destinés à l'abattoir. Au fil des crises, on assiste à l'élimination des plus fragiles, et cela, même au niveau des abattoirs : Gad, Doux, Tilly, des abattoirs ferment, victimes de la concurrence acharnée, des centaines de salariés perdent leur emploi, les patrons, comme Loïc Gad quittent le navire avec des parachutes dorés. On assiste par la même occasion à l'invasion des algues vertes sur les côtes et des nitrates dans l'eau des rivières.



La culture intensive de la pomme de terre et du maïs sont un autre aspect de la modernisation galopante : le maïs est destiné à l'alimentation animale, mais comme il n'apporte pas assez de protéines, il faut acheter du soja aux USA. Pour le cultiver et le récolter, de grosses machines sont nécessaires, ce qui a sonné le glas des talus lors du remembrement et ce qui a développé le marché des engins agricoles. La pomme de terre, aussi use la terre et draine des marchés de produits de traitement :" En itinéraire « conventionnel », en 2017, en France, un champ de pommes de terre recevait en moyenne 20,1 traitements (insecticides, herbicides, fongicides et adjuvants divers) entre la plantation et la récolte, soit près de trois fois la moyenne toutes catégories confondues (7,025 traitements par an)" La terre gorgée de ces pesticides glisse lors des pluies abondantes des plateaux d'Irvillac jusqu'à la rade de Brest où l'huitre plate a déjà disparu tandis que l'élevage des huitres creuses et des moules est devenu impossible.



II Le bal des vampires



En somme, la modernisation de la Bretagne tant voulue par Gourvennec comme par de Guébriant et à leur suite par la FNSEA fait beaucoup de dégâts latéraux et ceux qui tentent de résister sont souvent incompris sinon malmenés, c'est ce que développe la deuxième partie de l'enquête. Refus de prêts, report de l'enlèvement des porcs vendus, livraison d'animaux de seconde classe dits "queues de lots", menaces de mort, intimidations diverses, mises au ban... Les procédés "mafieux" ne manquent pas et les victimes se taisent, se suicident ou rentrent dans le rang. L'auteur recueille plusieurs témoignages glaçants, mais les victimes témoignent presque toujours sous couvert d'anonymat. Cela pose bien sûr un problème au journaliste qui s'attache alors à croiser les sources.



III Une lumière d'automne



Dans cette dernière partie, l'auteur rassemble enquêtes et témoignages sur les prises de consciences, les alternatives et les solutions. Certaines maladies professionnelles commencent à être prises en compte. Des associations de défense de la nature parviennent à faire entendre leur voix. Des éleveurs assument des choix plus écologiques et humains et en font la promotion. Cette "lumière d'automne" n'est peut-être pas près de s'éteindre. Laissons Eluard conclure ainsi :



La lumière toujours est tout près de s'éteindre

La vie toujours s'apprête à devenir fumier

Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini



(Eluard, Dit de la force de l'amour)
Lien : http://www.lirelire.net/2023..
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L'Himalaya breton

J’ai récupéré ce livre dans une église en bretagne, et je dois dire que ca ajoute au charme de la lecture.



Ce petit roman-documentaire, rapide à lire et joliment illustré offre une escapade poétique dans les paysages bruts et « massifs » de bretagne.



Nicolas Legendre nous embarque dans son sac à dos pour ses randonnées à taille humaine, où il n’est question que de voir ce qui est sous nos yeux : la beauté.



Au rythme des pages, et avec légèreté, nous est dévoilé tour à tour les lieux, les habitants et l’histoire.



Je conseille ce livre à qui veut offrir, -ou s’offrir-, un bout de sa bretagne.
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L'Himalaya breton

Super livre de Nicolas Legendre. Un style d'écriture très agréable, et nous apprenons plein de choses sur les massifs bretons. Merci pour cette belle évasion, et je recommande à tous les passionnés de montagnes (et pas que) , parce que oui en Bretagne, il y a des montagnes !
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Silence dans les champs

Silence dans les champs, c'est le fruit d'un travail d'investigations pendant 7 ans sur l'agrobusiness en Bretagne. Nicolas Legendre est issu du milieu agricole. Ses parents avaient une ferme dans la région rennaise.

Avec Silence dans les champs il donne la parole à tous, agriculteurs, ouvriers de l'agro-alimentaire, personnel des coopératives, syndicalistes, politiques,... Il permet même aux grands patrons et aux banques de s'exprimer.

Cet essai poignant nous parle de l'omerta sur les pratiques du domaine, du monde capitaliste qui écrase, exploite les plus faibles et détruit l'environnement.

Chut ! ici en Bretagne, il ne faut pas en parler car l'agro est créatrice d'emplois. Alors pourquoi changer de modèle ? C'est ce que Nicolas Legendre nous explique très bien.

Et c'est très bien écrit.
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Silence dans les champs

Les actrices et acteurs de ce théâtre jouent la pièce à guichets fermés depuis quelques décennies. L'intrigue s'est peu à peu transformé au fil du temps, l'âge venant, les protagonistes du début des temps ont laissé la place aux jeunes et fougueux entrepreneurs d'aujourd'hui. Le décor a changé lui aussi, s'est aplani, les nouveaux entrants ont peu à peu lissé le paysage, la technologie a horreur du désordre, fut-il d'origine naturelle. L'échelle elle aussi a changé, de la terre battue, nous sommes passés au pavillon néo-breton, puis à la longère privée de sa terre d'origine. Les parcelles qui l'entourent ont elles aussi perdu leur terre d'origine, trop pauvre, trop lente. Elles ont grandi, se sont enrichies, produisent plus vite, tant et si bien que les hommes qui la cultivent courent derrière, avec des machines de plus en plus grosses, des troupeaux de plus en plus imposants et puis, un jour, l'homme s'arrête. Il ne peut plus, à bout de souffle, il regarde autour de lui, se souvient et se pose la question du comment il en est arrivé là. Son voisin passe à côté au volant de son pick-up flambant neuf, comme dans les films américains. Il toise l'homme essoufflé et s'enquiert de sa santé.

Fais comme moi, fais du bio ! lui dit-il d'un ton goguenard. Tu le vends deux fois plus cher, les étiquettes changent, c'est tout, tu graisses la patte de deux ou trois vérificateurs et ça roule.

L'autre reprends son souffle, regarde l'engin, se gratte la tête et répond :

-Pas très bio, ton 4x4, et les tracteurs sous ton hangar, ils n'ont pas l'air de sortir souvent.

A propos, il va bien, ton conseiller clientèle du Crédit agricole ? On a causé tous les deux, parlé du pays, de la campagne tout autour, de ce qu'elle est devenue. Il quitte la banque. Il a comme des scrupules à continuer de financer des gars comme toi, qui flambe, qui vive à crédit et se serve des relations familiales pour racheter les terres, faire bosser des gars pour eux, mal les payer, et frimer sur les routes. Il m'a conseillé de faire du bio, comme toi, sauf que moi, je vais vraiment en faire, mon père n'est pas administrateur, donc je suis allé le voir, ce sera son dernier dossier, aux petits oignons, pas trop gros le prêt et il a ajouté que tu devais te faire du souci car ton père commence à emm....tout le monde.

Le pick-up démarre dans un nuage de poussière.

L'autre reprend son footing.

Sur la scène du théâtre, il rentre chez lui, caresse son chien, embrasse sa femme qui le repousse gentiment ( il est en sueur).

- A propos dit-elle, j'ai eu Fanny au téléphone, elle quitte son homme, marre de tout ce bazar...

- Je viens de le croiser. Ce n'est pas son jour.

La roue tourne dans le bocage, ou ce qu'il en reste.

Ceci n'est qu'une modeste illustration de ce que j'ai ressenti en lisant ce gros travail. Les personnages ne sont que des archétypes.

Un autre monde est possible, comme disent les slogans publicitaires.

Le livre de Nicolas Legendre a le mérite d'exister avec ces multiples témoignages, à charge, ce qui ne signifie pas que rien n'est fait pour que cela change. L'avenir nous dira si la vallée des Saints ne se transformera pas en vallée des larmes. La statue d'Alexis est une référence à Gourvennec, grand humaniste du Nord-Finistère. L'on sait maintenant pour qui roulent les concepteurs d'une mythologie à deux balles, entre Arthur, Merlin et les barons du cochon.

A lire.
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Silence dans les champs

Dans "Silence dans les champs", Nicolas Legendre révèle avec courage les dessous de l'industrialisation de l'agriculture bretonne qui devient victime du productivisme. En s'appuyant sur de nombreux témoignages de paysans et d'acteurs du secteur agricole, il dévoile les ententes entre coopératives, banques, syndicats agricoles..., qui bloquent le système et conduisent inexorablement vers un milieu mafieux empêchant toute évolution vers une économie plus humaine. A lire absolument pour être informé.
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Silence dans les champs

L’essai de Nicolas Legendre [...] permet de renouveler le débat public sur les devenirs divergents des territoires et du complexe agroindustriel.
Lien : https://laviedesidees.fr/Nic..
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Silence dans les champs

Véritable découverte. Un gros coup de cœur pour ce documentaire, écrit par un Breton, véritable coup de poing en découvrant l'envers du décor, la face cachée de cette industrie agroalimentaire, de cette agriculture.

Nicolas LEGENDRE a réalisé un vrai travail d'enquête, a ouvert les portes, les usines, a fait parler les agriculteurs, a réussi à les mettre en valeur, à leur faire exprimer leur mal-être, la pression subie par les grands groupes, les coopératives, les banques.

La lecture nous divulgue des noms, des moments importants de l'agriculture bretonne, des manifestations, les conséquences de telles ou telles décisions prisent par ces acteurs de l'ombre, qui travaillent pour nous nourrir, jusqu'à en laisser leur vie.

Merci Nicolas LEGENDRE de nous faire ouvrir les yeux à travers ces quelques lignes.

Chapeau bas à vous tous, agriculteurs, cultivateurs, éleveurs.
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Silence dans les champs

Fils de paysan, originaire du Poitou et touché par le drame actuel que vit le monde paysan, c’est tout naturellement que je me suis intéressé à « Silence dans les champs ».

Le tableau économique et psychologique de cette corporation Bretonne ne m’a malheureusement pas surpris. Elle correspond à la dégradation dramatique de la vie professionnelle comme personnelle pour cette population depuis les années 70-75 où, dans le cadre de l’exode rural, je l’ai quittée au profit de l’industrie. J’ai eu la « chance » de garder un poste d’observation puisque mon père, puis mon frère ont repris l’exploitation de mon grand-père. Et si à force de travail, d’orgueil et d’entraide, ils s’en sont sortis économiquement, les injonctions d’industrialisation de leur ferme leur a laissé de douloureux stigmates, à mon frère surtout. Malgré une solidarité encore présente, autour de leur exploitation, le tableau des faillites, suicides ou abandons est celui décrit dans votre ouvrage.

Là ou ce livre remarquablement bien documenté m’a beaucoup appris, c’est socialement et en particulier sur la violence et l’omerta qui régit cette marche en avant forcée. Il me semble, peut-être par naïveté ou du fait de mon éloignement géographique, que le Nord des Deux-Sèvres a été moins touché par ces fléaux de violence et omerta. Pourtant aujourd’hui, le Sud des Deux-Sèvres, avec le scandale des bassines et du partage de l’eau, montre que je me suis sans doute voilé la face : à chaque fois que l’État, les collectivités territoriales viennent soi-disant améliorer l’outil de travail, hier avec le remembrement et aujourd’hui avec la ressource hydrique, ils laissent derrière eux une situation sociale et écologique dans le chaos. Le plus crispant dans ce constat est que des alternatives viables existent sur le plan économique qui sont aussi respectueuses des hommes et de l’environnement.

Vous pouvez être certain que votre travail va contribuer à la prise de conscience de tous ceux qui s’interroge sur ce monde paysan.
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Silence dans les champs

Habitant à la campagne et m'intéressant aux sujets de société et tout particulièrement à l'environnement, je connais bien évidemment les problèmes de l'agriculture intensive. Avec cette enquête approfondie, j'en ai appris encore bien plus, à en être effrayé ! La situation est dramatique, catastrophique et on continu droit dans le mur afin de préserver le lobbys qui nous gouvernent, au détriment de toute morale. Des lobbys qui sont de vrais mafias qui ne reculent devant aucun obstacle.

Merci à Nicolas Legendre pour ce travail remarquable et à son courage pour s'attaquer à ce sujet extrêmement sulfureux.
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Silence dans les champs

Avec « Silence dans les champs », Nicolas Legendre rassemble sept années de recherches sur la situation de l’agriculture et des paysans en Bretagne. La succession des témoignages et leur mise en perspective dressent un tableau implacable d’une évolution rapide et autodestructrice de l ‘agriculture bretonne. Après 1945, la volonté de modernisation pousse les paysans à s’unir dans des coopératives et des syndicats. Ce système s’appuie sur le secteur bancaire, relayé par la volonté politique et la concentration des décisions entre quelques responsables. Les agriculteurs sont soumis aux pressions multiples, chantages, représailles. Les productions de volailles, porcs … battent les records, les exportations sont un formidable ressort pour confirmer la réussite d’une méthode qui est vite incontournable. Les limites sont repoussées : investissements, endettement, concentration des exploitations, cadences infernales.. écrasent les agriculteurs, écartelés entre le secteur agro-industriel, les injonctions de coopératives hyper-puissantes. La logique du profit écrase les agriculteurs, broie et pollue les milieux naturels. Quelques-uns se tournent vers des pratiques plus « respectueuses », ils rencontrent alors de nombreuses difficultés (menaces, problème de vente…). Nicolas Legendre multiplie les sources, témoignages qui tissent un bilan implacable de la situation. Le système mis en place détruit les outils de travail, écarte les jeunes du métier. En sortir paraît indispensable mais les résistances sont nombreuses et puissantes. La conclusion de l’auteur se veut modérée, teintée de pessimisme mais non dénuée d’optimisme… Une lecture instructive, à conseiller.
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