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Citations de Nicolas Werth (86)


" Je voudrais vous nommer toutes par votre nom,
Mais ils ont pris la liste. À qui poser les questions ? "

Anna Akhmatova, "Requiem".
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Devinette dans un journal du Komsomol :

Elle rend optimiste, elle assure le bien-être de tous, elle rapproche les paysans et les ouvriers, elle fait peur aux bourgeois. Qui est-ce ?


L'Armée Rouge.
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A la coopérative, les articles étaient souvent de médiocre qualité; ils étaient en outre mélangés dans une sorte de "lot obligatoire" : les paysans devaient acheter, avec les produits manufacturés dont ils avaient besoin, une kyrielle d'autres articles ( verres, ventilateur, parfums, couverts, portraits encadrées des dirigeants du parti, etc).
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Les ouvriers demandent, pour l'essentiel, l'application immédiate des mesures correspondant au programme minimum de la social-démocratie russe. En priorité, la journée de huit heures, accordée rapidement par le patronat de la capitale (10 mars), puis, les grèves se prolongeant en province, par la plupart d'une trentaine de grandes villes industrielles. Parmi les autres revendications, figurent l'institution d'assurances sociales d’État, le contrôle des licenciements par le comité d'usine, la fin du travail des enfants, la suppression des amendes et des mesures vexatoires et, pour soulager la misère quotidienne, de modestes augmentations de salaire "afin de pouvoir acheter trois livres de pain par jour".

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Autres aspirations exprimées avec force : celles des minorités nationales bridées par la politique russificatrice de l'autocratie tsariste. La révolution de Février donne une impulsion décisive aux mouvements nationaux. Quelques organisations nationales, qui ont, bien avant 1917, constitué leurs propres partis socialistes, Ukrainiens, Lettons, Juifs du Bund, entrent au Comité exécutif du Soviet de Petrograd. Toutefois, la plupart des organisations nationales refusent de se greffer sur des soviets dominés par les Russes, et se constituent en centres autonomes de ralliement, puis de pouvoir. À Kiev, par exemple, dès le 4 mars, trois organisations se disputent l'autorité : un conseil des organisations civiques, un soviet ouvrier, et une rada des organisations culturelles ukrainiennes. Rapidement, la Rada, simple organe de l'expression culturelle de l'intelligentsia ukrainienne, prend le dessus. S'exprimant au nom de tous les Ukrainiens, elle réclame, en mars, une large autonomie interne, puis, à partir de juin, la reconnaissance de l'indépendance de l'Ukraine. Des revendications similaires se développent en Pologne, en Finlande et dans les pays Baltes.

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Quant aux soldats, ils expriment leur espérance en une "république démocratique" et leur conviction que la victoire de la révolution marquera l'avènement d'une société plus juste où chaque paysan aura droit à la part de terre qui lui revient. Ils réclament un certain nombre "d'améliorations légitimes en faveur des citoyens-soldats qui versent leur sang pour la Patrie" : augmenter la solde, accroître les allocations aux familles des combattants, assurer certaines garanties aux soldats devenus invalides. Ils exigent, conformément à l'esprit de l'ordre n°1, immensément populaire parmi la troupe, la fin d'une certaine conception de la discipline militaire fondée sur des règles dégradantes pour le soldat, la suppression des mauvais traitements, la libéralisation et la démocratisation de l'institution militaire. Sur la question cruciale de la continuation de la guerre, ils expriment leur profonde lassitude des combats et leur désir d'une "paix juste".

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Les brochures politiques avaient un point faible : un certain nombre d'entre elles devenaient rapidement "dépassées" dans une conjoncture politique mouvementée : des commissions passaient de temps à autre "purger" les bibliothèques rurales des livres " désormais inutiles".
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Note de service à l'intention de la police urbaine:

Le fonctionnaire de police ne doit jamais perdre de vue que tout individu sans passeport, tout individu non enregistré est déjà un individu suspect, qui soit a commis un crime, soit s'est échappé de prison, de camp ou de déportation et tente de brouiller les pistes, soit est sur le point de commettre un crime.

Selon les témoignages recueillis, les personnes interpellées passaient très peu de temps au poste de police, avant d'être embarquées dans les convois spéciaux pour la Sibérie sans même être autorisées a prévenir leurs proches.
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Par l'intermédiaire de leurs assemblées traditionnelles [...], puis, à partir de la mi-mars, des comités de canton [...], les paysans expriment eux aussi leurs aspirations. Les motions et les pétitions envoyées au Soviet de Petrograd au aux soviets des chefs-lieux de province exposent, de manière quasi-unanime, un idéal de démocratie agraire où chacun aurait son lot "en fonction des bouches à nourrir" : "On ne doit laisser aux grands propriétaires qu'un domaine qu'ils sont en mesure de mettre en valeur eux-mêmes, sans l'aide ni de salariés, ni de prisonniers de guerre." Parmi les autres revendications figurent : la saisie des terres des apanages, le moratoire des transactions foncières jusqu'à la réunion de la Constituante, la révision des baux à la baisse, la redistribution des pâturages et des bois. Mais aussi, des mesures politiques plus générales : "proclamer la République démocratique", "hâter la réunion de l'Assemblée constituante", "instaurer le vote égal et l'instruction pour tous", "conclure au plus vite une paix juste et équitable". Fait remarquable : alors qu'il existe une indéniable adéquation entre le programme des partis socialistes et les motions ouvrières, aucun mot d'ordre des différents partis n'apparaît dans les motions paysannes : "ni "abolition de la propriété privée", ni "socialisation de la terre", ni "nationalisation". Irréductibles aux programmes et aux stratégies élaborées par les citadins, les paysans vont suivre, tout au long de l'année 1917, leur propre voie révolutionnaire, faite de milliers de petites actions, rarement coordonnées au-delà de leur horizon quotidien, celui du village ou, tout au plus, du canton.

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Les prisons étant surpeuplées, la mise en place des nouveaux camps butant sur les habituelles lourdeurs bureaucratiques, la solution la plus simple était d’accélérer les procédures et d’augmenter les quotas d’individus à exécuter.
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Les élections suscitent parmi les paysans des commentaires désabusés ou ironiques :
__ Ils nous appellent à voter mais ne nous laisse pas choisir !

__ Pourquoi donc se déplacer, de toute façon, les ordres viendront d'en haut, il faudra bien les exécuter, même si c'est le diable qui les donne !
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Ainsi, pour faire passer la réalité idéologique dans la réalité réelle, il suffit d'un discours. La boucle est bouclée. Ce circuit fermé des mots est probablement ce qui donne au "travail de masse" des militants cet aspect d'irréalité qui caractérise la plupart des textes que nous citerons. Ce "travail de masse" s'oriente dans six directions principales : créer de nouvelles attitudes vis à vis du travail, afin de réaliser le Plan, diffuser une nouvelle culture, former une nouvelle jeunesse, libérer la femme, lutter contre la religion, organiser un nouveau rituel socialiste.

(p.115)
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Aujourd’hui, au sein de notre Praesdium, les rapports sont tout à fait différents. Si l’un d’entre nous déconne, on lui dit / tu as tord. A Staline on ne pouvait rien dire de pareil,…
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L’alliance conjoncturelle, fin 1917, entre la révolution bolchevique, le mouvement des soviets et des comités d’usine, le mouvement d’émancipation des nationalités et la révolution paysanne est de courte durée. En moins d’un an, les bolcheviks perdent une grande partie de leurs appuis. Face à cette situation, Lénine et les principaux dirigeants mettent en œuvre une politique d’une extrême violence : extermination des « ennemis de classe », création de camps de concentration, liquidation impitoyable des insurrections paysannes et des émeutes ouvrières. Même si le contexte historique n’est pas le même en 1917-1922 qu’en 1929-1930, lorsque Staline engage sa « révolution d’en haut », selon l’expression de l’historien Robert Tucker, il y a assurément, dans la manière de traiter toutes les formes d’insubordination sociale et d’opposition politique, une continuité entre léninisme et stalinisme. Les crimes du stalinisme sont inscrits bien plus qu’en filigrane dans le léninisme ; ils lui sont consubstantiels. Le mythe du « bon Lénine », par opposition au « mauvais Staline », la doxa qui s’était imposée depuis le « Rapport Khrouchtchev » devant le XXe congrès, qui voulait qu’on opposât le révolutionnaire Lénine au criminel Staline, ont été balayés au cours de la première décennie qui suivit la disparition de l’URSS.
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Le 30 octobre 2007, à l'occasion du Jour du souvenir des victimes des répressions politiques et du 70e anniversaire de la Grande Terreur, l'association Mémorial a dressé un constat alarmant sur le silence qui, dans la Russie d'aujourd'hui, tend à effacer, une fois encore, le souvenir de ce massacre de masse. La « face sombre » du stalinisme s'efface de plus en plus pour laisser place à une vision « positive » de la période stalinienne, au cours de laquelle, conduit par un « manager efficace », l'URSS est devenu un grand pays industriel et une puissance militaire de premier plan. Aujourd'hui comme hier la victoire de 1945 efface le crime de masse de 1937-1938.
Il est indispensable, affirme Mémorial dans son manifeste 1937 et le Présent, « de lever toutes les restrictions d'accès aux documents d'archives traitant de la Grande Terreur ; d'éclairer largement ce crime de masse dans les manuels scolaires ; de rechercher activement les lieux de massacres et d'y ériger des mémoriaux à la mémoire des victimes ; d'ouvrir un musée national consacré à la violence de l’État Totalitaire ; d'édifier enfin, à l'initiative et sous la responsabilité de l’État, un grand monument national à toutes victimes des répressions de masse. (…) La Grande Terreur n'est pas seulement un événement majeur de l'histoire soviétique, c'est un événement majeur de l'histoire mondiale. Le Goulag, la Kolyma, 1937 sont, comme Auschwitz et Hiroshima, des symboles universels du XXe siècle. »
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La révolution d'octobre 1917 nous apparait comme la convergence de deux mouvements : une prise du pouvoir politique par les bolcheviks, fruit d'une minutieuse préparation insurrectionnelle, et une vaste révolution sociale, multiforme, autonome. Celle-ci se manifeste sous des formes très diverses : une immense jacquerie paysanne, mouvement de fond qui a déjà sa longue histoire ; une décomposition en profondeur de l'armée, un mouvement revendicatif ouvrier spécifique, autour de mots d'ordre authentiquement révolutionnaires - le "contrôle ouvrier", "le pouvoir aux soviets", une émancipation des nationalités et des peuples allogènes de l'ex-empire russe. Chacune de ces révolutions a sa propre temporalité, sa dynamique interne, ses aspirations spécifiques, qui ne sauraient être réduites aux slogans bolchéviques.
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Le groupe surréaliste est l'un des premiers (et des rares) à élever la voix contre le verdict. Le 3 septembre 1936, André Breton dénonce "le malheur effroyable qui frappe le socialisme, bafoué par la macabre mise en scène du procès" et s'en prend à Staline, "le grand instigateur, le principal ennemi de la révolution prolétarienne, le faussaire et le plus inexcusable des assassins".
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Avant de clore ce rappel des politiques répressives mises en œuvre dans les années précédant la Grande Terreur contre un certain nombre de catégories d'individus stigmatisés, qui constitueront précisément les principaux groupes cibles des « opérations de masse » de 1937-1938, il me paraît opportun de revenir sur la question de la relation entre la Grande Famine de 1932-1933 et la Grande Terreur de 1937-1938. La relation entre ces deux plus grands crimes de masse soviétiques est complexe, indirecte, mais indéniable. Les famines, résultats des politiques d'inspiration idéologique mises en œuvre depuis fin 1929, collectivisation forcée, dékoulakisation, imposition du système kolkhozien, prélèvements démesurés sur les récoltes et le cheptel, intentionnellement aggravées, instrumentalisées et amplifiées dans le cas ukrainien pour briser la résistance nationale-paysanne ukrainienne, ont été un facteur majeur et déterminant de la brutalisation des rapports entre l’État stalinien et la société. L'arme de la faim fut une redoutable arme de guerre utilisée par le régime pour briser la résistance d'une partie de la société paysanne, ressentie comme ennemie et traitée comme telle. Expression extrême de violence et de régression, ces « man-made famines » (Cf James Mace) sans précédent dans l'histoire ont repoussé les limites du « possible », brisé des tabous – il suffit de penser à l'extension du cannibalisme et de la nécrophagie dans les campagnes affamées -, assuré une sorte de « sélection naturelle » d'un personnel politique et policier qui sera l'agent de la radicalisation paroxystique de la Grande Terreur. Totalement niée par le régime, la famine a aussi été un jalon majeur sur la voie de la fictionnalisation du discours politique.
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Le Goulag, il est dans nos gènes. Il fait partie de notre patrimoine génétique
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Les seize accusés sont rassemblés d'après le vieux principe de l'amalgame: amalgame de vieux militants du Parti et d'agents provocateurs, amalgame d'oppositionnels de tendances différentes: les zinoviévistes (Kamenev, Evdokimov, Bakaiev, Reingold, Pikel) côtoient d'ex-trotskystes (Smimov, Mratchkovski, Ter-Vaganian, Dreitzer) qui avaient d'ailleurs publiquement rompu avec Trotsky dès 1928-1929.
En fait, ces vétérans du mouvement révolutionnaire, ces « vieux bolcheviks » au passé glorieux sont, en 1936, des hommes brisés, politiquement vaincus. Aucun n'est sorti indemne de la terrible bataille politique dans laquelle ils se sont usés depuis 1917. «Aucun ne ressemble désormais à l'image d'Épinal qu'ils avaient incarnée aux yeux des militants au lendemain de la Révolution. » L'image prestigieuse des «lieutenants de Lénine », Zinoviev et Kamenev, a été depuis longtemps brisée. Leurs adversaires politiques, en particulier Staline, les ont marqués, parce qu'ils s'étaient opposés à Lénine à la veille de l'insurrection d'Octobre, du signe infamant d'« anti-léninisme ». Depuis l'échec du mouvement d'opposition à Staline qu'ils ont dirigé en 1925-1926, puis avec Trotsky en 1927, ils sont allés de reniement en reniement. Exclus du Parti peu avant le XVe Congrès, ils ont reconnu leurs erreurs, confessé leurs fautes, proclamé hautement la justesse de la « Ligne générale », inspirée par Staline. Bref, ils ont «capitulé ». Dans l'espoir d'être réintégrés au Parti, ils ont rompu publiquement avec Trotsky, dont ils ont dénoncé «l'activité scissionniste ». Trotsky, à son tour, depuis son expulsion d'Union soviétique, n'a cessé de railler les « capitulards ». Evdokimov, Bakaiev, Smimov, Mratchkovski, Dreitzer ont eux aussi «capitulé» en 1928-1929. En échange de leur « capitulation », ils ont été, en général, réintégrés au Parti à des postes techniques plus ou moins élevés. Cependant, ils n'ont pas tardé à être, de nouveau, condamnés à l'exil ou à la prison, pour avoir gardé des contacts, épisodiques, avec des opposants à Staline. Smirnov est emprisonné en janvier 1933, Mratchkovski en mai 1933. Zinoviev et Kamenev, exilés en 1932-1933, réapparaissent à la tribune du XVIIe Congrès, en 1934, pour y prononcer un panégyrique de Staline. Mais à la suite de l'assassinat de Sergueï M. Kirov, ils sont inculpés, avec Bakaiev, Evdokimov et quinze responsables de l'organisation du Parti de Leningrad, de « complicité morale » dans l'assassinat, jugés à huis-clos et condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement.
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