Citations de Nikos Kazantzakis (527)
L'art est la seule délivrance.
Laisse les gens tranquilles patron, ne leur ouvre pas les yeux. Si tu leur ouvres les yeux, qu'est-ce qu'ils verront? Leur misère! Laisse-les donc continuer à rêver!
Un vieux grand-père de quatre-vingt dix ans était en train de planter un amandier. "Eh, petit père, je lui fais, tu plantes un amandier ? Et lui, courbé comme il était, il se retourne et il me fait : "moi mon fils, j'agis comme si je ne devais jamais mourir." Et moi, je lui répond : "j'agis comme si je devais mourir à chaque instant". Qui de nous deux avait raison, patron ?
Les fondations du monde ont vacillé parce que le coeur des hommes a été ébranlé. Il gisait sous le poids de ces pierres que l'on appelle Jérusalem, des prophéties, des Jugements Derniers, des malédictions, des Pharisiens, des Saduccéens, des riches qui dévoraient et des pauvres qui avaient faim, et du Dieu Jéhovah dont la moustache et la barbe laissaient dégoutter, dans les siècle des siècles, le sang des hommes dans l'abîme. Par quelque côté qu'on le prenne, il rugissait ; si on lui disait une bonne parole, il levait le poing ; je veux d ela viande, criait-il. Et si on lui offrait en sacrifice un agneau ou son propre fils aîné, je ne veux pas de viande, criait-il, ne déchirez pas vos vêtements, déchirez votre coeur, transformez votre chair en esprit, l'esprit en prière et dispersez-le au vent!
Le coeur gisait sous le poids des six cent treize commandements écrits de la Loi hébrâïque, et sous mille commandements non écrits, et il ne pouvait pas remuer ; sous les Genèses, les Lévitiques, les Nombres, les Juges et les Rois, et il ne pouvait pas remuer. Et soudain, au moment le plus inattendu, une brise légère souffla, venue non pas du ciel mais de la terre, et toutes les fibres du coeur de l'homme frémirent.
- La porte de l'Enfer est large, dit-il, la route qui y mène est large, et semée de fleurs. La porte du royaume de Dieu est étroite et la route est montante. Tant que nous sommes en vie nous avons le choix ; vivre, cela veut dire être libre. Mais quand vient la mort, ce qui est fait est fait ; il n'y a plus de salut...
Je vais d'usine en usine et j'ai le cœur de plus en plus serré. La " gracieuse Angleterre " a perdu sa grâce, la roue à pris son élan et personne ne peut l'arrêter. C'est le triomphe des machines, l'homme d'aujourd'hui, émerveillé par ses nouveaux Esclaves de fer,se jette à corps perdu,avec de folles espérances et un optimisme candide,dans la conquête de la matière .Il croit ainsi conquérir le bonheur et libérer l'esprit.(p.157)
- La vie est une guerre! répondit Jésus avec la même voix calme et décidée, c'est une guerre, et tu le sais, car tu es soldat et romain. Mais ce que tu ne sais pas, c'est ceci : Dieu est le chef et nous sommes ses soldats.
- Le royaume des cieux n'existe pas? hurla Pierre, épouvanté.
- Il existe, Pierre, il existe, mais il est en nous. En nous est le royaume des cieux, hors de nous le royaume du Malin. Les deux royaumes sont en lutte. C'est la guerre! Notre premier devoir est d'abattre, avec cette hache, Satan!
- Qu'est-ce qu'on peut attendre des femmes? dit-il. Qu'elles fassent des enfants avec le premier venu. Qu'est-ce qu'on peut attendre des hommes? Qu'ils tombent dans le piège. Tiens-toi le pour dit, patron!
Alors je m'assieds sous le grand olivier ,tout au bout de la vigne, et je regarde les vendangeuses qui coupent les raisins et rient toute la journée comme si on les chatouillait. (...)
Elles travaillent pour manger, mangent pour s'étoffer, se marier et faire des enfants .C'est ce que faisaient leurs grand-mères, ce que feront leurs petites-filles ,ainsi va le monde.C'est le cercle parfait, je sais. Mais ,moi,j'y vois un nœud coulant et j'étouffe...(p.157)
Maintenant voilà ce que je me dis: celui-ci, c’est un brave homme, celui-là un sale type. Il peut bien être Bulgare ou Grec, je ne fais pas de différence. Il est bon? Il est mauvais? C’est tout ce que je demande aujourd’hui. Et même ça, maintenant que je vieillis, je te le jure sur le pain que je mange, il me semble que je vais commencer à ne plus le demander. Mon vieux, qu’ils soient bons ou mauvais, je les plains tous… On est tous frères. Tous de la viande pour les vers!
Si on savait, patron, dit-il, ce que disent les pierres, les fleurs, la pluie! Peut-être bien qu’elles appellent, qu’elles nous appellent, et que nous, on n’entend pas. Quand est-ce que les oreilles des gens s’ouvriront? Quand est-ce qu’on aura les yeux ouverts pour voir? Quand est-ce qu’on ouvrira les bras pour s’embrasser tous, les pierres, les fleurs, la pluie, les hommes?
Ma vie avait fait fausse route et mon contact avec les hommes n’était plus qu’un monologue intérieur. J’étais descendu si bas que si j’avais eu à choisir entre tomber amoureux d’une femme et lire un bon livre sur l’amour, j’aurais choisi le livre.
La Crète a été le premier pont entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. La Crète a été la première à être illuminée, dans toute l'Europe ténébreuse de cette époque. C'est ici que l'âme de la Grèce a accompli la mission que lui avait confiée la destinée : amener la divinité à l'échelle de l'homme. Les immenses statues immobiles des Égyptiens et des Assyriens sont devenues ici, en Crète, petites, gracieuses ; le corps s'est mis en mouvement, les lèvres ont souri, le visage et la stature du dieu sont devenus le visage et la stature de l'homme. Une humanité nouvelle s'est mise à vivre et à jouer dans les terres crétoises, originale, différente de la Grèce qui lui a succédé, toute faite d'argile, de grâce et de raffinement oriental...
Tant que nous vivons un bonheur, nous le sentons difficilement. C'est seulement quand il est passé et que nous regardons en arrière que nous sentons soudain combien nous étions heureux.
Le jeune homme fut grisé dans son sommeil de voir les terres saintes, les eaux sacrées, et il tendit la main pour les toucher. Mais soudain, au milieu de l'obscurité duveteuse, dans la lumière rose de l'aurore, la Terre Promise, faite de fraicheur, de vent et d'antique désir humain, se mit à trembler - et s'éteignit.
Nous ne pouvons pas changer la réalité, dit un mystique byzantin qui m’est cher, - changeons donc l’oeil qui voit la réalité. C’est ce que je faisais quand j’étais enfant, c’est ce que je fais encore dans les instants les plus créateurs de ma vie.
Mon Rapport au Greco n'est pas une autobiographie : ma vie personnelle n'a de valeur, très relative, que pour moi seul et pour personne d'autre ; la seule valeur que je lui connaisse est celle-ci : sa lutte pour monter de degré en degré et pour parvenir aussi haut que pouvaient la mener sa force et son obstination - au sommet que j'ai moi-même nommé le Regard Crétois.
Tu trouveras donc, lecteur, dans ces pages la ligne rouge, faite des gouttes de mon sang, qui jalonne mon chemin parmi les hommes, les passions et les idées.
Mon grand-père n'était jamais sorti de son village. Il n'était même pas allé jusqu'à Candie ou jusqu'à La Canée. "Y aller, pour quoi faire? disait-il. Il y a des Caniotes et des Candiotes qui passent par ici, Candie et La Canée viennent chez moi. Je n'ai pas besoin d'y aller, moi!"
Le sens des mots art, amour, beauté, pureté, passion - cet ouvrier l'éclairait pour moi avec les mots humains les plus simples.