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Citations de Nikos Kazantzakis (527)


Ce paysage crétois faisait penser, c'est du moins ce qu'il me parut, à de la bonne prose : bien travaillé, sobre, dépourvu de richesses superflues, puissant et retenu, il allait à l'essentiel avec un minimum de ressources. Il ne faisait pas d'esbroufe, refusait le moindre artifice, ne donnait pas dans la rhétorique : il disait ce qu'il avait à dire avec une virile austérité. Mais au milieu de ses lignes sévères on discernait une sensibilité et une tendresse inattendues. Dans des cuvettes à l'abri du vent, citronniers et orangers répandaient leurs effluves et, plus loin, de la mer infinie montait une inépuisable poésie.
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Il y a des peuples, des hommes, qui appellent Dieu par la prière et les pleurs, d'autres par la patience et la résignation, d'autres encore en blasphémant. Les Crétois, eux, l'appellent à coups de fusil. Ils se postent à la porte de Dieu et tirent des coups de fusil pour qu'Il les entende. "Rébellion !" hurle le sultan qui le premier perçoit la pétarade et, furieux, envoie des pachas, des soldats et des pals. "Insolence !" crient les Européens et ils lâchent leurs cuirassés de fer sur la frêle embarcation en détresse entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. "Patience, et prudence, ne me plongez pas dans le sang !" supplie la pauvre Grèce. "La liberté ou la mort", ripostent les Crétois et ils cognent à la porte de Dieu.
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Nikos Kazantzakis
Chaque voyageur parfait crée toujours le pays où il se rend.
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[U]n jour, je passais dans un petit village. Un vieux grand-père de quatre-vingt-dix ans était en train de planter un amandier. « Eh ! petit père, je lui fais, tu plantes un amandier ? » Et lui, courbé comme il était, il se retourne et il me fait : « Moi, mon fils, j'agis comme si je ne devais jamais mourir. » Et moi, je lui réponds : « J'agis comme si je devais mourir à chaque instant. » Qui de nous deux avait raison, patron ?
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- (...) mais surtout, autre chose (la voix de Zorba se remplit de colère et d’effroi) : pourquoi est-ce qu’on meurt ?
- Je ne sais pas, Zorba ! répondis-je, et j’eus honte de ma réponse, comme si on m’avait demandé la chose la plus simple, la plus nécessaire, sans que je pusse l’expliquer.
- Tu ne sais pas ! fit Zorba en écarquillant les yeux.
Il avait écarquillé les yeux de la même manière, un autre soir, où il m’avait demandé si je dansais et où je lui avais dit que je ne savais pas.
Il se tut un moment, puis, tout à coup, il éclata.
- Alors, à quoi ils servent, ces fichus bouquins que tu lis ? Pourquoi tu les lis ? S’ils ne disent pas ça, alors qu’est-ce qu’ils disent ?
- Ils disent, Zorba, l’incertitude de l’homme qui n’a pas de réponse à apporter aux questions que tu poses.
- Je m’en fiche de leur incertitude ! fit Zorba excédé en frappant les galets du pied.
(...)
- Moi, je veux que tu me dises d’où on vient et où on va. Depuis tout ce temps que tu t’étioles sur des bouquins, tu as bien dû empiler deux ou trois tonnes de papier ! Qu’est-ce que tu en as tiré ?
Il y avait une telle angoisse dans la voix de Zorba que j’en eus le souffle coupé. J’aurais tant voulu lui apporter une réponse !
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Dans le monde entier,cette engeance, les intellectuels, est au fond de l'enfer. Ils se retrouvent au fond de l'enfer et ils crient : Moi! Moi! Moi ! Et ils ne peuvent rien dire d'autre, c'est leur enfer.
Ce sont tous des Narcisses,fatigués,anémiés,incrédules. (p.142)
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Il y a dans la poitrine de l'homme une aspiration qu'aucune force du mal peut étouffer. (..)
Ce cri de la liberté est la part d'immortalité que l'homme mortel a en lui.(p.138)
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Lorsqu'il voyait autour de lui la laideur, la pauvreté, l'injustice,il souffrait et appelait les mots à la rescousse, il mettait en eux sa souffrance, s'y mettait tout entier,et il était soulagé. (..)
Je n'ai pas dit que j'allais laisser tomber la parole pour l'action. La puissance des mots est immense ,magique. Elle nous permet de sauver d'être sauvé. (p.75)
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Qu'est-ce que j'aime cette femme et quel bien elle m'a fait ! C'est inouï, se dit-il. Elle m'a ouvert l'esprit et le coeur, elle m'a appris à aimer les peuples étrangers que je détestais, à comprendre les idées étrangères que je combattais, à réaliser que tous les hommes ont les mêmes racines, la même patrie. (p. 22)
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Quand un Grec parcourt la Grèce, son voyage se transforme fatalement en une recherche douloureuse de son devoir. Comment devenir dignes de nos ancêtres et continuer, sans la déshonorer, la tradition de notre race? Une responsabilité austère, dont on ne peut étouffer la voix, pèse sur nos épaules, sur les épaules de tous les Grecs vivants. Notre nom même a une force mystérieuse et invincible ; celui qui est né en Grèce a le devoir de continuer la séculaire légende grecque.
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Le vieux Patriarcheas mangeait, buvait et se querellait, tantôt avec Lenio qui, poussée par son désir frénétique de mariage, délaissait le travail de la maison pour aller traîner dans la montagne, tantôt avec son fils qui s'était converti à la lecture comme s'il était vieux ou bon à rien.
"Les livres, lui disait son père, c'est fait pour les moines et les maîtres d'école. Le fils d'un chef de village est fait pour la bonne chère, le bon vin et les femmes des autres. Tu fais honte à notre famille, Michelis !"
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[Saint Paul à Jésus]
— Je ne me tairai pas. Je me moque bien des vérités et des mensonges, de t'avoir vu ou pas, que tu aies été ou non crucifié. Moi, à force d'entêtement, de passion et de foi, je forge la vérité. Je ne m'efforce pas de la trouver, je la fabrique. Je la fabrique plus grand que la taille de l'homme et par là même je grandis l'homme. Il faut, tu entends ?, il faut absolument, pour que le monde soit sauvé, que tu sois crucifié et moi je te crucifierai, que tu le veuilles ou non ; il faut que tu ressuscites et je te ressusciterai, que tu le veuilles ou non. Et ta seigneurie peut bien rester dans son village et fabriquer des berceaux, des pétrins et des enfants. Moi, sache-le, je contiendrai l'air à prendre ta forme, à devenir ton corps, la couronne d'épines, les clous, le sang ; tout cela fait maintenant partie des instruments du salut, on ne peut plus s'en passer. D'innombrables yeux, jusqu'aux confins du monde, se lèveront et te verront crucifié dans l'air. Ils pleureront et les larmes purifieront leur âme de tous leurs péchés. Mais le troisième jour je te ressusciterai, parce que sans résurrection il n'y a pas de salut. Le dernier , le plus terrible ennemi est la mort. Je l'abolirai. Comment ? En te ressuscitant : Jésus, fils de Dieu, le Messie !
— Ce n'est pas vrai ! Je me lèverai et je crierai : je n'ai pas été crucifié, je ne suis pas ressuscité, je ne suis pas Dieu ! Pourquoi ris-tu ?
— Crie toujours, si ça t'amuse. Je n'ai pas peur de toi, je n'ai même plus besoin de toi. La roue que tu as mise en branle est lancée, qui peut à présent l'arrêter ?
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Nous humanisons Dieu au lieu de déifier l’homme
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Que disent les Japonais que tu aimes tant? 'FOUDOSHIN!' Placidité, quiétude, le visage un masque souriant et immobile. Ce qui se passe derrière le masque, ça, c'est notre affaire.
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Il est plus facile de donner sa vie une fois pour toutes que de la donner goutte à goutte dans la lutte quotidienne.
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Moi, c’est pareil, patron, j’ai un diable en moi et je l’appelle Zorba. Le Zorba de dedans ne veut pas vieillir, non, il ne veut pas, non, il n’a pas vieilli, c’est un phénomène, il a des cheveux noirs comme un corbeau, trente-deux dents et un œillet à l’oreille. Mais le Zorba de dehors est mal en point, le pauvre, il a des cheveux blancs, il s’est ridé, plissé, a perdu des dents, et son oreille s’est remplie de poils de vieillesse, des poils blancs et drus comme ceux d’un âne.
Que faire, patron ? Jusqu’à quand les deux Zorba vont-ils se battre ? Lequel des deux finira par avoir le dessus ? Si je crève bientôt, passe encore, j’espère m’en tirer ; mais si je vis encore longtemps, je suis fichu.
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— Moi, je suis un homme à vin, l'eau c'est pour les grenouilles. Mais avant-hier, je me suis dit : tiens, si j'allais me faire baptiser ? Le monde entier y va, ce n'est pas possible, parmi les nouveaux initiés il faut bien qu'il y en ait qui boivent du vin, ils ne peuvent pas être tous idiots, alors je ferai des connaissances, j'irai à la pêche aux clients ; porte de David, tout le monde la connaît, ma taverne. Enfin, bref, j'y suis allé. Le prophète est un sauvage, une bête féroce, comment vous dire ? Il jette des flammes par les narines, mon Dieu ! Il m'a attrapé le cou et m'a plongé dans l'eau jusqu'à la barbe, j'ai poussé un cri – il va me noyer, le scélérat ! Mais je m'en suis tiré, et je suis sorti. Et me voilà !
— Et tu as vu une amélioration ? redemanda Judas.
— Je te le jure sur le vin, le bain m'a fait du bien ; beaucoup de bien : j'ai été soulagé. Le Baptiste dit que j'ai été soulagé de mes péchés ; mais, entre nous, moi je crois que j'ai été soulagé de la crasse. Parce que, quand je suis sorti du Jourdain, il y avait un doigt d'huile qui flottait sur l'eau.
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Je regardais Zorba à la lueur de la lune et j'admirais avec quelle crânerie, quelle simplicité il s'ajustait au monde, comment son corps et son âme formaient un tout harmonieux, et toutes choses, femme, pain, eau, viande, sommeil, s'unissaient joyeusement avec sa chair et devenaient Zorba. Jamais je n'avais vu si amicale entente entre un homme et l'univers.
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Ma vie avait fait fausse route et mon contact avec les hommes n'était plus qu'un monologue intérieur. J'étais descendu si bas que si j'avais eu à choisir entre tomber amoureux et lire un bon livre sur l'amour j'aurais choisi le livre.
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Nous restâmes silencieux auprès du brasero, tard dans la nuit. Je sentais de nouveau combien le bonheur est une chose simple et frugale: un verre de vin, une châtaigne, un misérable poêle, la rumeur de la mer. Rien d'autre. Et pour sentir que tout cela c'est du bonheur, il ne faut qu'un cœur simple et frugal.
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