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Citations de Octave Mirbeau (515)


Il se mit à peindre, un jour, par hasard. Et il se trouva que, du premier coup, cette première toile fut presque un chef-d’oeuvre. Elle révélait un instinct extraordinaire de peintre, de merveilleuses et fortes qualités de vision, une sensibilité aiguë qui devinait la forme vivante et remuante sous l’aspect rigide des choses, une éloquence, une abondance d’imagination qui stupéfièrent ses amis. Alors Vincent Van Gogh s’acharna. Le travail, sans trêve, le travail, avec tous ses entêtements et toutes ses ivresses, s’empara de lui. Un besoin de produire, de créer, lui faisait une vie sans halte, sans repos, comme s’il eût voulu regagner le temps perdu. Cela dura sept ans. Et la mort vint, terrible, cueillir cette belle fleur humaine. Il laissait, le pauvre mort, avec toutes les espérances qu’un tel artiste pouvait faire concevoir, une oeuvre considérable, près de quatre cents toiles, et une énorme quantité de dessins dont quelques-uns sont d’absolus chefs-d’oeuvre.

Article publié dans L’Écho de Paris, le 31 mars 1891
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Qu'est-ce que c'est que votre amie ? Une femme du peuple ?...Une pauvresse, sans doute?...
- Une femme de chambre, comme moi, illustre maître.
M. Bourget eut une grimace supérieure, une moue de dédain.
Ah! Saprisiti ! Il n'aime pas les pauvres.
- Je ne m'occupe pas de ces âmes-là, dit-il...Ce sont de trop petites âmes...Ce ne sont même pas des âmes. Elles ne sont pas du ressort de ma psychologie...
Je compris que dans, dans ce milieu, on ne commence à être une dame qu'à partir de cent mille francs de rente...
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La solitude, ce n'est pas de vivre seule, c'est de vivre chez les autres, chez des gens qui ne s'intéressent pas à vous, pour qui vous comptez moins qu'un chien, gavé de pâtée, ou qu'une fleur, soignée comme un enfant de riche...
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Les pauvres sont l'engrais humain où poussent les moissons de vie, les moissons de joie que récoltent les riches, et dont ils mésusent si cruellement, contre nous...
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Il importe peu que cet écrivain, ce penseur ou cet artiste, se place à endroit déterminé plutôt qu'à un autre, car l'humanité est partout.
Elle est aussi bien dans les salons que dans les bouges, sous les lustres ruisselants de lumière que dans les ténèbres du logis miséreux.
Peut-être la trouverait-on davantage dans les salons brillants, car la richesse et le luxe créent des besoins, des vices, des complications morales et, par conséquent, une somme plus grande de douleurs ...
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Madame me dit :
- Célestine, n’est-ce pas ?… Ah ! je n’aime pas du tout ce nom… Je vous appellerai Mary, en anglais… Mary, vous vous souviendrez ?… Mary… oui… C’est plus convenable…

C’est dans l’ordre… Nous autres, nous n’avons même pas le droit d’avoir un nom à nous… parce qu’il y a, dans toutes les maisons, des filles, des cousines, des chiennes, des perruches qui portent le même nom que nous.
- Bien, Madame… répondis-je.
- Savez-vous l’anglais, Mary ?
- Non, Madame… Je l’ai déjà dit à Madame.
- Ah ! c’est vrai… Je le regrette… Tournez-vous un peu, Mary, que je vous voie…

Elle m’examina dans tous les sens, de face, de dos, de profil, murmurant de temps en temps :
- Allons… elle n’est pas mal… elle est assez bien…
Et brusquement :
- Dites-moi, Mary… êtes-vous bien faite… très bien faite ?

Cette question me surprit et me troubla. Je ne saisissais pas le lien qu’il y avait entre mon service dans la maison et la forme de mon corps.
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A la suite d'une discussion futile où j'avais tous les torts, j'ai quitté Madame. Je l'ai quittée salement, en lui jetant à la figure, à sa pauvre figure étonnée, toutes ses lamentables histoires, tous ses petits malheurs intimes, toutes ses confidences par quoi elle m'avait livré son âme, sa petite âme plaintive, bébête et charmante, assoiffée de désirs... Oui, tout cela, je le lui ai jeté à la figure, comme des paquets de boue...
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Je possédais déjà un œil très sûr. Rien que de traverser rapidement un intérieur parisien, je savais en juger les habitudes, les mœurs, et, bien que les meubles mentent autant que les visages, il était rare que je me trompasse… Malgré l’apparence somptueuse et décente de celui-là, je sentis, tout de suite, la désorganisation d’existence, les liens rompus, l’intrigue, la hâte, la fièvre de vivre, la saleté intime et cachée… pas assez cachée, toutefois, pour que je n’en découvrisse point l’odeur… toujours la même !… Il y a aussi, dans les premiers regards échangés entre les domestiques nouveaux et les anciens, une espèce de signe maçonnique — spontané et involontaire le plus souvent — qui vous met aussitôt au courant de l’esprit général d’une maison.
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-Un baiser de toi... mais c'était cela ma résurrection... mon rappel complet à la vie... Ah! tu as cru sérieusement à tes bains... à ton Porto... à ton gant de crin?... Pauvre petite!... C'est en ton amour que je me suis baigné... c'est le vin de ton amour que j'ai bu... c'est la révulsion de ton amour qui m'a fait courir, sous la peau, un sang neuf... C'est parce que ton baiser, je l'ai tant espéré, tant voulu, tant attendu, que je me suis repris à vivre, à être fort... car je suis fort, maintenant... Mais, je ne t'en veux pas de me le refuser... tu as raison de me le refuser... Je comprends... je comprends... Tu es une petite âme timide et sans courage... un petit oiseau qui chante sur une branche... puis sur une autre... et s'en va, au moindre bruit... frroutt!
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Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais au moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le petit bourgeois qui les mangera.
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Il regarda la nuit qui enveloppait les champs, la forêt, les villages ; et il sentit s'élever en lui, du fond de son être, une pitié immense, et un immense amour, pour les pauvres voleurs et les pauvres putains qui rôdent dans les ténèbres amies ...
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Octave Mirbeau
Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien et n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour leur boucher qui les tuera, ni pour le bourgeois qui les mangera. Plus bêtes que les bêtes, plus moutonniers que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit.
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En tête de ce livre, j'ai voulu, pour deux raisons très fortes et très précises, inscrire votre nom.
D'abord pour que vous sachiez combien votre nom m'est cher.
Ensuite, - je le dis avec un tranquille orgueil, - parce que vous aimerez ce livre.
Et ce livre, malgré tous ces défauts, vous l'aimerez, parce que c'est un livre sans hypocrisie, parce que c'est de la vie, et de la vie comme nous la comprenons, vous et moi ...
(extrait de la dédicace adressée, en mai 1900, par l'auteur à Jules Huret, par Octave Mirbeau en début de la présente édition).
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Ce soir, au dîner, en servant le dessert, Madame m’a dit très sévèrement :
- Si vous aimez les pruneaux, vous n’avez qu’à m’en demander… je verrai si je dois vous en donner… mais je vous défends d’en prendre…

J’ai répondu :
- Je ne suis pas une voleuse, Madame, et je n’aime pas les pruneaux…

Madame a insisté :
- Je vous dis que vous avez pris des pruneaux…

J’ai répliqué :
- Si Madame me croit une voleuse, Madame n’a que me donner mon compte.

Madame m’a arraché des mains l’assiette de pruneaux.
- Monsieur en a mangé cinq ce matin… il y en avait trente-deux… il n’y en a plus que vingt-cinq… vous en avez donc dérobé deux… Que cela ne vous arrive plus !…

C’était vrai… J’en avais mangé deux… Elle les avait comptés !…
Non !… De ma vie !…
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"Et l'univers m'apparaît comme un immense, comme un inexorable jardin des supplices ... Partout du sang, et là où il y a plus de vie, partout d'horribles tourmenteurs qui fouillent les chairs, scient les os, vous retournent la peau, avec des faces sinistres de joie ...

Ah oui ! Le jardin des supplices ! ... Les passions, les appétits, les intérêts, les haines, le mensonge ; et les lois, et les institutions sociales, et la justice, l'amour, la gloire, l'héroïsme, les religions, en sont les fleurs monstrueuses et les hideux instruments de l'éternelle souffrance humaine ... Ce que j'ai vu aujourd'hui, ce que j'ai entendu, existe et crie et hurle au-delà de ce jardin, qui n'est plus pour moi qu'un symbole, sur toute la terre ... J'ai beau chercher une halte dans le crime, un repos dans la mort, je ne les trouve nulle part ...

Je voudrais, oui, je voudrais me rassurer, me décrasser l'âme et le cerveau avec des souvenirs anciens, avec le souvenir de visages connus et familiers ... [...] C'est tous ceux et toutes celles que j'ai aimées ou que j'ai cru aimer, petites âmes indifférentes et frivoles, et sur qui s'étale maintenant l'ineffaçable tâche rouge ... Et ce sont les juges, les soldats, les prêtres qui, partout, dans les églises, les casernes, les temples de justice s'acharnent à l'œuvre de mort ... Et c'est l'homme-individu, et c'est l'homme foule, et c'est la bête, la plante, l'élément, toute la nature enfin qui, poussée par les forces cosmiques de l'amour, se rue au meurtre, croyant ainsi trouver hors la vie, un assouvissement aux furieux désirs de la vie qui la dévorent et qui jaillissent, d'elles, en des jets de sale écume !"
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Octave Mirbeau
Ce sont de bien tristes conditions littéraires où se débattent les écrivains d'aujourd'hui... Une presse odieusement mercantile qui a transformé notre production intellectuelle en objet de réclame et qui force le génie pauvre à passer, les mains pleines d'or, à ses comptoirs... une critique indifférente ou enchaînée... un public ignorant qui ne sait vers qui aller et qui, naturellement, instinctivement, va vers tout ce qui est stupide ou abject... C'est plus qu'il n'en faut pour la protection des médiocres, et la défaite des talents... Et puis, il faut bien le dire, les écrivains sont trop nombreux. La mêlée est compacte, dure, égoïste. On n'y entend pas les cris de douleurs, les appels désespérés couverts par les hurlements de tous. Chacun pour soi. On ne se connaît pas ; on n'a pas le temps. On n'a le temps que de songer à ses intérêts, à sa réclame, à sa vie si disputée. Il paraît trop de livres, et les mauvaises herbes que personne n'arrache, et qui jettent à tous les vents leurs pullulantes graines, étouffent les belles fleurs poussées à leur ombre mortelle !... Heureux encore, quand, parmi les cimetières d'oeuvres mortes, une, de temps en temps, survit et finit par graver, sur la pierre dure de l'immortalité, un nom cher et glorieux comme celui de Jean Lombard !

Extrait de la préface de L'Agonie de Jean Lombard
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Un domestique, ce n’est pas un être normal, un être social… C’est quelqu’un de disparate, fabriqué de pièces et de morceaux qui ne peuvent s’ajuster l’un dans l’autre, se juxtaposer l’un à l’autre… C’est quelque chose de pire : un monstrueux hybride humain… Il n’est plus du peuple, d’où il sort ; il n’est pas, non plus, de la bourgeoisie où il vit et où il tend… Du peuple qu’il a renié, il a perdu le sang généreux et la force naïve… De la bourgeoisie, il a gagné les vices honteux, sans avoir pu acquérir les moyens de les satisfaire…
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Par un aveuglement providentiel qui atteint la plupart des créatures vieillissantes, elle ne se voyait pas dans son irréparable flétrissure..Elle multipliait les soins savants, les coquetteries raffinées, pour appeler l'amour, encore...
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"Le vol ?... De quelques côté que l'on se retourne, on n'aperçoit partout que du vol... Naturellement, ce sont toujours ceux qui n'ont rien qui sont le plus volés et volés par ceux qui ont tout..."
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Ah ! dans les cabinets de toilette, comme les masques tombent !… Comme s’effritent et se lézardent les façades les plus orgueilleuses !…
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