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Citations de Octave Mirbeau (515)


Octave Mirbeau
Les hommes passent la moitié de leur temps à se forger des chaînes et l'autre moitié à les porter.
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Vois-tu, mon garçon, si j'avais connu autrefois ces vérités, je n'en serais pas où j'en suis aujourd'hui.
Car je suis une canaille, un être mafaisant, l'abject esclave de sales passions ... Enfin, je te dirai peut-être cela plus tard ...
Et sais-tu pourquoi ?
Parce que, dès que j'ai pu articuler un son, on m'a bourré le cerveau d'idées absurdes, le coeur de sentiments surhumains ...
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Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t'arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d'avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d'humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l'envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n'as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines
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On prétend qu’il n’y a plus d’esclavage… Ah ! voilà une bonne blague, par exemple… Et les domestiques, que sont-ils donc, eux, sinon des esclaves ?… Esclaves de fait, avec tout ce que l’esclavage comporte de vileté morale, d’inévitable corruption, de révolte engendreuse de haines… Les domestiques apprennent le vice chez leurs maîtres…
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- Drinn !… drinn !… drinn !…
Allons bon !… Cela vous jette de votre chaise, comme sous la poussée d’un ressort…
- Apportez-moi une aiguille.
Je vais chercher l’aiguille.
- Bien !… apportez-moi du fil.
Je vais chercher le fil.
- Bon !… apportez-moi un bouton…
Je vais chercher le bouton.
- Qu’est-ce que c’est que ce bouton ?… Je ne vous ai pas demandé ce bouton… Vous ne comprenez rien… Un bouton blanc, numéro 4… Et dépêchez-vous !
Et je vais chercher le bouton blanc, numéro 4… Vous pensez si je maugrée, si je rage, si j’invective Madame dans le fond de moi-même ?… Durant ces allées et venues, ces montées et ces descentes, Madame a changé d’idée… Il lui faut autre chose, ou il ne lui faut plus rien :
- Non… remportez l’aiguille et le bouton… Je n’ai pas le temps…
J’ai les reins rompus, les genoux presque ankylosés, je n’en puis plus… Cela suffit à Madame… elle est contente… Et dire qu’il existe une société pour la protection des animaux…
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Et je compris que dans ce milieu on ne commence à être une âme qu’à partir de 100 000 livres de rente.
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Ah ! Les bourgeois ! Quelle comédie éternelle ! J’en ai vu et des plus différents. Ils sont tous pareils…
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C'est drôle, je garde ma fidélité à la nature bretonne... Je l'ai dans le sang. Aucune ne me paraît aussi belle, aucune ne me parle mieux à l'âme.
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La solitude ce n'est pas de vivre seule, c'est de vivre chez les autres.
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En dépit de son apparente robustesse morale, M. Gauguin est une nature inquiète, tourmentée d’infini. Jamais satisfait de ce qu’il a réalisé, il va, cherchant, toujours, un au-delà. Il sent qu’il n’a pas donné de lui ce qu’il en peut donner. Des choses confuses s’agitent en son âme ; des aspirations vagues et puissantes tendent son esprit vers des voies plus abstraites, des formes d’expression plus hermétiques. Et sa pensée se reporte aux pays de lumière et de mystère qu’il a traversés. Il lui semble qu’il y a là, endormis, inviolés, des éléments d’art nouveaux et conformes à son rêve. Puis, c’est la solitude, dont il a tant besoin ; c’est la paix, et c’est le silence, où il s’écoutera mieux, où il se sentira vivre davantage.


Extrait d’un article publié dans l’Écho de Paris le 16 février 1891
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- Oh ! Monsieur !… Si Madame vous voyait ?…
Il se troubla encore, mais comme nous étions séparés de la maison par un épais rideau de châtaigniers, il se remit vite, et crâneur maintenant que je devenais moins sévère, il clama, avec des gestes dégagés :
- Eh bien quoi… Madame ?… Eh bien quoi ?… Je me moque bien de Madame, moi !… Il ne faudrait pas qu’elle m’embête, après tout… J’en ai assez… j’en ai par-dessus la tête, de Madame…
Je prononçai gravement :
- Monsieur a tort… Monsieur n’est pas juste… Madame est une femme très aimable.
Il sursauta :
- Très aimable ?… Elle ?… Ah, grand Dieu !… Mais vous ne savez donc pas ce qu’elle a fait ?… Elle a gâché ma vie… Je ne suis plus un homme… je ne suis plus rien… On se fout de moi, partout dans le pays… Et c’est à cause de ma femme… Ma femme ?… c’est… c’est… une vache… oui, Célestine… une vache… une vache… une vache !…
Je lui fis de la morale… je lui parlai doucement, vantant hypocritement l’énergie, l’ordre, toutes les vertus domestiques de Madame… À chacune de mes phrases, il s’exaspérait davantage…
- Non, non !… Une vache… une vache !…
Pourtant, je parvins à le calmer un peu. Pauvre Monsieur !… Je jouais de lui avec une aisance merveilleuse… D’un simple regard, je le faisais passer de la colère à l’attendrissement. Alors il bégayait :
- Oh ! vous êtes si douce, vous… vous êtes si gentille !… Vous devez être si bonne !… Tandis que cette vache…
- Allons, Monsieur… allons !…
Il reprenait :
- Vous êtes si douce !… Et cependant… quoi ?… vous n’êtes qu’une femme de chambre…
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Ah ! la science, quelle merveille ! ... Vous savez à la suite de quelles expériences rigoureuses, inflexibles, nous fûmes quelques scientistes et moi amenés à décréter que le génie, par exemple, n'était qu'un affreux trouble mental ? ... Les hommes de génie ? ... Des maniaques, des alcooliques, des dégénérés, des fous ...
Ainsi nous avions cru longtemps que Zola, par exemple, jouissait de la plus forte santé intellectuelle ; tous ces livres semblaient attester, crier cette vérité ... Pas du tout ... Zola ? ...
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Si infâmes que soient les canailles ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens.
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La mercière m'a expliqué que, sous Napoléon III, tout le monde n'étant pas soldat comme aujourd'hui, les jeunes gens riches «tombés au sort» avaient le droit de «se racheter du service». Ils s'adressaient à une agence ou à un monsieur qui, moyennant une prime variant de mille à deux mille francs, selon les risques du moment, leur trouvait un pauvre diable, lequel consentait à les remplacer au régiment pendant sept années et, en cas de guerre, à mourir pour eux. Ainsi, on faisait, en France, la traite des blancs, comme en Afrique, la traite des noirs?... Il y avait des marchés d'hommes, comme des marchés de bestiaux pour une plus horrible boucherie? Cela ne m'étonne pas trop... Est-ce qu'il n'y en a plus aujourd'hui? Et que sont donc les bureaux de placement et les maisons publiques, sinon des foires d'esclaves, des étals de viande humaine?
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Un jour il me dit… et j’ai gardé ces paroles comme une relique :
- Ce qu’il y a de sublime, vois-tu, dans les vers, c’est qu’il n’est point besoin d’être un savant pour les comprendre et pour les aimer… au contraire… Les savants ne les comprennent pas et, la plupart du temps, ils les méprisent, parce qu’ils ont trop d’orgueil… Pour aimer les vers, il suffit d’avoir une âme… une petite âme toute nue, comme une fleur… Les poètes parlent aux âmes, des simples, des tristes, des malades… Et c’est en cela qu’ils sont éternels… Sais-tu bien que, lorsqu’on a de la sensibilité, on est toujours un peu poète ?…
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Octave Mirbeau
Souviens-toi que l'homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu'en échange de la situation où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu'il ne te donnera pas et qu'il n'est pas, d'ailleurs, en son pouvoir de te donner.
1898
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M. Rodin aura été non seulement le plus grand statuaire de son temps, il en aura été aussi un des penseurs les mieux avertis des souffrances de l’âme humaine et des mystères de la vie. Non seulement il exprimera, avec une puissance toujours renouvelée, la logique beauté des formes, mais avec de la glaise, de la cire, du bronze et du marbre, il modèlera de la passion et créera de la pensée.

Article publié dans Le Journal le 4 juin 1895
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Ainsi nous aspirons vraiment dans sa toile les senteurs de la terre ; des souffles de brises marines nous apportent aux oreilles ces orchestres hurlants du large ou la chanson apaisée des criques ; nous voyons les terres se soulever sous l’amoureux travail des sèves bouillonnantes, le soleil décroître ou monter le long des troncs d’arbres, l’ombre envahir progressivement les verdures ou les nappes d’eau qui s’endorment dans la gloire pourprée des soirs ou se réveillent dans la virginité des matins. Tout s’anime, bruit, se colore ou se décolore, suivant l’heure qu’il nous représente et suivant la lente ascension, et le lent décours des astres distributeurs de clartés. Et il nous arrive cette impression que bien des fois j’ai ressentie en regardant les tableaux de M. Claude Monet : c’est que l’art disparaît, s’efface, et que nous ne nous trouvons plus qu’en présence de la nature vivante complètement conquise et domptée par ce miraculeux peintre.

Extrait d’un article publié dans Le Figaro, le 10 mars 1889
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Il s'appelait d'un drôle de nom : M. Cléophas Biscouille...
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Je sais aussi, par expérience, qu'il n'y a que les gens malheureux, pour mettre la souffrance des humbles de plain-pied avec la leur...Il y a toujours de l'insolence et de la distance dans la bonté des heureux !...
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