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Critiques de Octave Mirbeau (316)
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Vache tachetée et concombre fugitif

Octave Mirbeau en tête de gondole dans ma librairie préférée !

Voilà qui mérite d'être souligné.

Un petit volume des éditions de l'Arbre Vengeur, tout de rouge vêtu, que j'ai saisi sans même y réfléchir.

C'est que Mirbeau est un de ces auteurs dont on aurait tort de laisser filer la moindre des rééditions.

Et, celle-ci est toute fraîche, puisqu'elle date du 1er trimestre 2020.

Elle a pour titre "vache tachetée et concombre fugitif".

C'est un recueil d'un peu plus d'une vingtaine de nouvelles.

Ici, Octave Mirbeau observe, Mirbeau écoute et Mirbeau restitue de sa plume.

Parfois, il fait fait sourire son lecteur.

Mais le plus souvent, il tonne et gronde contre l'injustice.

Car sa prose est une littérature de paysages, de personnages et de caractères, de droiture et de préjudices.

Souvent, elle met en balance bonheur et malheur, et pointe du doigt la forfaiture de celui que Mirbeau considère comme coupable du mal occasionné.

Et, venant de celui qu'au "Grenier" des frères Goncourt l'on surnommait "le croquemitaine", la foudre s'abat alors sur l'injuste, qu'il soit riche ou gueux, puissant ou misérable.

Octave Mirbeau, a-t-on dit*, se levait triste et se couchait furieux.

Il ne craignait ni l'outrance, ni l'exagération.

"le gamin qui cueillait les ceps" en est ici la plus criante démonstration.

Un pauvre enfant de dix ans avait volé des champignons à un millionnaire socialiste.

Que croyez-vous qu'il arriva ?

Le récit de Mirbeau ne s'embarrasse pas de ciconvolutions.

Il va droit au but que lui a donné son auteur.

Il est efficace.

Il ne suffit que de voir dans "paysages d'hiver" comment Mirbeau, n'étant seulement armé que de sa canne, règle son compte à une bande de chasseurs farouches.

Il est efficace.

Mais pourtant, comme dans la littérature de Zola, l'outrance et l'exagération viennent finalement un peu tacher le propos.

Plus mesuré, plus adroit et tout aussi inébranlable dans ses prises de position, lucien Descaves est peut-être finalement, de ces trois immenses écrivains, celui qui égratigna le mieux l'injustice.

Mais ne considérer Octave Mirbeau que dans sa colère serait réducteur.

Il est aussi une fine plume excellant dans les descriptions de paysages et les peintures de personnages.

Il est un dramaturge redoutable, un faiseur d'histoires.

Ce recueil, dont j'ai trouvé la préface moyenne et sujette à discussions, en est un bon exemple.

Il s'ouvre dans un cachot noir où avait été jeté le malheureux Jacques Errant pour avoir possédé une vache tâchetée ...

Et se clôt sur une histoire terrible et magnifique, "un homme sensible" au bord du gouffre de la Fontaine-au-Grand-Pierre ...

Ce recueil se lit avec un plaisir féroce.

Mais, d'ailleurs, ne faut-il avoir souvent un désir féroce de bonnes vieilles lectures pour savourer vraiment la littérature de Mirbeau ...



*Jules Renard
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Le Calvaire

"Le calvaire" est le premier roman d'Octave Mirbeau, le premier des trois dont on peut dire qu'ils s'inspirent librement de l'existence même du grand écrivain.

Jean-François-Marie Mintié est né à Saint-Michel les Hêtres dans l'Orne, à l'orée de la forêt de Tourouvre.

Sa famille habitait le Prieuré, une dépendance de l'ancienne abbaye détruite pendant la révolution de 1789.

Son père était le notaire du lieu, et sa mère de constitution fragile, maladive et dépressive, ne s'occupait que peu de ce pauvre petit diable d'enfant ...

Octave Mirbeau raconte ici l'histoire pathétique de Jean-François Marie Mintié.

Il ne peint pas le personnage à la demi-palette.

Sa plume, splendide déjà, va et s'emporte, bousculant ses personnages vers des destins tristes et sordides.

L'écriture de Mirbeau est certes splendide mais comme toujours, ou presque, elle contient des accents exagérés dans les émotions, les sentiments et les situations.

Les premières années du jeune homme sont décrites comme dans un désespoir sans fond.

Le "bordel ambulant d'une armée en campagne" comme l'a si bien chanté Jacques Brel, la débâcle de l'armée lors de la guerre de 1870, est racontée ensuite sans concession aucune.

Le manque de discipline, les rapines sur la population, la bêtise des officiers, la troupe livrée à elle-même ; Mirbeau affiche d'ores et déjà un antimilitarisme qui ne le quittera jamais.

La bourgeoisie, la religion ne seront pas non plus épargnées, pas plus que la gent féminine d'ailleurs.

"Le calvaire", s'il a vieilli, est pourtant un roman important d'Octave Mirbeau, car il en contient en germe tout ce qui, du jeune écrivain, fera une des plus incontournables plumes de son temps.

Même si je lui préfère celle de Lucien Descaves, tout aussi déterminée dans sa lutte contre l'injustice, toute aussi brillante mais moins rageuse et emportée, moins portée aux excès.

Mirbeau, jeune écrivain, affiche déjà ici la conception qu'il se fait de la littérature, l'intransigeance qu'il voue aux "fabricants de pièces", aux dévoyés qui écrivent comme une distraction facile alors que la littérature, pour lui, est un art grave.

Est insctite aussi dans "le calvaire" la volonté farouche de Mirbeau à devenir un écrivain original, sincère, de ne pas être une pâle copie de ses prédécesseurs.

"suivant les caprices de ma mémoire, les hantises de mes souvenirs", se lamente son personnage, "je pense avec la pensée de l'un, j'écris avec l'écriture de l'autre ; je n'ai ni pensée, ni style qui m'appartiennent".

Ce roman fait écho à un autre, "Dans le ciel", qui ne fut pas repris en volume après avoir été publié sous forme d'épisodes, en 1892 et 1893, dans "l'Echo de Paris".

L'amitié entre un jeune écrivain et un peintre talentueux, car c'est cela dont il aussi question dans "le calvaire", de cela et de la prévalence de la littérature aussi sur tout art, quel qu'il soit.

Et pour se faire, aujourd'hui, une idée plus précise de qui était vraiment Mirbeau, de l'importance qu'a eu son mot à "l'avant-siècle" d'Hubert Juin, il est bon de se replonger dans le 37ème numéro des "Hommes du jour" paru le 3 octobre 1908 et disponible sur Gallica, la bibliothèque virtuelle de la BNF.

"Le calvaire", en tout cas, s'il n'est pas mon livre préféré d'Octave Mirbeau, est pourtant un incontournable pilier de son oeuvre ...







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Le journal d'une femme de chambre

Magnifique roman social mettant en avant le monde de la domesticité du XIXème siècle.

Célestine est une jeune femme de chambre parisienne. A travers son journal, elle dépeint sans complaisance le monde de la bourgeoisie. Ce petit personnel oublié, négligé, méprisé, sous estimé, corvéable, voit tout des gens qu’ils servent, leurs travers, leurs défauts, leurs manies.

Célestine qu’une bourgeoise décide de rebaptiser Mary, ce bourgeois qui se passionne pour les bottines de ses femmes de chambre, tel autre qui trousse la cuisinière …

Difficile de ne pas s’attacher à Célestine jeune femme pétillante et fonceuse, ainsi qu’à tout ce petit personnel.

La plume d’Octave Mirbeau est incroyable juste. Tout sonne vrai dans ce roman parfois grinçant et paradoxalement assez drôle.

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Le journal d'une femme de chambre

Voilà une analyse terrible des dessous vicieux de la bourgeoisie du 19 ème siècle ! Plus fort, plus noir encore que Zola, mais pour moi moins riche, moins intéressant.



C'était une idée originale pourtant de décrire le microcosme d'une maison bourgeoise à travers le point de vue de Célestine, la femme de chambre. En plus, elle se révèle être un personnage passionnant car complexe, à la fois fine, sensuelle, rêveuse, rusée, fausse. Dans un langage imagé et populaire, elle rend bien, dans son journal, les turpitudes de ses patrons, de ce monde hypocrite, régi par l'argent et le sexe.Un monde où elle trouve son maître en la personne du jardinier-cocher, Joseph, dangereux et criminel, auquel elle ne sait rien refuser...." C'est drôle, j'ai toujours eu un faible pour les canailles. Ils ont un imprévu qui fouette le sang...."



Mais l'aspect spontané de ses écrits est rompu par les interventions fréquentes de l'auteur, dans les conversations de salons rapportées, les réflexions plus générales sur l'époque et ses moeurs. Cela rend l'ensemble finalement assez artificiel. Et il y a des longueurs.



Surtout, ce regard impitoyable sur la société , les actes ignobles ou honteux s'accumulant dans le roman , ne livre aucun espoir, que le noir de l'âme... cela fait frémir!

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Le journal d'une femme de chambre

Comme l'indique le titre de ce roman, il s'agit ici du journal d'une femme de chambre. Celle ci évoque ces souvenirs, les différentes places qu'elle a tenu, les relations avec les patrons et avec les collègues.

A la moitié du livre, je le referme. Je m'ennuie.

Décidément, les classiques ne sont pas mon fort !
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Le journal d'une femme de chambre

Qui mieux qu'une femme de chambre pour s'immiscer dans l'intimité de ses maîtres et nous en réveler les secrets !!!

Une jeune et jolie femme de chambre nous raconte au travers de son journal intime les dépravations, les manies, les gentilesses et méchancetés de certains de ses patrons et de ses collègues..



Un livre qui est une critique réaliste de la société de la fin du XIXème siècle, ou l'hypocrisie, la liberté sexuelle, la radinerie existent bien mais tout ceci se fait en secret , dans l'intimité d'une maison mais aux yeux du personnel de maison.



j'ai beaucoup aimé la façon d'écrire de l'auteur, même si le language est fleuri il correspond tellement aux personnages.



Et a travers cette critique de la société, une certaine morale en ressort : nous savons tous nous d'ou venons mais une fois parvenu on l'oublie !!
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Sébastien Roch

Le jeune Sébastien Roch est envoyé par son père, quincaillier à Pervenchères et avide de reconnaissance sociale, à l'école des jésuites à Vannes, surtout fréquentée par des nobles. Il va y être en butte aux mauvais traitements de ses camarades en raison de son origine sociale, et va y apprendre à connaître la noirceur de l'âme humaine. ● La caricature du petit bourgeois commerçant est savoureuse et plus puissante encore que celle des nobles. Voyez par exemple ce portait de Joseph-Hippolyte-Elphège le quincaillier : « M. Roch était gros et rond, soufflé de graisse rose, avec un crâne tout petit que le front coupait carrément en façade plate et luisante. Le nez, d'une verticalité géométrique, continuait, sans inflexions ni ressauts, entre des joues, sans ombres ni plans, la ligne rigide du front. Un collier de barbe reliait de sa frange cotonneuse les deux oreilles, vastes, profondes, inverties et molles comme des fleurs d'arum. Les yeux, enchâssés dans les capsules charnues et trop saillantes des paupières, accusaient des pensées régulières, l'obéissance aux lois, le respect des autorités établies, et je ne sais quelle stupidité animale, tranquille, souveraine, qui s'élevait parfois jusqu'à la noblesse. Ce calme bovin, cette majesté lourde de ruminant en imposaient beaucoup aux gens qui croyaient y reconnaître tous les caractères de la race, de la dignité et de la force. Mais ce qui lui conciliait, mieux encore que ces avantages physiques, l'universelle estime, c'est que, opiniâtre liseur de journaux et de livres juridiques, il expliquait des choses, répétait, en les dénaturant, des phrases pompeuses, que ni lui, ni personne ne comprenait, et qui laissaient néanmoins, dans l'esprit des auditeurs, une impression de gêne admirative. » La dénonciation des collèges jésuites, et, plus largement, de la religion catholique et de ses hypocrisies est implacable. ● Le style est certes éblouissant, avec d'innombrables fulgurances, des images inouïes, des mots rares, mais il est à mon goût beaucoup trop travaillé, relevant de l'esthétique « fin de siècle » (le roman est publié en 1890) et rappelant Huysmans ou les frères Goncourt. Ce style magnifique, mais exhibant trop de traces du labeur qu'il a fallu déployer pour le faire exister, englue l'histoire qui se meut au ralenti et augmente inconsidérément le nombre de pages. Il nuit aussi, à mon avis, à l'efficacité argumentative du récit.
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9 Meurtres à huis clos : Les enquêtes cultes

Si vous êtes amateurs d'enquêtes policières d'une ancienne époque et que vous courrez après le temps, cette écoute est faite pour vous ! Les éditions VOolume nous proposent de nous plonger dans 9 nouvelles ou courts romans célèbres où une affaire de meurtre à huis clos sera de la partie.



Pour ce voyage dans le temps, j'ai eu la joie de retrouver la voix Loïc Richard que j'associe depuis quelque temps à la lecture de romans historiques et qui a su encore m'offrir un très bon moment d'écoute. J'ai pris plaisir, en sa compagnie, de découvrir ou de redécouvrir des auteurs qui ont marqué une époque comme ce fut le cas de Maurice Leblanc, Edgar Allan Poe, Arthur Conan Doyle, d'Henry Cauvain, d'Octave Mirbeau ou encore de G.K. Chesterton.



🎧J'ai apprécié ce format où j'ai pu écouter plusieurs histoires d'un temps assez court ce qui permet de les découvrir d'une traite sans devoir s'arrêter si on a une bonne heure devant nous.



Je tiens à remercier les Éditions VOolume et Netgalley France pour ce moment d'écoute que j'ai beaucoup apprécié en compagnie de Loïc Richard.



Si vous avez peur de vous lancer dans la découverte de livres audio et que vous aimez les enquêtes policières d'époque, c'est peut-être un bon compromis pour tenter l'expérience 😉
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Gens de théâtre

Même s'il m'est un peu pénible de me l'avouer, je me suis parfois ennuyé tout au long de la lecture de ce livre.

Pourtant toujours c'est un plaisir de lire Mirbeau.

C'est que l'ouvrage est farouchement accroché à son époque.

En effet, Octave Mirbeau nous offre ici une petite quarantaine de billets d'humeur "fin de siècle" consacrés au Théâtre.

Les lecteurs de "La Petite Illustration", s'il en reste, le savent Octave Mirbeau, auteur et critique, est un homme de théâtre.

Et justement, il sera, ici, beaucoup question de la critique, et des hommes qui font et défont le succès d'une pièce ou d'un auteur, que Mirbeau compare, au détour d'une phrase, à un troupeau de pintades ne sachant discerner ce qui est d'or de ce qui est excrément ou pourriture.

Octave Mirbeau est un homme de saines colères et d'emportements violents, mais il est aussi un passionné.

Ses portraits ne sont jamais en demi-teintes.

Ils sont gravés à l'acide ou peints de la plus belle palette.

"Gens de Théâtre" est un implacable pamphlet contre la médiocrité, en même temps qu'il est un vibrant plaidoyer de l'intelligence de l'art de la scène.

Octave Mirbeau attaque et défend.

Ces billets d'humeur sont autant d'articles qu'il a écrits dans "Le Gaulois", "L'Echo" ou "Le Journal".

On y croise Henri Becque, Paul Hervieux, Eugène Brieux ...

Le livre, s'il n'était pas bon, ne vaudrait pourtant la peine que pour quelques lignes où Octave Mirbeau réagit à l'accueil fait à sa pièce "Les mauvais bergers".

Il y livre un peu plus encore de lui-même et de sa philosophie.

Mais que l'on soit rassuré, le livre est bon.

On y sent la patte, peut-être devrais-je dire la griffe, du maître.

Exigeant une certaine connaissance du contexte dans lequel il se place, peut-être aussi est-il juste un peu répétitif.

Il s'y trouve enchâssé pourtant quelques beaux morceaux de colère et de bravoure littéraires ...

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Le journal d'une femme de chambre

Un bon journal à lire sans modération! Célestine est un personnage tellement très attachant qu'on a du mal à la quitter dans ces périples, on reste subjuguer par ces multiples aventures qui nous font découvrir toutes sortes de choses qu'on peut s'imaginer du quotidien d'une bonne mais on n'est loin de s'imaginer qu'une bonne soit intelligente... si, si, si, c'est une question de l'être, rien à voir avec le statut social...Célestine est une bonne propre, intelligente...
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Le journal d'une femme de chambre

Je me suis régalée tout au long de cette lecture à suivre les turpitudes des employeurs de Célestine.

J’ai adoré sa drôlerie, son impertinence, son sens de l’observation.

Elle m’a totalement embarquée dans son quotidien, en me faisant pénétrer dans les maisons bourgeoises, par un trou de serrure.

Le fait que ce soit Célestine qui nous raconte sa vie avec son propre langage, ses propres outrances, est très vivant et très amusant, car elle ne se refuse aucune moquerie et ne fait jamais dans la fausse pudeur.



Cette lecture a été un pur moment de bonheur.



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Le journal d'une femme de chambre

Lu il y a très longtemps, je n'avais pas le souvenir d'un roman aussi érotique ! Célestine, jeune et avenante femme de chambre, a la langue leste et bien verte, tant qu'elle doit changer de place régulièrement ! La critique de la société bourgeoise de la fin du XIXème siècle est rude et celle des employés de maison ne l'est pas moins !



A écouter Célestine les bourgeois sont sales sous leurs habits et leurs parfums, pingres, méchants plus souvent qu'à leur tour et leurs moeurs sont relâchées dans l'intimité ! Tous les pauvres sont aussi laids quasiment aussi sales et rarement honnêtes !



Mirbeau ne fait pas dans la dentelle et met son talent d'écrivain et son oeil de journaliste politiquement incorrect dans ce journal où la libertine Célestine rêve d'amour ! Je me suis bien amusée au début, les descriptions et les réparties sont lestes mais ensuite il y a eu trop de retours en arrière qui ont alourdi le récit et certains passages traînaient en longueur sans apporter de nouveauté.



Un livre à lire pour la plume incisive de Mirbeau et ses critiques sans concession sur ses contemporains.



CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020

CHALLENGE XIXè SIECLE 2020

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Les 21 jours d'un neurasthénique

A une époque, il n'y a pas si longtemps, où j'étais en contestation assez radicale contre la marche du monde que je voyais associée à la bêtise humaine, j'ai découvert l'oeuvre d'Octave Mirbeau. Je crois avoir lu de manière compulsive quasiment toute son oeuvre. Mirbeau se conformait en effet très bien à mon ressenti du moment, épinglant les travers et la stupidité des gens de son époque, toutes catégories sociales et tous milieux confondus.

Je me souviens avoir lu avec délectation ces "21 jours d'un neurasthénique", tant je voyais écrit un siècle plus tôt tous ce que je déplorais autour de moi.

Cette cure pyrénéenne est l'occasion pour l'auteur de regrouper plusieurs historiettes dont les personnages sont d'une bêtise étonnante, du simple employé aux notables et plus hauts fonctionnaires de l'état.

Ce livre peut se lire également comme un recueil de nouvelles. C'est je pense dans ce recueil que se conjugue tout ce qui fait la hargne et la dénonciation de cette bêtise inhérente à notre espèce que décrit Mirbeau. Même si Le journal d'une femme de chambre ou l'Abbé Jules peuvent paraitre plus aboutis.

Il m'en reste un souvenir très prégnant, même si le monde de Mirbeau me semble maintenant peut-être un peu caricatural. Mais, une piqûre de rappel peut parfois s'avérer nécessaire, (en plus des onze vaccins maintenant obligatoires).
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Le journal d'une femme de chambre

Livre lu à la suite de la vision au cinéma de la nouvelle adaptation cinématographique de Benoît Jacquot , sorti le 1er avril dernier, et qui nous propose une nouvelle lecture plus proche du roman initial.



Octave Mirbeau publie ce roman insolent et virulent en 1900, réquisitoire féroce contre une classe dominante au détriment de la condition esclavagiste des gens de maison, ainsi qu'une critique caustique de l'étroitesse d'esprit de la bourgeoise provinciale.



Le ton est y alors très moderne pour l’époque tant cette critique d'une société totalement compartimentée, est acerbe, incisive, est elle l’occasion de brosser au scalpel une étonnante galerie de portraits, dans une violente satire des moeurs provinciales et parisiennes de la Belle Époque.



Si Jacquot ne retrouve sans doute pas tout à fait le mordant de la plume de Mirbeau, il parvient quand même à retranscrire avec une pertinence saisissante ce monde alors en pleine mutation , et d'avoir su s'emparer de cette esprit de révolte, encore feutré, mais déjà suintant, que l'on sent partout dans l'air ambiant....suite de la chronique sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le journal d'une femme de chambre

J'avais pris cet ebook par défaut, n'ayant plus rien à lire dans la bibliothèque, et pensant m'ennuyer profondément, l'adaptation cinématographique que j'avais vue et ces histoires de riches et de domestiques ne m'emballant pas franchement... Eh bien pas du tout ! La satire y est féroce, de quelque côté que l'on se place, tout le monde en prend pour son grade, et je dois dire que j'ai aimé ça, jusqu'au mot de la fin !
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Contes drôles

Il n'est pas si courant, qu'après m'être jeté avec gourmandise sur un livre, lassé et déçu, j'en abandonne la lecture avant que l'auteur n'y ait lui-même apposé son point final.

"Contes drôles" est un recueil.

Mais le "conte" dont il va être question ici ne se raconte pas à la veillée.

Il est le genre roi du journalisme de la Belle-Époque.

Il est l'ancêtre de la chronique de presse et de radio d'aujourd'hui.

Et Jean-François Nivet, dans une précieuse préface, nous l'assure :

"Octave Mirbeau est l'un des grands engueuleurs charismatiques de la Belle- Époque".

Ce qui faisait de ce petit ouvrage un livre bien prometteur !

Le recueil s'ouvre sur "La justice de paix", un conte rural, une farce grotesque hors de toute nuance qui, par son outrance, n'augure rien de bon pour la suite ...

"Les élections", le texte suivant, est plutôt une fable qu'un conte.

Mais, pas plus que le premier, il n'arrive à être drôle.

A propos du troisième texte, "Le duel de Pescaire et de Cassaire", Octave Mirbeau écrivit, le 5 octobre 1885, à Paul Hervieu :

"Je crains bien, par exemple, qu'il ne fasse pouffer que moi".

Je crains bien, moi, qu'il ait raison ...

"Le sous-préfet", quatrième texte, est un conte cruel égaré parmi les contes drôles.

La verve d'Octave Mirbeau, dans cette charge efficace, retrouve un peu de souffle.

Mais pas assez cependant pour empêcher que le texte suivant, "Le père Gibory à confesse" ne me fasse définitivement poser le livre au coin d'une table.

Le temps, parfois, pour un livre se fait impitoyable.

Il jaunit ses pages, il ternit ses phrases et vieillit ses mots d'une manière telle qu'aucune réédition ne puisse jamais les rajeunir.

Le rire de Mirbeau est un rire assassin.

"Il corrode, il attaque, il provoque", nous dit Jean-François Nivet. "C'est un ingrédient du pamphlet et de la satire sociale".

Mais sorti de son contexte et de son époque, qu'en reste-t-il ?

Peut-être "Scrupules", le dix-septième texte de ce recueil dont Mirbeau a tiré une pièce en un acte représentée, le 2 juin 1902, au théâtre du Grand-Guignol.

La plume de Mirbeau y retrouve toute sa verve ...

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Le journal d'une femme de chambre

J'ai beaucoup aimé ce livre, même si une impression d'étouffement me prenait en le lisant. Toute cette tristesse, toute cette injustice, toute cette misère humaine me prenait à la gorge. La fin reste en demi teinte, dommage mais ça ne pouvait en être autrement.

Mais l'écriture est vraiment agréable et faite de touches subtiles.

Bon, il ne me reste plus qu'à regarder le film maintenant...



Pioche de janvier 2016, choisie par sarahdu91
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Le journal d'une femme de chambre

Pendant quelques jours, je me suis plongée dans les différentes aventures de Célestine. Je ris, je souris, je grimace, je maugrée bref je prends beaucoup de plaisir à ce roman où les fleurs sont des dahlias et le ciel est tout gris. Cela pourrait presque être un feel good mais non c’est un classique.

 

Célestine a vu beaucoup de choses, elle a beaucoup souffert. Orpheline de père, emporté par la mer, battue par sa mère alcoolique. Un vieux contremaitre la déflorera sur une plage. Et puis la vie continue dans la même veine.





Quoi vous ne (re)connaissez pas Célestine ? Alors préparez-vous à ajouter à votre PAL : Le journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau. Vous ne serez pas déçu(e)s. Lisez donc :

 

Célestine, après cette enfance bretonne brutale sera recueillie par des bonnes sœurs. Elle devient femme de chambre. Et pendant des années, elle passe de places en places. Elle nous raconte ses aventures et mésaventures dans ses différentes places. On y découvre l’envers du décor de la bourgeoisie et de la noblesse de la fin du 19eme siècle. Mais aussi les bassesses des domestiques entre eux. Car chaque classe a ses propres caractéristiques et l’une ne vaut pas forcément mieux que l’autre. Les occasions font le larron.





Ce qui rend ce livre si jubilatoire est la façon de Célestine de nous décrire les situations en ne s’épargnant pas, ni en se donnant toujours le beau rôle.

 

Il est question de fétichiste, de bijoux de famille découverts à la douane, d’une relique pas très catholique, d’avarice, de prostitution légale, des « choix » des femmes. Par moment on est chez Molière et puis cela tourne au drame. Il est question de tuberculose, de prostitution, d’avortement, de matricide et là on est chez Zola. Je garderai longtemps à l’esprit la discussion de Célestine avec Marianne au sujet des cochons d’inde.





En parallèle de ces différentes narrations, Célestine est arrivée en Normandie dans la famille des LANLAIR. Elle nous narre sa vie dans cette famille et ce village.



La fin m‘a laissée un gout de cendre dans la bouche…



Mais je vous avais dit que ce n’est pas un feel good.



Cerise sur le gâteau, cette lecture, je l’ai faite en audio livre, accompagné par une voix. Ah une voix… qui incarne Célestine, à un point incroyable. Je me croyais au théâtre. Je vous conseille d’aller écouter cette voix. Elle incarne cette soubrette d’une façon extraordinaire.

http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/mirbeau-octave-le-journal-dune-femme-de-chambre.html.

 

Célestine, c’est moins fin que les affres d’Emma, mais c’est autrement plus jubilatoire.

 

C’est décidé je poursuis la découverte de cet auteur.

 

Si vous connaissez Octave Mirbeau, quelle œuvre me conseillez-vous ?





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Le journal d'une femme de chambre

Délicieux et cruel, ce journal d'une femme de chambre fort désabusée, perspicace, mutine et affûtée. Un regard sans concession sur la bonne société de l'époque, en suivant Célestine dans sa nouvelle place de province (mais elle en profite pour raconter ses places précédentes, et sa vie parisienne), ce qui est l'occasion de découvrir les travers de ses employeurs, mais aussi les siens.

Entre les maîtres libidineux et les maîtresses infidèles et avares, Célestine promène sur la nature humaine son regard parfois révolté, parfois résigné, parfois naïf, etc...



J'ai beaucoup aimé découvrir cette écriture, quelle belle plume, c'est un régal de lecture. Je ne connaissais pas Mirbeau, me voici conquise !
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Les affaires sont les affaires

"Les affaires sont les affaires" est une pièce de théâtre d'Octave Mirbeau.

Elle a été représentée pour la première fois, sur la scène de la Comédie-Française, le 20 avril 1903.

C'est une comédie en trois actes.

Une comédie ?

Sous la plume d'Octave Mirbeau rien n'est jamais vraiment Comédie !

"Quand il y a quelque part un homme trop riche ... Il y a par cela même, autour de lui, des gens trop pauvres".

Dès les premières répliques, le ton est donné, la charge est lancée.

La Comédie tourne au Drame ... à la Tragédie !

Les trois actes de la pièce se passent, de nos jours, au château de Vauperdu, domaine historique et propriété d'Isidore Lechat.

Isidore Lechat est un homme impitoyable et sans scrupules.

Il possède cinquante millions et veut devenir député.

Pour cela, il ne recule devant rien ... coups de bourse, chantages et escroqueries qu'il décore du nom d'affaires.

Sa femme lui est un soutien fidèle.

Sa fille, Germaine, est profondément malheureuse.

Elle est amoureuse de Lucien Garraud, l'ingénieur employé à la distillerie.

Elle a des idées généreuses ...

La satyre est impitoyable.

Les dialogues sont tendus, les réparties sont cruelles et sarcastiques.

Octave Mirbeau nous offre là un drame bourgeois dans lequel il dissèque la pauvre âme humaine avec ses appétits, ses intérêts, ses passions destructives et ses incohérences. Mais aussi garnie de la lourde fatalité de sa misère, et de la pitié qu'elle engendre ...

Le morceau de scène est superbe.

C'est une accablante analyse de la haute société d'un 19ème siècle finissant où la collusion du Politique, de l'Église et de l'Armée semble cimentée par l'argent et l'injustice.

C'est une pièce intemporelle et moderne qui ne semble pas vieillir ...



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